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Ami, dit l'autre, que pense
Ce Parafite de nous ?

Il croit, fuivant l'apparence,
Que nous mangeons des cailloux,

Contre un ftupide vulgaire
Soyons en garde ; autrement
Craignons tout d'un jugement
A l'aveugle, & téméraire.

FABLE VIII.

UN

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Le Sage & le Peuple.

'N fage haranguoit. Le Peuple à ce
qu'il dit

D'une voix commune applaudit.
Oh! oh! dit-il avec surprise,

Aurai-je dit quelque fotife?

On doit fe défier des applaudiffemens, Que prodigue au hazard un aveugle vul gaire.

Dans fes bifares jugemens à

Rarement la raison l'éclaire.

Un fot eft tous les jours loué des ignorans,

FABLE IX.

Les deux Souris.

Pour

Our éviter la dent fatale

Du redoutable Ratapon,
Deux Souris allerent, dit-on
Habiter l'Inde orientale.

Souris font ici trifte fin:
Un trébuchet, où le chat en difpofe:
Là, grace à la Métempficose,
Souris tiennent rang de prochain,

Dans ce pays nos Demoiselles
Se monterent fur le haut ton.
En vérité, les valoit-on ?

Etoit-il quelqu'un digne d'elles

Lune, à fon dire, avoit été Bramin

On avoit admiré fa profonde fageffe;
Avant d'être Souris. L'autre jadisPrinceffe
Du Malabare avoit fait le destin.

Leur infolence fit merveilles :
Tout le monde en fut offenfé.
A la fin quelqu'un courroucé
Ecrafa nos deux fans pareilles.

Reftez chez vous, cherchez un clima étranger;

L'orgueil déplaît par-tout, par-tout il eft funefte,

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Le moyen le plus fûr d'éviter le danger, C'est d'être prudent & modeste.

FABLE X.

Le Pêcheur & le Tréfor

Deperiit juftis gratia nulla viris D Ans fes filers certain Pêcheur

Trouva les reftes pitoyables

D'un

D'un de ces mortels miférables,.:

Qu'engloutit Neptune en fureur.

Rendons-lui le devoir fuprême,

Auquel fa trifte ombre là-bas

Peut-être ne s'attendoit

pas.

Que fçai-je, dit-il, fi moi-même. Par un femblable fort je ne finirai pas ? A ce trifte devoir la pitié l'encourage Mais en creufant fur le rivage,

Notre Pêcheur trouve un tréfor.

Le Ciel vouloit bénir un fi pieux ouvrage.. Il lui rend grace, acheve, & remporte fon

of.

Dans une jufte balance,

Les Dieux fçavent pefer tout ce que nous faifons:

Nos forfaits tôt ou tard allument leur ven

geance;

Et nos bonnes actions

Ne font point fans récompenfer

B

FABLE XI.

Les deux Renards.

Rarò antecedentem fceleftum
Deferuit pede pæna claudo:

UN

N. Renard encor jeune, & l'autré déja vieux

Au même poulaillers'adrefferent tousdeux Le jeune avide à toute outrance, S'y reput fans difcrétion.

Une promte indigestion Corrigea fon intempérance, Il creva le maître glouton. Jeuneffe n'a point de prudence, Pour elle point de lendemain, Dit le vieux; évitons un femblable deftin Soyons fobres dans l'abondance. Imaginez ici deux fuppots de finance Allant au même but par différent chemin. Il revient, s'applaudit. Y revient tant qu'en fin

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