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pár conféquent aucun hommage exterieur à ce

rant quàm religiofiffimè ufque ad depofitionem Hoftia. Voila donc l'adoration de l'Hoftie bien précisément mar quée : mais pour le Calice que dit l'Ordinaire ? Qu'on fe' profterne; inde prosternuntur : c'eft-à-dire, qu'on vient à une nouvelle action, & que par conféquent l'adoration ceffe par ce changement de pofture.

Et auffi-tôt encore, en parlant de ces deux difpofitions du corps, l'une qui regarde l'élevation de la fainte Hoftie & l'autre la confécration du Calice, le même Ordinaire femble les oppofer, en nommant celle-là adoration, & celle-cy fimplement proftration: Cantato (Ofanna in excelfis) ultimo, per totum Canonem, præterquam in pradicta adoratione Hoftia proftratione cooperti ftamus, &c. Mais qu'eft ce donc que la proftration prattiquée par les Chartreux pendant la confécration du Calice? C'eft une posture indifférente d'elle-même, & que ces bons Religieux gardent encore en d'autres rencontres où il s'agit feulement de marquer un plus grand refpect & fe tenir dans un plus profond recueillement ; comme par exemple, à ces paroles: Et Homo factus eft du Credo, & encore à l'Agnus Dei, &c. Pofture humi. liée à la vérité ; mais qui non plus que la génuflexion ni l'inclination de la tête ou du corps, n'emporte cependant aucune adoration, à moins qu'elle n'y foit déterminée par l'intention & les circonftances. Lors, par exemple, que la veille de Noel on lit ces paroles du Martyrologe au Chapitre, Jefus Chriftus Bethleem nafcitur, l'Ordinaire des Chartreux, qui prefcrit icy une proftration à foin de marquer en même temps, que cette pofture enferme un acte d'adoration envers le Verbe fait chair pour le falut des hommes adorantes Dominum propter nos incarnatum. Et de même, quand, tête nue & à genoux, les Chartreux fe tournent vers l'Hoftie qui vient d'être confacrée, l'Ordinaire ne manque pas de les avertir expreffément, que c'eft pour rendre, même à l'extérieur, par Toutes ces humbles difpofitions, l'honneur fouverain & le culte religieux qui eft du à la chair du Sauveur du monde, préfente & expofée à leurs yeux, mundi Salvatorem adorant quàm religiofiffime. Mais comment les Chartreux pourroient-ils addreffer leurs hommages au Calice, eux qui pendant toute la proftration, ne peuKent feulement connoître par aucun fignal que ce Sym

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fecond Symbole ; & vont toujours leur train dans le Choeur, indépendamment du changement introduit par le Prêtre à l'Autel. Et c'eft pour cela encore qu'en plufieurs Eglifes on ne fe decouvroit point non plus autrefois à l'Elevation de l'Hoftie ni du Calice : ce qui fubfifte toujours en quelques endroits, & même il n'y a pas longtemps que l'usage a changé là deffus à Reims. 3. Comme toute pofture eft indifférente pour l'adoration (a) ; & que tantôt cette action se marque par le profternement, tantôt par la genuflexion & tantôt par une fimple inclination du corps (b): on ne fe croyoit point en droit dans

bole foit confacré ? Car il faut bien que l'objet de leur adoration foit icy fixe, constant & déterminé.

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(a,, Pour la pofture du corps, dit M. Grimaud, ,, en fa Liturgie facrée, partie 3. c. 8. les uns adorent le S. Sacrement au point de l'Elévation à genoux ; les autres profternez; les autres debout & inclinez: en quoy la devotion de chacun,ou plutôt la coutume du lieu où ,, l'on fe trouve, doit fervir de regle. Il y a eu, & encore de prefent, grande diverfité entre les Narions Chré,, tiennes, quant à la façon & maniere d'adorer extericure, dit M. Meurier, en fon 25. Sermon fur le Canon de la Meffe. Et cela procede de ce que telle adoration fe », peut faire en diverfes fortes, comme par agenouille.ment, proftration, ftation, & autres femblables com», portemens. Aucuns fe tiennent debout quand on leve Dieu, pour l'adorer, comme font les Choristes, les Diacres & Soudiacres miniftrants au Prêtre à l'Autel en l'Eglife de ceans (Reims ) : comme tous les Chanoines en l'Eglife de Lyon : comme tout le peuple en Ethiopic par toutes les Eglifes: comme il femble », qu'on le prattiquoit en Allemagne, pour le moins en ,, quelques endroits, il y a environ 200. ou 300. ans.

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(b) Qui eft celle où s'en tenoit encore au x111. fiecle, le Pape Honoré III. lequel, dans fa Décrétale Sanè cum olim; au Titre De celebr. Miẞar. la preferit aux fideles pendant l'Elévation. Bien plus, au xv. ficcle,

ces Eglifes, fous pretexte de rendre fon adora xion à Jefus Chrift fous les. Efpeces Sacramentelles, de prendre à la Meffe, les Dimanches & autres Fêtes ad inftar & dans le Temps-Pascal (car aux jours fimples & feriaux, on flechiffoit les genoux comme ailleurs, durant tout le Canon); on ne fe croyoit point permis, dis-je, fous ce pretexte, de prendre une pofture contraire à toute la Tradition, & au Decret du Concile de Nicée, qui ordonne expreffèment de prier debout ces jours-là. Et c'eft ce que peut étre on auroit pu refpectueufement remontrer au Roy, lorfque paffant à Châlons-fur-Marne & à Verdun en 1687. fa piété fe fentit bleffée d'entendre dire, que les Chanoines de ces Eglifes ne s'agenouilloient point à l'Elevation. Sans doute que l'ancienne Tradition, fi foigneusement & fi fcrupuleufement confervée dans ces deux Cathedrales, auroit pu étre de quelque force & de quelque poids, & faire quelque impreffion fur l'efprit d'un Prince fi religieux. On pouvoit encore ad jouter l'exemple des Eglifes de Chartres & d'E vreux, où à certaines Meffes, le Chœur fe tient toujours debout, même à l'Elevation, comme nous avons vu à la note a, de la page précédente. Enfin rien ne venoit plus à propos que ce qui fe paffa en cas pareil, fous Henry II. l'un des prédéceffeurs de fa Majefté. Voicy le fait, comme il eft plus précisément rapporté dans la Litur

Evrard, Archevêque de Saltsbourg, donne encore icy l'alternative de l'inclination & de la génuflexion. Enfia quelques Miffels Romains du xvI. fiecle, entre-autres celuy de 1542. 1551. & 1553. n'exigent du Prêtre, avant l'Elevation du premier Symbole, d'autres figne extérieur d'adoration, que l'inclination médiocre, Adorato Cor

en 1555.

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"gie facrée de M. Grimaud, à l'endroit déja cité, Du temps de Henry II. il y eut une dispute cé lebre en l'Eglife de Lyon, entre M. le Doyen & » Meffieurs les Comtes de S. Jean. M. le Doyen »étoit d'avis qu'on fe mît à genoux lorfqu'on le voit le S. Sacrement, difant qu'on ne pouvoit luy témoigner affez de refpect & de révérence, fur tout dans un temps où l'Héréfie combattoit principalement la fainte Meffe. Meffieurs les »Comtes fe deffendoient par l'ancienneté de leur coutume,qui étoit de s'incliner feulement; adjoutant d'ailleurs, que l'Eglife de Lyon ne "recevoit point de nouveautez (a). La cause étant debatuë au Confeil en présence du Roy, "elle fut renvoyée fur les lieux, & la commif» fion fut donnée à Meffieurs les Cardinaux de

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pore Domini cum mediocri inclinatione, elevat illud

reverenter.

(a) Nous pourrons examiner une autrefois, à quels égards & fur quoy il eft encore vray de dire que l'Eglife de Lyon n'a point innové. Toujours, ne fera-ce pas par l'expofition du S. Sacrement, qui fut faite au GrandAutel de la Métropole en 1701. à l'occafion du Jubilé, que cette célebre Eglife viendra à bout de verifier en ces temps-cy, ce que S. Bernard difoit d'elle au xii. fiecle, qu'elle ne fait ce que c'eft que changer. Surquoy on doir Cette juftice à Meffieurs les Comtes ou Chanoines de cette Eglife, qu'ils s'oppoferent avec zele & avec force à un pareil changement ( je dis changement, parce que le S. Sacrement jufqu'alors, avoit toujours été exposé au Jubé); mais ils n'en furent pas les maîtres. Et même, M. l'Archevêque (Claude de S. Georges), pour dédommager fon Eglife d'une pareille nouveauté, en fupprima une autre fur le champ, en faifant retirer pour toujours de deffus l'Autel, le Rétable qu'on y avoit introduit depuis un fiecle ou un fiecle & demy. Il réduifit encore ( je crois aufli la même année) le nombre des douze Prêtres, qui, felon l'usage Romain, ont coutume d'affister à la

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Lorraine & de Tournon, de vuider ce diffé-«
-rend; lefquels arrêterent enfin qu'on feroit à
l'accoutumée, mais avec toute la bien-féance «
& révérence poffible. sc
A quoy il eft bon
d'adjouter que comme le Doyen de Lyon étoit
Docteur de Sorbonne, il porta fes plaintes à la
Faculté de Theologie de Paris, laquelle con-
damna la prattique des Comtes de Lyon, en ces
termes foudroyans : « Ne point mettre les deux
genoux en terre, mais en appuyer l'un ou l'au-
tre, ou tous les deux, fur la forme, à l'élévation «
du Corps & du Sang adorable de Jesus-Chrift,
c'eft une erreur intolerable (a). Il n'y a point
de coutume qui puiffe excufer ceux qui font «
dans une telle prattique ; & le reglement qui«
empêche que l'on ne mette alors les deux ge-w
noux en terre, eft arrogant, impie, fchifmati-
que, fcandaleux, & favorise l'Héréfie. » Mais
les Comtes, irritez d'une pareille cenfure, fe
pourvurent au Confeil du Roy, où il intervint
Arreft, par lequel les Docteurs furent obligez,
felon quelques-uns, de biffer & rayer leur cen
fure, en forte qu'elle ne parût plus fur leur Re-
giftre; & felon d'autres, d'effacer feulement le
nom de l'Eglife de Lyon, de leur conclufion.

Bénédiction des SS. Huiles,le Jeudy-faint,à celuy de fept, aux termes de l'ancien Pontifical de Lyon, qu'il avoit récouvré depuis peu & racheté d'un Curé.

(a) Il falloit que ces bons Docteurs ne prîffent pas garde qu'ils enveloppoient auffi l'Eglife de Rome dans leur cenfure; elle qui ne demande ni génuflexion ni inclination à l'Elévation qui fe fait des facrez Symboles, en difant, omnis honor & gloria: quoique ce foit icy la même chofe; & que dans l'origine,la premiere Elévation me tende pas plus à l'adoration que cette derniere.

M. Simon.
xxv111.
M. du Pin.
Biblioth. Eccl.
XVI. ficde.

Leter, choif.

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