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re-ferme, vers le nord, eft le promontoire appellé Nord- Kyne, diftant de 10 milles du Cap-nord, & moins proche du pôle que celui-ci. L'isle de Wardaé, fituée vers l'eft, à un quart de mille de la terre - ferme, a 3 milles de circuit. Près d'un port fûr de cette isle eft le fort de Wardachous qui a de bons ouvrages & beaucoup de munitions, & que l'on peut à jufte titre appeller la derniere forteref fe du monde du coté du nord. Maximilien Hell en a fixé la pofition en 1769, à 70d. 22. 31". de latitude, & la longitude à id. 55.6′′. eft, du méridien de Paris. Le traité de frontieres conclu entre la Norwegue & la Suede en 1751, donne à la premiere les villages & diftricts de Koutokeino & Afwiowara, avec les Lapons qui les habitent. Le pays de Nei den ou Nengdama, eft poffédé en commun par la Norwegue & la Ruffie, qui fur la carte de Wangueftein, fe trouvent féparées par la riviere de Pafwig.

Des Miffions danoifes établies dans ces

contrées.

Les énormes rochers dont nous avons parlé plus haut, font habités par les Lappons, que P'on nomme auffi Lappons - Finnois, quoique la Lapponie proprement dite ne s'étende pas auffi loin vers le fud que ces chaines de rochers.

Ceux qui habitent en deça de ces rochers, dépendent de la Norwegue; & ceux qui font en delà, apartiennent à la Ruffie & à la SuéBb 4

de.

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pe. Les Lappons des contrées feptentrionales paroiffent avoir une autre origine, ou du moins être une colonie différente de celle des Lappons de Finnmark & des Finnois; çar non feulement leurs dialectes réciproques different beaucoup, mais il y a encore cette grande différence entre eux, que les Lappons de Finnmark condamnent les mariages entre parens jusqu'au 4 degré, tandis qu'avant les miffions danoifes, les Lappons du nord se marioient fans répugnance au premier degré, & même dans la ligne afcendante & descendante. La plupart des Finnois & Lappons de Finnmark s'entretiennent au pied des rochers à peuprès comme les Norwéguiens, & se fixent par conféquent plus long- temps dans un lieu que les autres Lappons. Ceux qui habitent vers le feptentrion, demeurent l'hiver & l'été dans des forêts épaiffes placées au deffus des rochers, & s'étendent de tout coté dans les contrées voifines, fuivant que la pâture de leurs troupeaux de rennes paroît l'exiger. Ces animaux font la principale fource de leur entretien ; quantité de Lappons en poffèdent en propre 1000 à 1400 pieces, dont ils tirent du lait, du beurre, du fromage, de la viande, des peaux dont ils s'habillent, & ils s'en fervent encore pour voiturer leurs effets. Ces Lappons defcendent rarement vers les isles, & jamais par bandes nombreuses. Ceux enfin qui demeurent dans le bailliage de Drontheim, ceux fur-tout qui occupent la partie appellée Ind- Herred,

vivent avec plus de désordre que tous les autres; car ils font errans, ceux principalement qui ne poffédent pas de rennes, courant pendant toute l'année de village en village, & s'entretiennent en partie du travail de pelleterie, partie auffi en mendiant. D'autres au contraire s'arrêtent pendant tout l'été avec leurs familles fur les rochers, fe retirent en hiver dans les vallées, à quelques-uns près qui demeurent pour foigner le bétail, & fe cantonnent au bord du plus prochain golfe, où ils élevent leurs cabanes, quoiqu'ils changent fouvent de demeure, & que fuivant leur ancien ufage, ils foient toujours errans & vagabonds. On voit en Norwegue beaucoup de ces golfes, qui s'étendent fouvent de 10 jusqu'à 15 milles dans l'intérieur du pays, & dont quelques-uns traverfent le pays dans fa largeur, pénétrant jusqu'aux rochers qui lui fervent de limites, & formant une quantité infinie d'autres petits golfes. Les bords de ceux qui font dans le plat pays font habités; mais ceux qui font au pied des rochers, ne font fréquentés, que pendant un certain temps de l'année par les Lappons & les Finnois qui viennent y pêcher.

Avant l'établiffement de la miffion, la religion des Lappons & des Finnois étoit un mélange abfurde du paganifme & de la religion chrétienne. Avant l'introduction de celle-ci dans le nord, leur culte étoit, fi non entiérement conforme, du moins approchant en quantité de points de celui des anciens païens Bbs

de la Norwegue; feulement ils avoient dans tous les genres de fuperftition quelque chofe qui leur étoit propre. Dès que ce pays fut foumis à des Rois chrétiens, les Lappons & les Finnois commencerent à cacher leur idolâtrie, & leur magie, & l'ornerent de différents rites de la religion' catholique, qu'ils ne regardoient que comme de fimples cérémonies; delà vient fans doute qu'aujourd'hui encore ces peuples font fréquemment le figne de la croix, Enfin lorsque la doctrine de l'évangile fe répandit d'avantage de jour en jour parmi eux, ils chercherent à déguifer leur idolâtrie & leurs cérémonies payennes avec plus de foin, & tâcherent, autant qu'il leur fut poffible, de fe conformer aux chrétiens. quant à l'extérieur, ce qui les porta à adopter jusqu'à l'ufage des facrements. Ceci eft d'autant moins furprenant, que ces peuples n'avoient avant la miffion qu'une connoiffance très- imparfaite de l'immortalité de l'ame, de la réfurrection, & d'une vie à venir; & que leur religion n'avoit pour objet que leur bienêtre & leurs avantages temporels.

Le roi Chriftian IV donna en 1609 une ordonnance, fuivant laquelle tous les Lappons & Finnois convaincus de magie, fans vouloir s'en défifter, devoient être punis de mort; ceux au contraire qui en étoient fufpectés, bannis hors du royaume. Eric Bredahl, qui occupa le fiege épifcopal de Drontheim depuis 1643 jusqu'en 1672, avoit tourné tous fes

foins vers la converfion des Lappons & des Finnois. San exemple inspira le même zele aux évêques fes fucceffeurs; du moins s'efton apperçu que les miniftres dont les paroiffes étoient fituées près des rochers, s'occuperent d'avantage à inftruire ces peuples fauvages; mais leurs progrès furent dans le fond très peu de chofe. Un pauvre homme nommé Ifaac Olfen, qui a vécu au commencement de ce fiecle, ayant leur converfion à cœur, habita parmi eux pendant 14 ans fouffrant la mifere, au bout desquels il fut aggrégé aux miffionaires, qui l'avoient trouvé parcourant les montagnes & les bois. Le roi Frederic IV pofa les premiers fondemens de la miffion qui fubfifte encore aujourd'hui, en envoyant en 1706, dans le Nordlande, le Findmark & la Lapponie, un habilę miniftre nommé Paul Refen, qui l'année d'après rendit un bon compte de l'état de ces contrées. Sur fon rapport, l'évêque Krog reçut ordre de difpofer les prêtres de fon diocefe à la miffion que la Cour fe propofoit d'y envoyer, & de choisir des fujets capables de remplir fes vues avec fuccès. Enfin on établit à Copenhague, le 10 décembre 1714, un college fous le titre de Collegium de curfu evangelii promovendo (college pour la propagation de l'évangile), qui reçut en 1715 directement du Roi fes inftructions pour la converfion des Finnois & des Lappons; & en 1720 ces inftructions furent étendues aux provinces feptentrionales & au bailliage

de

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