Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]

Et préféra Galathée à Doris :

Ce Juge me donna le prix.

Cette diftinction en a fait un coupable
Digne de tout votre courroux.
Son crime n'eft pas pardonnable;
M'avoir crû plus belle que vous !
DORIS.

La préférence en effet eft cruelle!
Un triomphe fi beau doit flatter votre cœur.
Il faut en mourir de douleur ›

Poliphême vous trouve belle ! Galathée,après tout à votre blancheur près, En quoi prétendez-vous

tant d'attraits?

Vous trouver

Voulez-vous confulter un miroir plus

fidele,

Que l'œil de ce nouveau Paris?

La mer eft calme, l'onde pure; Contemplez-vous y bien; vous y verrez vos lys,

Et c'eft le feul préfent que vous fit la

nature 9

Et dont vos foibles traits fe trouvent em bellis ;

Mais l'extrême blancheur fut toujours peu

de chofe,

Si le lys n'eft joint à la rofe.

GALATHE' E.

C'est pourtant à cette blancheur,

Que je dois un Amant que votre cœur

m'envie.

Avec tous vos appas & leur art enchan

teur,

Faites-moi voir un cœur que l'on vous facrifie?

Ce Berger méprifé, qui foupire pour moi, Ne peut chanter qu'on ne l'admire. Doris, parlons de bonne foi,

Ik vous charme vous-même aux doux fons de fa lyre.

DORIS.

Au nom des Dieux, ne vantez pas fa

voix :

Il chantoit l'autre jour le beau feu qui

l'infpire;

On crut voir Marfias une feconde fois

G iij

Sur l'oppofition de l'Homme à Dieu par le péché originel.

SI

I l'Homme eft fait pour Dieu, de cet
Etre fupréme

Pourquoi ne fait-il pas fa regle & fon objet ?

Si pour Dieu l'Homme n'eft pas fait, Pourquoi ne trouve-t il fon bonheur qu'en Dieu mème?

Sur les contraftes de l'Homme.

Q

Uel étrange cahos! quelle étrange

chimere?

Homme, eft-il pour te voir un point qui foit certain?

De tout Arbitre fouverain,
Imbécile ver de terre.

Avec un jugement qu'aveuglent fes tra

vers,

Né pour être du vrai le seul dépofitaire,

Gloire & rebut de l'Univers,

Te rabaiffes-tu ? je t'éleve :

[ocr errors]

Dfes-tu t'élever? je t'abaiffe à l'instant ;
Sans te donner jamais de treve.

Dans ta grandeur & ton néant,
Il n'eft qu'un parti jufte à prendre
Monftre étrange, comprens qu'on ne peut
te comprendre.

Sur les deux fources de notre inconf

P

tance.

Eu fatisfait des biens préfens,
L'expérience en démontre le vuide:
D'un bonheur vrai l'efprit toujours
avide,

Croit le trouver dans les plaifirs abfens.
Troublés par notre connoiffance
Plus agités par notre érreur,
L'une & l'autre pour notre cœur,

Sont les fources de l'inconftance.

Sur la foibleffe des plus grands
Génies.

[ocr errors]

Maginez l'efprit le plus fublime
Plongé dans la réflexion;

Le moindre bruit le trouble. Un Descartes,

un Newton

Des foibleffes des fens fans ceffe eft la victime.

Son efprit eft troublé, fes difcours font confus,

La réflexion l'abandonne ;

N'en foyez pas furpris: s'il ne raisonne plus,

A fon oreille une mouche bourdonne.

La vérité le fuit, fi vous ne chaffez pas Cet atome importun qui fufpend la puif

[ocr errors][merged small]

De cette haute Intelligence,

Qui conduit desCités, qui regle des Etats.

Sur

« AnteriorContinuar »