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la groffeur & les perfections de la pierre. Ils n'ont point d'autres regles que le goût, & d'autres compas que leurs yeux.

On fcie le cristal & la plupart des autres pierres. Mais comme le diamant eft d'une très-grande dureté, & que, malgré la poudre fine de diamant, délayée dans l'eau & le vinaigre, cette opération demanderoit un trop long temps, on le clive, en faifant, avec une pointe de diamant, une légere en-. taille au fil de cette pierre. On y infere une lame d'acier, qu'on frappe avec un petit marteau, & le diamant eft fendu d'un feul coup; mais il faut de l'adrelle & de la pratique pour ne point brifer la, pierre.

Les pierres orientales de couleur fe taillent en les tenant enchâffées & cimentées au bout d'un manche de bois, fur une roue de cuivre jaune, imbibée d'eau & de poudre de diamant; & on les polit fur une roue de cuivre de rofette (1), avec du `tripoli (2) & de l'eau.

(1) Le cuivre de rofette eft un cuivre bien dégagé de toutes matieres étrangeres, & bien pur.

(2) Le tripoli eft une pierre légere, qui fe

Pour les pierres fines de qualités inférieures, , que l'on appelle occidentales, on fe fert d'une roue de plomb, que l'on imbibe d'eau & d'émeri (1), & on les polit fur une roue d'étain avec de l'émeri.

Dans les pierres ingrates & naturellement graffes, comme le peridot, les rubis balais & fpinel, on emploie les huiles de foufre pour les polir.

On eftime les diamans par carat (2). Le carat contient quatre grains, un peu plus foibles que ceux de l'or ou du poids de marc. Chaque grain fe divife en huit

II

trouve dans des carrieres. Il y en a de différentes couleurs. Le plus ordinaire tire fur le rouge. eft indécis fi le tripoli eft pierre, bois foffile, ou

craie.

(1) L'émeri eft la mine de fer la plus ftérile. Ce n'eft point pour en tirer du métal qu'on l'exploite, mais à caufe de fes propriétés pour les Arts & Métiers. Cette matiere eft très-pefante. Il y en a de différentes couleurs. Pour le réduire en poudre, on fe fert de moulins & de machines d'acier.

(2) Carat. Képes, caput, principium, principe. Ce mot peut venir auffi de xepátior, efpece de petit poids, ou du mot arabe alcarat, qui a la même fignification.

trente-deuxiemes. L'on prend ordinairement un grain de millet pour un trentedeuxieme. Mais fi l'on vouloit faire un poids d'un grain, il faudroit environ dix de ces grains de millet. Lorfqu'un diamant pefe plufieurs carats, le tarif du carat ceffe, & la différence du prix est confidérable. La valeur des diamans eft très-arbitraire. Elle dépend de la netteté, de la blancheur, ou d'une couleur bien. décidée, de l'épaiffeur, du poids, de la taille, & de la perfection des pierres ; en forte que toutes les regles n'ont rien de certain ni de pofitif. La mode, la rareté ou la découverte d'une nouvelle mine, peuvent faire hauffer ou baiffer confidérablement le prix des diamans.

Les pierres de couleur fe peuvent pefer de même; mais elles ne fe vendent guere fur le pied des poids, quand elles font d'un certain volume. Si elles fe pefent, c'eft qu'elles valent trop peu.

Les cailloux nous donnent une autre forte de pierres précieuses. Ceux qui font bien blancs & bien transparens, imitent le diamant, & jettent beaucoup de feu. On en trouve à Caïenne, en Canada en Boheme, en France, & dans d'autres endroits.

On fait auffi des pierres de très-belle apparence, que l'on appelle pierres de compofition. Avec du fable blanc, du borax (1), du verre ou du cristal fondu, à l'aide d'un alkali fixe & du plomb, on fait toutes les fauffes pierres, que l'on colore à chaud ou à froid par les fucs des végétaux. Les métaux, les minéraux & le criftal donnent, par la préparation, le mélange & la fufion, les diamans faux & les pierres fauffes de couleur. Les Ouvriers expérimentés réuffiffent souvent à tromper les yeux; mais un connoiffeur diftingue aifément le faux d'avec le vrai : il les connoît, à la feule infpection, fans les déchâffer. La pefanteur, la netteté, la dureté, la tranfparence, le brillant & le poli font les plus sûrs garans de la vérité. Quelque habile que foit un Ouvrier, il ne peut concilier toutes ces qualités avec les couleurs, qu'il imite affez bien; & la Nature dévoile aifément fon ouvrage.

Les meilleurs mines de diamans, & les plus eftimées, font en Afie. La mine

(1) Voyez à la Table des Matieres, Borax.

la plus célebre eft celle de Raolconda, fituée dans le royaume de Golconde. Aux environs du lieu d'où l'on tire des diamans, la terre eft fablonneuse & pleine de roches & de taillis. Ces rochers ont plufieurs veines larges, tantôt d'un doigt, tantôt d'un demi-doigt; & les mineurs font armés de petits fers crochus par le bout, qu'ils fourrent dans ces veines, pour en tirer le fable ou la terre. C'est dans cette terre qu'ils trouvent les dia

mans mais comme les veines ne vont pas toujours droit, que tantôt elles baiffent & elles hauffent, ils font contraints de caffer ces roches pour ne pas perdre leur trace. Après les avoir ouvertes, ils ramaffent la terre ou le fable, qu'ils lavent deux ou trois fois pour en féparer les diamans. C'eft dans cette mine que fe trouvent les pierres les plus nettes & de la plus belle eau; mais il arrive fouvent que, pour tirer le fable des roches, ils donnent de fi grands coups d'un gros levier de fer, qu'ils étonnent le diamant, ce qui y forme des glaces. Lorfque la glace eft un peu grande, les Lapidaires fendent la pierre. Ce font les pieces qu'on nomme foibles en Europe & qui ne laiffent pas d'être de grande

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