Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Une légere décoction de riz dans l'eau, eft ufitée parmi eux & parmi nous dans les maladies des inteftins & de la poitrine. On le mange auffi dans du lait, ou dans du bouillon gras, après l'avoir fait cuire & crever dans l'eau: ce qui eft un aliment très-fain.

On fait, avec la farine de maïs, une efpece de pain ou de gâteau qui eft d'un fort bon goût, fur-tout lorfqu'il eft encore chaud. On en fait auffi de la bouillie; & en la faifant cuire dans du lait, on en fait ce en fait ce qu'on appelle en Bourgogne des gaudes. On les mange chaudes ou froides: elles deviennent fermesen refroidiffant. Cette efpece de mets eft une nourriture fort légere & d'une très-grande reffource dans les campagnes. On peut manger les grains de maïs en vert, comme des petits pois, ou grillés. Lorfque les épis font encore jeunes & tendres, on les fait frire avec de la pâte, comme les artichaux. On les confit dans du vinaigre, comme les cornichons. On peut retirer auffi du maïs une liqueur vineufe, en pilant & macérant les grains dans de l'eau.

Le bled froment, outre le pain, s'ap prête, comme l'on fait, de bien des

manieres. Levermicelle, que les Italiens ont inventé, & dont l'ufage a été adopté en Provence, en Languedoc, & même à Paris, eft une pâte faite avec de la farine fine de froment & de l'eau, dont on forme des filets très-déliés, par le moyen d'une feringue ou d'une preffe criblée de petits trous. On laiffe fécher ces filamens, qui font blancs : on donne à cette pâte la couleur que l'on veut, avec du fafran ou d'autres drogues; & pour en rendre le goût plus agréable ou plus relevé, on y mêle des jaunes d'œufs, du fucre, ou du fromage. On appelle ces filets, du vermicelle ou vermicelli, parce qu'ils ont l'apparence de vermiffeaux. Cette pâte reçoit d'autres noms, felon qu'elle eft figurée. On l'applatit, & on en forme des rubans larges de deux doigts: alors elle fe nomme cagne. Lorfque ces rubans font découpés par les côtés, ils fe nomment lazagne. Si on en fait de petits rouleaux de la groffeur d'une plume, on les appelle macaroni. Cette pâte, formée en grains de chapelets, fe nomme padre ou pater, nom que l'on donne à certains grains du chapelet. Réduite en petits grains qui reffemblent à une femence de plante, c'eft la femoule.

DES SCIENCES,

De leurs objets & de leur utilité.

LE commun des hommes, par indiffé

rence, ou rebuté par les difficultés, fait peu de cas des Sciences; & quelques-uns même, étonnés de voir leur peu de progrès, les méprifent. Voyant des systèmes & des méthodes anciennement reçus, & actuellement dans l'oubli, des Auteurs en crédit, qui à préfent ne font plus fuivis, des objections répondues d'une maniere peu fatisfaifante, ils demeurent dans l'incertitude, & fe croient en droit de regarder les hautes Sciences comme le jeu d'une imagination échappée, & quelquefois même comme l'abus de la Raifon (1).

(1) Lorfque parut le calcul des infiniment petics, on crut férieufement que les Géometres qui s'en occupoient, avoient perdu la raifon; & l'on vit en Angleterre des Docteurs déclamer contre eux en chaire, & avertir le Public de fe méfier de ces gens, qui donnoient dans des rêveries dangereufes pour la Religion & même pour l'efprit.

C'eft trahir la foibleffe de l'efprit humain, que de faire voir combien fes gradations font lentes & infenfibles. Il étudie la Nature; il combine les effets, pour tâcher d'en découvrir les causes : il s'avance pas à pas : fa marche peu affurée eft longue & pénible; & ce n'est qu'après bien du temps & des recherches qu'il arrive à quelque chofe de certain. Peut-on efpérer d'être jamais sûr de la marche que l'on doit tenir dans les Sciences, & fur-tout dans la Phyfique? Des opinions nouvelles, données avec hardieffe & affurance, changent la forme & prefque la nature des chofes, ou font tout au moins douter des fyftêmes qui paroiffoient le plus folidement établis.

Loin de nous décourager, ces contrariétés d'idées doivent au contraire nous exciter à un nouveau travail. Des opinions nouvelles, lorfqu'elles font vraifemblables, peuvent nous faire reconnoître des erreurs & nous remettre dans le bon chemin. Mais cette efpece d'incertitude ne doit point nous prévenir contre les Sciences, fur-tout fi nous faifons attention qu'elles n'ont pour but que l'utilité & le bien public. On en

peut conclure feulement, que l'efprit de l'homme eft peu clairvoyant lorfqu'il veut s'élever au deffus des idées communes; & que fon intelligence eft fi bornée, qu'il faut beaucoup d'application, de temps & d'expériences pour parvenir à quelque connoiffance certaine.

Le petit nombre de ceux qui s'appliquent aux Sciences, voient avec peine les préjugés & les fuperftitions des hommes. Il est défagréable pour eux d'avoir à combattre des idées vulgaires, qui ne viennent que de l'ignorance ou d'une pareffe d'efprit. Ils éprouvent tous les jours, que plus on apprend, plus on s'apperçoit qu'on ignore de chofes. Mais, fans fe rebuter, ils s'arment de patience: ils bravent les difficultés ; & la découverte d'une chofe utile à la Société, fait leur fatisfaction. Il eft d'autant plus glorieux & fatisfaifant de s'appliquer aux Sciences, qu'elles font la bafe & le lien de la Société. D'elles, comme d'une fource féconde, dérivent les Arts, les Métiers, la Navigation, le Commerce, & tout ce qui nous procure l'utile & l'agréable.

Une invention nous paroît ordinairement merveilleuse, lorfqu'il en résulte

« AnteriorContinuar »