Imágenes de páginas
PDF
EPUB

jourdhuy. Je dis plus communément, à caufe des Carmes & des Jacobins, qui n'ont rien encore innové à cet égard, comme nous l'avons déja obfervé.

·35. Al'occafion des mots Inclinantes fe, qui font le commencement de l'Oraifon appellée Super-populum, le Mercredy des Cendres, tout le monde doit s'incliner pendant cette Oraifon. ] Soit qu'on panche tout le corps & même qu'on s'agenouille, felon le Rit le plus ufité; foit qu'on fe profternetout-à-fait, comme porte l'ancien Miffel des Camaldules; ou que fimplement on baille la tête ou les épaules, ainfi que l'obfervoient autrefois plufieurs Eglifes & que le prattiquent encore les Carmes: en cela fi exacts, fi précis &, pour ainfi dire, fi litteraux, que, bien qu'ils s'agenouillent. aux autres Oraifons de la Melle; à celle-cy, à caufe d'inclinantes fe, ils fe contentent de s'in cliner.

Et non feulement cette génuflexion ou inclination a lieu le Mercredy des Cendres, par rapport à ces mots inclinantes fe, qui naturellement femblent en effet demander qu'en les prononçant on s'incline; mais encore, par extenfion & par imitation, elle se prattique dans tout le refte du Carême aux mêmes Oraifons, je veux dire aux Oraifons qui fe difent fur le peuple. Super popu lum inclinantes, dit le Rituel MS. de Bayeux, qui employe, comme l'on voit, l'expreffion même de l'Oraifon, Inclinantes fe; c'est-à-dire, le mot même dont la lettre & le fon, ainfi que le fens, portent & déterminént à s'incliner.

36. A quoy même on eft convié par cette monition du Diacre, Humiliate capita veftra Deo. ] Au lieu de quoy, le Diacre difoit autrefois, Inclinate

capita veftra Deo. Voyez fur cela le Cérémonial de Bursfeld, le M. d'Uirect de 1497. l'Ordinaire de Verdun & celuy de Strasbourg, qui s'explique en ces termes; Dicit Diaconus, Inclinate capita vef tra Deo, & Chorus inclinat ufque ad finem Ora tionis. Pour les Chartreux, fans le mettre en peine fi le mot humiliate eft là pour inclinate, ils s'en tiennent à l'impreffion que fait fur eux ce premier mot; & fe contentent de s'humilier, en découvrant fimplemet la tête,ce qu'ils n'obfervet point aux autres Oraifons. Mais indépendamment de l'effet que peut icy faire le mot inclinantes fe, il fuffic que l'Oraison se dise sur le peuple, pour que le peuple doive étre cependant baillé & incliné comme fous la main du Prêtre.

37. Il paroît que c'est au mot confecratio, que doi vent naturellement appartenir les Signes-de-Croix qui par anticipation, accompagnent à prefent & depuis long-temps, le Pax Domini fit femper vobifcum.] Auffices Signes alloient-ils autrefois précisément avec l'Hac commixtio & confecratio, fuivant ces termes du fecond Ordre-Romain: « Le Pontife met dans le Calice, que tient l'Archidiacre, une « portion de l'Hoftie qu'il a mordue, ( a ), faifant en même temps trois Signes-de-Croix & difant, Fiat commixtio & confecratio Corporis & a Sanguinis D. N.J. C. &c. Amalaire remarque

[ocr errors]

le

(a a) Quelques perfonnes trouveront peut être que terme de mordue n'eft pas affez refpecteux. C'eft pourtant l'expreffion de l'Ordre-Romain même partem quam · fibi morder; & en un autre endroit, de ipfa Sancta quam momorderit, dit cetre Ordre : ce que M. l'Abbé Fleury en fon Hiftoire Ecclefiaftique, tome 8. page 171. traduit ainfi, & de la même Hoftie qu'il avoit mordue. Après tout il n'eft pas aifé de trouver des termes pour rendre autrement cet endroit de l'Ordre-Romain.

[ocr errors]

20

pareillement que le Signe-de-Croix qui fe fái foit icy fur le Calice, accompagnoit auffi ces paroles. Bien plus, de ce que ces Signes étoient liez avec l'Hac commixtio & confecratio, & que d'ailleurs cette formule fe trouvoit régulièrement jointe avec l'immiffion de la parcelle dans te Calice; ces Signes avoient pris un tel rapport avec l'immiffion même, qu'indépendamment des paroles, & lors même qu'on omettoit la formule, ils ne laiffoient pas d'accompagner cet te action. C'est ce qui paroît par le premier Ordre-Romain, où il eft marqué que « le Prêtre, après avoir dit Pax Domini fit femper vobiscum. fait avec la main trois Signes-de-Croix fur le Calice, dans lequel il jette la fainte Eucaristie, Et encore dans le quatrieme Ordre :« Quand le »Pape communie, il mord dans l'Hoftie,en mange une partie; & avec l'autre qui refte, il fair→ trois Signes-de-Croix fur le Calice,en l'y jettant fans rien dire. Quelquefois au contraire, lorfque le mêlange de la parcelle fe faifoit précifément en difant Pax Domini: quelque rapport qu'eûffent ces Signes avec ce mêlange; néanmoins, parce qu'ils ne convenoient point au Pax Domini, & ne lui appartenoient en façon quelconque, auffi n'étoit-il fait aucune mention des Signes : & c'eft ce qui fe peut voir dans le cinquieme Ordre-Romain. Enfin d'autres fois, le Pax Domini ne fe difant point, les Signes-deM. Argent. Croix ne laiffoient point de fe faire; marque qu'ils n'ont rien de commun avec cette formule.

1520. It. August. 1555.

[ocr errors]

38. Le Signe de-la-Croix. Tout le monde convient de l'antiquité de ce Signe; même les Proteftants paffent fur cela condamnation. Nous

1

a

[ocr errors]
[ocr errors]

сс

la Miletiere.

tion Romai ne.

lifons dans le deuxieme fiecle, dit M. Drelincourt, que les Chretiens avoient accoutumé Repliqué à en toutes fortes de rencontres,de faire le Signede-la Croix, pour témoigner aux Payens, qu'ils n'avoient point de honte de Jefus-Chrift cruci- * fié. J'avoue, dit M. Daillé, que Tertullien, Nouveauté dans le même lieu où il met les Oblations pour « de la Tradi les Morts entre les ufages autorifez par la tra- a dition & par la coutume, adjoute auffi comme «< une chofe de même ordre, la coutume que les « Chretiens avoient d'imprimer le Signe-de-la"Croix fur leur front. « Et cet endroit de Tertul- « lien eft rapporté tout au long par les Centuriateurs deMagdebourg, qui adjoutent » qu'Origene Centurie. 3⁄4» montre auffi que c'étoit la coutume de faire le « Signe-de-la Croix fur les Baptizez, & avant que « de fe mettre à table. » Mais s'il eft vray, com- « me le prétendent quelques Auteurs, que la coutume de benir en forme de Croix, ait paffé des Juifs aux Chretiens, il n'eft pas poffible de marquer jufqu'où remonte la tradition de ce Signe ; puifque fur cette présupposition, il faudroit la re culer au de-là même de la naiffance de l'Eglife. Voyez ce que nous avons dit fur cela, au Chapitre 2. Remarque 61.

39. Faire une bénédiction & former le Signe-dela Croix, c'eft régulièrement la même chofe, au style des Rubriques. ] Et non feulement au style des Rubriques; mais prefque toujours, benir & figner, c'est-à-dire, faire un Signe-de-Croix, font des termes fynonymes & réciproques. On lit,par exemple, de S. Aubin Evêque d'Angers, qu'étant invité par quelques-uns de fes Confreres, à faire auffi le Signe-de-la-Croix fur des Eulogies, qu'ils avoient déja benies, il le leur refufa. Cùm rogare

tur....ut Eulogias, quas reliqui Antiftites.... benè dixerant, & ipfe fignaret, ait ad Sacerdotale Concilium; Etfi ad imperium veftrum fignare compel tor, &c. où l'on voit que benedicere eft la même chofe que fignare.

40. Le Signe de la Croix accompagne comme pur gefte, comme bénédiction de fimple gefte, le mot benedictus, en ces paroles, Benedictus qui venit in no mine Domini. Et ce Signe a fi peu icy d'autre ufage, qu'il paroît tout-à-fait indifférent furquoy il tombe. La Rubrique Romaine a réglé, par exemple, qu'il feroit fait fur le Prêtre même tan• Facit Cru- dis que d'autres Eglifes l'ont affecté au Calice, cem fuper d'autres au Prêtre conjointement & au CaliCalicem, dicendo, Bene- ce tant la chofe intereffe peu, pourvu que cette diftus qui ve bénédictton fe faffe en prononçant le mot bene Domini. M. dictus.

nit in nomine

Eduenf. 1593.

[ocr errors]

41. Le Signe-de-Croix va avec le Nom des trois 6 Sacerdos Perfonnes divines, à ces paroles, tu folus Altiffifignet Calicem & fe ip- mus Jefu Chrifte, cum fanéto Spiritu, in gloria fum, dicen- Dei Patris du Gloria in excelfis. Car il faut re do, Benedictus M.Conftant. monter jufqu'à ces paroles, tu folus Altiffimus Jež fu Chrifte, liées avec celles-cy,cum fancto Spiritu,in gloria Dei Patris,par la conjonctive cum. Il eft vray que l'ordre n'eft pas tout-à-fait gardé entre les Perfonnes; mais cette interverfion n'importe icy, & n'en exige pas moins le Signe ordinaire: non plus que cette formule de Bénédiction, qui autrefois fe donnoit en quelques Eglifes, à la fin de la Melle, In unitate Spiritus, benedicat vos Pater & Filius.

42. Et encore avec ces autres paroles de la fin du Canon,Per tipfum & cumtipfo & intipfo, eft tibi Deo Patri† omnipotenti, in unitate Spiritus + fancti. ] Visiblement les Signes-de-Croix font

« AnteriorContinuar »