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fois le jour, excepté les octaves de Noël, de Paques, de la Pentecôte, l'Epiphanie & quel- AN. 1101. ques autres fêtes. Ils logent en des cellules féparées comme les anciens moines d'Egypte, & s'y occupent continuellement à la lecture, à la priere & au travail des mains, principalement à écrire des livres. Ils y recitent auffi les petites heures, avertis par la cloche de l'églife, mais ils s'affemblent tous à l'église pour vêpres & pour matines; & s'en acquittent avec une attention merveilleufe. Les jours de fêtes aufquels ils. font deux repas, ils chantent toutes les heures à l'églife, & mangent au refectoire après sexte & après vêpres. Ils ne difent la meffe que ces jours là & les dimanches. Ils font cuire euxmêmes leurs legumes, qu'on leur donne par mefure, & ne boivent jamais de vin hors les repas. C'est ainfi que Pierre le venerable décrit la vie des Chartreux, qu'il avoit, pour ainfi dire,fousLes yeux.

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Concile de

Rome.

an. 1101.

Le jeune roi Conrad mourut la même année 1101. qui étoit la neuviéme depuis qu'il eût quitté la cour de l'empereur Henri fon pere. П tenoit la fienne en Italie, où il gouvernoit où il gouvernoit Ab Vefp. par le confeil du pape & de la princeffe Mathilde. Quelques-uns difoient qu'il étoit mort de poifon, & qu'il s'étoit fait des miracles à fes Id.an. 1102. funerailles. L'année fuivante l'empereur Henri to. x. conc2par le confeil des feigneurs, déclara qu'il iroit P. 727. à Rome, & qu'il y affembleroit un concile vers le premier jour de Février, pour y examiner fa caufe & celle du pape, & rétablir l'union entre l'empire & le facerdoce. Toutefois il ne tint point fa promeffe, & n'envoya point témoigner La foumillion au pape : au contraire on fçut qu'il avoit voulu faire élire un autre pape que Pascal, mais qu'il n'y avoit pas réüffi.

Après la mi-carême, c'est-à-dire vers la fin

du mois de Mars 1102. le pape tint à Rome un AN. IIOI grand concile, où fe trouverent tous les évêde Pouille, de Campanie, de Sicile, ques do Toscane, en un mot de toute l'Italie, & les deputez de plufieurs Ultramontains. On y dreffa cette formule de ferment contre les fchifmatiques = J'anathematife toute herefie, & principalement celle qui trouble l'état prefent de l'églife, & qui enfeigne qu'il faut méprifer l'anathême & les cenfures de l'églife; & je promets obéissance au pape Pascal & à fes fucceffeurs en presence de JESUS-CHRIST & de l'églife, affirmant ce qu'elle affirme, & condaninant ce qu'elle condamne. On y confirma l'excommunication prononcée contre l'empereur Henri par Gregoire VII. & Urbain II. & Pafcal la publia de fa bouche le jeudi-faint troihéme d'Avril dans l'églife de Latran, en prefence d'un peuple infini de diverfes nations:déclarant qu'il vouloit qu'elle fût connuë de tous, principalement des Ultramontains, afin qu'ils s'abftinffent de sa com

epift. 6.

munion.

On rapporte au ferment dreffé en ce concile, une lettre de Pafcal II. adreffée à l'archevêque de Pologne, c'eft à-dire de Guefie, où il dit: Vous nous avez mandé que le roi & les feigneurs s'étonnoient que nos nonces vous ayent offert le pallium, à condition de prêter le ferment qu'ils avoient porté d'ici par écrit. Ils difent que JESUS-CHRIST a défendu tout ferment dans l'évangile ; & qu'on ne trouve point que les apôtres ni les conciles en ayent ordonné aucun enfin ils ont été d'avis que vous ne deviez point prêter ce ferment. Mais c'eft la neceffité qui nous oblige à exiger ce ferment, pour conferver la foi, l'obéiffance & l'unité de l'églife: ce n'eft pas pour notre interêt particulier : c'eft feulement pour montrer que vous êtes

membre de l'églife catholique & uni avec fon chef. Les Saxons & les Danois font plus éloignez que vous, & toutefois leurs métropolitains prêtent le même ferment, reçoivent avec honneur les légats du faint fiege, & envoïent à Rome, non feulement tous les trois ans, mais tous les ans. En cette lettre le pape foutient que les conciles n'ont point fait de loi pour l'église Romaine, puifque c'eft-elle qui donne l'autorité aux conciles: mais avant les fauffes décretales nous ne voïons point de fondement à cette maxime. On trouve la même lettre mot pour epift. so mot, mais plus abregée, adreffée à l'archevêque de Palerme.

de

XXI. Suite l'affaire des inveftitures

en Angle

Cependant les députez d'Angleterre étant arrivez à Rome, & aïant expliqué au pape le fujet de leur voïage & les intentions du roi, il ne trouva point de paroles pour exprimer fon étonnement; & il leur répondit avec indigna- terre. tion, que quand il iroit de fa tête, les mena- Sup. n. 14. ces d'un homme ne lui feroient jamais abolir les Edmer. 3. Novor. p.6. decrets des faints peres. Il écrivit deux lettres to. x. conc fur ce fujet, l'une au roi Henri, l'autre à l'ar- epift. 97chevêque Anfelme. Dans la lettre au roi il commence par le féliciter fur fon avenement à la couronne, & fur ce qu'il n'imite pas le mauvais exemple du roi fon frere fur lequel la vengeance divine a éclaté. Il l'exhorte à fuir les mauvais confeils qui attirent l'indignation de Dieu fur les rois, par les inveftitures des évêchez & des abbaïes, & lui promet une amitié inviolable s'il renonce à cette prétention. Car ajoûte-t'il, nous avons défendu à tous les laïques, par le jugement du Saint-Elprit, les inveftitures des églifes; & il ne convient pas à un fils de réduire la mere en fervitude › pour lui donner un époux qu'elle n'a pas choifi. Dans la lettre à l'archevêque, il l'exhorte à

2

to. x.cp.4. ap. Ans. LIL. ep. 44.

continuer dans fa fermeté à réfifter au roi; & AN. II02. ajoûte: Dans le concile que nous venons de tenir au palais de Latran, nous avons renouvellé les défenfes à tout clerc de faire hommage à un laïque, ou de recevoir de fa main des églifes ou des biens ecclefiaftiques. Car ce défir de plaire aux féculiers pour parvenir aux dignitez de l'églife, eft la fource de la fimonie. Il finit en déclarant à Anfelme, qu'il veut conserver en leur entier les droits de fa primatie, & que de fon vivant il n'y aura point d'autre légat en Angleterre. Ce qui femble être dit à caufe de la légation de Gui archevêque de Vienne qui avoit Sup. n. 10. été fi mal reçuë. Cette lettre eft du quinziéme d'Avril 1102.

ep. 42. ap. Anf. 45.

Elle fut accompagnée d'une réponse à plufieurs queftions qu'Anfelme avoit envoïées par les deux moines fes députez Baudouin & Alexandre. Les principales décifions du pape font les fuivantes. Un évêque peut recevoir de la main d'un laïque des églifes fituées dans fon diocefe, parce que c'eft moins une donation qu'une reftitution, puifque toutes les églifes d'un diocese doivent être en la puiffance de l'évêque. Celui qui eft en péril de mort doit recevoir le viatique de la main d'un prêtre concubinaire; plûtôt que de mourir fans viatique. En general le pape permet à Anfelme d'ufer de difpenfe en cas de neceffité contre la rigueur des

canons.

Quand les députez furent de retour en Angleterre, le roi Henri affembla les feigneurs à Edmer. 3. Londres à la faint Michel 1102. & fit dire à Novor Flo- Anfelme, de ne lui pas refufer les coûtumes de rent. Vipere: : ou de fortir du roïaume. L'archevêgorn, chr. que répondit: Que l'on voïe les lettres du pape, & j'obéïrai autant que je pourrai, fans bleffer mon honneur & le refpect du faint fiege.

fon

Le roi dit: Que l'on voïe, s'il veut, celles qui lui font adreffées: pour les miennes on ne les verra AN. 1102. point quant à prefent. Enfin il n'eft point queftion de lettres: qu'il dise fans détour s'il veut faivre en tout ma volonté. Plufieurs s'étonnerent de ce difcours du roi, & disoient: Si ces lettres lui étoient favorables, il les montreroit même malgré l'archevêque. Anfelme fit donc voir à Epift. 99. tous ceux qui le voulurent les lettres qu'il avoit reçues du pape, principalement une du douzième Decembre 1101. où Pascal le faifoit fouvenir que les inveftitures avoient été condamnées par Úrbain II. au concile de Bari où ils avoient affifté l'un & l'autre.

Alors les évêques qui avoient été députez de Rome, dirent que le pape leur avoit dit de bouche autre chofe que ne contenoient ces lettres, ni même celles qu'ils avoient apportées au roi, & déclarerent foi d'évêques ; que le pape les avoit chargez de dire au roi, que tant qu'il vivroit d'ailleurs en bon prince, il lui pafferoit les inveftitures des églises, pourvû qu'il les donnât à des perfonnes vertueules. Or, ajoûtoient-t-ils, le pape n'a pas voulu faire cette conceffion par écrit: de peur que fi elle venoit à la connoiffance des autres princes, ils ne s'attribuaffent le même droit, au mépris de l'autorité du pape. Les deputez de l'archevêque foûtenoient que le pape n'avoit rien dit à perfonne de contraire à fes lettres: mais les évêques difoient: Outre ce que nous avons traité avec le pape devant vous, nous en avons eu des audiences fecretes. Les feigneurs le trouverent partagez fur ce fujet: Les uns difoient, que fans s'arrêter aux paroles, il falloit s'en tenir à l'écriture & aux fceaux du pape : les autres soûtenoient qu'il falloit plûtôt croire le rapport de uois évêques, que du parchemin & du plomb,

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