Il paffa entre les mains d'Antoine, Roi de Portugal. On l'appelle Sanci, du nom de M. de Harlai, Baron de Sanci, qui a apporté ce diamant.

Le Régent ou le Pitter (1) eft d'une forme prefque carrée, ayant les angles émouffés, taillé tout autour à facettes. Il pefe environ 106 carats. Il eft d'une grande beauté; mais fon eau eft un peu couleur de paille. Il a couté deux millions cinq cent mille livres, & il est estimé cinq millions.

(1) Pitter eft le nom de celui qui a apporté ce diamant, vendu pour la Couronne à Monfeigneur le Duc d'Orléans, Régent de France,

DES MÉTAUX

E T

DES DEMI-MÉTAUX.

Les métaux (1) font l'or, l'argent, le cuivre, l'étain, le plomb, le fer, & le vif-argent (2). Ils fe divifent en parfaits & imparfaits. Les premiers, qui font l'or & l'argent, ne fouffrent point ou très-peu d'altération au feu. Les autres perdent leur phlogistique par l'action du

feu.

(1) Signes & noms que les Chimiftes donnent aux métaux.

(2) Le vif-argent, quoiqu'il foit naturellement fluide, & nullement malléable, n'est pas moins un métal. Sa nature primitive & indeftructible est une raison fuffifante pour le placer parmi les métaux,

Les demi-métaux ou minéraux font l'antimoine, le bifmuth, le zinc, la calamine, l'arfenic, le cinabre, le cobalt, & le nickel.

On peut compofer des métaux, en les mêlant les uns avec les autres ou les métaux avec les demi-métaux. Ainfi, le cuivre rouge & le zinc donnent le tombac, auquel on ajoute d'autres matieres, parce que ces deux feules donnent un métal trop caffant. Le cuivre rouge avec la calamine grife, font le cuivre jaune, qu'on appelle laiton. Le pinsbeck, le fimilor (1), le métal de Prince fe font par d'autres mélanges; & toutes ces matieres s'aident mutuellement en une infinité de manieres, pour les différens ufages que nous pouvons défirer.

L'or eft le plus ductile (1), le plus

(1) Similor. On l'appelle ainfi, quia fimilis eft auro, parce qu'il reflemble à l'or.

(2) Ductile. Ducere, conduire, dont un pareil poids peut être étendu & conduit le plus loin. En effet, on peut tirer d'une once d'or un million quatre-vingt-quinze mille pieds de long, qui valent une ligne de foixante-treize lieues. On peut lire à ce sujet les détails énoncés dans les Mémoires de l'Académie des Sciences

malléable (1), le plus tenace & le plus pefant des métaux (2), à égal volume. 11 eft peu élastique par lui-même. Il le devient davantage, en le mêlant avec l'argent ou le cuivre. Il n'eft pas fi dur que l'argent, le cuivre & le fer; mais il eft plus dur que le plomb & l'étain. L'or pur eft très-peu fonore: il s'allie avec tous les métaux; mais il les furpaffe par la liaison & l'adhérence de fes parties. Il s'échauffe & fe fond plus aifément au feu que le cuivre, & auffitôt après avoir rougi; mais il n'y perd rien de fon poids. L'air & l'eau ne lui font fouffrir aucune altération. Un fil d'or d'un dixieme de pouce de diametre, foutient un poids de 500 livres, L'or eft naturellement jaune, d'une teinte plus ou moins vive. Sa dureté & fa pefanteur varient fuivant fes degrés de pureté. L'or, quoique très - maffif,

de Paris, année 1713. Une once d'or peut couvrir & dorer un fil de quatre cent quarantequatre lieues de longueur. On fait aufli d'une once d'or jufqu'à quinze & feize cents feuilles.

(1) Malléable fignifie qui peut s'étendre fous le marteau.

(2) Voyez à la Table, Poids des Métaux, paroît

paroît être très-poreux, fuivant les expériences qui en ont été faites. Aucun acide pur n'a prife fur l'or; mais le mélange de l'acide du nitre & de celui du fel le diffout parfaitement. Ce mélange des acides s'appelle eau régale. Si l'on précipite l'or diffous de cette maniere par un fel alkali fixe ou volatil, & qu'on faffe fécher lentement ce précipité, un degré de chaleur affez modérée le fait diffiper en l'air avec un très-grand fracas. Cette préparation fe nomme or fulminant.

L'or trait eft de l'argent doré au feu, & paffé par des trous de filieres.

L'or en lames eft un fil d'argent aussi doré au feu, & applati entre deux rouleaux d'acier bien poli. Pour faire de l'or filé, on tortille cette lame autour d'un brin de foie, par le moyen d'un rouet.

L'or en feuilles eft de l'or paffé à la coupelle, & réduit, à coups de marteau, en feuilles extrêmement minces & légeres, que l'on vend en livrets pour dorer. Il y en a de plufieurs fortes chez les Batteurs d'or. Le plus beau & le plus fin fert à dorer les métaux. Celui qui eft d'une moindre qualité eft employé par les Relieurs de livres, les Do Tome II.

H