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LIV. V. tiques. Mais ce n'étoit pas être fon difciple que de prendre de fes Ecrits CH. VI. ce qu'ils auroient eu peine à trouver ailleurs. Quand ils combattent les

Smith.

erreurs des Proteftants, ils ont des armes tirées de leurs propres Livres; & Dofithée feul cite un bien plus grand nombre de paffages, qu'il ne s'en trouve dans Bellarmin. On ne dira pas que ce foit de lui que les Grecs ont tiré cette propofition, que le pain & le vin font changés par les paroles de Jefus Chrift, & par l'Invocation du S. Elprit, puifqu'il la combat comme une erreur. Il faut donc convenir qu'on ne peut attaquer l'autorité de Grégoire, comme s'il eût été un faux Grec, puifqu'il a eu dès le temps qu'il mit fon ouvrage au jour l'approbation de toute fon Eglife, & qu'il l'a encore.

Mauvaifes Les fades plaifanteries fur ce qu'il avoit recherché l'approbation de plaifanteries de M. Coreffius, & celles que fait l'Auteur des Monuments fur ce que celui-ci étoit Médecin, font fi méprifables, que ce feroit perdre du temps que de s'y arrêter. Coreffius, comme nous l'avons dit, étoit fon Maître: il avoit compofé divers Ecrits, dont Grégoire a tiré fon abrégé: il étoit naturel qu'il recherchât fon approbation, fur-tout dans le temps auquel Coreffius avoit été chargé de difputer contre Leger, & du vivant de Cyrille qu'on foupçonnoit d'être favorable aux Calviniftes: voilà tout le myftere. Quand M. Smith oppofe à ces témoignages Gergan & Métrophane Critopule, il devoit dire auffi que jamais il n'avoit oui parler d'eux à Conftantinople; & on le défie de citer un feul Acte public, où il foit parlé de ces Confeffions, comme approuvées par l'Eglife Grecque: c'eft ce qui eft décifif en cette matiere. Il y auroit auffi dû apprendre que Coreffius étoit d'une des plus nobles Maifons de Chio: mais plufieurs Grecs pouvoient l'ignorer, au lieu qu'aucun n'ignoroit que lui & fon difciple Grégoire ne paffaffent pour des Théologiens très-orthodoxes.

Téméraire propofition de M.

ces deux

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Eclairciffement touchant les deux Synodes contre Cyrille Lucar.

L'Engagement dans lequel fe trouvoit M. Claude de foutenir fa pro

Claude pofition générale, qu'aucun Grec, ni les Chrétiens Orientaux, ne croyoient l'engage à la préfence réelle & la Tranffubftantiation, à moins qu'ils ne fuffent dans dire que la Communion de Rome, l'obligeoit à en reconnoître la fauffseté, ou à Synodes traiter de Grecs latinifés, les Patriarches de Conftantinople, & les Evêétoient de ques, qui s'étant affemblés en 1638 & en 1642, condamnerent la Connifés. fellion de Cyrille avec anathême. Il prit ce dernier parti, & la plupart

Grecs lati

de ceux qui ont écrit après lui ont fuivi ce jugement, fondé fur une Liv. V. faulleté manifefte, fans être appuyé de la moindre preuve. Car pour atta- CH. VII. quer les Décrets de ces deux Synodes, il falloit prouver que les Grecs ne les connoiffoient pas, ou qu'ils les avoient condamnés & rejetés; en un mot qu'ils avoient fait à leur égard ce qu'ils ont fait fur la Confeffion de Cyrille. Enfuite il étoit aifé de favoir s'ils avoient été enregistrés dans le Codex ou Régiftre de la grande Eglise, formalité néceffaire qui manquoit à cette Confeffion; & donner à connoître, non par des décla mations & des chofes imaginées, mais par des faits, que les Evêques & les Officiers qui avoient foufcrit ces Actes, n'étoient pas connus pour orthodoxes, mais qu'ils étoient réunis avec l'Eglife Romaine. C'est ce que M. Claude, ni aucun des fiens, n'ont fait; & certainement ils ne le pouvoient pas faire. Quand on en vit les premieres copies, dont Allatius fe fervit pour les inférer dans fon grand ouvrage, nos Théolo giens n'y firent pas toute l'attention que méritoient ces Décrets: on les imprima en divers endroits: & on en demeura-là, parce que la controverse fur l'Euchariftie n'avoit pas encore été traitée par méthode de Prefcription, comme elle le fut dans la fuite. Les Calviniftes en parlerent avec mépris, comme d'un effet de la cabale des Catholiques qui avoit opprimé Cyrille. Grotius & les Luthériens, qui n'avoient pas les mêmes fentiments qu'eux, étant perfuadés avec raison que l'Eglife Grecque étoit fort éloignée Fehlav. des opinions que Cyrille lui attribuoit, ne douterent pas que fa condannation ne fût véritable: c'eft pourquoi ces Décrets furent imprimés en Allemagne, en diverfes Académies Proteftantes.

le même

fujet par

les Luthé

riens.

Hottinger, Profeffeur de Zurich, ayant entrepris de juftifier cette fauffe Hottinger Confeffion par plufieurs extraits qu'il donna des Lettres de Cyrille, de réfuté fur Leger & de quelques autres, attaqua ces Décrets: mais il fut réfuté par Fehlavius Théologien de Dantzic, d'une maniere fans replique; car montrant comme il fait que la doctrine expofée par Cyrille n'eft pas celle des Grecs, mais celle de Geneve, il démontre en même temps que les Décrets ne peuvent être fufpects, puifqu'ils contiennent la doctrine véritable de l'Eglife Grecque.

mes ont

Dans le premier volume de la Perpétuité on fe fervit de l'autorité de Des Calvices Décrets, & M. Claude n'y répondit qu'en foutenant fa propofition niftes mêgénérale, & en ajoutant de nouvelles chicanes, & les témoignages de abandondeux Anglois, qui même n'auroient rien prouvé quand ils euffent été né l'opiauffi vrais & auffi clairs qu'ils étoient faux & ambigus. Mais à la fin on Claude a vu les favants Proteftants revenir d'eux-mêmes, & reconnoître qu'on qui eft in ne pouvoit contefter la vérité de ces Décrets. C'eft ce que M. Allix a ble. marqué dans fes Notes fur le Traité de Nectarius contre la Primauté du

nion de M.

foutena

LIV. V. Pape, difant que ceux qui croyoient que le Synode de Jaffi étoit un CH. VII. Ouvrage fuppofé, fe trompoient affurément: & fi celui-là eft véritable,

Critique que fait M. Smith de

le précédent de Conftantinople ne l'eft pas moins; puifqu'on ne les a jamais féparés, & que le fecond n'a donné aucune atteinte au premier, Depuis que le dernier volume de la Perpétuité fut achevé, il vint encore d'autres pieces qui confirmoient l'autorité des précédentes; puifque les Grecs confultés fur leur créance, marquoient qu'elle étoit clairement expliquée par les Décrets de ces deux Synodes. Celui de Bethléem ou de Jerufalem tenu en 1672, avoit inféré ces mêmes Décrets en entier dans la premiere partie: & comme les Calvinistes avoient fait diverses objections puériles pour en diminuer l'autorité, dont la plupart ont déja été réfutées par des preuves de fait inconteftables, il eft préfentement encore moins néceffaire de s'y arrêter depuis l'impreffion qu'en a fait faire Dofithée, qui, en qualité de Patriarche de Jerufalem, avoit dressé les Actes: car les Décrets de ces deux premiers Synodes y font inférés, & il marque qu'il les a tirés des Registres de la grande Eglife.

M. Smith en parle d'une maniere fort obscure, en forte qu'il est assez difficile de comprendre fa pensée: mais il infifte feulement fur ce que le cesSynod, mot de Transfubftantiation n'y eft pas employé, & il en veut tirer avantage: car par fes deux Differtations, il femble qu'il ne s'agiffe que du mot, & non pas de la chofe fignifiée. Il n'a pas dit que durant qu'il étoit à Conftantinople, il n'avoit pas oui parler de ces Décrets à aucun Grec, & qu'ils leur étoient inconnus; & puifqu'il a fait fi fouvent valoir cette preuve, & qu'il n'y a rien de plus fréquent que de le voir cité comme témoin oculaire, nous fommes en droit de prendre ce filence pour un aveu, dont néanmoins on n'a aucun besoin dans un fait auffi public & auffi certain que celui-là. Pour ce qui regarde l'omiffion du mot de Tranf substantiation on en parlera ailleurs. On fe contentera de demander fi on peut donner un autre fens à ces deux Synodes, que celui du changement véritable & fubftantiel des dons propofés au corps & au fang de Jefus Chrift: fi on pouvoit condamner Cyrille qui avoit rejeté la Tranf fubftantiation fans la reconnoître: enfin fi les Grecs ont entendu dans un autre fens les paroles de ces Décrets. Mais ce qui eft décifif, eft que dans le fecond Synode tenu à Jafli en Moldavie, & confirmé par le Patriarche Parthenius le vieux, on dreffa la Confeffion Orthodoxe, dans laquelle le mot de Transfubftantiation eft employé, & le dogme expliqué très-clairement; outre que Syrigus, qui eut la principale part à cet ouvrage, l'a foutenue dans fa Réfutation des Chapitres de Cyrille: ce qui fuffiroit pour éclaircir ces Décrets, s'il y avoit la moindre obfcurité.

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té des

On a encore cherché à critiquer ces deux Synodes, par la diverfité qui Liv. V. se rencontre entre le premier & le fecond, non pas pour la substance du CH. VII. dogme, car en cela les Décrets s'accordent parfaitement, mais dans la Objection forme. Celui de 1638, fous Cyrille de Berroée, attaque non feulement qu'on préles erreurs, mais auffi la perfonne de Cyrille Lucar, contre lequel il y a mer fur la autant d'anathêmes fulminés qu'il y avoit d'articles dans fa Confeffion. Le contrariéSynode de 1642 épargne fa perfonne, & condamne les articles comme deux Syportant fon nom & lui étant attribués. Cette diverfité ne change rien à nodes. la chofe: & on en voit la raifon. Cyrille de Berroée, qui préfidoit au premier Synode, étoit ennemi personnel de Cyrille Lucar, auquel il avoit difputé le Patriarchat, qu'il pofféda deux fois avant le dernier exil de ce malheureux, à la place duquel il fut établi en 1638. Il voulut donc fe justifier de tout ce qu'il avoit fait contre lui, en faifant condamner fa mémoire; & il n'y avoit que trop de preuves que la Confeffion de Cyrille étoit de lui, ainsi que le marque Syrigus, qui étoit contemporain, & dans les derniers temps Nectarius, Dofithée & tous les autres. Cependant comme il y avoit plufieurs Evêques auxquels le zele de Cyrille de Berroée étoit fufpect: qu'ils fe fouvenoient de tous les ferments que Lucar avoit faits en défavouant cette Confeffion: que chacun favoit qu'elle étoit dénuée de tous les caracteres d'authenticité requis pour un Acte Patriarchal: que nonobftant les foupçons violents & très-bien fondés, il n'avoit pas été accufé canoniquement, ni convaincu: que d'un autre côté on étoit informé du scandale & du trouble que le feul nom de Cyrille mis à la tête de cette Confeffion dans l'édition de Geneve, avoit produit en Mofcovie, en Pologne & en Moldavie, il fut jugé à propos de remédier au mal & d'en prévenir les fuites, fans commettre l'honneur du Siege de Conftantinople, en reconnoiffant qu'un de fes Patriarches avoit été hérétique. Ainfi on prit ce tempérament dans le Synode de 1642, les erreurs furent condamnées, & la perfonne de Cyrille fut épargnée; en forte qu'il ne fut pas frappé d'anathême, comme au Synode précédent; quoiqu'on n'ait pas de peine à reconnoître qu'on étoit fort éloigné de la pensée de le juftifier, puifque les premiers anathêmes fubfifterent fans avoir jamais été révoqués.

contrarié

En cela il n'y a pas ombre de contradiction; & on fait par Syrigus, Il n'y a eu qui affifta aux deux Synodes, & qui fut chargé de réfuter la Confeflion aucune de Cyrille, qu'il y avoit beaucoup de Grecs qui ne pouvoient croire qu'il té dans le en fût l'Auteur, après le défaveu qu'il en avoit fait avec des ferments fond entre réitérés, & parce qu'ils lui avoient entendu prêcher publiquement le 'con- Synodes. traire; outre que tous les jours ils lui voyoient célébrer la Liturgie, faire des Ordinations, & toutes les autres fonctions Patriarchales, qui ne peuvent

les deux

Liv. V. s'accorder avec les principes des Calvinistes. C'est pourquoi Syrigus dit CH. VII. qu'il en faut remettre le jugement à Dieu; & cela ne l'empêche past d'apostropher Cyrille dans fa Réfutation, comme Auteur de cette fauffe Confeffion. On voit auffi par le Synode de Jerufalem, & par d'autres pieces, ainfi que par diverfes Lettres de M. de Nointel, qu'il y avoit encore en 1671, des Grecs qui ne pouvoient fe perfuader que Cyrille eût été Calvinifte; & c'étoit ce que Parthenius, qui étant fort vieux pouvoit l'avoir vu, difoit à M. de Nointel.

Bévue

l'Auteur

Parthen.

C'eft auffi ce qui a donné lieu à la plus étrange bévue que perfonne énorme de pût faire fur cette matiere, qui eft néanmoins un des beaux endroits des des Monu- Monuments authentiques, dont nous ne parlerions pas, fi nous ne conments fur noillions tous les jours par expérience qu'il n'y a rien de fi faux, ni de fi abfurde qui n'ait trouvé créance dans cette difpute. Cet Auteur, qui s'est imaginé que dans le Synode de Jerufalem, affemblé exprès contre les Calviniftes, qui les condamne comme hérétiques, & qui détruit article par article la Confeffion de Cyrille qu'il regarde comme orthodoxe, il pouvoit trouver de quoi confondre les Catholiques, a prétendu de ce fait de Parthenius tirer des preuves de la fauffeté du Synode de Jaffi. Car il paroit, dit-il, par tout ce qu'il dit (Parthenius) à M. de Nointel, que Cyrille avoit été orthodoxe, & qu'en cela il approuvoit la doctrine exposée dans fa Confeffion. II. Que Parthenius étoit un malheureux, un parjure, un homme exécrable; puifque contre fa confcience, & contre le témoignage rendu plufieurs années après à cet Ambassadeur, il avoit fulminé des anathêmes contre Cyrille. III. Enfin que tous ces Décrets étoient faits à l'inftigation de M. de Nointel. C'eft-là une de ces démonstrations dont il avertit sérieufement les lecteurs de fe bien fouvenir, ou plutôt c'est un tiffu de fauffetés & d'abfurdités fans exemple.

Réfutat.

Il eft certain, & la feule lecture des Lettres de M. de Nointel en fait foi, auffi-bien que tout ce que les Grecs ont écrit fur ce fujet, que lorf qu'il y en a eu qui ont juftifié Cyrille, ce n'a été qu'en fuppofant que la Confeffion qui paroiffoit fous fon nom lui étoit fauffement attribuée; & cela parce qu'il avoit enfeigné publiquement le contraire, qu'il l'avoit défavouée, & que chacun l'avoit vu pratiquer tout ce que pratique l'Eglife Grecque. Or le contraire de cette Confeflion n'eft pas ce qu'elle contient, mais ce qu'elle rejette. Car oppofer à ce témoignage des Grecs qui l'avoient connu, les lettres furtives par lefquelles il fe vante de l'avoir reconnue & publiée dans fon Eglife, & celles de M. Haga, de Leger & des autres, est une défaite qui choque le bon fens; puifqu'on ne peut pas ajouter foi sur un fait public à deux ou trois Etrangers, contre le témoi

gnage

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