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Sup. liv,

43.54.

Hifp.

I 247.
Orderic.

renger: qui étant évêque d'Aufone, avoit ob12. tenu du pape Urbain II. le rétablissement de cette métropole. Alors le comte de Barcelonne, Raimond Berenger, donna à l'évêque Oldegaire & à fes fucceffeurs, la ville & le territoire de Tarragone, avec liberté de la peupler & de la gouverner felon les loix qu'il y établiroit, s'en Boll." refervant feulement le fouverain domaine & le Marca. palais : la donation eft du vingt-treifiéme Janvier 1117. Mais par là Raimond ne faifoit pas à l'évêque un grand prefent, comme Berenger fon pere n'en avoit pas fait un grand au pape Urbain: car Tarragone étoit encore deferte, pleine de chênes & de hêtres, & d'autres grands arbres; & c'étoit moins une ville, qu'une place à bâtir. Oldegaire fit confirmer cette dona⚫tion par le pape Gelafe II. qui lui donna non feulement l'archevêché de Tarragone avec l'évêché de Barcelonne qu'il avoit déja : mais encore l'évêché de Tortofe fi les Chrétiens la reprenoient, jufques à ce qu'elle pût avoir un évêque particulier. Il lui accorde tous les droits de métropolitain, l'ordination de fes fuffragans, le pouvoir d'affembler des conciles, & Te pallium. La bulle est datée de Caiete le vingtuniéme de Mars 1118.

Lib. 13. P. 891.

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Deux ans après le comte Raimond prit Tortofe & Lerida fur les Mores; & après le concile de Latran, Oldegaire plus autorisé par le titre de légat, foûtint avec vigueur les droits de fon églife de Barcelonne contre plufieurs nobles & contre le comte même. Il procura en 1126. une affemblée des évêques & des feigneurs où l'on affura l'immunité ecclefiaftique; il procura la paix entre le roi d'Arragon & celui de Caftille. Mais il vit bien que la peuplade de Tarragone, ne feroit jamais folide, fi cette ville n'éroit gouvernée par un homme de guerre capa

ble

ble de la défendre contre les infideles du voifinage, qui pilloient impunément les terres d'a- AN. 1123. lentour. Il choifit pour cet effet Robert d'Aiguillon, autrement Bordet, gentilhomme Nor›mand, déja établi dans le païs, à qui il donna la ville de Tarragone, pour la tenir comme vaffal de l'églife, la peupler, la gouverner & la défendre ainfi qu'il jugeroit à propos; refervant seulement les dimes & les biens ecclefiaftiques. Cette donation fut faite en 1128. dix ans après celle du comte à l'évêque. Oldegaire de fon côté s'appliqua à rebâtir l'église métropolitaine de Tarragone, & plufieurs autres de la province. Il fonda un hôpital & une maifon de Templiers, & mourut enfin le fixiéme de Mars 1137. On rapporte plufieurs iniracles faits par fon interceffion. Il eft honoré comme faint à Barcelonne ; & les rois d'Arragon ont fait en divers temps des pourfuites à Rome pour fa canonisation.

XXXIII. ^

Suger abb

de S. Denis.

Vita Lu

Suger, abbé de S. Denis en France, affifta à ce concile, la feconde année de fon ordination. Il avoit été envoié en Italie vers le pape par le roi Louis pour quelques affaires du roiaume, & dov. p. 310. étoit en chemin pour revenir, quand il apprit 311. qu'Adam son abbé étoit mort, & qu'il avoit été élû pour lui fucceder. A fon retour l'élection fut confirmée par le roi, qui d'abord l'avoit défapprouvée comme faite fans fa participation. Suger qui n'étoit que diacre, fut ordonné prêtre le famedi de la quatrième femaine de Carême 1122. & reçut la benediction abbatiale le lendemain dimanche, de la main de l'archevêque de Bourges. Il avoit quarante ans, & gouverna trente ans cette abbaie.

Chron. 5.

Dion. t. 2

Spicil. pag.

809.

Le pape Callifte envoia deux cardinaux légats XXXIV. en France, Gregoire du titre de faint Ange, & Fin de faint Pierre de Leon, qui firent tenir plufieurs conci- Etienne de les à Chartres,à Clermont, à Beauvais, à Vien- Grandmont Tome XIV.

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an, II24.

Vita n. 6.

ap. Bol. to.

4. p. 205.

2. 14. 15.

16.

ne. Ils allerent voir S. Etienne de Tiers dans fa AN. 1123. folitude de Muret en Limousin, où il vivoit deChr. Mall, puis près de cinquante ans, & avoit affemblé plufieurs difciples. Sa nourriture étoit du pain Sup. liv. & de l'eau, quelquefois un bouillon de farine LXI. ". 7. très-infipide: trente ans après fa converfion it commença à ufer d'un peu de vin pour fe fortifier l'eftomac; mais il n'impofoit pas aux autres la même aufterité, & les conduifoit felon leurs forces. Il porta très-long-temps jour & nuit fur fa chair une cotte de mailles pour cilice; & l'habit qu'il portoit par deffus étoit le méme en hiver qu'en été. Il couchoit à terre fur des planches dans une efpece de fepulcre, & dormoit peu. Outre le grand office, celui de la Vierge & celui des morts, il difoit encore celui de la Trinité à neuf leçons; & fi pour entretenir ceux qui le venoient voir il avoit manqué quelqu'un de ces offices, il le difoit enfuite avant que de manger, jufques à remettre quelquefois fon repas au lendemain. Car il n'y avoit rien qui le pût détourner d'entretenir ceux qui venoient à lui pour entendre la parole de Dieu.

13. 18.

Les deux cardinaux l'étant venu vifiter, s'informerent exactement de fa maniere de vivre, & lui demanderent s'il étoit chanoine, moine, ou hermite. Il répondit que non ; & comme ils le prefferent de dire ce qu'il étoit donc, puifque tous les religieux fe rapportoient à ces trois efpeces, il répondit: Vous voicz que nous ne portons l'habit ni de moines ni de chanoines, & nous ne nous attribuons pas de fi faints noms. Les chanoines par leur inftitution, ont le pou voir de lier & de délier, à l'exemple des apôtres, les vrais moines n'ont foin que d'eux-mêmes & ne s'occupent que de Dieu : les hermites doivent demeurer dans leurs cellules, & ne vaquer qu'à l'oraifon & au filence.

Huit jours après la vifite des cardinaux; quoiqu'il ne fentit encore aucune douleur, il connut que fa fin étoit proche, & s'appliqua tout entier à l'inftruction de fes difciples, & à la priere. Comme ils lui demandoient, comment ils vivroient après la mort fans avoir de biens temporels, il leur répondit: Je ne vous laiffe que Dieu à qui tout appartient, & pour lequel vous avez renoncé à tout & à vous-mêmes. Si vous aimez la pauvreté, & vous attachez à lui conftamment, il vous donnera par fa providence tout ce qui vous fera expedient. C'est qu'ils vivoient d'aumônes, & il eftimoit principalement celles qui leur venoient des pauvres. Cinq jours après il fe trouva mal; on le porta ". 34. à l'oratoire; après la meffe il reçut l'extrêmeonction & le viatique ; & mourut le vendredi huitiéme de Février 1124. étant âgé de près de quatre-vingts ans : il avoit l'ordre de

ex Fremon.

diacre. D'abord il fut enterré fecretement dans Boll. com. l'églife de Muret, de peur que le peuple qui praf. n.23. viendroit à fon tombeau ne troublât le repos de la maison. Il ne laiffa pas de s'y faire plufieurs miracles, & les moines du prieuré d'Ambafac dépendant de faint Auguftin de Limoges, prétendirent que Muret leur appartenoit. Quoique les difciples de faint Etienne fuffent établis en ce lieu depuis long-temps, ils aimerent mieux, fuivant les maximes de leur maitre, le quitter que plaider; & ils pafferent à un licu nommé Grandmont, diftant de Muret d'une lieuë: où par ordre de celui qui en étoit feigneur, ils bâ tirent promptement une église & des logemens très-pauvres, puis ils y transfererent le corps de leur faint fondateur cinq mois après fa mort, c'est-à-dire, à la faint Jean de la même année 1124. Ils demeurerent depuis fixes en ce lieu, dont l'ordre a pris le nom de Grand

XXXV.

S. Norbert à Anvers. Fita B. Godefr. Boll.

1. p.

Vita S.

mont: mais le peuple les appelloit les bons hommes, & leur nombre augmenta confiderablement en peu de temps.

Après la fondation de Prémontré, S, Norbert en fit pluficurs en peu d'années. Il convertit entr'autres Godefroi comte de Capenberg en Weftphalie, qui touché de fes difcours & de fon exemple, fe donna à Dieu avec tous les biens. Il fe fit chanoine regulier felon le nouvel inftiNorb. c.12. tut de Prémontré, & en fonda une maison à 19. Boll. Capenberg, qui devint un fameux monaftere, &. pag. 841. chef de plufieurs autres. Godefroi fe convertit vers l'an 1122. n'étant âgé que de vingt-cinq ans; & mourut cinq ans après en 1127. le treiziéme de Janvier, jour auquel l'églife l'honore comme bien-heureux.

Son exemple toucha tellement Thibaut IV. comte de Champagne, qu'il le voulut imiter. Lid. Il alla trouver faint Norbert pour le confulter fur fon falut; & encore plus touché après l'avoir oui parler, il fe mit entierement à fa difpofition, lui & tous fes biens. Le faint homme voiant avec quelle nobleffe de cœur le prince faifoit cette offrande, demanda du temps pour confulter Dieu. Il confidera que Thibaut avoit plufieurs grandes terres; fçavoir les comtez de Blois & de Chartres d'un côté, & de l'autre ceux de Meaux & de Troyes. Or il n'étoit pas facile de détruire ces feigneuries & leurs châteaux, pour les donner à une congregation religieuLe tant pour l'interêt du roiaume, qui en auroit été affoibli, que pour celui de quantité de feigneurs vaffaux de ce prince. Norbert fçavoit d'ailleurs qu'il étoit très-liberal à faire l'aumône, à bâtir des églifes & des monafteres: qu'il étoit le protecteur des orphelins, des veuves, & de tous les miferables. Ainfi il crut que ce feroit aller contre l'ordre de Dieu, que

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