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DU SE L.

LE E fel fe divife en général en fel gemme, fel marin, vitriol, alun,& nitre. Le fel gemme (1) eft auffi appelé sel foffile, parce qu'on le tire de la terre tout formé. Il eft demi-tranfparent, fort dur, & forme des cristaux de différentes grandeurs. Il y en a de différentes coufeurs, blanc, gris, rougeâtre, bleuâtre, jaunâtre. Ce fel s'emploie dans les pays où on le tire, aux mêmes ufages que nous employons le fel marin. Ön en trouve dans beaucoup d'endroits. Les mines les plus confidérables de l'Europe font celles de Catalogne, de Hongrie & de Pologne. Celles de Wieliczka, dans ce dernier royaume, font dans la montagne fur laquelle eft fitué le bourg de

(1) Gemme. Gemma, pierre précieufe. Ce fel eft ainfi nominé, parce qu'il reffemble aux pierres précieufes par la tranfparence & les couleurs. Nous appelons auffi fel gemme, un fel qui nous vient du Piémont. Il fe retire par évaporation des eaux de puits falés ; & on en forme des pains qui font demi-tranfparens. Il fert pour la teinture & la médecine.

ce nom. Il y a dans ce lieu un Curé qui deffert la Paroiffe, & des Juges qui compofent le Confeil prépofé à l'exploitation de ces mines.

On rencontre d'abord un lit de fable, enfuite plufieurs couches de terre argileufe de différentes couleurs, les unes pures, les autres mélangées de fable ou de gravier, dans lefquels on trouve de temps en temps des coquilles & des madrepores. On trouve plus bas des lits de différentes pierres calcaires (1), & d'une efpece de plâtre. Quelquefois on voit dans ces terres, des quartiers de pierres ifolés.

Ce n'eft qu'après tous ces lits, qui en total forment une maffe d'environ 300 pieds de hauteur, que l'on trouve le fel. On le rencontre d'abord en gros quartiers ifolés dans les glaifes, & peu après on touche les vrais bancs de fel. Comme ils font inclinés à l'horizon, on a été obligé de faire différens étages dans chacun defquels il y a une multitude de galeries & de chambres.

(1) Pierre calcaire, Calx, chaux. On nomme ainfi toute espece de pierre, qui peut fe convertir en chaux.

Ce fel eft ordinairement d'un gris clair ou d'un affez beau blanc ; mais ces couleurs fouffrent fouvent des nuances. Communément il eft opaque : quelquefois il eft plus ou moins tranfparent.

On entre dans cette mine par plufieurs ouvertures faites en forme de carrés longs, revêtues d'arbres de pin dans toute leur hauteur. Dans deux des angles font plantées des pieces de bois debout, contre lefquelles appuient les fardeaux que l'on monte, pour ne pas endommager le revêtement. Les Ouvriers montent & defcendent par ces puits, affis fur une espece d'étrier fufpendu à une corde, ou par des échelles ordinaires appuyées contre les côtés de ces puits. Ils fe relevent chaque jour. Ceux qui vifitent ces mines, peuvent defcendre par un efcalier pratiqué à quelque diftance de ces puits, jufqu'à une certaine profondeur. Plus bas on fe fert d'échelles. Le plus profond de la mine a environ 1000 pieds de hauteur perpendiculaire (1).

Il y a dans ces mines, des écuries

(1) Les mines de Giromagny, près Befort en Alface, font beaucoup plus profondes.

Four les chevaux qui fervent à tranfporter le fel jufque deffous l'ouverture des puits, par lefquels on le tire dehors. On y voit des chapelles dont les murs, la voûte, l'autel & les figures font de fel, & on y dit la meffe plufieurs fois l'année. On recueille foigneufement l'eau qui fe diftille des terres, dans des baffins où elle eft amenée par des petits canaux de bois. Cette eau fert à abreuver les hommes & les chevaux. On tire le fel en maffes ou en cylindre; & la seule préparation pour s'en fervir, eft de le moudre groffiérement. Le thermometre de M. de Réaumur fe tient dans ces fouterrains à neuf degrés au deffus de la glace. Cependant cette température ne fe trouve pas conftamment la mêcomme il arrive dans les caves de l'Obfervatoire de Paris, où la chaleur, qui eft habituellement de 10 degrés, éprouve quelquefois des variations. On a remarqué dans plufieurs mines, que le thermometre monte plus haut lorfque les profondeurs font confidérables; mais comme les obfervations ne font point pareilles aux mêmes hauteurs, on ne peut rien dire de certain fur les degrés de chaleur des différentes pro

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Pl. 9.

fondeurs de la terre; & ces variations ne peuvent s'attribuer qu'à une chaleur locale, occafionnée par l'effervefcence des matieres qui contiennent plus de feu, & qui fe trouvent en plus grande abondance dans ces lieux que dans d'autres.

y a

Le fel marin fe trouve dans les climats chauds, naturellement formé par l'ardeur du foleil dans les creux de rochers, fur les bords de la mer. Il dans différentes parties du Monde, furtout en Afie & en Europe, des lacs & des fontaines qui fourniffent du fel. Le lac de Jamuska, en Sibérie, a environ neuf lieues de circuit. Son eau est trèsfalée, & elle paroît rougeâtre au foleil, Le fel eft très-blanc & fort bon. Il fe forme tout feul en cristaux cubiques. Il eft fi abondant, que dans les endroits où on le prend il s'en retrouve d'autre quelques jours après. Dans nos contrées, nous fommes obligés d'employer différens moyens pour tirer le fel de la mer & des falines. Le meilleur fel de l'Europe eft celui que l'on fait dans les marais falans du Bas-Poitou & de l'Aunis.

On choifit, pour faire un marais, un

terrein

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