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ves qu'elle reçoit, elle feroit bientôt à fec, fi ces eaux ainfi évaporées n'y retournoient point, foit par les rofées ou par le moyen. des pluies. Ces eaux reffemblent à toutes les autres eaux de mer: mais elles ne font point falées par-tout, le nombre confidérable des fleuves qui s'y déchargent, les rendent douces, furtout vers les côtes. D'après l'opi nion du D. PALLAS cette mer s'étendoit bien plus autrefois vers le nord, qu'elle ne le fait de nos jours, même elle avoit quelque connexion avec la mer noire. Les montagnes de droite & de gauche de Baku, ville de Perfe, fourmillent de fources d'eau falée, qui toutes vont fe rendre dans cette mer: les fommets mème de différentes autres montagnes ruiffelent d'une eau fangeufe de même nature. On y trouve parmi les poiffons des Haufen, des Sterledes, des Zander & autres, cependant elle n'eft pas fort poiffonneufe. On y apperçoit auffi des chiens marins, qui fe font ordinairement voir pendant les ouragans, auxquels cette mer elt fort.fujette. Il a été rapporté plus haut, quel chemin il faut tenir pour arriver de la mer baltique dans la cafpienne.

§. 9.

VII. La Mer noire, Mare nigrum, ou Pontus Euxinus, & Cara Denghis parmi les Turcs, communique à la Méditerranée, & doit avoir 3800 milles anglois de contour. Elle cft appellée Mer noire, parcequ'elle est beaucoup plus

plus orageufe qu'aucune autre mer. Quoiqu'il paroiffe, que l'on en ait conçu cette idée effrayante, avant que l'art de la navigation eut été pouffé au point de perfection, où nous le voyons aujourd'hui; cependant des faits plus récens prouvent, que fur cette mer les ouragans font très- forts & très dangereux, parcequ'étant refferrée de tout côté, les vagues élevées & courtes viennent entourer & battre les vaiffeaux de toutes parts, & que d'ailleurs on rencontre beaucoup de bas-fonds. Le péril augmente encore par le défaut de bons ports, furtout vers la partie méridionale, qui cependant eft celle que les Turcs fréquentent le plus. Quelques-uns croient que l'on a ainfi nommé cette mer à caufe de la couleur de fes eaux ou des fables qui font le long du rivage: mais ce fable eft de même qualité que celui que l'on trouve fur d'autres rivages, & les eaux n'y font pas plus trou bles qu'ailleurs. Il eft vrai que vers le Sud elles paroiffent quelque peu fombres, mais cela provient des grandes forêts qui bordent la mer de ces côtes-là. Suivant d'autres ce nom lui vient des Cimmériens, qui habitoient fur les bords de cette mer, & qui doivent l'avoir nommé ainsi, parceque le noir étoit leur cou leur favorite; tandis que les Scythes, qui préféroient la couleur blanche, l'appelloient Axinus, c'est-à-dire blanche, d'où eft venu le mot d'Euxin. Ses eaux font plus douces que toutes les autres eaux de mer, & elles

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gêlent entiérement en hiver. Vers le Nord elle communique à la mer d'Afow par le dé troit de Caffa, ou Gjertfch Taman Bagaffi.

VIII. La Mer d'Afow, qui s'étend depuis la Tatarie de Crimée jufqu'à Afow, eft encore appellée Mer de Zabaque, Sorno More par les Ruffes, & Ajak Deng-iffi (lac d'Afow) par les Turcs: les anciens la nommoient Palus Maotis. Sa direction eft du levant au couchant: du midi elle est bornée par la Crimée & l'Afie, où elle entre dans la mer noire par le détroit, que les anciens ont appellé BoSporus: c'est-à-dire une branche de la mer qu'un bœuf peut traverser à la nage. Ce nom de Bofpore ou Bofphore s'eft communiqué dans la fuite au pays, qui y touche & s'est étendu de plus en plus. L'on prétend avoir remarqué, que les fleuves, qui s'embouchent dans la mer d'Afow, y répandent tant de fange, que la navigation y devient de jour en jour plus pénible.

§. 10.

IX. Vers le Sud-Oueft la mer noire fe jette par le Bofphore de Thrace dans la Propontide, aujourd'hui Mer de Marmora, du nom d'une de fes îles. Elle communique par l'Hellefpont à l'Archipel, autrement dit Mer Egée. Etienne Schutz a obfervé, que le milieu du ca nal n'est point navigable: que pour se rendre à Conftantinople depuis l'archipel il falloit fuivre un torrent du côté de l'Afie, & que pour revenir de cette capitale au lieu du

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premier départ, il étoit néceffaire d'enfiler un autre torrent de la mer noire en fuivant les côtes d'Europe. L'archipel offre une gran de quantité d'iles fameufes : les Turcs le nomment auffi mer blanche, & Adalar Denghizi, c'eft à-dire, mer des îles. Il fait une partie de la X. Mer Méditerranée, laquelle a reçu, dans tous les tems, plufieurs autres noms des diffé rentes provinces & iles qu'elle touche en Europe, en Afie & en Afrique. La Mer Adriatique, (ou golfe de Venife) eft le plus remar quable des golfes de la Méditerranée, Celles ci communique à la Mer Atlantique par le dé troit (Eftrecho) de Gibraltar, ou de Cadix; Fretum Gaditanum Herculeum, Hifpa num &c. Il eft appellé par les Arabes Halk al Bab, & par les Turcs Bab Bogafi, & Seb tah Bogafi, & porte encore d'autres noms. Sa longueur doit être de neuf milles espagnols fur plus de 4 de largeur. Il eft vraisemblable que dans des tems très - reculés l'Espagne & l'Afrique étoient jointes, & que la Mer Atlantique a formé infenfiblement la féparation qui fubfifte aujourd'hui: ceux qui l'attri buent à Hercule content certainement une fable. On nommoit autrefois Colonnes d'Her cule les monts Abyla & Kalpe, dont le pres mier fitué en Afrique, eft appellé aujourd'hui le mont Ceuta, en Espagnol Sierra Ximiera, ou Sierra de las Monas, c'est-à-dire, Montagne des Singes; l'autre, placée au bout de l'Espagne, a reçu fa dénomination moder

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he de la ville & fortereffe de Gibraltar. Là Mer méditerranée reçoit des accroiffemens 'd'eau très confidérables par le nombre de grands fleuves qui viennent s'y jetter des trois parties du monde, ainfi que par la grande quan tité d'eaux que l'Océan y décharge par le détroit de Gibraltar (ainfi que je le prouverai incontinent), fans compter celles qui viennent de la Mer noire. Cependant les évaporations lui en font perdre autant qu'elle en reçoit. M. POPOWITSCH fe repréfente le fond du baffin de cette mer comme une chaudiere, fous laquelle brûle un feu continuel, qui eft caufe que les évaporations y font incomparablement plus fortes qu'aux autres mers. Pour appuyer cette idée, il en appelle aux Monts Véfuve & Etna, aux Monts Eoliens, qui s'élevent du fond même de la Mer, & aux isles de Stromboli & de Vulcain ou Hiere, aux 'embrafemens d'Ifchia; aux éruptions que les flammes ont faites en partie près de la terreferme d'Italie, & en partie dans les isles voifines, & quelquefois même au milieu de la Mer, ce qui de temps en temps produit dé nouvelles isles. Suivant l'opinion commune il ne doit y avoir dans la Méditerranée ni flux ni reflux, par la raifon, dit-on, qu'elle n'eft point placée fous la route de lá - Lune: il eft cependant des Savans qui foutiennent que le flux & reflux s'y fait ef fectivement fentir,& qu'il eft furtout remar quable dans les détroits, principalement dans Géogr. de Büfch. Tom. I. H celui

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