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commun avec une adultere? Car celle-là eft une adultere qui n'eft pas unie à JESUS-CHRIST ÂN. III. par un mariage légitime. Après ces paroles de faint Ambroise, le pape Pascal continuë: Entendez-vous, prince, l'époux de l'églife eft l'évêque, & par conféquent quelle honte eft-ce que la mere foit expofée à l'adultere par fes propres enfans? Si vous êtes enfant de l'églife, permettez-lui de contracter un mariage légitime, dont Dieu soit l'auteur, & non pas l'homme. Car c'est Dieu qui choifit les évêques élus canoniquement. Il rapporte enfuite une loi de Juftinien, pour montrer que l'évêque doit être elu du confentement de tout le peuple, & non par la feule volonté du prince; puis il ajoûte: Ne croiez pas, Seigneur, que nous voulions rien diminuer de votre puiffance, ou nous attribuer rien de nouveau dans la promotion des évêques. Vous ne pouvez selon Dieu exercer ce droit, & nous ne pouvons vous l'accorder qu'au préjudice de votre falut & du nôtre.

Sup. liv.

LVIII. 22.

Le pape avoit raifon de vouloir maintenir la liberté des élections; mais prefque tous les raifonnemens de cette lettre portent à faux roulant fur des équivoques. Les princes en donnant l'inveftiture, fuppofoient toûjours une élection canonique: nous en avons vû cent exemples, 34. particulierement de l'empereur faint Henri. Par cette ceremonie ils ne prétendoient pas donner à Lv11. ́n. 41. Sup. liv. l'évêque la puiflance fpirituelle qu'il ne devoit 42. recevoir qu'à fon facre: mais feulement le mettre en poffeffion des fiefs & des autres biens temporels relevant de leur couronne. Quant à faint Ambroife, il est évident par les circonftances du fait, que l'adultere dont il parle eft l'églife des Ariens, & qu'il ne s'agiffoit pas de donner des évêchez, mais de livrer à ces heretiques les lieux destinez aux assemblées des fideles.

roi.

XV.

Edmer. 3.
Novor.

Le roi d'Angleterre aiant donc reçu cette AN III. lettre, fit venir Anfelme à la cour, où étoit le duc de Normandie fon frere, furieufement aniS. Anfelme mé contre ce prélat, comme lui aïant fait perréfifte au dre le roïaume. Par le confeil du duc & de fes amis, le roi voulut obliger Anfelme à lui faire hommage, & à facrer comme avoient fait les archevêques fes prédeceffeurs, ceux à qui il donneroit des évêchez & des abbaïes: finon à fortir promptement du roïaume. Anfelme répondit: Je vous ai déja dit comme j'ai assisté au concile de Rome, & ce que j'y ai appris dų faint fiege. Si donc je me foûmets moi-même à l'excommunication que j'ai rapportée en ce roïaume, avec qui pourrai-je communiquer? Les députez qui étoient allez demander la révocation de ce decret font revenus fans rien faire. Le roi repliqua Que m'importe: Je ne veux pas perdre les droits de mes prédeceffeurs, ni fouffrir perfonne dans mon roïaume qui ne foit à moi. J'entends, dit Anfelme, à quoi cela tend, cependant je ne fortirai pas du roïaume; j'irai à mon diocese faire mon devoir, & je verrai qui entreprendra de me faire violence.

Il n'avoit pas été long-temps chez lui, quand le roi lui manda de le venir trouver, & qu'il youloit apporter quelque temperament à fa premiere réfolution. Il vint donc à Vincheftre, où dans l'affemblée des évêques & des feigneurs on réfolut de prendre un autre délai, & d'envoïer à Rome des perfonnes plus confiderables, pour déclarer au pape qu'il falloit qu'il fe relâchât, autrement qu'Anfelme feroit chaffe d'Angleterre avec les fiens, & que le pape perdroit fobéiffance de ce roïaume, & le revenu qu'il en tiroit tous les ans. Anfelme envoïa de fa part deux moines, Baudouin du Bec & Alexandre

de Cantorberi: non pour perfuader au pape de fe relâcher, mais pour lui rendre un témoi- AN. 1IOL. gnage non suspect des menaces de la cour d'Angleterre, & pour rapporter fidelement à l'archevêque la résolution du pape. De la part du roi furent envoïez trois évêques pour folliciter le pape suivant ses intentions: fçavoir, Girard d'Herford, Hebert de Tetford, & Robert de Cheftre, dont deux avoient leurs affaires particulieres à poursuivre à Rome. Girard avoit été chancelier d'Angleterre fous les deux rois de praful. précedens, & venoit d'être nommé à l'arche- Angl. vêché d'Yorc, vacant par le décès de Thomas arrivé le dix-huitiéme de Novembre 1 100. ainfi Girard alloit demander le pallium. Hebert transfera depuis fon fiege à Norvic, & il alloit pourfuivre la reftitution de fa jurisdiction sur l'abbaie de faint Edmond.

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Godnin

XVI.

ceffion du

161. IV ep.

Depuis qu'Anfelme fut de retour en Angleterre, & pendant le féjour qu'il y fit, il compo- Traité de fa fon traité sur la proceffion du Saint Efprit, S. Anfelme à la priere de plufieurs perfonnes, particulie- fur la prórement d'Hildebert évêque du Mans qui aïant S. E pric oui parler de ce qu'il avoit dit fur ce fujet con- Gerberon. tre les Grecs au concile de Bari, le pria de le cenfura. rédiger par écrit fuccintement & le lui en- ap Anfel. voïer: ce qu'Anfelme lui accorda. En ce traité 11. ep.160. il ne difpute contre les Grecs que fur les prin- 11. Supr. cipes dont ils convenoient avec les Latins, fça- op. Ansel, voir la foi de la Trinité & les paroles de l'évan- p. 49. gile. Il établit premierement la difference entre les attributs effentiels à la divinité, qui font c. 2. communs aux trois personnes, & les dénominations propres à chaque perfonne, qui font c. z. la fuite des relations; & montre qu'entre les perfonnes divines celle qui ne procede pas d'une autre en eft le principe. Ainfi le Pere eft le principe du Fils & du Saint-Efprit, parce qu'il

C. 4.

ne procede ni de l'un ni de l'autre ; & par conféAN. 1101. quent le Saint-Efprit procede du Fils, puifque le Fils ne procede pas du Saint-Elprit. Le SaintEfprit eft Dieu de Dieu auffi-bien que le Fils, & procede du Pere, non en tant que Pere, mais en tant que Dieu d'où il s'enfuit qu'il procede auffi du Fils, qui eft le même Dieu que le Pere.

26.

6.7.

c. 9.

:

Il prouve encore que le Saint-Esprit procede Joan. xv. du Fils, par ces paroles de l'évangile : Le confolateur, le Saint-Efprit que le Pere envoïera XV. 26. en mon nom. Et enfuite: Quand le confolateur que je vous envoïerai de la part du Pere fera venu. Ce qui ne peut fignifier autre chofe, finon que le Saint-Efprit eft envoïé tout enfemble par le Pere & par le Fils, & par conféquent c. 11. qu'il eft autant de l'un que de l'autre. Auffi Joan. XVI. JESUS-CHRIST dit enfuite: Il ne parlera pas 13. 14. 15. de lui-même. Et encore: il recevra du mien & c. 15. vous l'annoncera. Les Grecs difoient que le SaintEfprit procede du Pere par le Fils, & prétendoient le prouver par ces paroles de l'apôtre : Rom.1.36. Toutes chofes font de lui, par lui & en lui. Mais Anfelme montre que ce paffage regarde les créatures, & ne fe peut appliquer aux per. 18. fonnes divines. Toutefois le Pere & le Fils ne font pas deux principes; mais un feul principe du Saint-Efprit: parce qu'il ne procede pas d'eux en tant qu'ils font deux perfonnes mais en tant qu'il font le même Dieu.

26.

c. 19.

Le grand argument des Grecs étoit tiré de Joan. xv. ces paroles de l'évangile : L'efprit de verité qui procede du Pere; & de ce que le fymbole de C. P. aïant parlé de même, les Latins y avoient ajoûté: Et du Fils, fans leur participation. Anfelme répond au texte de l'évangile par plufieurs autres, où ce qui convient aux trois perfonnes 6. 22. divines eft attribué à une feule. Quant à l'addi

tion au symbole,il dit: Elle étoit necessaire à caufe de quelques-uns moins éclairez, qui ne s'appercevoient pas que de ce que toute l'églife croit, il s'enfuit que le faint-Efprit procede du Fils. On a donc fait cette addition, afin qu'ils ne fiffent point difficulté de le croire, & on voit combien elle étoit necessaire, par ceux qui nient cette verité, à caufe qu'elle n'eft pas exprimée dans ce fymbole. Ainfi l'église Latine a déclaré hardiment ce qu'elle fçavoit qu'on devoit croire: voïant que la neceffité y obligeoit, & qu'aucune raison ne l'empêchoir. Car nous fçavons que ceux qui ont compose ce symbole : n'ont pas prétendu y renfermer tout ce que nous devons croire. Il n'y eft point dit, par exemple, que Nôtre-Seigneur eft def

cendu aux enfers.

Si les Grecs difent qu'on n'a dû alterer en aucune maniere un fymbole prefcrit par une fi grande autorité: nous ne pretendons pas l'avoir alteré, puifque nous n'y avons rien ajoûté de contraire à ce qu'il contient. Et quoique nous puiflions foûtenir, que cette addition n'eft point une alteration : fi quelqu'un toutefois s'opiniâtre à le prétendre, nous répondons que nous avons fait un nouveau fymbole: car nous gardons en fon entier & refpectons comme eux le premier traduit fidélement du Grec : mais nous avons composé en Latin avec l'addition, ce fymbole que nous emploions plus ordinairement devant le peuple. Quand on demande pourquoi nous ne l'avons pas fait du confentement de l'églife Grecque: nous répondons qu'il nous eft trop difficile d'affembler leurs évêques, pour les confulter fur ce fujet, & qu'il n'étoit pas necessaire de mettre en queftion ce dont nous ne doutions point. Car quelle eft l'églife, même d'un roïaume particulier, à laquelle il ne foit pas permis d'établir quelque propofition confor

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