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jaune, fans aucune âcreté & fans aucune autre qualité nuifible.

L'infufion de thé eft le breuvage le plus commun dans ces royaumes. On le prend pur & fans fucre. L'ufage ordinaire eft de préfenter du thé vert aux perfonnes de qui l'on reçoit la vifite, parce que ce thé eft d'un goût plus agréable. Les gens du commun font bouillir des feuilles de thé dans un chaudron, qui fe met dès le matin fur le feu. Ils mettent une petite claie par-deffus, pour les retenir au fond, ou ils enferment ces feuilles dans des fachets; & ils ont toujours un vafe d'eau froide tout prêt, pour refroidir la liqueur au point qu'ils la défirent. Au refte, la façon d'infufer le thé & de le préparer, differe, fuivant qu'on le veut plus ou moins bon.

Le thé peut être gardé long-temps, pourvu qu'il ait été bien féché, & qu'on ne lui laiffe pas prendre l'air, qui en diffiperoit les fels volatils. Les feuilles, pour être bonnes, doivent avoir une odeur douce, agréable & balfamique.

Les Chinois & les Japonois échangent volontiers leur thé contre notre petite Sauge, dont ils connoiffent les qualités

bienfaifantes. En effet, fi cette plante croiffoit aux Indes, nous l'eftimerions beaucoup; mais parce qu'elle eft commune parmi nous, nous y faifons peu d'attention; & cet ancien proverbe latin eft prefque oublié.

Cur morietur homo, cui crefcit falvia in horto?

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ET DE LA CANNELLE.

LE clou de girofle eft le fruit ou la graine d'un arbriffeau qui fe trouve particuliérement aux ifles Moluques. L'odeur de ces clous, qui eft auffi répandue dans les feuilles, eft fi forte, quoique très-agréable, qu'elle fe fait fentir en abordant dans ces Ifles. Le giroflier est dur, branchu, & garni de beaucoup de feuilles. L'écorce reffemble à celle de l'olivier, & les feuilles à celles du laurier. Le fruit ne tombe de lui-même

que l'année fuivante; & dans l'efpace de fept à huit ans, cet arbriffeau rapporte du fruit. On cueille les clous de girofle avant que les fleurs s'épanouiffent; & comme les branches s'étendent fort au large, on bat celles que l'on ne peut atteindre, & le fruit tombe fur des linges que l'on étend, ou fur la terre, que l'on a nettoyée avec foin.

La noix mufcade eft le fruit d'un

arbre qui vient dans les mêmes pays que le girofle. Le mufcadier eft de la grandeur d'un poirier. Son bois eft moelleux, & fon écorce eft cendrée. Ses feuilles reffemblent à celles du pêcher : elles font verdâtres deffus, & blanchâtres deffous. L'odeur des fleurs & des feuilles eft pénétrante & aromatique. Cet arbre vient facilement. Il y a plufieurs efpeces de noix. Celle qui eft la meilleure & le plus en ufage, eft de la forme d'une olive, & s'appelle mufcade femelle. La noix eft couverte de trois écorces: la premiere eft charnue, molle, pleine de fuc, épaiffe d'environ un doigt, velue, & reffemble affez par fes nuances & fes taches à nos pêches & abricots. Sous cette écorce est une membrane mince, d'une fubftance huileufe, & d'une odeur fort agréable : c'est ce qu'on appelle macis en Europe, & que le vulgaire nomme improprement fleur de mufcade. La troifieme enveloppe, qui eft une coque dure, mince & caffanté, contient le noyau, qui eft la noix. Lorfque les noix font mûres, on ôte la premiere écorce, dont on ne fait point d'ufage, & on enleve le mal'on fait fécher, & que l'on

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que

met dans des facs. On expofe au foleil ou au feu les noix revêtues de leurs coques; & lorfqu'elles font bien feches, on les bat légérement pour les débarraffer de cette coque, qui s'en fépare en morceaux. On arrofe les noix, pour éviter qu'elles ne fe corrompent, avec de l'eau de chaux, faite de coquillages calcinés, que l'on détrempe dans de l'eau falée, à la confiftance de bouillie claire. On y plonge deux ou trois fois les noix renfermées dans de petites corbeilles, jufqu'à ce qu'elles foient toutà-fait enduites de cette liqueur. Enfuite on les met en tas, où elles s'échauffent, & l'humidité furabondante s'évapore,

La cannelle est la feconde écorce d'un petit arbre très-commun dans l'ifle de Céilan. L'écorce de fa racine a l'odeur du camphre, mais beaucoup plus douce, Le bois du cannellier eft dur, blanc, & fans odeur. Ses feuilles, affez femblables à celles du laurier, ont l'odeur de cannelle. Ses fleurs font petites, & difpofées en gros bouquets à l'extrémité des rameaux. Leur odeur eft très agréable, & fe fait fentir de fort loin. Lorfque la féve eft abondante, on détache & on jette l'écorce extérieure des jeunes

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