Imágenes de páginas
PDF
EPUB

a

vous appartiennent, SIRE; & quel que mediocres qu'ils puiffent eftre, je nofe me difpenfer de vous les offrir. It' s'en faut pourtant beaucoup, que ce foit la reconnoiffance toute feule qui me fasse agir. Elle ne fait que se joindre à l'inclination, que j'ay toujours euë, lors mefme que je n'avois d'autre fortune, que celle d'eftre né vostre Sujet. Un pur zele pour votre Perfonne facrée, un zele hereditaire m'anima dés l'enfance. It delia ma langue, & m'inspira plus d'une fois laudace, de me faire entendre dans le concert de louanges, que le fiecle des bons Rois commence, & que la pofterité continuë. I'y mêle encore ma voix, fans craindre qu'on me soupçonne, de trop donner aux mouvemens d'un cœur fenfible & reconnoiffant. Ie ne feindray point de le dire; les graces que

votre bonté fe plaift à répandre, accompagnées de tous les agremens que vous leur communique, trouuent à peine quelque nouveau fentiment d vous acquerir dans les cœurs, & femblent en quelque forte perdues pour V.M.Ce ne font pas vos bienfaits qui vous font aimer, c'est vous, SIRE, qui faites aimer vos bienfaits.

Medailles & des

Ie l'éprouverois en mon particulier, quand je n'aurois l'obligation à V. M, que d'avoir bien voulu me placer dans une Compagnie, chargée du foin de L'Academie des tranfmettre aux fiecles à venir les mer- Infcriptions. veilles, qui ne cefferont de diftinguer le voftre, & glorieufe de confacrer fes veilles à dreffer des monumens,qui s'éterniferont par voftre nom & par voS actions. Iamais je ne reprens cette fonction, que mon étonnement ne recommence; & que je ne retrouve un

a

plaifir qui augmente, & qui fe fait defirer à mesure qu'on le goûte davantage. Ie lis, je relis toûjours comme la premiere fois, les évenemens de votre Regne ; & je fens de plus en plus que les charmes infeparables d'un tel emploi,meriteroient d'en faire l'unique recompenfe. Voila, SIRE, l'idée qu'on prend à vous étudier,dans l'Hiftoire de voftre vie. Que ne puis-je d'aprés cette idée peindre mon Roy? Que ne fuis-je un Demofthene pour en parler dignement?

Mais quand Demofthene lui-même, à qui j'essaye de fervir ailleurs d'interprete, feroit ici le mien, & voudroit fuppléer aux talens que je n'ay point, il ne feroit qu'avouer plus éloquemment fa foibleffe; & cet aveu ne coûteroit rien à un Orateur,qui faifoit profession d'estre sincere. La force de

la verité jointe à l'experience,le gueri roit encore de quelques erreurs politiques,qu'il avoit fuccées avec le lait, & qu'il feme à tout propos dans fes Harangues. Lopinion, que Philippe &fon fils Alexandre,lui avoient donnée des Monarques & des Conquerans, fe rectifieroit en France. Ily verroit un Conquerant & un Monarque,de qui nos ennemis & fes envieux ont à fe loüer; qui pour tout fruit de fes travaux,ra pretendu que defarmer les vaincus, diffiper leurs illufions, leur apprendre qu'ily a des ames privilegiées, où la moderation fait la loi à la valeur; & que le vray magnanime, lors qu'il fe voit en pofSeffion de pouvoir ce qu'il veut,ne veut. que pacifier l'Univers.

L'évenement,qui tientaujourd'hui I Europe attentive, doit fervir de le

çon aux Potentats, & les convaincre, que le celefte difpenfateur des Sceptres & des Couronnes, dedommage promptement les Vainqueurs, qui ont Sçu á son gré interrompre le cours de leurs victoires. Tant de Monarchies confondues depuis long-temps en une feule, paroiffent deftinées à payer cette moderation fans exemple. La fin d'une vie importante,pour la tranquilité du monde Chrétien, le menaçoit d'un enchainement de malheurs infinis. Combien de fortunes flotantes,de revolutions prochaines, de Peuples impatiens &inquiets,dans l'attente de cette refolution; qui devoit regler leur fort,& les mettre en possession du bien, dont un Roy juste & Sage leur avoit donné un avant-gouft, par le choix de fon fucceffeur.VOTRE MAJESTE parle; tout fe raffeure, tout fe calme.

Les

« AnteriorContinuar »