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violente, il fe diffipe en une efpece de farine, qui s'attache aux corps froids qu'elle rencontre, & qu'on nomme fleurs d'antimoine.

On réduit l'antimoine avec un degré de chaleur beaucoup moindre en une poudre grife & fans aucun brillant, qu'on nomme chaux d'antimoine. Cette chaux n'eft plus volatile; & par un feu trèsviolent elle fe convertit en un verre jaunâtre, qu'on nomme verre d'antimoine.

Le régule d'antimoine diffout tous les métaux, & en facilite la fufion; mais il les rend tous aigres & caffans. Lorsqu'iļ eft uni avec eux, & qu'on pouffe ce mélange au feu, il les fait tous diffiper en vapeurs, excepté l'or. Seul, il ne s'amalgame point avec le mercure. L'acide vitriolique & l'acide nitreux le divifent plutôt qu'ils ne le diffolvent. Mais l'acide au fel marin le diffout affez bien, fur-tout fi on mêle le régule avec le fublimé corrofif, & qu'on faffe difstiller le tout. Il s'éleve alors une fubstance blanche, peu coulante, & extrêmement corrofive, compofée de l'acide qui a abandonné le mercure & du régule. Cette fubftance s'appelle beurre d'antimoine. Ce beurre, mêlé avec l'efprit de

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nitre, & enfuite diftillé, donne une efpece d'eau régale, qui tient encore du régule diffous on la nomme efprit de nitre bézoardique. On fait paffer de nouvel efprit de vin fur la poudre qui refte après la diffolution : on la lave enfuite avec de l'eau ; & c'eft ce qu'on appelle bézoard minéral.

Le beurre d'antimoine, mêlé avec de l'eau, devient auffi - tôt trouble & laiteux; & il fe fait un précipité qui retient cependant encore beaucoup d'acide. Il fe nomme mercure de vie, qui, loin d'être analogue à fon nom, eft un très-violent corrofif.

L'eau régale eft le véritable diffolvant de l'antimoine, & procure une diffolution claire & limpide.

Le régule d'antimoine, exposé au feu avec le nitre, détonne & fe dépouille de fon phlogistique. La chaux qui reste après l'opération, fe nomme, à caufe de fes vertus médicinales, diaphorétique minéral (1). L'alkali du nitre qui refte auffi après l'opération, contient

(1) Diaphorérique. Aragopia, diffipo, je dif-fipe. Dopew vel qépa, fero, je porte, did, per, par,

encore

encore une portion de la chaux. On la précipite par le moyen d'un acide, & on lui donne le nom de matiere perlée.

Comme tous les métaux ont avec le foufre de l'antimoine une affinité plus grande que celle de fa partie réguline, on peut, en les fondant avec ce minéral, en féparer le foufre, & le réduire en régule: mais comme il refte toujours quelque peu du métal dont on s'eft fervi, joint à ce régule, on le caractérise du nom de ce métal, & on dit régule d'antimoine Martial, de Vénus, &c.

Si on expofe au feu l'antimoine mêlé avec le nitre, il se fait une détonation, & on trouve au fond du creufet la partie réguline de l'antimoine, fous la forme d'une maffe à demi vitrifiée, & femblable › pour la couleur, au foie d'un animal: c'eft pourquoi on la nomme foie d'antimoine.

L'antimoine, fondú avec un alkali fixe, ne donne point de régule; mais il fe réduit en une maffe d'un jaune rougeâtre, diffoluble dans l'eau ; & fi l'on verfe un acide dans cette diffolution, il fe précipite une poudre d'un Tome II.

K

jaune mêlé de rouge, qu'on nomme foufre doré d'antimoine.

Si on fait bouillir ce minéral dans un alkali fixe réduit en liqueur, cette li queur, à mefure qu'elle le diffout, devient trouble & rougeâtre ; & lorfqu'on la laiffe refroidir, elle dépofe au fond du vaiffeau une poudre rouge, qui eft le kermès minéral (1). On l'appeloit au

(1) Le Kermès, coccus tinctorius, ou graine d'écarlate, eft une efpece utile de gallinfecte, que l'on trouve fur un petit chêne verd, arbriffeau qui s'éleve à deux ou trois pieds, & qui croît en Provence, en Languedoc, en Espagne, & dans les ifles de la Méditerranée. Lorfqu'il a acquis toute fa croiffance, il paroît comme une petite coque fphérique attachée contre l'arbriffeau. Il fert pour la teinture, & dans la médecine. On appelle gallinfectes, des infectes qui ont beaucoup de reffemblance avec cês galles ou excroiflances arrondies, qui s'élevent fur les différentes parties des arbres & des plantes. Mais la différence eft que ces galles font formées par la piqûre d'autres petits infectes, par laquelle le fuc de l'arbre ou de la plante s'extravafe, & leur fournit un logement, qui s'agrandit à mesure qu'ils croiffent : au lieu que les gallinfectes font toujours à découvert fur l'arbre. Ils y reftent attachés; ils y croiffent, & dépofent en la même place une très-grande quantité d'œufs. Ils couvrent en

trefois poudre des Chartreux. Cette drogue fert en médecine.

Le bismuth a la même apparence que le régule d'antimoine; mais il eft moins blanc, & tire fur le jaune ou le rouge. Il eft caffant, & nullement malléable. Il fe fond aifément, & fe mêle avec les autres métaux & demi-métaux, qu'il blanchit & rend plus coulans, excepté le zinc & le cobalt. On peut s'en fervir pour purifier l'or & l'argent. Un feu violent le volatilife, & un degré de chaleur convenable le réduit, en le dépouillant de fon phlogistique, en une chaux vitrifiable.

Il s'amalgame imparfaitement avec le mercure, qui s'en fépare après un certain temps, & le bifmuth reparoît fous la forme d'une poudre. Il difpofe le plomb à s'amalgamer avec le mercure, en donnant au plomb cette propriété, qu'il n'a pas tout feul.

a

Le bifmuth ne fe diffout point dans l'acide vitriolique; mais l'acide nitreux

tiérement ces œufs avec leurs corps, & ils meurent dans cette fituation. Ce corps fe deffeche, & reffemble à une efpece de coque qui renferme les œufs.

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