Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors][merged small]

Reproche

Protef

Offices.

[blocks in formation]

De la célébration des Offices & des prieres publiques en langue inconnue

ILY

au peuple.

y a peu de points controverfés entre les Catholiques & les Proinjuftedes teftants, fur lefquels ceux-ci aient dit plus d'abfurdités que fur l'ufage tants aux que les premiers Réformateurs trouverent établi de temps immémorial Catholiq. dans l'Eglife Romaine, fuivant lequel le Service public & la Meffe, ainsi fur l'ufage du Latin que les Offices pour l'adminiftration des Sacrements, fe faifoient en landans les gue latine. Ils regardoient cette difcipline comme une fuite d'un autre reproche qu'ils faifoient avec auffi peu de raifon aux Catholiques, en fuppofant, que parce qu'à l'occafion de plufieurs nouvelles héréfies, l'Eglifeavoit ordonné que toute forte de Traductions vulgaires de la Bible ne feroient pas mises entre les mains du peuple, elle défendoit aux fideles la lecture de l'Ecriture Sainte, quoique ces deux chofes n'euffent pas un entier rapport. Si on vouloit s'étendre fur cette matiere, il ne feroit pas difficile de faire voir, qu'il n'y en a guere où leurs Controverfistes aient fait paroître plus d'ignorance & de mauvaise foi. Mais comme nous ne prétendons la traiter qu'autant qu'elle regarde la difcipline des Eglifes Orientales, c'est à quoi nous nous reftreindrons.

cune loi

blir l'ufa

L'Eglife La premiere & la principale these des Proteftants eft, que l'Eglife Ro-
n'a fait au- maine, pour ôter aux peuples la connoiffance des mysteres de la Religion,
pour éta- avoit fait une loi de célébrer le Service en langue inconnue, non feule-
ment contre l'intention de Jefus Chrift & des Apôtres, qui avoient ex
ge d'une
langue in- pliqué les myfteres du Royaume de Dieu aux ignorants de même qu'aux
connue. favants, mais auffi contre la pratique de toutes les Eglifes du monde,
Uffer. de puifque non feulement autrefois, mais encore à préfent dans toutes les
facr. Vern. Eglifes qui étoient fur la terre, le Service fe faifoit dans la langue du

Ce qui eft de vrai fur

cet ufage.

pays: & comme parmi les Proteftants, il y en a eu plufieurs qui ont été savants dans les langues orientales, & encore plus de demi-favants, à cette occafion ils ont étalé leur érudition hébraïque, pour faire connoître que le même ufage avoit été pratiqué parmi les Juifs.

Il falloit dire, pour traiter cette question de bonne foi, que l'Eglife Romaine avoit d'abord célébré les Offices en langue latine, qui étoit celle du pays, & de la plus grande partie de l'Occident: que quand elle avoit ceffé d'être vulgaire, par refpect pour l'Antiquité, elle avoit été confervée dans les Offices, comme elle l'avoit été dans prefque tous les Actes publics, fans aucun deffein prémédité d'ôter aux fideles l'inftruction qui

leur étoit néceffaire, & à laquelle on avoit pourvu par d'autres moyens. Liv. IV. De cette maniere on auroit trouvé une parfaite conformité de la difci- CH. VIII. pline de toutes les Eglifes fur ce fujet.

inconnu

au peuple

fiecles.

Car pour commencer par les Grecs, il n'y a perfonne qui puiffe Le grec ignorer qu'il y a déja plufieurs fiecles, que la langue littérale dans laquelle font écrits tous les Offices & les Livres Eccléfiafliques, eft entiérement depuis inconnue au peuple. Cependant on n'a pas encore trouvé que la Li- plufieurs turgie ait été traduite en grec barbare, non plus que les Offices qui compofent l'Eucholage. Il n'y a que le Synaxarion, qui eft un abrégé des Vies des Saints, felon l'ordre du Calendrier, que Maximus Margunius traduifit en cette langue il y a environ cent ans. Il y a des Provinces entieres où ceux qui font profeffion de la Religion Grecque ne fe fervent pas communément de cette langue barbare; mais de la turque qui eft dominante: mais on n'a jamais vu de traduction turque des Offices, ni de la Bible qui foit en ufage parmi les Chrétiens qui font répandus dans l'Empire Ottoman. En Egypte, où les Melchites, c'eft-à-dire, les Orthodoxes, font l'Office en grec littéral, & où il est beaucoup moins entendu qu'à Conftantinople, on ne trouve pas qu'il fe foit jamais autrement célébré qu'en cette même langue. Les Mofcovites, & les Chrétiens du Rite Grec établis en Pologne, & dans les Provinces voisines font l'Office en esclavon ancien. Ainfi la plus nombreufe & la plus confidérable partie de l'Eglife Grecque fait les Offices & les prieres publiques & particulieres en langue inconnue.

on fait les

Les Syriens Orthodoxes ou Melchites, auffi - bien que les Jacobites Le fyria queignoré & les Neftoriens, font leurs prieres publiques, & célebrent la Liturgie dans les en fyriaque. Or il est très-certain qu'il y a plus de huit cents ans que pays où cette langue, qui étoit autrefois vulgaire en Syrie & en Méfopotamie, Offices en a ceffé de l'être depuis la conquête des Arabes, & que perfonne ne l'en- cette lantend qu'après l'avoir étudiée comme nous étudions le latin. Cependant gue. quoique la langue foit inconnue au peuple, il n'y a eu depuis plufieurs fiecles aucun changement dans la difcipline. Ce n'eft pas les Papes qui l'ont empêché; car les Neftoriens, les Jacobites & la plupart des Melchites ne font pas foumis au S. Siege. Les Maronites, qui feuls en reconnoiffent l'autorité, ont confervé le même ufage, & on ne les a jamais obligés de dire la Meffe ni les autres Offices en latin. Il y a quelques Traductions de la Liturgie en arabe, qui eft la langue vulgaire; mais ce n'est que d'une partie des oraifons que le Prêtre prononce à haute voix:: les fecretes ne font pas traduites, & jamais on ne fe fert de ces traductions à l'Autel. Ce qu'on y dit feulement en langue vulgaire eft l'Epître & l'Evangile, après que la lecture en a été faite en langue fyriaque.

LIV. IV. Cette coutume eft obfervée par les Maronites dépendants de l'Eglife CH. VIII Romaine, auffi-bien que par ceux qui en font féparés par le fchifme ou par l'héréfie.

Difcipline

des Nefto

riens fur

cet arti

cle.

Les Neftoriens qui célebrent tous leurs Offices en fyriaque, ont à cet finguliere égard une difcipline finguliere, & qui va beaucoup plus loin que celle de l'Eglife Romaine, pour l'usage de la langue latine. C'est qu'en quelque pays qu'ils fe foient établis, & ils ont envoyé des Miffionnaires en des provinces fort éloignées, jamais ils ne fe font fervis d'autre langue que de la fyriaque. Les premiers établiffements de leur fecte indépendante des Patriarchats connus dans l'Eglife furent en Méfopotamie, où la langue fyriaque étoit vulgaire. Elle avoit ceffé de l'être quand ils s'établirent en Perfe, où il y en a encore un grand nombre. Ils l'y porterent, & on voit par divers endroits de l'Hiftoire de leurs Catholiques ou Patriarches, qu'en ces pays-là leurs Offices ne fe faifoient pas en autre langue. On ne trouve pas qu'ils aient traduit leur Liturgie ni leurs prieres en Perfan, mais feulement les Lectionnaires fuivant l'ordre des Dimanches & des MS. Perf. Fêtes de l'année, traduits fur le fyriaque, pour s'en fervir après la preBib.. Coll. miere lecture en cette même langue de l'Evangile & de l'Epître. Les

Ils la porterentmême à la Chine.

Chin. ill.

mêmes Neftoriens ont porté la Religion Chrétienne en Tartarie, & parmi ces nations les plus reculées dont à peine on connoît les noms: ils y porterent auffi leurs Offices fyriaques. Dans les Indes où il en refte encore, excepté ceux de Malabar, que les Portugais ont tâché de réduire. à l'obéiffance de l'Eglife Romaine, lorfque les premiers Européens y arriverent, ils trouverent qu'ils faifoient l'Office en fyriaque, comme ils le font encore. Car on remarque une très-grande conformité de la Meffe des Chrétiens de Malabar, autant qu'on la peut reconnoître fur la Traduction imprimée à Conimbre, & enfuite dans la Bibliotheque des Peres, avec celle des Neftoriens de Méfopotamie.

Nous ne favons aucun détail des Eccléfiaftiques de cette même Secte qui étoient établis à la Chine dans le huitieme fiecle, & qui érigerent l'inscription célebre qu'on découvrit en 1625 dans la Province de Xenfi. Kircher Mais puifqu'outre les caracteres chinois il y en a de fyriaques, l'exemple de la difcipline obfervée dans les Indes, fait juger avec beaucoup de vraifemblance que les Offices s'y faifoient de la même maniere en fyriaque. Il y a d'autant plus de fujet de le croire, que dans le difcours que forment les caracteres chinois, fuivant la remarque du Pere Michel Boym, Jéfuite Polonois, on y trouve deux mots étrangers à la langue chinoise, Olobo & Mixio, qui font purement fyriaques. Celui-ci fignifie le Meffie, & l'autre Dieu, que ces anciens Millionnaires crurent devoir employer plutôt que les autres chinois, jugeant qu'ils ne rempliffoient pas l'idée

que

les Chrétiens ont de l'Etre Souverain Créateur du ciel & de la terre. Liv. IV. On ne parloit point fyriaque dans l'Ifle de Chypre: néanmoins les Nef- CH. VIII. toriens qui y avoient plufieurs Eglifes, y avoient porté comme ailleurs Syriaque l'ufage de cette langue pour les Offices & les Sacrements, comme il dans l'ifle de Chyp. paroît par quelques Livres Neftoriens écrits à Famagoufte. Conftit.

en ufage

Il est donc aifé de juger que les Proteftants ont fait de très-injuftes re- Nicofiens. proches aux Catholiques, fur l'ufage de la langue latine dans les prieres publiques & les Offices facrés; puifque les Neftoriens ont porté encore plus loin ce respect pour l'Antiquité; au lieu que la regle n'a jamais été tellement exclufive dans l'Eglise Romaine, qu'elle n'ait confervé la Communion avec les Grecs, les Syriens, & d'autres qui célébroient en leur langue naturelle; au lieu que les Neftoriens ont fait en quelque maniere que la langue fyriaque devînt partie de leur Religion.

l'Office en

ne, incon

Les Cophtes ou Egyptiens, ont fans doute dans les premiers fiecles Les Cophde l'Eglife lu la Sainte Ecriture, & célébré les Offices facrés dans la tes font langue du pays, fur-tout dans la haute Egypte, où le grec n'étoit pas langue entendu de tout le monde comme à Alexandrie, & dans la plupart des égyptienautres villes maritimes. S. Antoine n'entendoit point le grec; il prit néan- nue aux moins la réfolution de renoncer au monde fur ce qu'il entendit lire dans peuples.. P'Eglife: on y lifoit donc l'Evangile en langue vulgaire, comme dans la plupart des Monafteres. Il ne fe trouve rien dans l'Hiftoire ancienne de l'Eglife qui puiffe nous aider à déterminer précisément cet ufage qui étoit prefque général: mais on ne voit rien qui puiffe détruire cette pensée, qui même eft confirmée par la Tradition des Chrétiens du pays. Car d'abord on voit qu'auffi-tôt que Benjamin Patriarche des Jacobites furt revenu à Alexandrie, où il ne pouvoit pas demeurer fous les Empereurs. Catholiques, & qu'il eut obtenu toute l'autorité eccléfiaftique fur les Chrétiens, même ceux qui étant Orthodoxes ne lui étoient pas foumis, les Egyptiens naturels du pays envahirent toutes les Eglifes, & que depuis le fervice public s'eft fait toujours en langue cophte: les Orthodoxes. ou Grecs, dont le Patriarche ne fut rétabli que quatre-vingt-dix-fept ans. après, ayant confervé les Offices Grecs & abandonné l'usage de la langue cophte. La raifon étoit fimple de part & d'autre: la plus grande partie des Orthodoxes étoient Grecs, particuliérement à Alexandrie, où les charges ne pouvoient être poffédées par ceux du pays, à caufe de leur efprit brouillon & de leur penchant naturel à la fédition. Ainfi les Grecs Ifidor. Pesfaifoient le service dans la langue qui leur étoit naturelle, & ils n'avoient lus. Ep.. pas lieu de fe fervir de l'égyptienne qu'ils n'entendoient point, que les Egyptiens naturels garderent, parce qu'ils n'entendoient guere la grecque.

Liv. IV. Nous avons l'Hiftoire de l'Eglife Jacobite d'Alexandrie écrite par Sévere CH. VIII. Evêque d'Afchmonin jufqu'au dixieme fiecle, & continuée jufques vers la fin du treizieme par divers Auteurs. Il ne s'y remarque rien qui puiffe donner le moindre indice que ceux de cette fecte aient célébré les Offices divins en autre langue qu'en cophte, dans laquelle ils dreffoient tous les Actes folemnels, que les autres Patriarches Orthodoxes drefloient ordinairement en grec.

Ils ont

confervé

en quel ques occa fions l'u fage du

grec, en

core plus

inconnu.

Il y a néanmoins fujet de croire que depuis la conquête de l'Egypte par les Arabes, l'ufage de la langue grecque dans les Offices facrés n'y a pas été fi univerfellement aboli, qu'il ne foit refté quelque part. Car dans un Manufcrit très - confidérable de la Bibliotheque du Roi, il y a deux Liturgies, une de S. Bafile, l'autre de S. Grégoire de Nazianze en grec avec une verfion arabe; ce qui fait voir qu'elle a été fait depuis le Mahométifme. Ces deux Liturgies font précisément les mêmes que celles dont les Cophtes fe fervent, & qu'ils ont en leur langue: la premiere n'ayant aucun rapport, finon celui de l'économie générale de toutes les Liturgies, avec celle de S. Bafile qui eft en ufage parmi les Grecs, qui n'en ont aucune fous le nom de S. Grégoire. On ne peut pas dire non plus que telle qu'on la trouve dans le Manufcrit, elle foit copiée fur ceux de la premiere antiquité, parce qu'on reconnoît qu'elle est à l'ufage des Jacobites. On n'en peut pas dire davantage, finon que jugeant de la difcipline de ceux qui s'en fervoient par celle qui étoit en ufage dans la même Communion, il n'y avoit que le grec dont on fe fervît dans les Offices facrés: l'arabe n'étoit qu'afin que les Prêtres, avec le fecours de cette verfion, puffent entendre l'original.

Donc pour revenir aux Cophtes, il eft vrai que dans les premiers temps de la domination des Arabes, ils confervoient l'ufage de la langue du pays; mais en moins de deux ficcles il fut prefque entiérement perdu; & il y a plus de fix cents ans qu'il l'eft tout-à-fait. Ainfi non feulement les Laïques, mais les Prêtres & les Evêques ne favent de cophte que ce qu'ils en apprennent en l'étudiant. Cependant encore aujourd'hui, la Aleffe, tous les Sacrements, toutes les prieres publiques font en cette langue inconnue; & même fuivant une Conflitution PatriarGabriel f chale, tous les Laïques font obligés d'apprendre l'Oraifon Dominicale, Tarich. le Symbole, & quelques autres prieres en cophte.

Conft.

Dans les Offices

re!te plu

Le grec, comme il n'eft pas difficile de juger, leur eft encore bien Cophtes il plus inconnu; puifque ceux-mêmes qui font l'Office en cette langue la favent à peine. Cependant par refpect pour l'Antiquité, il refte encore ties qui fe plufieurs prieres que les Cophtes difent en grec dans la Liturgie, comme difent en le Sanctus, ou Hymne Angélique; le Trifagion, ce qui fe dit avant la

heurs par

grec.

« AnteriorContinuar »