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à mesure que l'on avance vers les tropiques. Ainfi les François font plus bruns que les Anglois, & le font moins que les Efpagnols. Les peuples voifins des Negres des deux côtés de l'équateur, comme les Mores & les Hottentots font d'un brun très-foncé.

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La féchereffe & le froid contribuent auffi à altérer la blancheur de la peau: c'eft pourquoi les habitans des pays les plus froids des zones glaciales font bruns ou olivâtres. D'ailleurs, la mauvaise nourriture, l'âpreté de l'air, les neiges abondantes, la fumée dans laquelle ils font continuellement pendant l'hiver, qui eft très-long, les ardeurs du soleil pendant l'été, l'intempérie & la rigueur exceffive de ces climats, les privent abfolument de cette fraîcheur, que l'on remarque dans les peuples qui habitent les zones tempérées.

Sur les côtes orientales de l'Afrique on ne trouve que des Noirs-Cafres. Ĉes côtes font moins baffes que les côtes occidentales fous la même latitude. Le .vent d'eft n'y arrive qu'après s'être rafraîchi fur la mer des Indes. Les pluies font plus fréquentes & plus abondantes que fur les côtes occidentales; & cette

partie de l'Afrique eft d'ailleurs plus voifine des grandes montagnes, qui font toujours couvertes de neige, & qui doivent habituellement diminuer la chaleur.

Les habitans de la côte de Malabar, qui eft à l'occident de l'Inde, ont le teint plus noir que ceux de la côte de Coromandel, qui habitent la partie orien

tale.

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On n'a point découvert de vrais Negres en Amérique; & cela doit être ainfi. La chaleur y eft moins forte qu'en Afrique. L'étendue de terre de l'est à l'oueft n'y eft pas à beaucoup près fi grande. Če pays eft rempli de rivieres de lacs & de forêts. Les pluies y font longues & abondantes. Le terrein eft plus élevé qu'en Guinée & au Sénégal. Les Cordilieres, les plus hautes montagnes du globe, y rafraîchiffent l'air par les neiges dont elles font remplies, les brouillards qu'elles occafionnent, & la projection de l'ombre de ce vafte groupe de rochers. Cette portion de la zone torride eft beaucoup plus tempérée que les contrées correfpondantes de l'Afrique & de l'Afie. Les hommes y font d'un rouge plus ou moins brun, ou

bafanés ils font blancs fur les lieux les plus élevés.

Ces altérations dans les couleurs noire & blanche, nous font préfumer que la caufe de la noirceur des Negres, & en général de la diverfité de couleurs que l'on remarque dans les différens peuples, eft très-naturelle. Toutes ces nuances variées dans le teint, la couleur & le tempérament, dépendent de la chaleur & des circonftances locales. Il n'y a qu'une efpece d'hommes, & ils ne forment tous qu'une même famille, dont les defcendans fe font multipliés, & répandus fur la furface du globe. Cette vérité fondamentale de la morale eft bien capable d'infpirer l'humanité, cette belle vertu, qui ne voit dans tous les habitans du Monde qu'un peuple de freres.

IL

DU LIO N.

L femble que l'Afrique foit le lieu naturel de cette noble créature, non feulement parce qu'on ne connoît point de pays où les lions foient en fi grand nombre, mais parce qu'ils y font d'une taille & d'une frerté terribles.

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Le lion a la tête groffe & charnue, couverte de longues boucles d'un crin fort rude. Son front eft carré, & comme fillonné par de profondes rides, fur-tout lorfqu'il eft en fureur. Ses yeux font vifs & perçans, ombragés d'épais fourcils qu'il fait mouvoir d'une maniere effrayante. Il a le nez long, large & ouvert, la mâchoire épaiffe & garnie de muscles, de tendons & de nerfs d'une force finguliere. Chaque mâchoire est garnie de quatorze dents, quatre tranchantes, quatre canines, & fix molaires. Les premieres font d'une grandeur médiocre; les fecondes plus grandes, mais inégales, de la longueur d'un pouce, & larges à proportion, avec trois petits points au centre. Sa langue est fort

groffe, rude, & couverte de pointes. auffi dures que de la corne, longues de trois ou quatre lignes, & tournées vers le gofier. Son cou, compofé de plufieurs vertebres mobiles, eft d'une force & d'une roideur étonnante. Celui du mâle eft couvert d'une longue & rude criniere, qu'il dreffe lorfqu'il eft en furie. La femelle eft fans criniere. Cet animal a les jambes courtes, of feufes, & fort fouples. Sa marche eft lente & majeftueufe; mais lorfqu'il pourfuit fa proie, il court avec une vîteffe extraordinaire. Il a les pieds gros & larges. Ceux de devant font divifés en cinq griffes bien articulées. Ceux de derriere en quatre, toutes armées d'ongles forts & pointus. Sa queue est longue & forte: elle eft couverte d'un poil rude & court jusqu'à l'extrémité, qui eft frifée, & qui fe termine en touffe. Le rugiffement du lion eft fa voix ordinaire. Il eft effrayant. C'est une espece de grondement d'un ton grave, mêlé d'un frémiffement aigu. Le cri qu'il fait lorfqu'il eft en colere, eft encore plus terrible. Ce cri eft court & réitéré fubitement. Alors il fe bat les flancs avec fa queue, il en frappe la

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