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Liv. X. Les Grecs conviennent encore moins que nous de ce prétendu chanCH. VII. gement; puifque, comme on a vu par les témoignages de Syrigus, de Les Grecs Dofithée, de Nectarius & de Callinique, ils ne reconnoiffent pas que le nient qu'il mot de Tranffubftantiation leur foit venu des Latins. Tous s'en font y en ait eu. fervis depuis plus de deux cents ans, & s'en fervent encore fans difficulté: dans cet espace de temps aucun n'a attaqué le dogme ni le mot, que Cyrille, Corydale & Caryophylle, & ils ont été condamnés. M. Claude, fur les extraits de fes Ecrits qui furent envoyés en Levant, a été traité comme un ignorant, un impofteur & un calomniateur par Nectarius & par Dofithée, Grecs véritables & non latinifés, s'il en fut jamais. Ils ne devoient pas cependant croire la préfence réelle, puifque M. Claude prétendoit avoir démontré le contraire à préfent M. Smith & M. Allix avouent qu'ils la croyoient. On ne dira pas que ce changement s'eft fait depuis M. Claude; car il n'y a pas d'apparence que quelqu'un ofât avancer une pareille abfurdité. Il la faut néanmoins fuppofer, ou convenir que tout ce qu'il a dit fur fon prétendu changement & fur fes Grecs latinifés, n'eft pas moins abfurde.

On n'en

ver aucun

que fur les

avec les

Quand il fuppofe après les Miniftres qui ont écrit avant lui, qu'il s'eft peut prou- fait plufieurs autres changements, outre qu'il n'a rien dit de nouveau, il dans l'E- n'a pas répondu à la principale difficulté, qui étoit d'expliquer comment glife Grec ils fe font introduits fans que perfonne s'y foit oppofé; car tous les Grecs points foutiennent avec raifon, que tout ce que les Calviniftes traitent de noucontestés veautés eft établi dès les temps apoftoliques. En effet, afin de trouver une. Calvinift. Eglife Grecque à laquelle pût convenir la Confeffion de Cyrille, il en faut imaginer une que jamais perfonne n'a connue. Trouvera-t-on qu'elle ait été fans Evêques & fans Hiérarchie : que les Prêtres & les Evêques fuffent égaux ; qu'ils fuffent ordonnés par des Laïques; qu'un fimple Prêtre ait ordonné un Evêque; que dans quelque Concile des Evêques aient été préfidés par des Laïques, comme il arriva au Synode de Dordrecht; qu'on brûlât ou jetât au vent les cendres des Martyrs; qu'il n'y eût aucune pénitence pour les plus grands péchés; point de jeûnes, point de mortifications; que des Religieux & des Religieufes fe mariaffent au mépris des vœux folemnels de chafteté: qu'on y célébrât l'Euchariftie d'une maniere qui eût quelque rapport à tant de différentes formes de l'adminif tration de la Cene; qu'on ne donnât point la Communion aux mourants: qu'on ne la réfervât pas pour les malades; que ce qui reftoit fût regardé comme du pain & du vin ordinaire; qu'on ne fit pas de mémoire de la Vierge, des Saints & des Morts dans la célébration de la Liturgie, pour ne pas parler du refte? Il faut cependant fuppofer que cette Eglife Grecque. non latinifée à laquelle M. Claude nous renvoie a été telle; & comme on

ne

ne peut le prouver, il s'enfuit néceffairement que lorfque Cyrille a eu Liv. X. l'effronterie de donner fa Confeffion comme celle de l'Eglife Grecque, CH. VIII. il a amusé les Calviniftes par l'impofture la plus groffiere qui ait jamais été faite; puifqu'il n'y avoit qu'à entrer dans une Eglife & ouvrir les yeux, pour reconnoitre la fauffeté de tout ce qu'il a écrit. Ainfi le prétendu changement qu'on voudroit fuppofer dans l'Eglife Grecque fe trouve fans aucun fondement.

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L'Eglife Neftorienne n'a reçu aucun changement fur la doctrine de la préfence réelle, ni fur les autres points conteftés entre les Catholiques & les' Proteftants.

Ce qui

Neftor.

ce réelle.

E qui a été dit dans le commencement de cet ouvrage touchant On a proules Neftoriens, fait affez voir que fi on excepte leur héréfie, ils font dans vé que les les mêmes fentiments que les autres Communions orientales, particulié- croyoient rement fur l'Euchariftie; en forte que fi autrefois ils ont été foupçonnés la préfende quelque erreur fur ce Myftere, elle n'a pas paffé jufqu'à ceux qui, depuis la liberté qu'ils obtinrent fous les Princes Mahométans, ont formé cette Eglife Neftorienne qui s'eft étendue jufqu'aux extrêmités de l'Orient. Nous n'avons rien dit que fur des autorités certaines ; & fi quelqu'un prétend oppofer ce qu'en ont écrit quelques Modernes, entr'autres un Anglois qui a fait imprimer en 1694 une traduction du Synode de Diamper fous Alexis de Menefès Archevêque de Goa, avec des notes pitoyables, il ne fera pas difficile de faire voir que cet homme n'avoit aucune connoiffance de la matiere qu'il s'étoit engagé de traiter. On en peut juger par un feul endroit de fa Préface, où parlant d'Adam Archidiacre d'Elie Patriarche des Neftoriens qui l'avoit envoyé à Paul V, ce grand Préf. p.14. Critique l'appelle Adam Camara, parce qu'il avoit vu dans le titre du Livre de Pierre Strozza de Dogmatibus Chaldæorum, cette infcription, ad Patrem admodum Reverendum Adam Camera Patriarchalis Babylonis Archidiaconum. Mais cela n'eft rien en comparaifon de toutes les fauffetés Leur Egli& abfurdités dont il a rempli un Difcours préliminaire qu'il a intitulé: fe étoit Hiftoire abrégée de l'Eglife de Malabar.

établie conformé

comme ment à la

On a vu dans les Livres précédents que l'Eglife Neftorienne, elle eft établie depuis plufieurs fiecles, avoit pour Chef un Catholi- Tradition Apoftolique, c'est-à-dire,,un Primat inférieur aux Patriarches, & fupérieur aux que. Perpétuité de la Foi. Tome IV. Ssss

Liv. X. Métropolitains, & que par la protection des derniers Rois de Perfe, qui CH. VIII les favorifoient en haine des Empereurs Grecs, ils s'étoient emparés du Siege de Séleucie & de Ctéfiphonte. Ils ne commencerent pas leur féparation en renverfant toute la forme du gouvernement eccléfiaftique qu'ils avoient trouvé établi dans l'Eglife, puifque celle qu'ils formerent étoit gouvernée par des Evêques, dont les prédéceffeurs avoient été ordonnés dans l'Eglife Catholique. Ils favoient qu'il falloit un Chef à leur Communion; ils étoient féparés de toutes les Eglifes Patriarchales, & ils n'en occupoient aucune. Ce fut donc pour s'en donner un, qu'ils attribuerent au Siege de Séleucie, outre l'autorité ancienne qu'avoient eu les Evêques, celle de Patriarche de toute la fecte Neftorienne.

Ils ont cherché à prouver

les Apô

Cependant comme tous les Chrétiens étoient perfuadés qu'on ne pouvoit être dans l'Eglife fi on ne prouvoit la fucceffion Apoftolique, que leur particuliérement dans les premiers Sieges, après avoir mis dans le nombre premier Siege de leurs Catholiques ou Patriarches plufieurs faints Evêques de Séleucie, avoit été ils firent remonter la fucceffion jufqu'au temps des Apôtres. La tradition fondé par de l'Eglife d'Edeffe étoit que S. Thadée y avoit prêché l'Evangile ; & comme tres. dans la décadence de l'Empire Grec ils avoient infecté de leurs erreurs Maris f. toute la Méfopotamie, ils étendirent cette tradition jufqu'aux premiers Hift. Neft. fiecles, & attribuerent à cet Apôtre la fondation de leur Eglife PatriarMS. Arab. chale, telle qu'ils la rapportent dans leurs hiftoires. Elles font fauffes, mais elles ne laiffent pas de marquer leur refpect pour la Tradition, & leur éloignement de l'Anarchie Presbytérienne, & de cette fuprém acie laïque dont les femmes fe font trouvées capables dans la Réforma cion d'Angleterre.

Salom in

Et confir

Enfuite comme on donna dans l'Eglife orthodoxe un pouvoir fort mé par les étendu aux Evêques de Séleucie, qui furent appellés Catholiques de Perfe, d'Occid. les Neftoriens attribuerent dans la fuite ces mêmes prérogatives à leurs

Peres

P. 16.

.

Patriarches. Enfin un refte de respect pour la difcipline a engagé leurs
Auteurs à dire, que cette autorité indépendante du Patriarchat d'Antioche
leur fut confirmée par un privilege des Peres d'Occident, & ils enten-
dent un des Canons Arabes attribués au Concile de Nicée. Cette Tra-
dition eft marquée dans la vie de celui qu'ils appellent Abadabouich,
qu'ils comptent le feptieme de leurs Catholiques, & Hebedjefu fait men-
tion d'une lettre que ce Catholique écrivit au Pape d'Orient,
dire, au Patriarche d'Antioche; ajoutant que de fon temps fut écrite la
lettre des Occidentaux, par laquelle ils accordent la dignité patriarchale au
Siege de Séleucie. Ils reconnoiffent donc qu'elle vient d'une conceffion de
l'Eglife d'Occident; & comme cela embarraffe le Traducteur Anglois, il
a trouvé une réponse fort finguliere, qui eft, que par les Peres d'Occident,

c'est-à

on doit entendre le Patriarche d'Antioche. Cependant par le Canon tren- Liv. X. te-troisieme des Arabes de Nicée qu'il rapporte dans la même page, il CH. VIII. paroît que le Patriarche d'Antioche avoit confenti à cette exemption. Ce n'étoit donc pas lui qui l'avoit donnée, & c'eft ignorer l'Hiftoire & la Géographie, que de ne pas favoir que le Diocese d'Orient fignifioit le Patriarchat d'Antioche; outre qu'il ne faut que le fens commun pour favoir que l'Occident ne fignifie pas l'Orient.

née par

Morin. de

Sacr. Ord.

Cette Eglife ainfi établie a toujours depuis été gouvernée par ces. Ca- Cette Eglitholiques avec une autorité patriarchale, par des Métropolitains, des fe gouverEvêques & des Prêtres, fervis par des Diacres & par des Clercs, dont nous des Evêavons les Ordinations conformes à l'ancienne difcipline. Celle qui regarde ques, &c. les Eccléfiaftiques a toujours été la même que dans les autres Eglifes orientales. L'Auteur Anglois a mis à la tête de fa traduction une lifte des articles dans lesquels l'Eglife de Malabar s'accorde, dit-il, avec l'Eglife Anglicane, & differe de celle de Rome. Le premier eft qu'elle nie la fuprémacie du Pape. Cependant dans les Collections de Canons, le fixieme de Nicée où elle eft fi bien établie fe trouve comme les autres, & leurs Théologiens conviennent que le premier Siege eft celui de Rome. Mais ils affirment, dit-il, dans le fecond, que l'Eglife de Rome eft déchue de la vraie foi. Ils en diroient autant de l'Eglife Anglicane; puifque ce qu'ils appellent la vraie foi eft le Neftorianifme. On ne trouvera pas non plus que ni eux ni perfonne, parmi les Orientaux les plus ignorants, ait jamais dit que le fuprême pouvoir de l'Eglife réfidât dans un laïque & dans une femme, ni que les Evêques en dépendiffent comme ils dépendent de leur Patriarche.

ques n'ont

Les Evêques n'ont jamais été mariés; la difcipline fur ce fujet eft la Les Evêmême qu'en toutes les autres Eglifes, où les Prêtres & les Diacres peuvent être mariés avant leur Ordination, mais nullement après. Les Hif- mariés. toriens parlent avec horreur de Barfomas Métropolitain de Nifibe, qui époufa une Religieufe, & voulut obliger tous les Eccléfiaftiques à fe marier, comme de Babaï vingt-troifieme qui publia une Ordonnance fur ce fujet. S'il y a eu quelque abus contraire dans le Malabar, cela étoit contre les regles.

font célé

le Rite

La maniere d'adminiftrer les Sacrements eft très-conforme aux anciens Les SacreOffices de l'Eglife Grecque : & on remarque une affez grande conformité ments y entre la Liturgie ordinaire & la grecque de S. Jean Chryfoftôme, entre brés felon autres dans l'Invocation du Saint Efprit, où ces paroles, les changeant par Grec. votre Saint Esprit, font inférées. Rien ne reffemble moins à la Cene des Melv Proteftants, ni pour les prieres, ni pour les cérémonies. Cependant, dit aurr l'Auteur Anglois, ils nient la Transfubftantiation, & que le corps & le

πνεύματί σε τῷ ἁγίῳ.

LIV X fang de Jefus Chrift foient réellement & fubftantiellement dans l'Euchariftie. CH. VIH. Mais Elie le Catholique affure le contraire pofitivement, & les autres Chré

Le Baptê

autres Sa

tiens Orientaux qui n'épargnent pas les Neftoriens, & qui croient la préfence réelle, témoignent que les autres la croient pareillement. Il faut être bien hardi pour avancer fans preuves une affirmation auffi décifive. On a prouvé auffi qu'ils adminiftroient le Baptême avec les mêmes céme & les rémonies que les autres Orientaux, & qu'ils pratiquoient toutes celles crements que les Réformateurs ont abolies: qu'ils donnoient la Confirmation en de même. même temps qu'ils avoient la bénédiction de la lampe pour les malades, qui tient lieu d'Extrême-Onction: que les péchés étoient foumis à la Pénitence; & on a des formules d'abfolution facerdotale, auffi-bien que de la bénédiction nuptiale, fans laquelle il n'eft pas permis de prendre une femme. L'Hiftoire fournit un grand nombre d'exemples d'Eglifes & de Chapelles báties à l'honneur des Martyrs, comme les livres eccléfiaftiques contiennent des prieres adreffées à la Vierge & aux Saints. On reconnoît l'ufage des croix & des images, la priere & la célébration de la Liturgie pour les morts. Enfin on trouve parmi ces hérétiques la forme ancienne du culte obfervé par tous les autres Chrétiens, fans aucun changement dans ce qu'il y a d'effentiel. Que s'il s'y eft gliffé des abus, ce n'eft pas fur cela qu'on doit juger de la foi & de la difcipline d'une nombreufe Eglife; mais fur les regles qui fe trouvent établies, quand même elles ne feroient pas obfervées.

Les Nefto

riens ont

confervé

leurs an

ciennes

erreurs.

11 eft impoflible de marquer qu'il foit arrivé aucun changement effentiel dans la doctrine, puifque les pallages qui ont été rapportés prouvent bien clairement que fur le Myftere de l'Incarnation, les Neftoriens du moyen & du dernier âge n'ont pas d'autres fentiments que ceux qui furent condamnés au Concile d'Ephefe. Les Croifades & les Miffions ne les ont pas retirés de ces erreurs: ainfi c'eft une fuppofition qui n'a pas le moindre fondement dans l'hiftoire, que ceux qui les ont trouvés fi durs & fi in flexibles fur le premier article, leur aient fait fi facilement recevoir celui de la présence réelle, qui eft incomparablement plus difficile à comprendre à ceux qui ne le croient point; ce qu'on reconnoît affez par la maniere dont en écrivent les Proteftants. Car il femble que toute la Religion Chrétienne confifte à ne point croire la Tranffubftantiation, & que tous les autres articles de foi ne font rien. Ainfi nous voyons M. Ludolf, qui croyant avoir prouvé que les Ethiopiens ne la croient point, leur pardonne toutes leurs autres erreurs, jufqu'à les juftifier fur la créance d'une feule nature, fur les anathêmes qu'ils prononcent contre le Concile de Calcédoine, enfin fur la Circoncifion & d'autres fuperftitions Judaïques, que les Patriarches d'Alexandrie Jacobites leurs Supérieurs ont

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