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Liv. III. les Liturgies, les Canons de discipline, & d'autres pieces femblables: c'est CH. VII. l'ufage qui en a été fait dans les Egiifes; & comme on ne peut douter que toutes celles d'Orient ne s'accordent depuis plufieurs fiecles dans l'obfervation de la plus grande partie des coutumes qui font marquées dans ces anciennes Collections, il n'en faut pas davantage pour les mettre hors d'atteinte contre tous les reproches des Protestants. Or il n'y a rien qui foit prouvé plus certainement que la difcipline tirée de ces Livres, & telle que nous l'avons expliquée, puifqu'elle eft confirmée par les Hiftoires. Dans celle des Patriarches d'Alexandrie, où eft rapporté le miracle d'une apparition de Jefus Chrift en forme d'enfant dans l'Eucharistie, les Hiftoriens marquent, que les Chrétiens eurent une telle horreur de la profanation qu'en avoit faite un Prince Arabe, qu'ils furent quelque temps fans célébrer la Liturgie. Les Neftoriens rapportent que Jofeph Catholique vingt-huitieme, mais qui fut déposé pour fes crimes, ayant fait mettre dans une prifon Siméon Evêque d'Anbara; & ayant fu qu'il célébroit la Liturgie, y entra par force, renverfa l'Autel, & jeta l'Euchariftie à terre, ce qu'ils traitent d'un énorme facrilege. Ce Jofeph vivoit fous Cofroës Nufchirüan, fous lequel naquit Mahomet.

Coutume particu

liere des

Les Cophtes ont une coutume particuliere, qui eft que le Diacre ne se tient pas derriere le Prétre comme ailleurs, mais à côté tourné vers lui. La Cophtes. caufe, dit l'Auteur du Traité de la Science Eccléfiaftique, vient de ce qu'autrefois les bérétiques pouffés par une fureur diabolique, entroient dans les Eglifes de ceux qui ne confeffent qu'une feule nature en Jefus Chrift, & une feule volonté, & lorfque leurs Prêtres étoient attentifs au Sacrifice, pendant qu'ils confacroient les Oblations, les bérétiques les enlevoient les fouloient aux pieds. C'est pourquoi les Cophtes ordonnerent que le Diacre fe tiendroit vis-à-vis du Célébrant, pour prendre garde fi quelque bérétique ne venoit point faire cette infulte: & s'il en appercevoit quelqu'un, il prenoit l'Oblation & le Calice qu'il cachoit fous l'Autel dans une petite voute faite exprès. On craignoit donc dès ce temps-là parmi les Jacobites & les Neftoriens la profanation de l'Euchariftie, & ces époques font plus anciennes que le Mahométifme. Les hérétiques dont parlent les Cophtes, ne font autres que les Orthodoxes, qui ne pouvoient commettre de pareilles violences, fi on peut croire qu'ils les aient commifes, finon avant que les Mahométans fe fuffent rendus maîtres du pays; c'est-à-dire, avant le feptieme fiecle. Si donc ces craintes & ces précautions font des fuites de la préfence réelle, il faut qu'elle fût établie parmi les Jacobites dès ce temps-là. Toutes les fubtilités de M. Claude ne fervent de rien pour expliquer de pareils faits, puifqu'ils ne font fujets à aucun équivoque, & qu'ils

portent des preuves certaines de la créance intérieure de ceux qui pra- Liv. III. tiquent tout ce que nous avons extrait de leurs Auteurs, beaucoup plus CH. VII. croyables que des Voyageurs ignorants, ou des Auteurs auffi méprifables que trois ou quatre que les Calviniftes ont cités pour établir leurs paradoxes.

Liv. IV.

CHAP. I.

LIVRE QUATRIE ME,

Des Liturgies.

Ce que fignifie le mot de Li

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De ce qu'on doit entendre par le mot de Liturgies, & de celles qui fe trouvent dans les Eglifes d'Orient en diverses langues.

LE

E mot de Liturgie, par un ufage reçu depuis plufieurs fiecles parmi tous les Chrétiens, fignifie la forme des oraifons & des cérémonies auturgie. torifées & pratiquées par les Eglifes dans la célébration des faints Myfteres. On l'appelle auffi AvaPoga, c'est-à-dire Oblation ou Sacrifice; & ce mot n'eft pas feulement en ufage parmi les Grecs; il eft employé par les Cophtes, par les Syriens & par les Ethiopiens. Les autres mots ordinaires, comme Koudcho des Syriens, Kadas en arabe & en éthiopien, fignifent la même chore que le grec ἱερεργία.

Celles des
Grecs.

Neftor.

Les Grecs ont plusieurs de ces Liturgies en leur langue; celle de S. Jacques, celle de S. Marc, celle de S. Clément; mais ils ne fe fervent guere depuis plufieurs fiecles que de celles de S. Bafile & de S. Jean Chryfoftôme, outre celle des préfanctifiés.

Celles des Les Neftoriens qui font la fecte la plus ancienne de celles qui fubfiftent encore ont trois Liturgies, avec un Ordre général de la célébration des faints Mysteres, qui fert à toutes les trois, comme le Canon de la Meffe latine fert à toutes les Meffes de l'année. C'eft cependant avec cette différence, que notre Canon qui commence après la Préface jusqu'à la Communion, eft toujours le même à l'exception de quelques oraifons qui varient felon les fêtes: au lieu que cet ordre général des Neftoriens, auffi-bien que des autres Orientaux, comprend ce qui fe dit depuis le commencement de la Meffe, jufqu'au baifer de paix, qui fe donne avant la Préface & n'a rien de différent, finon les leçons de la Sainte Ecriture; au lieu que l'autre partie qui eft l'action facrée, eft compofée d'autant de différentes prieres qu'il y a de Liturgies, quoiqu'elles aient toutes le même fens & la même difpofition. La premiere Liturgie des Neftoriens, eft celle qu'ils appellent des faints Apôtres, & ceux qu'ils entendent font Hift. Neft. S. Thadée & S. Maris, par lefquels ils croient avoir reçu la premiere MS. Arab. Prédication de l'Evangile. Le premier eft connu; l'autre ne l'eft que par

el

leurs

leurs hiftoires très-fabuleufes. La feconde eft, celle de S. Théodore In- Liv. IV. terprete; c'eft ainfi que par excellence ils appellent Théodore de Mop- CHAP. I. fuefte, à caufe du grand nombre de fes Commentaires fur l'Ecriture Sainte. La troifieme eft, celle de Neftorius. Ces Liturgies font plus fimples & paroiffent plus anciennes que les autres, comme auffi la féparation des Neftoriens eft la plus ancienne; & il paroît manifeftement qu'elles ont été formées fur les grecques, principalement fur celle de S. Jean Chryfoftome. Il est clair que celle des Chrétiens de Malabar étoit conforme à celles dont nous venons de parler, autant qu'il eft poffible d'en juger par la traduction qu'en fit imprimer Alexis de Menefez Archevêque de AConimb. Goa, après l'avoir changée en plufieurs endroits: car nous n'avons en- 1606. core jamais vu de Manufcrits de cette Liturgie telle qu'elle étoit avant cette réforme.

On ne doit tenir aucun compte de certaines copies qui ont été souvent apportées en Europe par des Prêtres Syriens venus de Méfopotamie; car ce font des Offices qu'ils ont réformés de leur chef, pour paroître bons Catholiques, & ils l'ont fait quelquefois avec tant d'ignorance, qu'ils ont retranché des endroits qui ne bleffent point la foi orthodoxe; & on peut affurer que ces Meffes ne reffemblent point à celles dont on fe fert dans le pays, & qu'elles font l'ouvrage de ces particuliers. Toutes les Liturgies des Neftoriens, ainfi que leurs autres prieres, font en fyriaque, même dans les Indes, car ils ne font l'Office qu'en cette langue.

Les Melchites qui fuivent le rite fyrien, orthodoxes ou fchifmatiques, Celles des fe fervent de la Liturgie fyriaque de S. Jacques, auffi-bien que les Jaco- Syriens. bites qui en ont plufieurs.

Chald.

La premiere & la principale eft celle qui porte le nom de cet Apôtre, In Miff. qui eft très-conforme dans la plupart des prieres à celle qui eft imprimée Rom. ed. en grec; & il n'y a pas lieu de douter qu'elle ne fût en ufage dans l'Eglife 1594. de Jerufalem, comme on le dira dans la fuite. Dans les Manufcrits elle contient la partie générale dont il a été parlé ci-deffus, qui fert à toutes les autres Liturgies, & Denys Barfalibi l'a commentée fort exactement, Les Maronites citent un Commentaire fur la même, de leur Jean Maron Patriarche d'Antioche, qui ne fut jamais ; & il y a beaucoup de raifons qui font croire que c'eft l'ouvrage de Barfalibi qu'ils lui attribuent.

P. 266.

Outre cette Liturgie, les Jacobites en ont plufieurs autres, comme a De Hæref. remarqué un Auteur ancien publié par le P. Combefis. On dit qu'ils Jacobitar. ont, dit cet Auteur, plufieurs formes de Liturgies différentes, contre les Traditions Apoftoliques. Cela doit s'entendre felon l'opinion des Grecs, qui ont fupprimé les Liturgies de S. Jacques & de S. Marc, par cette Perpétuité de la Foi. Tome IV. Hh

LIV. IV. feule raison, que l'Eglife de Conftantinople, à laquelle toutes les autres CHAP. I. devoient fe conformer, ne s'en fervoit pas. Il eft vrai que les Jacobites Balzam.in en ont plufieurs, parmi lesquelles il y en a fans doute qui leur étoient Refp. ad communes avec les Orthodoxes, & d'autres qui leur étoient propres, comme celles qui portent le nom de quelques-uns de leurs Saints.

Quat.

Marci
Alex.

Not. ad

Abraham Ekellenfis, favant Maronite, dit que les Syriens en avoient Hebed Je. eu autrefois plus de cinquante, & qu'il en reftoit trente & une. Il ne fu p. 235. dit pas quels Syriens il entend; mais foit qu'il le diffimulât à caufe de l'honneur de sa nation, foit qu'il ne le fût pas, toutes celles qu'il nomme & qu'on connoît d'ailleurs étoient propres aux Jacobites. Cependant ce font celles qu'on a imprimées à Rome dans le Miffel Maronite, après y avoir fait de grands changements. Il y en a quatorze dans cette impreffion, & dans celles qu'Ekellenfis ajoute pour faire le nombre qu'il a dit, il en a mis qu'on peut affurer n'avoir jamais été, comme celle de Jean Maron, & trois de Neftoriens, Narfés, Diodore & Barlomas Métropolitain de Nifibe. On en trouve auffi quelques-unes entiérement inconnues, & qui manquent dans les meilleurs exemplaires, à moins qu'elles n'aient eu de différents titres. Nous rapporterons celles qui font dans plufieurs Manufcrits.

Leur dé.

ment.

La premiere de toutes eft, comme il a été dit, celle de S. Jacques, dont nombre fe fervent également les Melchites ou Orthodoxes Syriens, les Maronites & les Jacobites. Les Maronites, qui eurent le foin de l'impreffion de Rome, par un zele dont il eft difficile de rendre aucune bonne raison, P. 61. Ed. joignirent à l'Ordre général, la Liturgie de Saint Sixte Pape, quoiqu'elle foit très-peu en ufage, & qu'on la trouve défectueufe en quelques endroits effentiels dans les Manufcrits.

Rom.

II. Outre la Liturgie ordinaire de S. Jacques, il y en a une plus abrégée, dans laquelle il n'y a prefque rien qui ne foit tiré de la premiere. Cet abrégé a été fait, ou au moins reçu & mis en l'état où il eft, par Grégoire Abulfarage, qui, comme on l'a dit ailleurs, l'a pu faire avec autorité étant Catholique, ou comme ils difent, Mofrian d'Orient, qui étoit la premiere dignité après le Patriarche d'Antioche.

III. & IV. Elles portent le titre de Liturgie de S. Pierre; la premiere avec le titre de Prince des Apôtres, & celle-là fe trouve dans les Manufcrits: l'autre celui de Pape de Rome, & elle ne s'y trouve pas : ce titre même la peut rendre fufpecte. L'une & l'autre font dans l'Edition Romaine.

V. Il y en a une troifieme de S. Pierre Prince des Apôtres, différente des deux, en deux Manufcrits de M. Colbert, & en un de feu M. le Chancelier Séguier.

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