du Patriar Abulfar. Abulfeda. Nicol En commençant par celui d'Occident, dont Rome eft le premier Siege Liv. I. auffi-bien que de toute l'Eglife, même felon l'aveu des Orientaux, il n'y Сн. III. a depuis plufieurs fiecles fous la jurifdiction du Pape que des Melchites Chrétiens orthodoxes: car les fchifmatiques ne reconnoiffent pas fon autorité. Ce chat d'Ocfont des Grecs réunis au Saint Siege, comme il y en a plufieurs dans la cident. Grece & dans les Illes de l'Archipel, qui ont leurs Evêques, leur Clergé, Ebnaffal. leurs Eglifes, & font entiérement féparés de Communion de tous les Echmimi. autres Grecs. Il en refte encore quelques-uns en Calabre & en Sicile qui Coll. Can. confervent le Rite Grec: il y en a auffi un College à Rome. Les Maro- Makrizi nites font de même entiérement foumis au Pape, & ils font l'Office en &c. langue fyriaque: il n'y en a prefque qu'au Mont Liban; il y en avoit Conftit. autrefois dans l'Ile de Chypre; mais il en refte très-peu préfentement. Ce font-là les orthodoxes orientaux, exempts de tout fchifme, qui fe trouvent dans le Patriarchat d'Occident. Les fchifmatiques ont des Eglifes & un Evêque ou Métropolitain dans Venife, qui gouverne tous les Grecs qui y font établis, & qui pour le fpirituel ne reconnoît que le Patriarche de Conftantinople. On ne parle pas des Chrétiens de différentes nations qui font foumis au Pape en toutes les Provinces du monde, & qui font gouvernés par des Evêques Miffionnaires, ou par des Vicaires Apoftoliques. Ils font regardés comme Melchites; & parce que les Orientaux, Chrétiens ou Mahométans, appellent par distinction la Religion Catholique, la Religion ou la fecte des Francs; fouvent ils difent que tels ou tels fe font faits Francs, pour fignifier qu'ils fe font faits Catholiques. Patriar Le Patriarchat de Conftantinople étant devenu le fecond par les privi-Ceux du leges des Empereurs confirmés par les Conciles, lorfque la ville devint chat de capitale de l'Empire, outre la grande étendue des Diocefes qu'il com- Conftantiprend, a une fupériorité abfolue fur tous ceux qui fuivent le Rite Grec. nople. Ainfi le Patriarche a une entiere jurifdiction, non feulement dans la Grece, mais auffi dans tout l'Empire des Mofcovites, dans la Colchide, la Mingrélie, la Ruffie, le pays des Cofaques, en Moldavie, en Valachie, & par-tout ailleurs où les Grecs fchifmatiques font établis. A Conftantinople, à Smyrne, & en diverfes villes de commerce, il y a des Arméniens & quelques autres négociants de diverfes nations, qui ne fuivent pas la Religion Grecque. On les doit regarder comme étrangers & foumis à leurs propres Patriarches ou Supérieurs Eccléfiaftiques, comme on voit à Jerufalem, où il y a des Chrétiens de toutes nations & de toutes fectes. Le Patriarche d'Alexandrie eft le premier dans l'Eglife Grecque après Ceux du celui de Conftantinople, dont il eft ordinairement Exarque; c'est-à-dire, chat d'AVicaire Général, pour terminer plufieurs affaires Eccléfiaftiques, qui pour- lexandrie. Perpétuité de la Foi. Tome IV. E Patriar LIV. I. roient être portées par appel au Tribunal de celui-ci. En cette qualité CH. III plufieurs Patriarches d'Alexandrie ont été adminiftrateurs du Siege vacant à Conftantinople. Ils prennent le titre de Juge de toute la terre, Kins Pontif. Ths oixμevns, qui étoit inconnu dans l'Antiquité, & qu'ils s'attribuent préCoph. MS. fentement, quoiqu'on ne trouve pas que les Jacobites l'aient jamais pris. Sa jurisdiction s'étend dans toute l'Egypte, où il y a des Eglifes Grecques; quoiqu'elles ne foient pas en fi grand nombre que celles des Cophtes, qui ont aufli leur Patriarche, chef de la fecte des Jacobites. Le Patriar Diofcore. Celui-ci eft fucceffeur de Diofcore, dépofé au Concile de Calcédoine; che Jaco- & comme après fa mort fes fectateurs élurent continuellement des Paceffeur de triarches de leur Secte, la fucceffion n'en a jufqu'à présent été jamais interrompue. Le Grec a perdu la plus grande partie de fa jurifdiction, & quelques Notices qui l'étendent jufqu'en Ethiopie, & aux extrêmités de l'Afrique, fervent à faire connoître quelle étoit l'ancienne étendue de ce Allat. de Patriarchat. Mais comme le marque un de ceux dont Allatius en a tiré une, qui paroît la plus exacte, les Sévériens, c'est-à-dire, les Jacobites, c. 9. §. 2. en avoient envahi plufieurs Diocefes. La Notice qui a été imprimée en Pandecta Angleterre dans les Notes fur les Canons, tirée d'un manufcrit arabe, est Can. T.2. de cette efpece. Car on fait par l'Hiftoire des Patriarches d'Alexandrie, Conft. l.1. Beverog. P. 148. Syriens, que les Cophtes rempliffoient prefque toute la haute Egypte, & que les Grecs n'avoient plus depuis plufieurs fiecles aucune autorité dans l'Ethiopie. Les Notices Grecques foumettent au Patriarche de ce même Rite plufieurs Métropoles: les Cophtes ou Jacobites n'en avoient point: & tous les Evêques étoient immédiatement fbumis au Patriarche. On trouve feulement dans le douzieme fiecle un Métropolitain de Damiette, & la raifon de cette diftinction n'est pas connue. Le feul véritable Métropolitain qui dépende de lui, eft celui qu'on appelle vulgairement le Patriarche d'Ethiopie. Dans toute l'étendue de la jurisdiction du Patriarche Cophte d'AArmé- lexandrie, à l'exception des Grecs, qui ne font prefque que dans le Caire, en Egypte. & en d'autres villes principales, il n'y a depuis plufieurs fiecles que des niens, &c. Armeni Jacobites. Les Syriens de la même fecte y ont eu quelques Eglifes ou Monafteres: il y a eu auffi des Arméniens, qui s'y étoient établis à la faveur d'un Vifir & d'autres Grands de cette nation; & on trouve dans Tarich. leurs hiftoires qu'un Patriarche des Arméniens vint en Egypte dans le douzieme fiecle, & fut reçu comme étant dans la même communion. Les Neftoriens n'y ont jamais été foufferts: il paroît feulement qu'ils y obtinrent autrefois un Monaftere par le crédit d'un Vifir: mais l'Auteur qui marque cette circonftance, & qui écrivoit il y a environ quatre cents ans, dit qu'il n'y reftoit plus qu'un feul Religieux, Les Patriarches Cophtes MS, Ar. avoient ufurpé l'autorité fur le Diocefe de Jerufalem, & les prérogatives Liv. I. accordées par les Conciles à ce Siege, n'avoient aucun lieu dans l'Eglife CH. III. Jacobite. du Patriarchat d'An 1. 1. c. 9. Ar. Le Patriarche d'Antioche avoit autrefois une jurifdiction fort étendue Chrétiens dans tout ce qui s'appelloit le Diocese d'Orient, & dans toute l'Afie jufqu'aux Indes. Il y a déja plufieurs fiecles que fon pouvoir eft fort di- tioche. minué: car il refte très-peu d'Eglifes Grecques dans ces pays éloignés, Allat. de Perp.conf & ce font les feules qui restent foumises au Patriarche Grec d'Antioche. Outre celui-ci, les Syriens Jacobites ont le leur, dont l'autorité s'éten- p. 166. doit autrefois dans toute la Syrie, la Méfopotamie, la Perfe & d'autres Provinces où il y avoit des Chrétiens de fa Communion: & il a toujours été dans une correfpondance fort étroite avec celui des Cophtes. On obferve que pendant un très-long-temps, lorfqu'un des deux Patriarches avoit été élu, il écrivoit des lettres, appellées Synodicat ou Synodales, Hift. Patr. parce qu'elles étoient dreffées & examinées par les Evêques affemblés Alex. MS. fynodalement pour l'élection & l'ordination des Patriarches; & elles contenoient une Confeffion de foi. Deux Evêques étoient ordinairement chargés de porter ces lettres, qui étoient préfentées dans une affemblée d'Evêques & du Clergé féculier & régulier. Le Patriarche auquel elles étoient adreffées, après les avoir lues, faifoit mettre dans les Diptyques le nom de celui qui les avoit écrites: on prioit pour lui dans la Liturgie, dans la commémoration des vivants: & en même temps pour fon prédéceffeur, dans la commémoration des défunts. Enfuite le Patriarche répondoit à la lettre qu'il avoit reçue par une femblable, qui contenoit un renouvellement de la Communion des deux Eglifes, & fa Confeffion de foi. Alors le Patriarche auquel elle étoit adreffée, la recevoit avec les mêmes cérémonies, & faifoit mettre dans les Diptyques le nom de celui qui l'avoit écrite. che des Maronit. Outre ces deux Patriarches d'Antioche, le Grec & le Jacobite, les Patriar Maronites, réunis depuis plus de fix cents ans avec l'Eglife Romaine, en ont un, dont l'autorité s'étend fur les Eglifes de leur nation, qui font en petit nombre, & depuis plus d'un fiecle les Papes lui ont donné le titre de Patriarche d'Antioche. Div. lect. Les Neftoriens, avant l'Empire des Mahométans, s'étoient répandus Des Neftodans la Méfopotamie, où ils étoient en très-grand nombre, à caufe des riens. écoles fameufes d'Edeffe & de Nifibe, qui avoient été occupées par ceux Caff. Præf. de cette fecte. Ils avoient trouvé une grande protection, outre la liberté Hift. Patr. entiere de l'exercice de la Religion Chrétienne, fous les derniers Rois Neft. MS. de Perfe, qui leur donnoient retraite, à cause que par les Loix Romaines ils étoient comme profcrits: fur-tout Cofrou, ou Cofroës Nuchirouan, Ar. LIV. I. fous lequel nâquit Mahomet, les favorifa extrêmement. Ainfi ils occuCH. III. perent le fiege de Ctéfiphonte & de Séleucie des Parthes, où réfidoit Cedren. t. autrefois le Catholique de Perfe. On appelloit ainfi un Métropolitain 1. p. 420. revêtu d'une autorité fupérieure à ceux de fon rang, par laquelle il pouvoit dans l'étendue de fon Diocefe, ordonner non feulement des Evêques & Archevêques, mais auffi des Métropolitains: & il y avoit deux Catholiques, l'un de Perfe & l'autre d'Arménie. Les Neftoriens ayant donc établi l'Eglife Patriarchale de leur fecte dans la place qu'occupoit un de ces Catholiques, appellerent ainfi celui qu'on a depuis appellé leur Patriarche comme on a depuis donné ce titre à celui des Arméniens, qui n'étoit dans fon origine qu'un Catholique. Après la ruine de l'Empire des Perfes, les Neftoriens ayant encore trouvé plus de protection auprès des Mahométans, s'emparerent de la plupart des Eglifes de Méfopotamie & des Provinces voifines: ils érigerent de nouvelles Métropoles, & ils s'étendirent dans toute la haute Afie, dans les Indes & dans la Chine. Jamais cependant aucun de ces Catholiques ou Patriarches, n'a pris le titre de Patriarche d'Antioche, ni d'aucune des autres Eglifes Patriarchales: & l'Evêque qu'ils eurent dans les derniers temps à Jerufalem, n'avoit rang que de fimple Métropolitain, & même il n'étoit pas des premiers. Du Patr. lem. Il n'y a rien de particulier à dire fur le Patriarchat de Jerufalem, qui de Jerufa- tient le quatrieme rang dans l'Eglife Grecque. Le concours de toutes les nations du monde à vifiter les Lieux Saints, fait qu'il y a toujours à Jerufalem de toute forte de Chrétiens, & prefque tous y ont des Chapelles particulieres, fervies par ceux de leur pays & de leur fecte, fans qu'ils aient aucune dépendance du Patriarche Grec : & les Jacobites, comme il a été dit, non plus que les Neftoriens, n'y ont jamais eu de Patriarches, mais de fimples Métropolitains. Les Melchites font les Ortho doxes, même les Schifmatiques. Eutych. Alex. Sev. Hift. des Nous Ous avons dit que fous le nom des Melchites étoient compris tous Traité des les Chrétiens qui reconnoiffent en Jefus Chrift deux natures unies en Conciles. une perfonne, à la diftinction des Neftoriens qui croient deux perfonnes Patriarch. & deux natures, & des Jacobites qui croient une nature & une perfonne. Ebnaffal. Ce mot fignifie Impérial, & les Difciples de Diofcore appellerent ainfi Abulfar. les défenfeurs de la Foi du Concile de Calcédoine, prétendant qu'ils &c. avoient trahi leur confcience par complaifance pour l'Empereur Marcien, Liv. I. & qu'ils avoient par des confidérations humaines, abandonné l'ancienne CH. IV. créance de l'Eglife. Ceux, dit Nicéphore, qui demeurerent attachés à la Lib. 18. faine Doctrine, furent appellés Melchites, comme ayant fuivi les fentiments c. 52. du S. Concile IV & de l'Empereur: car Melchi, parmi les Syriens, fignifie Empereur en quoi il fe trompe légérement par rapport à la langue: car c'eft Melk ou Malk, qui fignifie Roi & Empereur. Les Jacobites faifoient fouvent ce reproche aux Orthodoxes, comme on voit dans la Vie de Chaïl, quarante-fixieme Patriarche d'Alexandrie, qui ayant une conteftation avec celui des Orthodoxes pour la poffeffion de quelques Eglifes, difoit devant un Ar. MS. Prince Mahometan, qui en étoit le Juge qu'autrefois Satan avoit Hift. Alex. fufcité un Empereur nommé Marcien, qui avoit divifé l'Eglife en introduifant une profeffion de foi toute corrompue, & qu'à cette occafion il avoit exilé le fameux Patriarche Diofcore. Ifa fils de Zaraa Jacobite, Elmacin, dans la premiere partie de fon Hiftoire manufcrite, Ebnaffal, & tous les autres, même le Mahométan Makrizi dans fon Hiftoire d'Egypte, en Tom. 2. parlent de la même maniere, fur la foi des Hiftoires fabuleufes que ces hérétiques répandirent pour déguifer la vérité de tout ce qui s'étoit passé dans le Concile de Calcédoine, & elles fe trouvent encore dans les Auteurs Jacobites que nous venons de citer. Ainfi tous ceux qui reçoivent le Concile de Calcédoine, font mis au nombre des Melchites par les Orientaux: & ils en diftinguent quelques uns comme n'étant pas d'accord fur tous les points de la Religion, entrautres les Grecs, qu'ils appellent Roum, & les Latins, qu'ils appellent Francs. Il est vrai que l'ufage ordinaire de ces mots, n'a guere de lieu que parmi les Orientaux écrivant en fyriaque ou en arabe, & il s'est établi avec d'autant plus de facilité, qu'il y a plufieurs fiecles que les Jacobites & les Neftoriens ont perdu entiérement l'ufage de la langue grecque. Comme chaque fecte fe prétend Orthodoxe, ils ne pouvoient pas appeller ainfi ceux qu'ils ne regardoient pas comme tels. Les Jacobites appelloient encore fort ordinairement Calcédoniens les Melchites, à cause de la profeffion qu'ils faifoient de fuivre les Décrets du Concile de Cal- Panit. Sycédoine; & dans les anciens formulaires pour réconcilier à leur Eglife riaq. MS. ceux qui embraffoient leur doctrine, il s'en trouve une particuliere pour recevoir les Calcédoniens, c'eft-à-dire, les Orthodoxes. Barfalibi. quelque Comme néanmoins ce nom de Melchite n'a guere d'ufage que dans Melchites les langues fyriaque & arabe, il eft fouvent employé pour fignifier ceux fignifie que plufieurs de nos Auteurs qui ont écrit depuis les Croifades ont ap- fois les pellé Syriens, ou Suriens. Ce font proprement ceux que nous avons dit Suriens. être orthodoxes, pour ce qui regarde le dogme de l'Incarnation; & qui en |