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DU CAMÉLÉON. Les caméléons ordinaires, ne font plus gros qu'une grenouille. Il s'en trouve cependant de la longueur de fept à huit pouces, & même d'un pied. Cet animal eft fort commun en Afrique : il reffemble beaucoup au lézard; mais fa forme eft encore plus hideufe. Il a les yeux ronds, fort noirs, & petits. Il peut les tourner en même temps de différens côtés. Au lieu d'être couvert de peau, il ne l'eft que d'une forte membrane. Sa couleur habituelle eft d'un gris pâle; mais elle varie fans ceffe. Ses changemens les plus fréquens font en un beau vert, tacheté de jaune. Quelquefois il eft marqueté de brun fur tout le corps, & fur la queue; d'autres fois il paroît entiérement brun. Sa membrane, quoique forte, eft mince & prefque tranfparente. Lorf qu'il dort, il paroît prefque toujours d'un jaune luifant. Suivant les expériences qu'on en a faites, les couleurs de l'animal varient plutôt à fon gré que par la communication des objets voifins. Elles chan

gent, felon les différentes paflions qui l'agitent. Il ne tient fa bouche ouverte, que lorfqu'il trouve l'occafion de refpirer un air frais. Alors il fait voir fa fatisfaction par fes mouvemens, & par la variété de fes couleurs. Le caméléon ne vit que de moucherons, de fourmis, de fauterelles, & d'autres femblables animaux. Il darde de temps en temps fa lan gue, qui eft auffi longue que fon corps, pour chercher fa nourriture; & auffi-tôt qu'il a furpris quelques-uns de ces ani-* maux dans leur paffage, il retire fa langue avec une viteffe finguliere. Sa marche eft fort lente. S'il defcend de quelque hauteur, il avance doucement un pied, & puis l'autre, en s'attachant de fa queue à tout ce qu'il rencontre; & lorfqu'il ne trouve pas de quoi s'accrocher, il tombe à plat.

DES CASTORS.

E'S caftors font des amphibies qui vivent en fociété. La longueur de cet animal eft de trois à quatre pieds. Il pefe cinquante à foixante livres. Tout fon corps, à l'exception de fa queue, eft couvert de deux fortes de poils, un duvet très-fin & très-ferré, long d'un pouce, qui entretient la chaleur de l'animal, & un poil long, qui garantit le duvet de la boue. Sa tête eft prefque carrée, fes oreilles rondes & courtes, fes yeux pe tits. Il a vingt dents, feize molaires, & quatre incifives: elles font extrêmement fortes. Il fe fert de fes pieds de devant avec beaucoup d'adreffe. Les doigts en font bien divifés, & armés d'ongles longs & pointus. Ses pieds de derriere, au lieu de doigts, ont une forte membrane, & lui fervent de nageoires. Sa queue, pref que ovalej large de quatre pouces dans fa racine, a cinq pouces dans le milieu, & trois à l'extrémité. Elle eft épaiffe d'un pouce, & longue d'un pied. C'eft un cartilage tendre & onctueux, couvert d'une

peau écailleufe, foutenu par de fortes vertebres, articulées les unes avec les autres jufqu'au bout de la queue.

Il fe trouve de ces animaux jufqu'à trois ou quatre cents, qui forment des efpeces de bourgades. Ils choififfent un lieu où les vivres, & fur tout l'eau, foient en abondance. S'ils ne trouvent point de lacs ou d'étangs, ils y fuppléent en arrêtant le cours d'un ruiffeau ou d'une petite riviere, par une digue qu'ils conftruifent avec une induftrie admirable. Leur premier foin eft d'aller couper des arbres au deffus du lieu qu'ils ont choifi pour bâtir. Trois ou quatre caftors attaquent un gros arbre, & parviennent à l'abattre avec leurs dents. Leurs mesures font prifes avec tant de jufteffe, que, pour s'épargner un peu plus de peine le voiturer, ils favent toujours le faire tomber du côté de l'eau. Ils le mettent enfuite en pieces, qu'ils font rouler vers l'endroit où elles doivent être placées. Elles font plus ou moins groffes & longues, fuivant la nature & la fituation du lieu; car l'instinct de ces animaux s'étend à tout. Quelquefois ils emploient de gros troncs d'arbres, qu'ils portent à plat ; d'autres fois, les pieux dont ils compofent

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leurs digues, n'ont que la groffeur de la cuiffe, ou font même plus menus: mais alors ils font foutenus de bons piquets entrelacés de petites branches; & de toutes parts les vuides font remplis d'une terre graffe, fi bien appliquée qu'il n'y paffe pas une goutte d'eau. C'est avec leurs pattes de devant qu'ils préparent cette terre. Leur queue leur fert de voiture & de truelle pour amener & inaçonner ce mortier. Les fondemens de ces digues ont ordinairement dix à douze pieds d'épaiffeur, & vont en diminuant jufqu'à deux ou trois. Toutes les proportions y font gardées. Le côté du courant de l'eau et toujours en talus, & l'autre côté eft à plomb.

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Le même art eft obfervé dans la conftruction des cabanes. Elles font communément bâties fur pilotis, au milieu des petits lacs que les digues ont formés quelquefois fur une riviere, ou à l'extrémité d'une pointe qui s'avance dans l'eau. Leur figure eft ronde ou ovale. Elles font voûtées en anfe de panier; & les parois ont deux pieds d'épaiffeur. Les matériaux ne font pas différens de ceux des digues; mais ils font moins gros, & l'enduit intérieur de terre glaife n'y

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