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DES CANNES DE JONC.'

CBS cannes, qui fervent à s'appuyer,

& à faire des meubles en les fendant par petites lanieres, fe trouvent dans le Japon & dans quelques autres endroits des Indes orientales. Les uns difent qu'elles pouffent en plufieurs tiges hors de terre, comme nos joncs ou rofeaux; & d'autres font une defcription bien différente de cette plante. Engelbert Kempfer, de Weftphalie, qui vifitoit ces pays en qualité de Naturalifte, rapporte que ces jets font les racines d'une espece de rofeau ou de bambou (1). Le prix de ces racines eft, dit ce Voyageur, ordinairement médiocre;

(1) Le bambou eft un rofeau dont les racines pouffent plufieurs tiges. Il croît jufqu'à la hauteur d'un arbre ordinaire. Son bois eft creux & moëlleux. On en tire une liqueur fucrée, qui fe coagule, & qui eft d'une faveur agréable. Ce bois eft très-facile à fendre; mais très-dur à couper. Il fert à la conftruction des maisons & des bateaux. On en fait auffi des meubles, des nattes, & d'autres ouvrages, en le fendant en fils déliés.

mais elles deviennent quelquefois trèscheres, lorfque les Seigneurs des lieux où elles croiffent, défendent d'en arracher pendant quelques années; de peur qu'une trop grande confommation ne foit nuifible à l'accroiffement de la plante, & ne la rende trop rare. Il fe trouve de ces rofeaux dans d'autres contrées; mais, comme il eft difficile de voir réunies la profondeur & la bonté d'un terrein, ces racines font ordinairement fi courtes, qu'elles ne peuvent fervir à faire des cannes. Dans les terres où ce rofeau vient bien, il jette des racines fi profondes, que, pour les tirer de la terre, on eft obligé de faire de très-grandes ouvertures. Les habitans de ces pays n'ont point d'autre occupation, ni d'autre commerce. L'art de les préparer confifte fimplement à couper ce qu'il y a d'inutile aux deux bouts de la racine. On retranche auffi les jeunes racines, & les fibres autour des jointures, en laiffant néanmoins leurs marques par de petits trous ronds autour de chaque jointure. Si les racines font courbées, ce qui arrive affez fouvent, on emploie le feu pour les redreffer. On les lave enfuite, & on les nettoie avec foin.

Ce qui rend les beaux jets auffi chers en Europe, & quelquefois dans le pays même, font la rareté des racines qui réuniffent les perfections d'être bien conformées, longues & bien droites; la difficulté de trouver une terre graffe & profonde, qui foit propre à ce rofeau, fous un climat qui lui convienne; la peine de tirer ces racines, & le hafard de ne point réuffir; les défenfes des Seigneurs, pour empêcher la trop grande confommation, & la deftruction de la plante.

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DU SUCRE.

LA canne à fucre est une efpece de rofeau qui s'éleve de cinq à fix pieds, & qui eft garni de feuilles vertes, longues, étroites & tranchantes. Ses nœuds font environ à quatre doigts les uns des autres. A la moitié de la hauteur de chaque canne, fort une efpece de fleche qui fe termine en pointe, au haut de laquelle il y a une fleur de couleur blanchâtre. La peau de ces cannes a peu de dureté, & la matiere fpongieufe qu'elle renferme eft pleine d'un fuc, dont la quantité & la douceur font proportionnées à la bonté du terrein qu'elles occupent, & à fon expofition, à leur âge, & au temps de la récolte. De ces quatre circonftances dépendent leur hauteur, leur groffeur, leur bonté, & la facilité de purifier leur fuc, de le cuire, & de le réduire en fucre. Selon la qualité du terrein, les cannes font groffes ou menues, longues ou courtes; &, fuivant leur expofition au foleil, elles font plus ou moins fucrées. La faison où elles font recueillies, & leur âge, leur

donnent plus ou moins de fuc & de bonté. Leur hauteur ordinaire eft huit à neuf pieds. Ces cannes ne viennent que dans les pays chauds.

Pour faire une plantation de cannes, on nettoie foigneufement la terre, & on la divife en compartimens ou en carrés, entre lefquels on laiffe un chemin où on feme des pois ou d'autres graines. Ceux qui ne veulent pas perdre de terrein, plantent tout le refte en maniocs (1) ou en patates (2). On tire enfuite des alignemens avec un cordeau; & pendant que les uns font des foffes, d'autres fuivent, qui jettent dans chacune deux morceaux de cannes. Ils font fuivis encore par d'autres Ouvriers qui ajuftent ces morceaux; en forte que le bout qui vient du côté de la tête, foit hors de terre d'environ trois pouces, & on

(1) Le manioc eft un arbriffeau. Sa racine, mangée crue, eft un poifon mortel. On la rape & on l'écrafe; & après l'avoir preflée pour en ôter ie fuc, on fait fécher au feu la fubftance farineufe qui refte, & on en fait de fort bon pain, qu'on appelle caffave.

(2) La patate eft une plante dont la racine fe mange. Elle a un goût qui approche de celui

du marron.

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