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de ces dignités Eccléfiaftiques. Qu'il a été ordonné Patriarche d'Alexan- Liv. VIII. drie, felon la difcipline & le Pontifical de l'Eglife Grecque. Que depuis CH. III. fa tranflation au Patriarchat de Conftantinople, il a célébré la Liturgie folemnellement fuivant les Rites de la même Eglife; qu'il a ordonné des Prêtres, des Evêques & des Métropolitains; qu'il a exercé la Jurifdiction Patriarchale avec autant d'étendue qu'aucun autre de fes prédéceffeurs. Qu'il a prêché les mêmes chofes que les autres; qu'il n'a pas entrepris de rien changer dans les cérémonies, dans la Liturgie, dans les Ordinations, dans l'adminiftration des Sacrements, ni dans les prieres publiques & particulieres. Enfin qu'il a continué jufqu'à l'extrêmité de fa vie, à enfeigner & à pratiquer tout ce que l'Eglife Grecque croit & pratique. On ne croit pas que perfonne fût affez hardi pour contefter des faits auffi certains que ceux-là. Il faut préfentement les comparer avec la conduite fecrete de Cyrille.

envers

On fuppofe, & cela eft affez vraisemblable, que dès le temps qu'il Sa difliétoit en Lithuanie, il commença à entrer dans les fentimens des Calviniftes, mulation. Cela étant, comme il ne pouvoit ignorer que Mélece fon Patriarche en Melece étoit fort éloigné, & qu'il les avoit combattus de vive voix & par écrit, d'Alex.. Cyrille ne pouvoit, fans une diffimulation abominable, lui cacher ce qu'il avoit dans le cœeur; ce qu'il fit néanmoins, ayant toujours parlé & vécu comme les autres.

ne d'hypo

de facrile

Quand il fut élu Patriarche d'Alexandrie, on ne fit pas pour lui un nou- Sa conveau Pontifical, ni une nouvelle. Liturgie. Dans ce temps-là même, il duite plei commençoit à écrire à Utenbogart & à d'autres, tout le contraire de cuifie, & ce qu'il avoit juré à fon facre, en faifant fa profeffion de foi, & de ce une fuite qu'il prononçoit dans l'Eglife en célébrant la Liturgie; puifque les prieres ges. qu'elle contient pour la Communion ne peuvent s'accorder finon avec la foi de la préfence réelle. Donc, lorfqu'il écrivoit à M. de Willem en 1619, que fon opinion fur l'Euchariftie étoit d'admettre le fens figuré & la manducation fpirituelle, il parloit contre fa confcience. De plus, il commettoit un facrilege inexcufable célébrant la Liturgie, & administrant la Communion avec des cérémonies & des prieres qui fignifioient tout le contraire, fe rendant complice de l'idolâtrie & de la fuperftition dont il fuppofoit qu'elles étoient remplies. Ainfi toutes les fonctions épiscopales qu'il fit alors, étoient autant de facrileges que la Morale des Cal-. viniftes ne peut excufer: car puifqu'ils ont pris pour prétexte de leur féparation la créance de la préfence réelle & de la Transsubstantiation, Cyrille ne pouvoit pas communiquer avec ceux qui les croyoient pareillement, ni pratiquer des rites que la Réforme a abolis, comme incompa-. tibles avec la véritable Religion, fans trahir fa confcience. Quelle pouvait

LIV. VIII. donc être la Morale de ceux qui n'étoient pas fcandalifés d'une hypocrifie CH. III. fi criminelle?

foit étant

Patriarch.

traire à fa

Conf.

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Tout ce Il étoit déja tout converti au Calvinifme lorfqu'il fut fait Patriarche qu'il fai- de Conftantinople, & par conféquent il devoit regarder cette dignité comme incompatible avec les maximes de la Religion qu'il protestoit en de Conft. fecret être la feule véritable, & fur-tout avec ce qu'il mit enfuite dans étoit con- le dixieme article de fa Confeffion, par lequel, fuivant le jugement du Synode de 1642, il renverfoit toute la Hiérarchie. Comment pouvoit-il, felon fes principes, prendre le titre ambitieux & odieux de Patriarche Ecuménique, puifqu'il contient quelque chofe de plus que les titres contestés aux Papes par les Proteftants? Mais il ne fe contentoit pas du feul titre, il ufoit d'un pouvoir auffi abfolu que le Pape puiffe avoir en Occident: il inftituoit des Evêques, des Métropolitains; il les transféroit, il en tiroit de grandes fommes. On ne peut donc difconvenir qu'en cela, ainfi qu'en toute autre chofe, il s'éloignoit entiérement de cette fraternité qu'il vouloit avoir dans fes lettres, avec les fidelles Serviteurs de Dieu, les Pafteurs, les Miniftres, & les Docteurs de l'Eglife de Geneve: qu'il ne pouvoit regarder comme freres par rapport au gouvernement eccléfiaftique, fans fe condamner lui-même, puifqu'il exerçoit une autorité qui, fuivant les principes de Geneve, ne pouvoit être regardée que comme tyrannique. Si on prétend le juftifier par l'exemple des Evêques d'Angleterre, & être jufti- fur-tout d'Abbot Archevêque de Cantorbéry, il y a eu entr'eux une grande l'exemple différence. Car celui-ci n'avoit qu'un pouvoir fort limité, reconnoiffant d'Abbot. un autre Chef de fon Eglife; au lieu que Cyrille agiffoit comme Chef de

Il ne peut

fié par

Dont la conduite

l'Eglife Grecque. Abbot fut accufé de trop favorifer les Presbytériens ; mais cependant quand quelques-uns fe déclaroient de l'Eglife Anglicane, quoiqu'ils euffent été Miniftres dans leur Communion, il les ordonnoit comme s'ils euffent été Laïques; au lieu que. Cyrille, traitant ceux de Geneve comme de légitimes Pafteurs, renverfoit intérieurement toutes les maximes de la Hiérarchie, la maintenant en même temps à Conftantinople avec toute la hauteur & toute la licence poflible.

Abbot ne difoit pas la Meffe, il n'ordonnoit pas des Prêtres & des Evêétoit con- ques autrement que felon les Rites de fon Eglife; en un mot, fa conforme à fa duite étoit conforme à la Religion Anglicane: & quand il auroit eu dans Religion. le coeur plus d'inclination pour les Calviniftes qu'il ne convenoit alors,

il ne faifoit rien que plufieurs autres ne fiffent; & Marc-Antoine de Dominis, témoin oculaire, reconnut affez que c'étoit la difpofition presque générale du Clergé de l'Eglife Anglicane. Cyrille croyant donc non feulement ce que croyoit Abbot comme Archevêque de Cantorbéry, mais ce qu'il croyoit comme particulier penchant au Calvinifme, ne pouvoit célébrer

célébrer la Liturgie, adorer l'Euchariftie, la proposer aux autres pour l'a- LIV. VIII. dorer, & faire en un mot les fonctions ordinaires des Patriarches, fans CH. III. commettre un double facrilege. On peut même dire fans exagération que toute la vie, principalement durant qu'il fut Patriarche à Alexandrie & à Conftantinople, ne fut qu'une continuité de pareils crimes, qu'il est impoffible de juftifier felon toutes les regles de la Morale Chrétienne.

voir ap

duite.

On ne prétend pas dire que les Calviniftes de Geneve & de Hollande M.Haga & Leger ne approuvaffent cette fiction criminelle, & même on pourroit juger par peuvent une lettre de Cyrille à Diodati qui eft une réponse, & qu'on auroit mieux être juftientendue fi on avoit eu foin de donner celle de ce Miniftre, qu'il l'exhor- fiés d'atoit à faire quelque chofe de plus qu'il n'avoit fait, le preffant de donner prouvé une copie légalisée de fa Confeffion, ce que Cyrille ne voulut jamais faire. cette con Cela peut faire croire que cette diffimulation pouvoit déplaire aux Genevois. Mais comment ce vafe du S. Efprit, rempli de Jefus Chrift, ce Docteur Leger, s'accommodoit-il de ce double personnage? Comment M. Haga, qu'on dépeint comme un homme de bien, qui étant fur les lieux ne pouvoit pas ignorer toutes ces chofes, les pouvoit-il digérer? Cependant on ne voit pas même par ces Lettres qui ont été publiées avec tant d'oftentation, que jamais ni l'un ni l'autre aient donné fur cela le moindre avis à Cyrille. Peut-être l'ont-ils fait, & qu'il s'en trouveroit des preuves dans un grand nombre d'autres lettres qui ont été fupprimées, quoique la bonne foi demandât qu'elles fuffent publiées auffi-bien que les autres; & après avoir vu celles qu'on a gardées, on eft en droit de préfumer qu'on n'en a pas perdu une feule. Il étoit cependant plus important pour la réputation de ces deux grands acteurs, de faire voir qu'ils avoient en cela défapprouvé le procédé de Cyrille, que de perdre tant de paroles à le louer avec excès, fur ce qu'il leur avoit donné en fecret une Confellion, qu'il détruifoit tous les jours par fes actions & par fes difcours. Ce qui vient d'être remarqué, prouve affez qu'il détruifoit fa Confef- Il détruit fion, par l'exercice public de la Religion qu'il condamnoit en fecret: on n'a pas de moindres preuves pour convaincre qu'il le faifoit auffi par fes fes prédidifcours. Les Homélies qu'il précha dans Conftantinople, & que Dofithée avoit en Jerufalem écrites de fa main, dont il donna d'amples extraits dans le Synode de Jerufalem, le prouvent bien clairement. Il reconnoît dans fa Confeffion la proceffion du S. Efprit du Pere par le Fils; il foutient le contraire dans fes Homélies, & dans fes anathêmes de Tergowist. Dans les Homélies il admet la Tranffubftantiation, & il la condamne dans fa Confeffion. Il y rejette les Livres que les Proteftants appellent apocryphes: il s'en fert dans les Homélies, & ainfi du refte. A cette objection Perpétuité de la Foi. Tome IV.

Zzz

fa Confef

fion par

cations.

LIV. VIII. M. Smith fait une réponse, qui est, qu'on a peut-être altéré les Homélies: CH. III. mais d'où le peut-il avoir fu, puifque perfonne ne favoit qu'elles fussent

Il faudroit

ré ces Ho

tous les

entre les mains de Dofithée, qui étoit plus capable d'en juger que M. Smith, & qui a fi peu craint qu'on l'accufât de les avoir falfifiées, qu'il a fait imprimer les mêmes extraits dix-huit ans après fans y rien changer? Puifqu'il eft encore plus certain qu'elles n'ont pas été altérées, que peut-on tirer d'une pareille réponse, finon que celui qui l'a faite n'en avoit aucune bonne à faire?

Mais M. Smith avoit fi fort la Transfubftantiation en tête, qu'il fembloit avoir alté- croire qu'il ne s'agit que d'un endroit où ce mot fe trouve; au lieu qu'il mélies en falloit que tous les paffages cités par Dofithée fuffent aufli corrompus, puifqu'ils ne peuvent s'accorder avec la Confeffion de Cyrille. Il falloit paffages, ce que M. plutôt répondre à une objection auffi folide que celle qui regarde l'hypoSmith ne crifie abominable de cet Apoftat, par de bonnes raifons, que par une répeut fuppofer. crimination pleine de calomnie & d'ignorance qu'il fait contre M. Arnauld comme Auteur de la Perpétuité. Voici les paroles. Mais parce qu'il a plu à M. Arnauld d'accufer Cyrille d'une diffimulation déteftable, en ce qu'il confervoit felon l'ufage de l'Eglife Grecque, en célébrant les Offices facrés, les Rites Eccléfiaftiques qu'il avoit condamnés comme fuperftitieux, j'en appelle à fa confcience. Eft-ce qu'il ne reste pas aujourd'hui plufieurs Rites dans l'Eglife Romaine, particuliérement dans l'Office de la Meffe, qu'il fait & qu'il avoue reffentir la fuperftition, & une vaine affectation de pompe extérieure, peu convenables à la véritable nature du culte religieux, & qu'il voudroit qu'on eut fupprimés, afin de mieux foutenir la dignité de la Religion à laquelle ils ne font pas d'honneur. Je ne crois pas néanmoins qu'il s'en abftienne; mais qu'il fuit la coutume établie depuis fort long-temps par les Conftitutions Ecclefiaftiques, & par l'usage que tous obfervent. Trouveroit-il bon fi quelqu'un en concluoit qu'il agit contre ft confcience, toutes les fois qu'il célebre la Meffe, & qu'on le doit regarder comine un grand bypocrite (a)?

Abfurdité

de cette réponse.

Si M. Smith n'a pas eu d'autre réponse à faire que celle-là, il est bien facile de comprendre qu'il ne peut juftifier fon Saint & fon Mar

(a) Quia verò D. Arnaldo vifum eft deteftandæ diffimulationis crimen Cyrillo impingere, eo quod ritus Ecclefiafticos quos fuperftitionis damnaverat in facris peragendis pro inftitutis Ecclefiæ Græcanicæ, retinuiffet: jam ipfius confcientiam appellabo. Annon multi ritus in Ecclefia Romana ad hunc diem fuperfint, præfertim in Officio Miffæ, quos fuperftitionem vanamque pompæ affectationem redolere, ut pote veræ religiofi cultus indoli parum congruos, novit & fatetur; & quos ad Religionis hifce officiis dehoneftatæ decus melius confervandum. cupit motos; à quibus tamen utendis credo illum non abftinere hac de caufa, eo quod Ec clefiafticis ordinationibus, quæ à longo tempore ubique obtinent, & apud omnes in ufu funt, morem gerat; & an patienti animo laturus fit, fi quifpiam inde pro certo ftatuat, illum contra confcientiam, quoties Sacrum facit, agere & pro infigni hypocrita effe habendum..

tyr, puifque toute cette apologie ne roule que fur des fauffetés, des ca- Liv. VIII. lomnies, & des conjectures frivoles & téméraires. De plus, quand fon Cн. III. raifonnement feroit vrai, il ne juftifieroit pas Cyrille; mais il prouveroit qu'il s'eft trouvé des gens capables comme lui, de fe jouer des myfteres les plus facrés. On pourroit avec beaucoup plus de raifon appeller à la confcience de M. Smith, fur prefque tout ce qu'il avance de faits touchant l'Eglife Grecque, & lui demander s'il a jamais trouvé un Grec digne de foi qui lui ait dit tout ce qu'il a écrit de Cyrille, de Syrigus, du Synode de Jerufalem, en un mot de tous les faits conteftés entre les Catholiques & les Proteftants. Mais ce n'est pas ainsi qu'on doit raifonner dans des matieres auffi férieufes, & on ne comprendra pas aifément ce qu'il a prétendu conclure de deux propofitions également fauffes.

une fauf

les Catho

Car où a-t-il trouvé que les Catholiques conviennent que dans les Elle est Offices de la Meffe il y a plufieurs chofes fuperftitieufes, introduites feu- fondée fur lement par l'ancienne coutume, & par les Conftitutions Eccléfiaftiques; feté évique nous condamnons ces abus, & que nous voudrions les voir fuppri- dente,que més? Un homme qui eft fi peu inftruit de la créance & de la difcipline liques de l'Eglife Latine, nous apprendra-t-il celle de la Grecque? Ne devoit-il convienpas marquer ces fuperftitions, car nous ne les connoiffons point, & nent qu'il y a pludès qu'elles font fondées fur l'ancien ufage & les ordonnances de l'Eglife, fieurs cho nous les regardons comme autorifées par la Tradition. Auffi nous fommes fes fuperaffurés, que non pas dans le Canon de la Meffe, mais dans les autres dans la prieres & dans les cérémonies, il n'y en a point qui ne foit beaucoup plus ancienne, & même de plufieurs fiecles, que toutes celles des Eglifes Réformées.

ftitieufes

Meffe.

les mar

quer.

Il falloit auffi qu'il s'expliquât fur ces chofes qu'il fuppofe que nous Il devoit condamnons comme fuperftitieufes : & puifqu'il les détermine à la pompe & à l'appareil extérieur, il fait paroître fon ignorance, auffi-bien que fa mauvaise foi. Car ces parties du fervice ne font pas regardées comme effentielles, puifqu'elles n'ont lieu que dans les Meffes folemnelles. S'il croit que les Proteftants aient prouvé que toutes ces anciennes pratiques foient des fuperftitions, il fe trompe fort; puifqu'à préfent que ce qui concerne la difcipline & l'Hiftoire Eccléfiaftique eft plus éclairci qu'il n'avoit jamais été, ce que les premiers Réformateurs ont écrit fur ce fujet con-tre les Catholiques, eft reconnu tellement ridicule, qu'on n'oferoit pas Ilcompare l'alléguer dans une difpute réglée.

les chofes de pure cérémo

C'eft auffi abufer bien hardiment de la patience du public, & fuppofer qu'on n'écrit que pour des ignorants préoccupés des préjugés de leur nie avec éducation, que de comparer des cérémonies indifférentes, & qui ne les chofes font pas effentielles, avec celles qui regardent tellement l'effence de la les.

effentiel

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