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« Ce que Dieu a pu- « traittez pas❝ profane. 10. 15.

rifié, ne le "

Hymne Pange lingua, dont on prend même occafion de donner la bénédiction du Saint-Sacrement. Les Célestins fe beniffent & fe fignent pa reillement au verfet Benedicamus Domino, des Heures de l'Office. Et ainfi de plufieurs autres dérivez du verbe benedicere, qui demandent régulièrement d'être accompagnez de l'action pat laquelle on benit, c'eft-à-dire du Signe-de-Croix. Bien plus, parce que benir une créature, n'eft fouvent en matiere de Religion, que la tirer de fon état naturel, la féparer de fes usages com muns & ordinaires, la rendre fainte de profane qu'elle étoit, la devouer & l'approprier à Dieu & aux Cérémonies de la Religion, la deftiner & l'affecter à fon culte & à son service, en un mot, la déterminer, l'appliquer & l'employer à des ufages pieux & facrez; & qu'en ce fens, c'eft la purifier (a), la vivifier, la fanctifier, la dédier, la confacrer & la réconcilier, c'est-à-dire, la benir le le Ñom“ de nouveau quand elle vient à être profanée :deduSeigneur" a été invo-" là vient que toutes ces expreffions fynonymes, qué, di faint purificare, vivificare, fanctificare, dedicare, confe- du Baptefme, crare, reconciliare, linire oleo ou chrifmate &c. & c. 1o. n'eft enfemble tous les derivez de ces verbes, fe trou- eauprofane" vent toujours auffi accompagnez de bénédictions & impure, " ou Signes-de-Croix. Par exemple, à la Litanie qui fe dit fur les Ordinands, ut hos electos.. Sancti + ficare & confe† crare digneris. A la Dedica ce d'une Eglife, ut hanc Ecclefiam tuam.... pu rit ficare.... digneris. Et encore, Bafilicam.... clementiffimus de † dica. A la Réconciliation d'un

(a) D'où vient que fouvent pareilles Bénédictions font nommées Exorcifmes; comme,l'Exorcisme de l'eau, du fel, des rameaux, &c. pour dire, la Bénédiction de l'eau, du fel, des rameaux, &c.

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Act. Apoft. "

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Augustin.1.3.

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Cémètiere, ut.... Cemeterium.... recon + ciliart digneris. A la Confécration d'un Autel, in cam (menfam) bene † dictionis & fancti †ficationis tue virtutem....infunde (a). Par la même raison, on accompagnoit auffi autrefois de Signes-de-Croix, en plufieurs Eglifes,ces mots de la Bénédiction de l'eau qui fe fait les Dimanches, dignanter afpicias, benignus illuf† tres, pietatis tua morė fancti + fices (b). A la Bénédiction du pain & du vin offerts à la Meffe, felon le Rit de Chefal Benoist, comme nous avons déja vu fur le nom bre 11. Defcendat virtus ou Angelus bene † dictio. nis & confecrationis fuper hoc munus oblatum, ou Benedictio Dei omnipotentis, &c. fuivant l'usage des Carmes. A la Bénédiction du Cierge-pafcal, felon l'ufage des Camaldules, Cereus ifte in honorem tui nominis confecratus. A la Bénédiction des fruits nouveaux,qui fe prattiquoit & le prattique encore en quelques Eglifes, fur la fin du Ca.. non, Hac omnia, Domine, femper bona creas

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(a) A Vienne en Daufinè, le mot fanctifica de la Secrete Oblata, du jour de Noel, étoit pareillement accompagné d'un Signe-de-Croix : & ainfi de toutes les autres Secretes,où ce même mot étoit employé. Miff. 1520.

(b) Il faut lire icy more (comme on le lit encore à Milan),& non rore,qui eft une faute vifible de Copifte ou d'Imprimeur, furvenue il y a environ cent ans, & à quoy il ne paroît pas qu'aucun Rubricaire ou Reformateur de Miffel ou de Rituel, ait encore fait attention; du moins ne l'a t'on point encore corrigé dans aucune Edition que je fache. Pietatis tua more, eft là au même fens que, pro tua pietate, dans l'Oraifon Perceptio Corporis tui Domine, qui fe dit à la Meffe avant la Communion. Il eft bon de faire icy obferver qu'à Toul, tantôt on dit more & tantôt rore,fuivant qu'on fe fert de l'ancien Bénédictionaire écrit à la main, ou du Miffel imprimé. Bien plus, le Rituel de Chartres dit more à la Bénédiction de l'eau les Dimanches, & rore à la Bénédiction d'une cloche.

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nous avons

tion. 2.

fanctificas, vivi † ficas, bene † dicis, &c. A la V. ce que confacration, ou mutuelle & réciproque confe- dit là-deffus. cration,qui fe fait des deux Symboles, par le mê- C. 2. Seelange d'une portion de l'Hoftie dans le Calice, Hec commixtia & confecratio. Au moins cette Croix fe trouve-t'elle icy marquée dans le Millel de Viviers de 1517. Et il paroît en effet par tout ce que nous venons de dire, & par les exemples préalleguez, que c'eft au mot confecratio, que doivent naturellement appartenir les Signes-deCroix, qui par anticipation accompagnent aujourdhuy & depuis long-temps, le Pax Domini fit femper vobifcum ( 37 ). A la Cérémonie du Baptême, Ego te linio toleo falutis, ou ipfe te liniat † ebrifmate falutis. Adjoutons encore ces autres paroles du Canon & ad fcrip† tam, rattam, qui Benedictam, rentrant dans le fens du mot bene † dictam, dont adfcriptam, ils font précédez, partagent auffi avec ce mot, la bénédiction qui luy convient.

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ARTICLE UNIQUE.

Du Signe de la Croix.

Omme de toutes les actions ou Cérémonies de l'Eglife, la principale, la plus univerfelle, la plus ordinaire, &, pour ainfi dire, la plus familiere, eft le Signe-de-la-Croix (38); que ce Signe regne & s'étend par tout, principalement fous le nom & le titre de bénédiction : qu'il eft répandu non-feulement dans la Liturgie, mais en toute adminiftration de Sacremens, & en toute bénédiction ou confécration; qu'en un mot, c'estpour ainsi dire, une prattique tranfcendan

ratam

t

V.lesMœurs

62. 63. de

Les Juifs fai

telle (a), il eft à propos d'en traitter icy en particulier & d'examiner deux chofes. La premiere, pourquoy ce Signe eft appellé béné diction. La feconde, pourquoy d'ordinaire il ac compagne le Nom des trois Perfonnes divines, le Pere, le Fils & le Saint-Efprit.

§. I.

Le Signe-de-Croix appellé & reputé Bénédiction.

1

Dan Signe-de-la-Croix, dans les moindres

Epuis que les premiers fideles eurent ufé

actions, comme d'une priere ou bénédiction atdes Chreti- brégée, à la place des prieres plus longues & plus ens. p. 61. étendues qu'ils avoient coutume d'employer La derned dans les occafions plus importantes ; ce Signe a foient auffi toujours été regardé dans l'Eglife, comme l'abdes prieres brégé des prieres ou bénédictions, & comme teparticulieres chacune de nant lieu lui-même de priere & de bénédiction. fe ursactions. Et en effet, comme benir n'eft fouvent de la part

des hommes & dans le langage ordinaire de l'Eglife, que faire des vœux & des fouhaits pour les créatures qu'on veut benir (b), faire des

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(a),, En forte, dit S. Auguftin, en fon Traité 118, », fur S. Jean, que fi ce Signe n'eft appliqué fur le front ,, de ceux qui font profeffion de la Foy, ou fur l'eau dont its font régénérez, ou fur l'huile qui entre dans le Crê,, me dont ils font oints, ou fur le Sacrifice dont ils font ,, nourris; rien de toutes ces chofes ne fe fait bien. S. Jean Chryfoftome tient le même langage en fon Hom elie ss. fur S. Mathieu. V. auffi S. Cyprien, en fon Difcours fur le Baptême de F. C.

(b)Je dis fouvent, parce que les hommes peuvent non-feulement benir d'autres hommes, en demandant du bien pour eux & priant & defirant qu'il leur en arrives

prieres & des invocations fur elles ; foit pour les tirer d'un ufage profane & les appliquer aux ufages de Religion, enfin les purifier, les fanctifier & les confacrer, ainfi que nous avons dit plus haut; foit pour rendre utiles & falutaires aux fideles, celles qui ne fervent qu'aux ufages humains & communs, felon cette parole de l'Apôtre, que tout ce qui est créé, eft purifié & sanctifié par la parole de Dieu & par la priere: de-là géné- 1. Tim. 4. ralement toute priere a toujours été réputée & 4 appellée Bénédiction ; & auffi par conséquent le Signe-de-Croix, comme étant lui-même une véritable priere, fuivant ce que nous venons de dire. Sans compter que, comme ce Signe paroît avoir fuccédé aux Bénédictions de l'ancienne Loy, que quelques Auteurs prétendent & avec beaucoup d'apparence, avoir été pareillement faites en forme de Croix, fuivant ce que nous avons dit au Chap. z. Remarque 61. il en a auffi tout naturellement retenu la dénomination: de forte que, faire une Bénédiction & former ce Signe, ne font point chofes différentes ( 39), en termes de Rubriques. In nomine Patris & Filii & Spiritus † fanéti, fit figna † tum & confecratum & bene † dictum hoc Sacrificium, difoit le Prêtre à Verdun, en bénissant le pain & le vin, au temps de l'Oblation préparatoire. Ou

mais ils peuvent auffi quelquefois leur en faire euxmêmes. Ainsi, c'eft benir un pauvre en la premiere maniere, que de luy fouhaiter l'aumône, en luy difant, Dieu vous beniffe ou vous affifte; ou bien, comme dit S. Jacques (c. 11. v. 16..), Allez en paix, je vous fouhaite dequoy vous couvrir dequoy vous nourir: & c'eft benir en la feconde maniere, que de l'affifter & le benir foi-même, en luy donnant effectivement dequoy le vêtir & dequoy manger,

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