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tres prieres plus formelles & plus étendues, que fait le Prêtre fur les dons offerts, favoir celles que nous venons de marquer, tend comme elles, à benir, à fanctifier & à confacrer ces mêmes dons, influant toutes enfemble, s'il eft permis de s'exprimer ainsi, dans la bénédiction du Sa crement. Tout de même de ces autres paroles: omni bene + dictione cœlefti & gratiâ repleamur; & encore de celles-cy: Hac commixtio & confecratio Corporis & Sanguinis D. N. J. C. fiat acci pientibus nobis in vitam aternam ; à quoy nous avons déja infinué que fe pouvoient rapporter les Signes-de-Croix qui vont avec le Pax Domini fit femper vobifcum. Car, comme on demande à Dieu dans la premiere de ces prieres, qu'il nous rempliffe de toutes fortes de bénédictions & de graces célestes, & dans la feconde, que le mêlange & la mutuelle confécration des deux Symboles, tourne à notre falut éternel; il n'eft pas poffible que le Signe-de-Croix, qui naturellement va déja comme gefte avec ces mots de béné diction & de confecration, ne leur foit encore icy joint comme demande & comme priere ou invocation.

Peut-être pourroit-on encore mettre au nombre des bénédictions de ce genre, celle qui accompagne le mot bene † dixit, dans la Confécration des Symboles. Car, puisqu'au rapport de faint Augustin déja cité, rien ne fe fait ni ne fe confacre dans l'Eglife, fans employer le Signe-de-laCroix, il femble auffi, fuivant cette tradition, que la bénédiction déja affectée à la lettre du mot benedixit, doive étre encore icy regardée comme une priere d'une tres-grande vertu & de la même efficace que le mot même qu'elle accompa

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gne & qui fait partie du récit de l'institution de L'Eucariftie. Et affurément on ne peut prefque mettre en doute que l'action n'intervienne icy avec la parole, & ne foit du moins de quelque force & de quelque valeur pour la bénédiction du Sacrement (a). Enfin, le Signe-de-Croix lié à cette Bénédiction, Bene † dicat vos omnipotens Deus, Pater & Filius & Spiritus fanctus, ou autre équivalente (b); pourvu qu'il y entre quelque inflexion du verbe benedicere ou fanctificare, ce Signe, pour les mêmes raifons, eft toujours encore & priere & gefte (c); auffi bien que dans ces formules de la Bénédiction de l'encens, Ab illo bene dicaris in cujus honore cremaberis, ou Incenfum iftud dignetur Dominus benedicere ; & encore dans cette autre formule ordinaire, l'on demande à Dieu que fon faint Nom foit be

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(a) La Confécration, dit Amalaire, fe fait par les paroles de la bouche du Prêtre, comme par la béné- “ diction de fa main. "Un Signe de Croix, une parole, dit Hildebert de Tours, font changer la nature. Quelques Evêques de France, affemblez à Quierzy en 858. écrivirent au Roy Louis le Germanique,que « des mains qui avoient reçu l'onction du faint Crême, & qui par la « priere & le Signe-de la-Croix faifoient que le pain & le" vin deviennent le Corps & le Sang de J. C. ne devoient “< point fervir à faire un ferment, V. tom. 2. Capit. p. 101.

(b) Comme celle-cy, en ufage chez les Jacobins & chez les Carmes, Benedictio Dei patris omnipotentis Filii Spiritus fanéti defcendat fuper vos & maHeat femper.

(c) C'est même une double priere & un double geste, appartenant fous ces deux titres, tant au mot benedicat, qu'à l'expreffion des trois Perfonnes divines, fuivant ce que nous dirons au §. fuivant. C'est-à-dire, que le Signede-Croix n'eft pas deu feulement comme priere & comme invocation, au mot benedicat & à l'expreffion du Nom des Perfonnes de la Trinité; mais qu'il appartient encore à l'un & à l'autre, comme gefte & comme action.

Sit nomen Domini bene † dictum. C'est-à-di re, qu'en tous ces endroits & en plufieurs autres

ny,

qu'il feroit trop long de rapporter, l'action jointe à la parole, ne doit pas feulement étre confiderée comme gefte; mais encore comme une feconde priere qui accompagne la priere de la bouche. En un mot, il fe peut dire qu'on prie icy de la main comme de la langue; c'eft une double bénédiction, d'action & de parole. Cecy s'étend pareillement au Signe-de-Croix qui accompagne toujours cette formule, In nomine Patris & Filii & Spiritus fancti ; & ceVerlet, Deus in adjutorium meum intende. Là partout encore, le Signe-deCroix eft priere & gefte; priere, parce que ce font toutes paroles d'invocation; gefte, au regard d'In nomine Patris, par l'usage & l'habitude de fe figner toujours en prononçant le Nom des trois Perfonnes-Divines, fuivant ce qui va étre dit incontinent. Et pour le Verfet Deus in adjutorium meum intende; il eft conftant que comme il arrivoit fouvent d'employer cette formule en commençant une priere, pour invoquer le fecours de Dieu : & que d'ailleurs le Signe-de-Croix étoit pareillement ufité au commencement de toute priere, ainfi que de toute action, suivant ce que nous allons encore dire tout-à-l'heure, ce Signe eft auffi tout naturellement devenu le gefte & l'accompagnement ordinaire de ce Verfet. On pourroit encore par la même raison de l'In nomine Patris, regarder comme priere & comme gefte tout-à-la fois, le Signe-de-Croix qui va avec ces mots de la conclufion des Oraifons, Per Dominum noflrum Jefum Chriflum Filium tuum, qui tecum vivit & regnat in unitate Spiritus fanéti, Deus. J'ay vu dans le Lyonnois & dans le Châlonnois

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prattiquer ce dernier Signe-de-Croix par des Ar tifans & des Pay fans.

S. I I.

Le Signe de la Croix accompagne prefque toujours le
Nom des trois Perfonnes-Divines.

Omme il étoit ordinaire de ne commencer ni action ni priere, fans faire le Signe-dela-Croix, pour marquer qu'on fait toutes choses au Nom de N. S. J. C. rendant par luy des actions

de

à Dieu le Pere, felon le précepte de l'A- Col. 111 graces pôtre; & qu'avec ce Signe, fouvent on emplo. 17. yoit auffi ces paroles, In nomine Patris & Filii & Spiritus fancti, pour en même temps invo

quer la tres-fainte Trinité : il est tout naturellement & comme infenfiblement arrivé, que le Nom des trois Perfonnes-Divines, en quelque endroit qu'il fait placé, au milieu & à la fin,comme au commencement d'une priere ou d'un difcours, fe trouve prefque toujours auffi accompagné du Signe-de-la. Croix ; au point que quel ques Miffels en ont même fait une regle & une rubrique générale, au moins à l'égard de cette formule, In nomine Patris & Filii & Spiritus faniti. Ainfi à la Meffe, ce Signe accompagne Semper fubtoujours le Nom des trois Perfonnes - Divines: fequitur SignumCrucis foit que ces Perfonnes fe trouvent exprimées en dicendo. In un fens de priere & d'invocation, comme dans nomine Patris cette formule qui fait le commencement de ritus fanīti. la Melle, In nomine Patris & Filii & Spiritus faniti, & en cette autre qui en fait la fin, Benedicat vos omnipotens Deus, Pater & Filius Spiritus fanctus : Loit qu'elles foient énoncées

Filii & Spa

dans un fens de fimple louange ou glorification par exemple,en ces dernieres paroles du Gloria in excelfis, déja citées,Tu folus Altiffimus Fesu Christe, Le Choeur fe cum fancto Spiritu, in gloria Dei Patris ( 41 ) ; & figne auffi encore en ces autres de la fin du Canon, auffi dans l'Ordre marquées plus haut, Per ipsum & cum ipfo & de Citeaux, in ipfo, eft tibi Deo Patri omnipotenti, in unitate Spi ritus fanéti, omnis honor & gloria(42)

çes paroles,

en

C'eft pour cette même raison, je veux dire, parce que le Prêtre employoit autrefois l'In nomine Patris ou autre formule femblable plufieurs autres endroits de la Meffè, ainfi que nous verrons fur les Remarques, qu'il obferve encore de faire le Signe-de-Croix à ces mêmes. endroits, quoiqu'il ait ceffé d'y dire les paroles. qui y avoient attiré ce Signe. Par exemple : en difant ces mots, Indulgentiam, abfolutionem & remiffionem peccatorum noftrorum tribuat nobis omnipotens & mifericors Dominus (43) en commençant l'Introït (44): en prenant la Burette d'eau (45) : en remettantl'Hoftie & leCalice fur l'Autel,après les avoir offerts (46): en encenfant le Calice & 'Hoftie (4):avant que de prendre dans la bouche le Corps & le Sang de N. S. J. C. pour commu. nier (47) : & enfin en beniffant l'encens (b) (48). Nous avons déja auffi observé qu'en certains païs

(a) Sacerdos fignat Calicem de thuribulo, dicens In nomine † Patris & Filii fpiritus fandi. M. Trec. 133.

Thurificat femel fuper Calicem & Hoftiam in modum Crucis, dicens, In nomine Patris Filii Spiritus fancti, amen. Ord. Carthuf.

(b) Il en eft de même de cette priere ou bénédiction Dominus fit in corde meo & in labiis meis, qui fe terminant autrefois à Lyon par In nomine Patris, attiroit auffi en même temps un Sigue-de-Croix fur celuy qui la difoit

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