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trême joie. Il y demeura environ fix femaines AN.1125. & y baptifa tant de peuple, qu'encore qu'il fût aidé par fes prêtres, fouvent dans cette fonction fon aube étoit trempée de fueur jufques à

la ceinture: mais ce travail le combloit de con11. 12. folation. Le duc Vratiflas y vint lui-même, & renonça publiquement à vingt-quatre concubines qu'il entretenoit outre la ducheffe, fuivant l'ufage de la nation, & plufieurs autres fuivirent fon exemple.

XL.

C. 14.

qui

Mais le faint évêque ne fut pas reçu de mêConverfion me à Vollin, ville alors celebre & de grand de Stetin, commerce, dans l'ifle de Julin, qui en a pris Vollin, &c. le nom, à l'embouchure de l'Oder: Les habitans étoient cruels & barbares; & quoique l'évêque avec fa fuite fe fût logé dans la maison: du duc, ils vinrent l'y attaquer en furie. Ceux l'accompagnoient étoient affligez & confternez mais il fe réjouiffoit croiant aller fouffrir le martyre. Enfin il fe fauva à l'aide de Paulicius, après avoir reçu quelques coups & être tombé dans la boue ; & les habitans de Julin convinrent de faire ce que feroient ceux de Stetin, qui étoit comme elle eft encore, la ca5. pitale de toute la Pomeranie. L'évêque y paffa donc, & Paulicius avec les députez des deux ducs, allerent trouver les premiers de la ville pour leur propofer de le recevoir. Ils répondirent: Nous ne quitterons point nos loix, nous fommes contens de notre religion. On dit qu'il y a chez les Chrétiens des voleurs, à qui on coupe les pieds & on arrache les yeux: on y voir toutes fortes de crimes & de fupplices: Chrétien détefte un autre Chrétien. Loin de nous une telle religion. C'eft que chez ces païens le vol & le larcin étoient inconnus.

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Ils demeurerent deux mois dans cette obstination;. & cependant on convint de part &

Cautre d'envoier des députez au duc de PoLogne; & les Stetinois firent efperer d'embrasser AN.1125. la religion chrétienne, fi le duc leur accordoit une paix ftable & une diminution de tribut. En attendant,l'évêque & les prêtres prêchoient deux fois la femaine, c'est-à-dire, les jours de marché, dans la place publique, revêtus de leurs ornemens,& portant une croix; & cette nouveauté attiroit le peuple de la campagne. L'évêque ga- c.16.87.18i gna premierement deux jeunes hommes

fils d'un des principaux de la ville, qui attirerent leur mere & cur famille: enfuite ils en gagnerent plufieurs autres, en leur racontant ce qu'ils avoient vû auprès de l'évêque où ils avoient demeuré long-tems: la pureté & la regularité de fa vie, fa douceur & fa charité. Il rachete, difoient-ils, de fon argent, les captifs qui pourriffoient dans les fers: il les nourrit, les habille & les met en liberté. On le prendroit pour un Dieu vifible, mais il dit qu'il n'eft que le ferviteur du Dieu très-haut, qui nous l'a envoié pour notre falut. Ainfi plufieurs fe firent inftruire & baptifer, avant même le retour des députez. Ils apporterent une lettre du duc de Polo- c. 19. gne, qui leur accordoit la diminution des tributs & l'affurance de la paix qu'ils demandoient: ainfi par déliberation publique, ils fe foûmirent à recevoir l'évangile.

L'évêque les prêcha & les perfuada d'abattre même leurs idoles; mais comme la crainte les empêchoit de le faire de leurs propres mains, il y marcha avec les prêtres, & commença à faire détruire les temples des faux dieux. Les c. 20. paiens voïant qu'il ne leur en arrivoit aucun mal, concurent du mépris pour ces dieux, qui ne pouvoient fe défendre, & acheverent de ruiner les temples. Le principal contenoit de grandes richefles, qu'ils vouloient donner à l'é- 25,

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a 21.

vêque & à fes prêtres : mais il dit: A Dieu ne plaife, que nous nous enrichiffions chez vous; nous avons chez nous en abondance de tous ces biens prenez plûtôt ceci pour votre usage. Et aiant tout purifié par l'eau benite & le figne de la croix, il le fit partager entr'eux. Il retint feulement une idole à trois têtes, dont aïant rompu le corps, il emporta les tétes tenant ensemble, & les envoïa depuis au pape comme le trophée de fa victoire. Il demeura encore trois mois à Stetin, pour inftruire, baptifer & établir la religion.

Il revint enfuite à Vollin, dont il trouva des habitans parfaitement bien difpofez à recevoir l'évangile. Car tandis qu'il étoit à Stetin, ils avoient envoié fecretement des hommes intelligens obferver ce qui s'y paffoit; & ils leur rapporterent, qu'il n'y avoit ni impofture ni artifice dans la conduite de ces Chrétiens; que leur doctrine étoit bonne & pure, & qu'elle avoit été requë unanimement à Stetin. L'évêque fut done reçû par ceux de Vollin avec une joie incroiable; & ils s'efforcerent de reparer en toutes manieres, les mauvais traitemens du premier voïage. A peine put-on fuffire pendant deux mois d'un travail continuel à baptifer tous ceux qui fe prefentoient. Comme Vollin étoit au milieu de la Pomeranie, les deux ducs réfolurent d'y établir le fiege épifcopal, pour la commodité d'y prendre le faint crême & le refte de ce que l'évêc. 27. que doit donner. Otton paffa enfuite à Colberg & à d'autres villes, particulierement à Belgrade, aujourd'hui Belgart, où il mit le terme de fon voiage: car c'étoit en hiver, & il étoit preffé de c. 28. retourner à Bamberg. Il repaffa toutefois aux lieux où il avoit prêché : dédia les églifes bâties en fon abfence, donna la confirmation & même le baptême à plufieurs, qui n'étoient pas chcz

eux à fon premier paffage. Comme on fçavoit qu'il étoit fur fon départ, les peuples accou- AN.1125. foient en foule; eftimant malheureux ceux qui ne recevroient pas fa benediction. Ils faifoient tous leurs efforts pour le retenir, & lui perfuader d'etre leur évêque, lui promettant une entiere foûmiflion, & il l'avoit réfolu lui-même, mais fon clergé l'en détourna. Il vint par la Pologne, dont le duc lui donna pendant tout ce voiage tous les témoignages poffibles d'amitié; & nomma pour évêque de Pomeranie Albert, un de fes trois chapelains, qu'il avoit envoiez avec Otton. Enfin Otton après une abfence de près d'un an, revint à Bamberg comme il s'étoit propofé avant le dimanche des Rameaux, qui cette année 1126. étoit le quatrième d'Avril. Ce récit eft tiré de sa vie écrite par un de ceux qui l'accompagnoient en ce voiage.

XLI.

Mort

de M. an.

II 20.

Otto Fri

Cependant l'Allemagne changea de maître. L'empereur Henri V. mourut à Utrecht le fa- d'Henri V. medi d'après la Pentecôte vingt-troisième de Lothaire Mai 1125. après avoir regné près de dix-neuf II. roi d'Alans, & fut enterré à Spire. En lui finit l'ancienne lemagne. maifon de Saxe, qui avoit regné 207. ans, de- Dodech, ar puis l'élection d'Henri l'Oifeleur: car Henri V. 1125. Rob ne laiffa point d'enfans. On élut à fa place Lothaire, qui avoit pris le titre de duc de Saxe, à caufe de fa femme Rixe defcenduë d'un oncle fing. vII. de faint Henri: pour lui il étoit fils de Gehe- Chr. c. 17. hard comte de Supplimbourg. Il fut élu à Maïence le trentiéme d'Août dans l'affemblée des évêques & des feigneurs, où étoient les légats du faint fiege; & couronné à Aix-la-Chapelle, le dimanche treiziéme de Septembre, par Frideric archevêque de Cologne, en prefence des mêmes légats; & il regna douze ans. On le nomme Lothaire II. par rapport au petit-fils de Charlemagne,

AN.1125.

En France Gilbert archevêque de Tours étant mort, Hildebert évêque du Mans fut élû pour XLII. lui fucceder la même année 1125. âgé de foiHildebert xante-huit ans : car il étoit né en 1057. Le lieu archevêque de fa naiffance fut Lavardin en Vendômois; & Gefta epifc. parens étoient d'une fortune médiocre. Dès Cenom. - fa jeuneffe il s'appliqua à l'étude des lettres ta per An- avec grand fuccès, & eut entre autres pour maiton. Beau- tre, le fameux Berenger, dont il ne fuivit point gendre.

de Tours.

fes

les erreurs quoiqu'il paroiffe avoir toujours confervé une grande eftime pour fa perfonne. Hoël évêque du Mans lui donna la conduite de fes écoliers, & le fit fon archidiacre. Il avoit ›exercé cinq ans cette charge quand Hoël mourut; il fut élû évêque du Mans à fa place en 1097. étant âgé de quarante ans, & fut facré le jour de Noël de la même année, par Raoul archevêque de Tours.

L'évèque Hildebert fouffrit de grandes perfecutions de la part des rois d'Angleterre, GuilJaume le Roux & Henri I. qui prétendoient que la ville du Mans leur appartenoit : il demeura un an en prifon, & fut obligé à paffer plufieurs fois en Angleterre. Fatigué de tant de traverses il alla trouver le pape Pascal II. & voulut renoncer à l'évêché, mais le pape n'y confentit pas. En ce voïage Hildebert fut témoin de la défola111. ep. 7. tion du monaftere de Lerins, qui fut pillé & brûlé par les infideles le jour de la Pentecôte 1107. A fon retour il fut encore pris en trahison, & tenu en prifon par Rotrou comte du Perche; & en étant enfin forti & rentré dans les bonnes graces du roi d'Angleterre vers l'an 1120. il s'appliqua à reformer fon clergé tombé dans un grand relâchement, par la licence des guerres paffées à rebâtir & orner fes églifes, principalement fa cathedrale, qu'il enrichit des prefens que lui avoient faits les princes Nor

i. 24.

mans

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