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Il donnoit les terres de l'église à ses vassaux, & fi je demandois confeil, tous les évêques du AN. 1100. royaume, & mes fuffragans mêmes refufoient de me le donner, finon conformément à la volonté du roi. Je demandai permiffion d'aller confulter le faint fiege fur mes devoirs le roi répondit, qu'il fe tenoit offenlé de la feule demande de ce congé que je lui en fiffe fatisfac tion, ou que je fortiffe promptement de fon roïaume. J'aimai mieux fortir, & auffi-tôt le roi s'empara de tout l'archevêché, laiffant feulement aux moines le vivre & le vêtement; & nonobftant les avertiffemens du défunt pape, il continue encore dans cette ufurpation. Voici la troifiéme année que je fuis forti d'Angleterre, j'ai dépensé le peu que j'avois emporté, & beaucoup plus, que j'ai emprunté & que je dois encore; & je fubfifte par la liberalité de l'archevêque de Lion. Je ne le dis pas par le defir de retourner en Angleterre, mais pour vous faire connoître mon état; au contraire je vous conjure de ne me pas ordonner d'y retourner, finon à condition que je puiffe obferver la loi de Dieu, & que le roi repare le mal qu'il a fait à mon églife. Autrement il fembleroit que j'aurois été juftement dépouillé, pour avoir voulu confulter le faint fiege: ce qui feroit d'un dangereux exemple. Quelques-uns moins éclairez demandent pourquoi je n'excommunie pas le roi; mais les plus fages me confeillent de n'en rien faire, parce qu'il ne me convient pas de me plaindre & de me vanger tout ensemble. Enfin les amis que j'ai auprès du roi m'ont mandé qu'il fe mocqueroit de mon excommu

nication.

V.

Mort de

Quelque temps après Anfelme apprit la mort du roi Guillaume le roux, qui fut tué par ac- Guillaume cident à la chaffe le jeudi fecond jour d'Aouft le roux.

Henri I.

terre.

Lil 1-30

Νου,

:

l'an roo. & mourut fur le champ, fans péAN. 1100. nitence & fans confeffion. Anfelme le pleura amerement; & affura qu'il auroit mieux aimé toia'Angle- que Dieu l'eût retiré du monde lui-même, que de laiffer mourir de la forte ce malheureux prince. Il reçut bien-tôt un député de l'églife de Cantorberi, avec des lettres où on le prioit inftamment de revenir; & par le confeil de l'archevêque de Lion il fe mit en chemin pour l'Angleterre fort regreté dans le païs qu'il quittoit. Il n'étoit pas encore arrivé à Clugni quand it reçut un autre député du nouveau roi Henri & des feigneurs du roïaume, pour preffer fon retour. La lettre du roi portoit, qu'après la mort de fon frere il avoit été élu roi par le clergé & le peuple d'Angleterre ; & que la crainte des ennemis, qui vouloient s'élever contre lui, l'avoit obligé à fe faire facrer fans attendre l'archevêque, à qui il en faifoit excuse, protestant de vouloir le gouverner par fes confeils. Guillaume le roux n'avoit point laiffé d'enfans; & comme Robert duc de Normandie fon frere aîné n'étoit pas encore revenu de la croifade, Henri qui étoit le cadet, profita de fon abfence, & fe preffa de fe faire reconnoître & couronner roi. Il fe maintint nonobftant les efforts de fon frere, & regna plus de trentefix ans. Anfelme fit telle diligence, qu'il arriva. à Douvre le vingt-troifiéme de Septembre, & fut reçu avec une extrême joïe de toute l'Angleterre.: qui efperoit à fon retour une espece de refurrection, par la reparation de tous les défordres paffez, principalement dans la religion.

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3.

:

VI En France les deux légats Jean & Benoît tinConcile de rent plufieurs conciles dont le premier qui Talence. avoit été indiqué à Autun, fut tenu à Valence.. fox.co. Le principal fujet étoient les plaintes des cha

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noines d'Autun contre Norgaud leur évêque,

qu'ils accufoient d'être entre dans ce fiege par AN. 1100. fimonie, & d'en diffiper les biens. Par l'auto- Hug. Flav. rité des légats, il obligea les chanoines de venir p. 254. au concile de Valence, nonobstant leurs proteftations de ne devoir être traduits hors de leur province; car Valence eft de celle de Vienne. Le concile commença le dernier jour de Septembre 1100. & il s'y trouva vingt-quatre prélats, tant archevêques & évêques, qu'abbez. L'archevêque de Lion étant malade, y envciades députez; & on disoit qu'il avoit empêché les évêques de Langres & de Challon d'y venir : car il n'étoit pas content, que les légats lui ôtassent le jugement d'un évêque de sa province. L'évêque de Mâcon revenant de Rome avoit été pris par l'antipape Guibert, qui le tenoit en prifon ainfi il n'y eut de la province de Lyon que l'évêque d'Autun qui aflista au concile de Valence.

Ses parties étoient treize chanoines de fon église , entre lesquels étoient deux archidiacres, le prevôt & le chantre: de plus l'abbé de faint Benigne de Dijon, l'abbé de Flavigni, & les députez de l'abbé de Clugni. Mais il foûtenoit qu'ils n'étoient pas recevables, parce que les ouailles ne doivent point accufer leur pafteur; qu'ils avoient confenti à son élection & à fa confecration, quoiqu'avertis fous peine d'anathême, de propofer leurs reproches. Que l'un d'eux avoit reçu de lui l'ordre de diacre, l'autre la charge de chantre, & lui avoient fait hommage l'un & l'autre. Enfin qu'il n'y avoit qu'un témoin outre l'accufateur. Les légats répondirent, qu'en matiere de fimonie, toute perfonne, fûtelle infame, eft reçuë à accuser; & que le pape Gregoire VII. dans un concile de Rome avoit dép té un évêque fimoniaque fur l'accufation

d'un abbé fon complice. Que d'ailleurs il fufAN. 1100. foit d'un accufateur avec un témoin.

VII.

Quand ce vint au jugement il y eut de la conteftation entre les évêques & les légats. Les évêques difoient, que l'on devoit obliger l'accufé à fe purger fuivant l'ufage de l'église Gallicane confirmé au concile de Clermont en prefence du pape Urbain. Les légats répondirent, que fuivant les canons, c'étoit aux accufateurs à prouver ce qu'ils avançoient. L'accufé appella au faint fiege, mais les légats ne défererent point à fon appel: parce que le pape leur avoit donné la plenitude de fa puiffance. La féance du concile aiant duré jufques à la fin du jour, on remit la décifion de l'affaire. Pendant la nuit Norgaud envoïa des prefens aux évêques, dont quelques uns les prirent, d'autres les refuferent & ceux ci en furent remerciez publiquement par Jes cardinaux légats, dans la féance du lende main. L'affaire y fut encore agitée; mais non pas terminée; & à la priere de tous les évêques, on donna un délai jufques au concile que les mêmes légats devoient tenir à Poitiers. Cependant Norgaud fut déclaré fufpens de toute fonction épifcopale & facerdotale. Et c'eft ce qui fe pafla à fon égard au concile de Valence.

L'antipape Guibert mourut pendant la tenue Mort de de ce concile, c'eft-à-dire vers le commencel'antipape ment d'Octobre l'an 1100. la vingtiéme année Guibert. de fon intrufion dans le faint fiege, & la vingtChr. Vird. troifiéme de fa révolte contre Gregoire VII. Domnizo Dès le commencement du pontificat de Pafcal, Petr. Pifan. les Romains le preffoient d'abattre l'antipape:

p. 256.

trouvant honteux qu'il eût réfifté à fes trois prédeceffeurs. Ils lui offroient de l'argent ; & les députez du comte Roger venant le complimen ter de la part de leur maître, mirent à fes pieds mille onces d'or. Le pape Pascal encouragé par

tes fecours, commença à agir contre Guibert : le chaffa d'Albane, & par là ruina fon parti AN. 1100. dans Rome. Guibert fe retira à Citta-di-Caftello; & dans cette fuite il mourut fubitement. Toutefois le fchifme ne fut pas éteint. Son parti lui fubftitua un nommé Albert, qui fut pris par les Catholiques le jour même de fon élection & enfermé à faint Laurent. Les fchifmatiques élurent enfuite Theodoric, qui fut pris au bout de trois mois & demi, & enfermé au monaftere de Cave. Enfin ils élurent Maginulfe qui féduifoit le peuple par des prédictions & des fuperftitions magiques: mais il fut auffi chaffe de Rome, & mourut en exil réduit à une extrême mifere.

L'évêque de Maçon délivré de la prifon de Chr. Vird. Guibert trouva à Rome des députez de l'église p. 256. d'Autun, qui en fa prefence rapporterent au pape ce qui s'étoit paffé au concile de Valence : P. 257. 1 & le pape en fut encore informé par les lettres des deux cardinaux Jean & Benoît fes légats, qui prioient les cardinaux qui étoient à Rome de ne pas fouffrir que l'on donnât atteinte à ce qui avoit été fait pour l'honneur de l'églife Romaine. L'évêque de Maçon intercedoit pour l'évêque d'Autun fon confrere & le pape le renvoia avec des lettres par lefquelles il exhortoit fes légats à favorifer la justice: promettant en ce cas de ratifier leur jugement. Dès le quatorziéme d'Avril de cette année 1100. le pape avoit accordé à Norgaud la confirmation des Pafch, ey. privileges de fon églife, le reconnoiffant pour 38. évêque legitime. L'évêque de Mâcon revint ainfi en France, & affifta au concile de Poitiers.

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VIII.

Concile da

Avant la tenue de ce concile, & même de celui de Valence, Ives de Chartres aïant du reçu Poitiers. Jégat Jean des lettres pleines d'amitié, lui répondit par une lettre où il lotë d'abord fa fer- Iv.ep. S+,

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