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lution; & comme ils ne pefent pas moins de deux cents livres, ils tombent fi rudement, que, par leur pefanteur, ils écrafent & réduifent en poudre la pierre la plus dure. On tamife enfuite cette poudre dans des cribles de fer ou de cuivre, pour tirer la plus fine, & remettre la groffe au moulin. Si le minerai fe trouve mêlé de certains métaux qui l'empêchent de fe pulvérifer, tels que du cuivre, on le met calciner au fourneau, pour recommencer à le piler..

Dans les petites mines où l'on n'emploie que des moulins à meules, le minerai fe moud le plus fouvent avec de l'eau, qui en fait une boue liquide, qu'on fait couler dans un réfervoir; au lieu que s'il eft moulu à fec, il faut le détremper e & le pétrir long-temps avec pieds. Dans une cour faite exprès, on range cette boue, d'un pied d'épaiffeur, en tables qui contiennent chacune vingt-cinq quintaux de minerai. On jette fur chaque table environ deux cents livres de fel marin, qu'on fait incorporer avec la maffe pendant deux ous trois jours. Enfuite on y mêle une certaine quantité de vif-argent, en preffant dans la main une bourfe de peau

qui le contient, pour le faire tomber goutte à goutte, jufqu'à quinze ou vingt livres fur chaque table. Plus le tas est riche, plus il faut de mercure pour ra maffer les parties d'argent, & l'on n'en connoît la dofe que par une longue expérience. On pétrit chaque table sept à huit fois par jour, afin que le mercure1 puiffe s'attacher à l'argent. Souvent, quand le minerai eft gras, on eft obligé d'y mêler de la chaux, ce qui demande des précautions; car le tout peut s'échauffer fi fort, qu'on n'y retrouveroit plus ni mercure ni argent. D'autres fois on y feme du minerai de plomb ou d'étain, pour faciliter l'opération du

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Lorfqu'on juge que le mercure a ramaffé tout l'argent, l'Effayeur prend de chaque table un peu de terre à part, qu'il lave dans un baffin de bois ; & la couleur du mercure qui refte au fond, fait connoître s'il a produit fon effet. S'il eft noirâtre, le minerai eft trop échauffé.' On y remet du fel ou quelque autre drogue qui fait difparoître le vif-argent. S'il eft blanc, on prend une goutte de mercure, que l'on applique deffus: ce qui fe trouve d'argent, refte attaché au

doigt, tandis que le mercure s'échappe en petites gouttes. Enfin, lorsqu'on reconnoît que tout l'argent eft ramaffé on tranfporte la terre dans un baffin, où l'on fait tomber un ruiffeau pour la laver, à peu près comme on lave l'or, excepté que cette maffe étant fans pierres, au lieu d'un crochet pour la remuer, il fuffit de la remuer avec les pieds pour la convertir en boue liquide. De ce baffin elle tombe dans un autre, où elle eft encore remuée. De ce fecond elle paffe dans un troifieme, afin que les parties d'argent qui ne font pas tombées au fond du premier, n'échappent point au dernier.

Tout étant lavé, & l'eau bien claire. on trouve au fond de ces baffins, qui font garnis de cuir, le mercure incorporé avec l'argent; ce qui fe nomme la Pella. On la met dans une chauffe de laine fufpendue, pour faire couler une partie du vif-argent. On la lie, on la bat, on la preffe avec des pieces de bois plates; & lorfqu'on en a tiré ce qu'on a pu, on met cette pâte dans un moule de planches, qui, étant liées enfemble, forment une pyramide octogone (1) tron

(1) Octogone. O'т, oto, huit, yavia,

quée, dont le fond eft une plaque de cuivre, percée de plufieurs petits trous. On la foule encore pour l'affermir dans cette prifon; & fi l'on veut faire plufieurs pignes de différens poids, on les divife par petits lits, qui empêchent la continuité. En paffant la Pella, & déduifant deux tiers pour ce qu'elle contient de mercure, on fait à peu près ce qu'il y a d'argent net. On leve enfuite le moule, & on met la pigne avec fa base de cuivre fur un trépied, pofé fur un grand vafe de terre plein d'eau. On l'enferme fous un chapiteau de terre, qu'on couvre de charbons dont on entretient le feu pendant quelques heures, afin que la pigne s'échauffe vivement, & que le mercure forte en fumée: mais comme cette fumée n'a point d'iffue, elle circule dans le vuide qui eft entre la pigne & le chapiteau; & venant à rencontrer l'eau qui eft au deffous, elle fe condenfe & tombe au fond, transformée de nouveau en mercure. Ainfi l'on en perd peu, & le même fert plufieurs fois; mais il faut en augmenter la dose.

angulus, angle. Pyramide à huit angles, à huit côtés.

On chauffe les pignes par le moyen d'un four, près duquel on met la machine à deffécher l'argent, & à le purger du mercure : la chaleur s'y communique par un canal où elle s'engouffre. Quand le mercure eft évaporé, il ne refte plus qu'une maffe de grains d'argent contigue, fort légere, & prefque friable. On la porte à la monnoie, pour y être fondue & convertie en lingots.

Le minerai n'eft pas toujours de même qualité,ni de même couleur. Il s'en trouve de blanc & gris, mêlé de taches rouges ou bleuâtres. On y diftingue à l'œil quelques grains d'argent. Il y a du minerai noir comme du mâche-fer, où l'arparoît point. Quelquefois il eft noir, mêlé de plomb: l'argent y paroît lorfqu'on le gratte; & c'eft non feulement le plus riche, mais celui qui revient à moins de frais, parce qu'au lieu de le pétrír avec le mercure, on le fait fondre dans des fourneaux, où le plomb s'évapore à force de feu, & laiffe l'argent pur & net. Une troifieme forte est noire, & l'argent n'y paroît point; mais il devient rouge, en le mouillant, & le grattant avec du fer. Il eft riche, & donne l'argent du plus haut aloi. Une

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