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même endroit. On le détache alors des troncs, pour lui laiffer la liberté de fuivre l'éléphant privé, qui le traîne prefque autant qu'il le conduit. En fortant, il fe trouve entre deux autres éléphans, qu'on a placés des deux côtés de la porte, & qui aident, comme le premier, à le mener fous un angar voífin, où il eft attaché de fort près par le cou à un gros pivot. On le laiffe vingt-quatre heures en cet état. Pendant ce temps, on lui amene deux ou trois fois des éléphans. privés pour lui tenir compagnie : enfuite il fe laiffe conduire affez facilement dans la loge qu'on lui a destinée.

Dans cette chaffe on ne prend que des mâles; mais il y a d'autres manieres de prendre des mâles & des femelles. On fait, dans les bois qu'ils ont coutume de fréquenter, de grandes foffes que l'on recouvre. Les éléphans qui paffent par ces endroits, y tombent, & ne peuvent aifément en fortir. On en retire l'animal, après l'avoir lié & garrotté, par un côté de la foffe que l'on applanit, & on l'emmene à l'aide de plufieurs éléphans privés.

D'autres fois on attache dans le bois une femelle apprivoifée, lorfqu'elle est

en chaleur, dans un endroit que l'on a fermé, & où eft feulement une porte qui s'ouvre aifément & fe referme toute feule. Le mâle fauvage accourt à fon appel. Quand il veut s'en retourner, il trouve la porte fermée: alors des hommes aux aguets lui jettent une quantité de lacets, pour engager fes pieds & fa trompe. L'éléphant étant ainfi embarraffé, on en approche aifément, & on le conduit par le moyen de la femelle & d'autres éléphans privés.

DU CHA ME A U.

LES

ES chameaux font plus communs en Afrique, aux environs du Sénégal, que dans aucune autre contrée. Cette partie de l'Afrique produit de ces animaux, d'une groffeur & d'une force extraordinaires. Ils ne font pas incommodés d'un poids de mille livres. On les accoutume à fe mettre à genoux pour recevoir leur charge; mais lorsqu'ils fe trouvent affez chargés, ils fe levent d'eux-mêmes, & ne fouffrent pas volon tiers qu'on augmente leur fardeau. Il y a d'animaux auffi faciles à nourrir. Le chameau fe contente de branches d'arbres, de ronces & de joncs, qu'il rumine à loifir. Il eft capable de demeurer chargé pendant trente ou quarante jours, & d'en paffer huit ou dix fans boire & fans manger. Sa nourriture commune eft le maïs, autrement dit bled de Turquie, & l'avoine. Lorfqu'il eft revenu de quelque long voyage, fes maîtres lui donnent la liberté de chercher fa vie dans les plaines, où il trouve toujours de quoi se

peu

nourrir. Si l'herbe est fraîche, on ne lui donne de l'eau qu'une fois en trois jours. Il boit beaucoup lorfqu'il en trouve l'occafion; & loin d'aimer l'eau bien claire, il la trouble avec le pied pour la rendre. bourbeufe.

queue

Le chameau a le cou fort long, à proportion de fa tête qui eft fort petite. Il a fur le dos une boffe affez épaiffe. Cet animal s'accroupit, & ne fe couche pas fur le côté comme les autres. · L'habitude de fe repofer ainfi, lui occafionie. des callofités aux jointures des jambes, & fur la poitrine. Ses cuiffes & fa font petites; mais il a les jambes longues & fermes, & le pied fourchu comme le bœuf. Il eft traitable & docile, fort utile. aux befoins des hommes, & peu incommode pour la dépenfe. Il vit long-temps. Son naturel le porte à la vengeance; & s'il eft maltraité fans raifon par fes gui-des, il faifit la premiere occafion de leur marquer fon reffentiment par quelques coups de pied, qui font heureusement peu dangereux. Il aime la mufique & le. chant. La maniere de lui faire hâter fa marche, eft de fiffler ou de jouer de quelque inftrument. Le temps de la por-tée des femelles eft d'environ une année.. By

Auffi-tôt qu'un jeune chameau paroît au jour, on lui lie les quatre pieds fous le ventre, & on le couvre d'un drap, fur les coins duquel on met des pierres fort pefantes. On l'accoutume ainfi à recevoir de plus lourds fardeaux. Le lait des chameaux eft apéritif, & propre à chaffer les impuretés du fang. Les Maures & les Arabes en font leur principal aliment. Lorfque cet animal devient vieux, ou peu propre au fervice, ils en mangent la chair, qu'ils trouvent faine & nourriffante.

Il y a une autre efpece de chameaux, mais qui eft rare en Afrique, & qui ne fe trouve guere qu'en Afie. Elle eft plus foible que la premiere, & de la hauteur d'un grand cheval. Cette efpece est propre à être chargée & à être montée. Elle a deux boffes fur le dos (1).

Une troifieme efpece fe nomme dromadaires. Ils ont, comme les précédens,

(1) Les boffes des chameaux & des dromadaires ne font point formées par la courbure de l'épine du dos, qui n'eft pas plus élevée en ces endroits qu'en d'autres. Ce font des excroiffances de chair, pleines d'une fubftance graiffeufe & dure.

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