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Pontificaux, en parlant de la falutation qui doit étre faite au S. Chrême, nouvellement beny par l'Evêque le Jeudy-faint, il n'eft en même temps fait aucune mention de ces mots, Ave fanctum Chrifma, dont aujourdhuy on accompagne la falutation; c'eft une marque certaine que le falut d'action, a icy attiré le falut de paroles. Voulezvous favoir encore, fi à la Confécration des Evêques, c'est l'onction qui a devancé cette priere, Comple in Sacerdote tuo minifterii tui fummam. cæleftis unguenti rore fanctifica. Hoc Domine copiosè in caput ejus effluat; ou fi au contraire, cette cérémonie n'eft venue qu'après les paroles: il n'y a qu'à examiner, s'il eft poffible, la datte de cette prattique ; & fi on ne pouvoit appercevoir de vestiges de l'Onction, avant le vii. fiecle: comme ces paroles, cœleftis unguenti rore fancti, fica, &c. fe lifent en des Sacramentaires beaucoup plus anciens, le préjugé feroit fans difficulté pour les paroles; & on ne pourroit raifonnablement s'empêcher de conclure que c'est le mot unguenti qui a tout naturellement conduit à l'Onction materielle dont il s'agit. C'eft,s'il plaît au Seigneur, ce que nous pourrons examiner ailleurs plus à fond & plus en détail,

I.

REMA R Q VE S
fur le Chapitre troisieme.

La

E Prêtre à la Meffe, conforme d'un côté les actions aux paroles, & de l'autre les paroles aux actions.] C'eft ainfi que d'une part, en prononçant ces mots du Canon, elevatis oculis in cœlam, il éleve les yeux au Ciel ; & que de l'autre,

en fe lavant les mains, il dit Lavabo inter inno centes manus meas. Dans le premier exemple, c'eft la parole qui attire l'action; & au second, c'est l'action qui appelle la parole. C'est-à-dire, que ces mots, elevatis oculis in cœlum, déterminent l'élévation des yeux au ciel ; & que c'est au contraire le lavement des mains qui amene ces paroles, Lavabo inter innocentes manus meas.

2. Les actions jointes aux paroles font une forte de grace & de beauté, & donnent je ne fay quel agrément.... la plupart des Cérémonies inftituées pour la bienséance des Myfteres. ] Tant que nos Cérémonies auront cet air & ce caractere, Calvin veut bien nous les paffer; & il nous déclare en fon Traitté de la Cene, qu'il ne prétend point du tout. condamner celles qui fervent à l'honnêteté & à l'ordre public. Et en effet, à parler franchement, où eft la raison & le bon fens, de tourner nos Cérémonies en ridicule, comme ofent le faire une infinité d'Ecrivains Proteftans, & même quelM. Patin, ques hardis Catholiques ? Les uns veulent que les Cérémonies de l'Eglife n'ayent été inventées. par les plus fins, que pour furprendre & feduire, difent-ils, les fimples, & amufer les fots. Mais: de bonnefoy & fans prévention, où trouve-t'on de la fineffe & du deffein, du myftere, à accompagner une expreffion, de quelque gefte qui y ait rapport & qui fymbolife avec ce qu'elle fignifie; par exemple, à lever les yeux en haut, quand on parle du ciel, & à les baiffer lorsqu'il s'agit de la terre? Et par où eft-ce en imposer aux fimples & leur faire illufion; que de joindre & unir les mains (autre exemple), en prononçant le mot in unitate ou in unum, ainfi que l'obfervent à la Meffe, ceux qui font regardez icy com

me les plus fins, c'est-à-dire, les Prêtres & les Miniftres de l'Eglife (a). D'autres prétendent que M. le Cler

(a) Le Miniftre Daillé, équitable .quand il veut, envers l'Eglife Romaine (témoin ce qu'il dit dans fon Apologie, que la créance de la préfence réelle n'a pu étre à ceux de la Religion Prétendue Réformée, un fujet légitime de féparation); ce Miniftre, dis-je, prend tout-àfait icy fon efprit, lorfqu'il dit : que cette convenance & Cult. Latin cette conformité des actions avec les paroles de la Messe, 1. 9. c. 20. ne vife & ne tend qu'à répréfenter doublement les chofes. Voicy fes termes: "Il femble que la plupart des actions que fait le Prêtre à la Meffe, ne fervent qu'à exprimer " le fens & la fignification de fes paroles. Par exemple, lorfqu'après le Memento des Vivans, if abaiffe & étend " les mains, en difant ces mots omnium circunftan- « tium, ce gefte fait connoître que les perfonnes dont il "< parle, font celles qui l'entourent & l'environnent, en un mot, que ce font les affiftans. Et enfuite dans le Com-" municantes, lorfqu'en prononçant le Nom de J. C. il “ fait une inclination au Crucifix, ce mouvement dénote " que J. C. dont il eft parlé, eft celuy là même qui eft " attaché à la Croix : de forte que fa langue & fa tête, fi « j'ofe ainfi m'exprimer, nous difent la même chofe, " quoique d'une maniere différente; fa langue par la pa role, & fa tête par le gefte. De même, en parlant de " J. C. à la Confécration, lorfque le Prêtre dit elevatis " oculis in cœlum, il éleve auffi les yeux au ciel : &, parlant encore de ce divin Sauveur;à ces mots tibi gratias" agens, il incline tant foit peu la tête. Et par ce gefte, qui accompagne ordinairement l'action de grace, ce que fa bouche fait entendre aux oreilles, il l'écrit & " l'exprime pour ainfi dire, aux yeux, en d'autres caracteres. Et continuant toujours à parler de J. C. & di- " fant benedixit, il fait luy-même un Signe-de-Croix, " pour répréfenter cette bénediction, par l'action de fa "< main, comme par la parole de fa bouche. A la Confé- « cration du Calice, quand il vient à dire accipiens & hunc praclarum Calicem, il exprime cette même cho. << fe tout-à la fois, & par les paroles & par fon action ; " car en prononçant ces mots, il même temps fes mains au Calice pour le prendre. De même encore aprés la Confécration, à la fixieme Oraifon qui commence Nobis quoque peccatoribus, il fe frappe la poi-"

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Hebraïque,

l'ufage des Cérémonies n'eft propre qu'à étour

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trine avec la main droite ; & fa main s'accorde alors avec la langue; car en fe touchant, il démontre ceux dont il parle : & parcequ'il le fait en fe frappant, il confeffe en même temps, que ceux dont il parle, font des pecheurs. Quand il veut auffi faire une priere: ily exhorte le peuple par fa parole & par fon action : par fa parole, en difant oremus; par fon action, en joignant les mains à la maniere des fupplians. C'eft pour la mê,, me raifon, qu'il fe profterne en lifant, le jour de l'Epi. ,,phanie, ces paroles de l'Evangile, & fe prosternant ils l'adorerent ; auffi bien que le Mercredy de la qua trieme femaine de Carême, en lifant celles-cy, se ■ Jean Gau- » Prosternant il l'adora ; & encore le Dimanche des Radouin, Pari-, meaux, en lifant cet endroit de S. Paul, qu'au nom fien, Profef, de Jefus tout genoux flechiffe. Il fe profterne, dis je, à feur Royal tous ces differens endroits, & il eft vifible que ce n'eft de la Langue que pour mieux exprimer ce qu'il dit. Enfin,on a peine homme di-, à trouver dans la Meffe, paroles d'un peu d'imporgne, par la tance, qui ne foient accompagnées de quelques geftes pureté & la,, qui les expliquent. De forte qu'il paroit, que tant de fimplicité de diverfes Cérémonies n'ont été d'abord prefcrites au fes mœurs, Prêtre dans la célébration de la Meffe, que pour le d'avoir vécu " dans les pre- " faire parler en deux manieres, luy faire dire la même miers fiecles >> chofe par fes paroles & par fes actions. de l'Eglife. Comme il pourroit icy venir en l'efprit à quelqu'un, Cette rai- que c'eft de ce Miniftre & d'après ce que je viens de fon fimple & naturelle, ne porter de luy, que j'ay copie mon fyfteme fur les Cémanqueroit rémonies de l'Eglife, je crois devoir attefter, & j'ofe me jamais de fe rendre ce témoignage (je parle peut-étre peu fagement), préfenter la que j'avois ces mêmes vues & ces mêmes pensées, & premiere à l'efprit & de qu'elles m'étoient même déja fort familieres, plus de 20. l'intereffer ans avant que j'eus lû l'Ouvrage de M. Daillé. Il y en a fi elle ne le plus de trente, qu'ayant ouï dire à un homme de fort bon trouvoit pré- efprit, d'ailleurs tres verfé dans l'antiquité › que les cierges n'étoient originairement dans l'Eglife que pour éclairer cette idée me frappa, me mit fur les voyes dit fens naturel & hiftorique des Cérémonies; & je compris de quelque dans le moment qu'il falloit que toutes les autres prattiraifon fpiri- ques de l'Eglife, cuffent de même leur caufe primituelle & mo- tive & phyfique, & leur raifon d'inftitution. Je me mis rale, qui le donc fur cela à faire la recherche de ces caufes & de ces seautre idée, raisons, & à les étudier (étude qui paroît aujourdhuy

venu dezl'enfance, & déja faifi &

tournea tou

rap

dir le peuple,à abuser de fa crédulité, & à faire refpecter les Ecclefiaftiques. Mais quoy! les auteurs de cette bizarre idée, prennent-ils les Catholiques-Romains pour des idiots & des imbe-. cilles, des duppes, qui fe laiffent furprendre &

fort à la mode, & tout a fair du goût des Savans, qui en tout genre de fcience & de litterature, reviennent enfin au fimple & au naturel ; & par-là au vray) ; & m'étant prefque auffi tôt trouvé en place & en fonction de Vihiteur & de Vicaire général dans l'Ordre de Clugny, j'ay eu depuis ce temps là occafion de parcourir & de fureter qu'on me paffe ce mot), de fureter, dis-je, prefque toutes les Eglifes du Royaume : où, après avoir fouillé dans les Tréfors, dans les Biblioteques & dans les Sacrifties, & avoir puifé, comme dans les uniques & véritables fources, foit dans les Sacramentaires, Miffels, Breviaires, Pontificaux, Rituels, Manuels & Ordinaires ou Cérémoniaux ; foit dans les anciennes prateiques encore vivantes & fubfiftantes dans la plupart de ces Eglifes: j'ay tiré mes conféquences, formé mon fentiment, pris mon party,& dreffe enfin mon fyfteme, dont je laiffe le jugement à l'Eglife. Aprés cela, je ne me fay point mauvais gré de me rencontrer avec un auffi habile homme que l'étoit feu M. Daillé, dans un point, aù ce Miniftre, au travers de fes préventions & de fes entêtemens contre l'Eglife Catholique ( dequoy même il ne peut s'empêcher de donner icy quelques marques), a l'équité de ne luy rien attribuer que de raisonnable & de bien fenfé. Et conftamment on luy doit tenir compte de cette modération; en cela bien différent des autres Miniftres fes confreres, qui, dans le deffein de jetter un ridicule fur nos Cérémonies, leur fuppofent & leur controuvent des motifs & des raisons à quoy l'Eglife n'a ja mais pensé. Et puis, comme dit quelque part S. Auguftin, eft ce done que, parceque le nom du diable commence par un d, il faut auffi retrancher cette premiere lettre du mot de Dien? Tout de même ( fans pourtant pretendre pouffer icy la comparaifon à tous égards, dequoy Dieu me préferve), eft ce que, parce qu'un Proteftant a rencontré & embraffé certaines véritez, il faut que le Catolique s'en écarte & les fupprime? Sunt quadam exharadatorum bona.

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