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fert de cette éfpece d'arme pour les engourdir & même les faire mourir, lorfqu'ils paffent contre elle, dans les

endroits où elle fe tient ordinairement à l'affût, fur le fable ou dans la vase. M. de Réaumur dit, qu'au défaut de poiffons il mit un canard avec la torpille dans un baquet plein d'eau, qu'il 'couvrit d'un linge, afin que le canard ne pût fortir. Quelques heures après il trouva le canard mort, fans doute parce qu'il avoit touché trop fréquemment la torpille.

On a donné beaucoup d'autres explications de cet effet, qu'il eft inutile de rapporter ici; & dans un fait auffi difficile à concevoir, chacun a droit d'expofer fon fentiment. Des Phyficiens habiles ont fait, fur la torpille & l'anguille de Surinam, des expériences qui tendent à prouver que les phénomenes que préfentent ces poiffons, font des phénomenes électriques, quoique la maniere dont ils acquierent l'électricité, ne paroiffe pas avoir rien de commun avec les procédés de l'électricité artificielle.

DES POLYPE S.

LA multiplication des polypes (1) est

un des phénomenes les plus finguliers dans la végétation. Cet animal eft aquatique. Il s'en trouve dans la mer de beaucoup de façons & de différentes grandeurs, comme la feche, le calmar (2), & d'autres. Ces animaux ont à côté de

(1) Polype. Multipes, monos, multus, beaucoup, ws, pes, pied. Animal qui a beaucoup de pieds.

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(2) La feche eft un poiffon long d'un ou deux pieds, couvert d'une peau mince & ferme, ayant le corps charnu, & garni en dedans, fous le dos, d'un os blanc, léger & friable, grand comme la main. Cer os eft unique dans ce poiffon. Il furnage fi on le jette dans l'eau. On en trouve beaucoup fur les côtes de l'Océan & de la Méditerranée. C'eft cet os qu'on donne aux ferins.

Le calmar eft compofé comme la feche; mais il a la tête entre les pieds & le ventre. Ces deux poissons ont une veffie qui renferme une liqueur très-noire, qu'ils répandent autour d'eux, pour fe dérober à leurs ennemis. Cette liqueur, expofée à l'air, devient dure & friable; mais elle fe diffout dans l'eau.

la tête, des bras ou pattes, d'où fortent une infinité de filamens qui s'attachent à leur proie, ou aux rochers. On ignore s'ils ont pour fe multiplier, les mêmes reffources que les polypes d'eau douce. On fait feulement, que fi on leur coupe une ou plufieurs de leurs pattes (1), elles recroiffent ou reviennent en entier, comme celles des crabes & des écréviffes. Il y a des polypes fi petits, qu'ils échappent à la vue fimple, tels que ceux qui conftruifent les coraux (2), les co

(1) On peut faire cette expérience fur d'autres animaux, comme les limaçons ordinaires. Si on leur coupe les cornes, il en revient d'autres; & fi on leur fend la tête, ou qu'on en coupe une partie, l'animal ne paroît pas fort incommodé de ce retranchement; il fe forme une peau nouvelle; & après un certain temps tout reparoît au même état qu'auparavant. Si on leur ôte absolument la tête, ils fe retirent dans leurs coquilles & y reftent enfermés un mois ou fix femaines; & comme pendant ce temps ils ne peuvent manger, leur corps fouffre une diminution confidérable. Mais à ce terme on voit, au milieu de la partie coupée, une efpece de protubérance qui croît peu à peu, & devient enfin une nouvelle tête. Il en meurt cependant beaucoup de l'opération.

(2) Le corail eft

rouge

ου

blanc. On le trouve

rallines (1), les éponges (2), & les autres fubftances que l'on regardoit anciennement comme des plantes.

Les polypes d'eau douce ont depuis cinq ou fix lignes jufqu'à douze environ de longueur. Leur forme n'a de ressemblance avec aucun autre animal. On leur voit des bras ou pattes très-longs, & auffi déliés que des fils d'araignée. Leur corps n'eft qu'une efpece de fac, où

dans la mer, attaché à différens corps, toujours fes rameaux en bas. On en a trouvé fur des os, fur du verre, & d'autres matieres: communé. ment il eft attaché fous les avances des rochers, mais toujours dans l'eau. Ce qu'on appelle corail noir, eft auffi un ouvrage des polypes. La différence du premier corail, qui eft le vrai, est que la matiere dont il eft compofé, tient de la nature de la pierre, & que celle du second tient de la corne & eft moins dure.

(1) Les corallines, les efcares, les madrepores, font des fubftances qui fe trouvent également dans la mer, & qui repréfentent des plantes, des mouffes, ou différens autres objets. Leurs formes & leurs figures font très-variées.

(2) Les éponges font d'autres substances marines qui fervent de domicile à des milliers de polypes, ou d'autres petits animaux d'un ordre particulier.

leur

l'on n'observe rien de ce qui conftitue les autres animaux. Ils s'étendent, fe courbent, fe contractent, & marchent ou avancent, mais très-lentement. Ces animaux fe multiplient de toutes façons. Ils font des œufs. D'autres, ou peut-être les mêmes, pouffent leurs petits hors de corps. On en voit quelquefois fortir de la mere, en différens endroits de fon corps, un grand nombre à la fois, qui eux-mêmes en font paroître d'autres avant d'être fortis tout à fait; en forte qu'ils femblent un arbre vivant, compofé d'une tige & de rameaux. Les plus curieux font ceux qui fe multiplient par féparation. Si on coupe cet animal par morceaux en tout fens, fa tête & fon corps en plufieurs parties; fi même on retourne fa il fe forme en peu de temps autant de nouveaux polypes, auffi entiers que le premier. Qu'on coupe tous ceux qui viennent de fe former, on en aura bientôt autant d'autres, auxquels il ne manquera aucuns membres. Si fans féparer la tête on la fend en deux, il y aura deux têtes au lieu d'une fur un feul corps. On en peut faire davantage en fendant ces nouvelles têtes. Il en eft

peau,

de même des corps. La peau du polype,

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