S. 7.

Il n'eft aucune forme que les Savans n'aient donné à la Terre: les éclipfes de lune prouvent qu'elle eft ronde, ou, ce qui revient au même, qu'elle a la forme d'une boule: on fait que ces éclipfes proviennent de l'ombre que la Terre renvoie fur la lune, & que cette ombre eft ronde dans quelque fens qu'elle fe préfente à nous; d'où il faut néceffairement conclure, que la Terre eft ronde auffi. Le nombre & la hauteur des montagnës ne détruisent point cette forme, parceque leur rapport avec la Terre eft fi peu apparent, qu'elles ne font pas même perceptibles dans les ombres que caufent les éclipfes de lune.

S. 8.

On peut, pour établir cette forme du Globe, rapporter différentes autres preuves, qui en même tems l'expliquent & la rendent plus fenfible. Lorsqu'on voyage du Septentrion au Midi, les étoiles du Midi s'élevent, & celles du Septentrion fe cachent fous l'horifon: le contraire arrive, lorfque l'on va du Midi au Septentrion: cette observation peut furtout être faite aux étoiles polaires, qui s'élevent fur l'horifon d'un degré autant de fois que l'on avance de 15 milles géographiques vers les deux poles. En allant fous la Ligne, 15 degrés d'Occident en Orient, on s'apperçoit également que le foleil & les étoi

les

les fe levent une heure plutôt, qu'à l'endroit d'où l'on étoit parti. En général, l'expérience nous apprend,que les peuples qui demeurent vers l'Orient, voient le foleil & les étoiles avant ceux qui demeurent vers le couchant, ce qui eft néceffairement un effet de la rotondité du globe. Ce qui la confirme encore c'est l'expérience, que font tous ceux qui voya. gent par terre ou par mer: ils apperçoivent la pointe des clochers, des montagnes & des mâts dans une distance fort éloignée, tandis que le bas eft encore caché fous l'horifon. C'est par cette forme que les Aftronomes peuvent calculer avec exactitude le retour des éclipfes & des autres phénomenes du ciel. Enfin c'est cette forme, qui rend poffible la navigation autour du monde, ce qui a été effectué plufieurs fois.

Le premier, qui ait entrepris ce grand voya ge, eft un Portugais, nommé Ferdinand Magellanes; & quoiqu'il périt dans l'isle de Sébu, l'une des Philippines, dans un combat contre les Indiens, avant d'avoir achevé fon tour, cependant un des cinq vaiffeaux, avec lefquels il étoit parti de Séville le 10 Aout 1519, rentra dans le port de San. Lucar de Barraméda près de Seville le 7 Sept. 1522. Antonie Pigafetta, qui l'a accompagné fur ce long voya ge, en a donné une relation détaillée. Lefecond, qui fit ce voyage eft un Anglois, nommé François Drake, qui fortit du port de Plymouth le 15 Novembre 1577, mais qu'une tempête força de retourner fur fes pas: il mit de nou,

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veau

veau à la voile le 13 Décembre & fut de retour le 16 Septembre 1580. Le III. eft un An glois, appellé Thomas Cavendish ou, Candish, qui s'embarqua à Plymouth le 21 Juillet 1586 &y rentra le 9 Septembre 1588. Le IV. eft Zacques Mahu, Amiral Hollandois, qui conjointement avec le vicc-Amiral Simon de Cordis, entreprit ce voyage, le 27 Juin 1598, Le V. eft un Hollandois, nommé Olivier van Noort, qui s'embarqua à Rotterdam le 13 Septembre 1598 & y fut de retour le 22 Août 1601. Le VI. fe nom me Pedro Ordonnez de Cevallos, Efpagnol, qui à fon retour fit imprimer à Madrid en 1614 fon Viage del mundo, mais faus y marquer de dattes Le VII. eft un Allemand, nommé. George Spilbergen, qui partit le 8 Août 1614. & aborda en Hollande le I Juillet 1617. Le VIII: eft Guilleaume Corneille Schouten, Hollandois; il fortit du Texel accompagné de Ja ques le Maire le 14 Juin 1615, & y rentra le 1 Juillet 1617. Ce voyage fut entrepris pour la IX. fois par l'Amiral Hollandois Jaques, l'Hermite, & Jean Hugues Schapenham qui firent voile de Goerée en Hollande le 29 Avril 1623 & mouillerent au Texel le 27 Mai 1626. Le X. fut Henri Brouwer en 1643 & le XI. Cowley, depuis 1683 jufqu'à 1686. Le XII. eft Guill. Dampierre, Anglois, qui partit le 23. Août 1683 de la Virginie & fut de retour en An gleterre le 16 Sept. 1691. Le XIII. eft un Italien, nommé Giovan. Francefco Gemelli Careri, qui s'embarqua à Naples le 13 Juin 1693,

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& y retourna le 3 Dec. 1699. Le XIV, Edward Coocke, Anglois, qui demeura en route depuis 1708 jufqu'en 1711. Le XV. Woodes Rogers, Anglois, qui mit à la voile à Bristol le 2 Août 1708 & retourna le 1 Oct. 1711. Le XVI. est de la Barbinais le Gentil qui fut en route depuis 1714 jufqu'en 1718. Clipperton & Shelvocke, deux Anglois, furent les XVII. ils partirent d'Anglettere le 13 Fevrier 1719 & retournerent en 1722: le premier aborda à Galway en Irlande au commencement de Juin; le fecond à Londres, au premier du mois d'Août. Le XVIII. eft Jac ques Roggewein, Amiral Hollandois, qui partit du Texel le 1 Août 1721 & y rentra le II Juillet 1723. Le XIX. eft George Anfon, Anglois, qui mit à la voile à Ste Helene, le 18 Septembre 1740 & rentra dans le port de Spithead le 15 Juin 1744. Le XX. John Byron, Anglois, fortit de Plymouth le 20 Juin 1764 fur le vaiffeau appellé le Dauphin & le ramena aux Dunes le 9 Mai 1766. Les XXI & XXII. furent deux autres Anglois, appellés Samuel Wallis & Philippe Carteret : ils mitent à la voile le 22 Août 1766. à la rade de Plymouth; le premier fut de retour aux Dunes le 19 Mai 1768, l'au tre à Spithead le 20 Mars 1769. Le XXIII. François de nation, fut Bougainville, qui fortit du port de Breft le 15 Nov. 1766. & revint mouiller dans les eaux de St. Malo le 16 Mars 1769. Jean Coock, Anglois, fut le XXIV. il quitta Plymouth le 26 Août 1768

& rentra aux Dunes le 12 Juin 1771. Les XXV & XXVI. font encore deux Anglois l'un le capitaine Fourneaux, l'autre le fusdit cap. Coock; leur voyage dura de 1772 à 1774. Coock fit ce voyage pour la troifieme fois en 1776, mais il eut le malheur d'ètre aẞommé à Owhyhee. Le cap. Pagès, François, fit le tour du monde de 1767 à 1776: & Marion, également François, vient de terminer le même voyage. Tous ces navigateurs prirent leur route vers le Sud & firent le tour de l'Amérique par la Mer de Sud, & rangerent enfuite les côtes du Cap de bonne espérance.

§. 9.

On a fait des tentatives pour connoître plus exactement encore la forme de la Terre. Vers la fin du dernier fiecle les Savans commencerent à difputer fur la question, de favoir: Si vers les poles la Terre eft applatie, ou bien fi elle eft oblongue: HUYGHENS & NEWTON étoient de la premiere de ces deux opinions; EISENSCHMIDT & CASSINI foutinrent la feconde. Cette difpute dura au delà de so ans; & pour la terminer l'Académie des Seiences de Paris prit à la fin la réfolution d'envoyer, aux frais du Roi, des Savans vers le cercle polaire & vers l'équateur, pour mefurer à chaque endroit un degré du méridien, afin qu'en le comparant avec un degré du méridien de Paris, & en calculant fuivant le mème principe, les degrés des deux

poles,