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tation ridicule de

maise.

LIV. II. M. de Saumaife dans fa Lettre au Miniftre Daillé, a voulu donner une CH. IX. autre interprétation à l'Invocation, telle qu'elle fe trouve dans la feconde Interpré- Liturgie des Cophtes, qui porte le nom de S. Grégoire le Théologien. Il en a fait une Traduction fur la verfion arabe, après l'avoir mal lue, M. de Sau- & encore plus mal entendue, & voici fes paroles, ut purificemur & convertamus has oblationes viles in corpus & fanguinem falutis noftra. On n'avance rien au hafard, le manufcrit qu'il cite eft à la Bibliotheque du Roi. On aime mieux croire qu'il a mal lu, que de fuppofer qu'il a voulu tromper celui auquel il écrivoit. Mais il eft furprenant que fe piquant comme il faifoit d'entendre la langue cophte, il n'ait pas plutôt fuivi l'Original que la traduction qu'il n'a pas entendue. Le texte cophte fignifie Envoyez fur nous la grace de votre Saint Efprit, afin qu'il purifie & change ces dons proposés au corps & au fang de notre falut. C'eft ainsi qu'on lit dans tous les exemplaires, & que l'exige l'analogie de cette Liturgie avec les autres: c'eft auffi comme l'explique la verfion arabe. Mais ce qui doit faire plus d'autorité, eft un texte grec de la même Liturgie dans la Bibliotheque du Roi, où cette Oraifon fe trouve en ces termes, (b) Vous donc, Seigneur, par votre voix, changez les chofes qui font propofées. Vous préfent achevez ce miniftere mystique de cette Liturgie. Vous-même confervez-nous la mémoire de votre culte. Vous même envoycz votre S. Efprit, afin que defcendant par fa fainte, bonne & glorieuse préfence, il fanctifie & change ces faints & précieux dons proposés au corps même & au fang de notre rédemption. Voici le Commentaire de M. de Saumaife. Vous voyez que cette Invocation ne s'y fait pas pour faire def cendre la grace du S. Efprit fur le pain & fur le vin, &y attacher fon opération de telle forte que changeant les fubftances la présence du corps & du fang y foit telle, qu'elle demeure en corps & en fang à tout ce qui le recevra, foit fidele ou infidele, homme ou cheval.... Mais ce Prétre Cuphti qui fait cette invocation au nom de tous, veut que ce pain & ce vin que nous recevons en la Cene, devienne le corps & le fang de Notre Seigneur à ceux qui le recevront duement, & que le S. Efprit aura premiérement fanctifiés: & que ceux-là feuls prennent le vrai corps, & non le pain feulement, qui auront été purifiés par la foi par la grace du S. Efprit. C'eft la converfion ou peraboλn, de laquelle ont entendu parler en ce Sacrement les anciens Peres Grecs, & n'en faut point chercher d'autre. Voici comme il

(1) Αυτὸς ἐν δέσποτα τῇ σῇ φωνῇ τὰ προκειμενα μεταποιησον. Αὐτὸς παρὼν τὴν μυτικὴν ταύτην λει τεργίαν καθάρισον. Αυτος ἡμῖν τῆς σῆς λατρειας τὴν μνήμην διάσωσον. Αυτός υτὲ πνεῦμά σε οτέ πανάγιον κατάπεμψον, ἵνα ἐπιφοιτῆσαν τῇ ἁγίᾳ καὶ ἀγαθῇ, καὶ ἐνδόξῳ αυτα παρεσία αγίαση καὶ μεταποιηση τὰ προκείμενα τίμια, καὶ ἅγια δῶρα ταῦτα ὡς αὐτὸ οτὲ σῶμα καὶ τὸ αἷμα τῆς ἡμετέρας ἀπολυτρώσεως. Ερ. 32. p. 70. 71.

il traduit ces paroles de l'Invocation. Confirme en nous, Seigneur, la com- Liv. 'II. mémoration de ton faint fervice: envoie fur nous la grace de ton Saint CH. IX. Esprit, afin qu'étant fanctifiés, nous puissions convertir ces oblations viles & terriennes, au corps & au fang de notre Sauveur, ou de notre falut.

Il y a long-temps que les Savants rendent juftice à M. de Saumaise, Réfutat. comme à un des plus grands Critiques de ces derniers temps, & à un homme confommé dans les belles lettres. Mais il avoit cette maladie affez ordinaire aux perfonnes d'une grande érudition, de croire qu'on pouvoit également écrire de toutes chofes, particuliérement de la Théologie & de la Controverfe. Il voulut donc écrire fur la Tranffubftantiation & fur les Liturgies; & voulant attaquer l'Invocation du Saint Efprit qui en est tirée, ce fut ce qui produifit cette étrange & pitoyable critique. Nous voulons croire qu'il n'avoit pas confulté ce texte, ou qu'il avoit cru que perfonne ne pourroit reconnoître la falfification qu'il en fait, en traduifant au pluriel paffif deux mots qui dans le cophte & dans l'arabe font à la troifieme perfonne finguliere. Un homme d'une auffi grande lecture pouvoit, & même devoit conférer cette formule avec les autres du même Rite, & avec les anciennes grecques qui en font l'original.

Premier

Il auroit alors reconnu que rien n'eft plus éloigné des paroles de cette Différent Oraifon & de l'efprit de l'Eglife ancienne que la penfée qu'il lui attribue. fens felon lefquels C'est le Prêtre qui parle, & ce que lui fait dire M. de Saumaife, peut on la peut être entendu en deux manieres différentes. Premiérement, que le Prêtre entendre. parle de lui, & qu'il demande que le Saint Efprit le fanctifie, afin qu'il fens. puiffe changer les dons propofés au corps & au fang de Jefus Chrift; & ce fens eft manifeftement hérétique, puifqu'il fait dépendre le Sacrement de la fainteté du Miniftre. C'est ce que difoient les Donatiftes, ce que l'Eglife a toujours condamné en Orient, auffi-bien qu'en Occident.

Le fecond fens eft, que le Saint Efprit defcende & fanctifie tous ceux Sec. fens. qui doivent communier, afin qu'ils changent les dons au corps & au fang

de Jefus Chrift; & il eft encore plus éloigné de la créance de l'Eglife Orientale, puifqu'il fuppofe que le pouvoir de confacrer eft autant dans les Laïques que dans les Prêtres; ce qui eft une autre héréfie.

de la re

vaincue

Quand M. de Saumaife ajoute que cette Invocation ne s'y fait pas pour Fauffeté faire defcendre la grace du Saint Esprit fur le pain & sur le vin, & y attamarque de cher fon opération, il n'y a qu'à conférer cette Liturgie avec les deux M. de Sauautres, & avec les fyriaques, les grecques & généralement toutes celles maife cond'Orient, pour être convaincu du contraire, en cas qu'il y eût en celle-ci par la feuquelque difficulté. Car le Prêtre demande la defcente du Saint Efprit, le lecture afin qu'il change les dons propofés, & c'est ainfi qu'il faut traduire, TO τα goxeíuava, comme il y a dans le grec. Tout ce raifonnement roule donc Perpétuité de la Foi. Tome IV.

Y

destextes.

LIV. II. fur une corruption du texte, & fur une fauffe interprétation, dont M. CH. IX. de Saumaise a tiré une propofition auffi inconnue à toute l'Eglife d'O

La confécration eft

achevée,

ce qui

de Sau

maise.

rient, qu'aux Catholiques & à toute l'ancienne Eglife. C'eft-là, poursuitil, la converfion dont ont parlé les anciens Peres Grecs, & n'en faut point chercher d'autre. Il auroit dit plus clairement que c'eft-là une converfion où rien n'est changé. Or pour ne point parler des Peres Grecs, qu'il n'a guere mieux entendus fur l'Euchariftie que fur toutes les autres matieres eccléfiaftiques, il fe faut retrancher aux feuls Orientaux. Il n'y a qu'à examiner les cérémonies qui précedent, qui accompagnent & qui fuivent cette priere, pour reconnoître la fauffeté de tout ce qu'a avancé M. de Saumaife. Le Diacre exhorte à l'attention, au refpect & au tremblement dans l'heure & dans le moment, & cela parce que le Saint Elprit va defcendre dans le Sanctuaire, fur l'Autel, dans la patene facrée & dans le calice, de même qu'il eft defcendu fur la Sainte Vierge dans le moment de l'Incarnation. Auffi-tôt que l'Invocation eft prononcée, le Prêtre ne touche plus à aucune des chofes qui font fur l'Autel, fi ce n'est à l'Hoftie confacrée: il ne la quitte point de vue, il la regarde comme Jefus Chrift préfent: on ne l'appelle plus que le corps & le fang de Jefus Chrift: enfuite on l'éleve, le peuple l'adore, & on diftribue la Communion en la maniere que nous dirons ci-après.

Il est donc très-certain qu'après l'Invocation les Grecs & les Orientaux croient la confécration confommée, qu'ils confiderent les dons propofés comme toute autre chofe que ce qu'ils étoient auparavant, & que felon ruine l'in- leurs Théologiens, leurs Rituels & ceux qui ont expliqué les cérémoterprétation de M. nies en détail, ce changement eft fait alors indépendamment de la Com-" munion, qui n'eft diftribuée que quelque temps après, parce que leur Liturgie eft fort longue. Selon le fentiment de M. de Saumaife, ce changement, comme il l'explique, n'eft pas encore fait, & il ne peut être fait qu'après la Communion; & c'eft auffi ce que doivent fuppofer les Proteftants Luthériens & Calviniftes. Les Grecs & tous les Orientaux croient qu'il eft déja fait, puifque dès ce moment ils rendent à l'Euchariftie le même honneur qu'au propre corps de Jefus Chrift; & par une conféquence certaine, il faut qu'ils croient que ce changement eft réel, & tout différent de celui qui laiffe la matiere dans l'état où elle étoit avant la confécration.

Remarques fur

cette objection.

On fait bien que l'autorité de M. de Saumaise eft fort médiocre en matiere de Controverfe; & quoiqu'il ait écrit un jufte volume contre la Tranffubftantiation, à peine ofe-t-on le citer, non plus que fes autres ouvrages polémiques. Mais il fe trouvera peut-être des perfonnes affez prévenues des préjugés de leur Religion, & d'un grand nom comme

celui-là, pour croire fur fon témoignage, qu'on trouve dans la Liturgie Liv. II. égyptienne ce qui n'y est point; d'autant plus que ceux qui ont imprimé CH. IX. cette Lettre après fa mort, ont donné ce paffage corrompu, en françois, en latin & en arabe.

Les mêmes Liturgies, du nombre defquelles eft celle de S. Grégoire, ont été traduites dès le commencement du fiecle dernier fur un Manuf crit de Jofeph Scaliger. Il eft vrai que la traduction n'eft pas fort exacte; mais au moins elle eft fidelle, & elle fait foi que dans l'original il n'y avoit rien de ce que fuppofe M. de Saumaise, & il ne fe trouve aucun exemplaire qui ne détruife une conjecture fi hardie.

Que les Grecs & tous les Orientaux foient dans l'erreur ou non touchant le fens de cette Oraifon, cela ne fait rien au fujet : nous ne prétendons pas les juftifier; & cette question demanderoit un ouvrage tout entier, mais elle ne peut être propofée qu'entre ceux qui croient un changement véritable.

Il s'enfuit auffi que tant de paffages cités par les Proteftants, & quelques-uns des Liturgies rapportés par Aubertin, où les dons facrés font appellés pain après les paroles facramentelles, ne prouvent rien à l'égard des Grecs ni des Orientaux, puifqu'ils ne regardent la confécration confommée qu'après que l'Invocation a été prononcée. Cependant l'argument a paru fi fort à ce Miniftre, qu'il a cru que cela fuffifoit pour prouver que toutes les Eglifes étoient d'accord avec les Calviniftes. On en peut juger après toutes les preuves qui ont été rapportées du contraire, & on en jugera encore mieux par celles qui feront rapportées dans les Chapitres fuivants.

Il auroit fallu parler des Liturgies; mais comme la matiere eft un peu ample, & qu'elle auroit coupé la fuite du difcours, elle fera traitée à part, & nous continuerons à donner les preuves de la créance des Orientaux, par celles que fournit leur discipline eccléfiastique.

LIV. III.
СНАР. І.

LIVRE

TROISIEME,

Dans lequel la créance des Grecs & des Orientaux touchant la présence réelle, eft prouvée par leur difcipline.

Argument

les pre

miers fie

cles de

l'Eglife.

CHAPITRE PREMIER.

Preuves particulieres de la créance des Grecs & des Orientaux, tirées de leur difcipline pour tout ce qui a rapport à l'Euchariftie.

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E n'eft pas feulement depuis le fchifme des Proteftants que les Catire de la tholiques fe font fervis de la difcipline de l'Eglife fondée fur la Tradition discipline, a été en comme d'un argument très-fort pour en confirmer la doctrine. Dès la ufage dès naiffance des anciennes héréfies, les premiers Chrétiens, dont quelquesuns avoient été difciples des Apôtres, ou qui avoient été inftruits par ceux qui les avoient écoutés, s'en fervirent pour s'oppofer aux nouveautés que les hérétiques vouloient introduire. La Tradition des Apôtres étoit d'une autorité incontestable, & les Saints Peres ne s'en font pas moins fervis pour défendre la vérité que des Saintes Ecritures. La difcipline faifoit partie de la Tradition, d'autant plus que la plupart des chofes que les Chrétiens pratiquoient dans le fervice des Eglifes, & dans l'adminiftration des Sacrements, n'étoient pas écrites, comme le marque S. Bafile, mais confervées par-tout comme ayant été enfeignées par les Apôtres. Il met dans ce nombre le figne de la croix, la coutume de fe tourner vers l'Orient pendant la priere, les paroles de l'Invocation pour la confécration du pain & du vin dans les Saints Myfteres, & plufieurs autres cérémonies qu'aucun des Saints ne nous a laiffées par écrit. I affure néanmoins que les Chrétiens les reçoivent de même que ce qui eft dans les Saintes Ecritures, & que celui qui en jugeroit autrement, blefferoit ce Il a parti- qu'il y a de plus effentiel dans la Religion. (a)

ment lieu

culiére- Ce que ce grand Saint a dit de plufieurs anciens points de difcipline, en ce qui qui ne fe trouvant point marqués dans l'Ecriture Sainte, ont été néanconcerne moins pratiqués de tout temps & fe pratiquent encore dans l'Eglife, nous la foi de le pouvons dire fur le même principe de tout ce qui a rapport à la cériftie, & lébration de l'Euchariftie. On apprend dans l'Ecriture l'inftitution de ce

l'Eucha

fur la for

me de la

(α) Τὰ τῆς ἐπικλήσεως ῥήματα ἐν τῇ ἀναδείξει τοῦ ἄρτὰ τῆς ἐυχαρισίας καὶ τοῦ ποληςία, τῆς εὐλογίας célebrer. rís Tv dyiwr irrçá¤ws üμîv maganéhoπev. Bafil. de Sp. S. c. 27.

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