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ment entendu d'une lecture ou prononciation, d'une récitation fans chant & à voix basse, quoi qu'intelligible, fut deformais pris pour une récitation à voix tout-à-fait basse & ce qui s'appelle inintelligible.

VII.

Ce n'eft pas que le submissa voce, & même le fecretò, ne foit encore évidemment refté en plufieurs endroits des Rubriques, en fa premiere fignification; de forte qu'il fe peut dire que cette expreffion n'eft guere déterminée que par l'ufage, au fens que communément on luy donne aujourdhuy.

Mais il y a à tout cela des exceptions que nous pourrons obferver en examinant les Cérémonies en détail.

VIII,

Quoiqu'il en foit, il y a dans l'ufage préfent, trois manieres de prononcer à la Messe haute. Savoir, à voix haute & par conféquent avec chant; à voix basse & par conféquent fans chant & pourtant d'une maniere intelligible; & à voix tout-à-fait basse & inintelligible. Ce qui fe dit à voix haute & par conféquent avec chant, nous l'avons obfervé fur le nombre 111. Ce qui fe dit à voix baffe & fans chant & toutefois d'une maniere intelligible, c'est tout le commencement de la Meffe,le corps de la Collecte & de la Post-communion, l'Epitre, l'Evangile, la Bénédiction & 'In principio. Et enfin ce qui fe dit à voix toutà-fait baffe & inintelligible, c'eft le corps de la Secrette, du Canon, du Libera nos quafumus, ces paroles Hac commixtio & confecratio, & quelquesautres prieres marquées fur le nombre v. La ma Tome 1.

X

322 Explication des Cérémonies de la Messe. à la Meffe haute d'une voix niere de prononcer baffe & fans chant & pourtant d'une maniere intelligible, eft la premiere & la plus conforme â l'ancienne prattique de l'Eglife; celle d'élever la voix & par conséquent de chanter à certains endroits, n'eft venue que dans la fuite; & enfin celle de la baiffer en d'autres endroits, jufqu'à la rendre tout-à-fait baffe & inintelligible, eft la. plus récente & celle qui eft prefentement en usala Meffe haute. ge dans l'Eglife. Voila

pour

ARTICLE II.

De la maniere de prononcer à la Messe basse.

M

I.

Aintenant pour venir à la Meffe baffe; nous verrons dans toute la fuite de l'Ouvrage, que ce que le Prêtre a fait à cet égard à la Meffe haute (j'entens pour la maniere de prononcer, ) il l'a auffi tout naturellement porté & introduit à la Meffe baffe. C'eft-à-dire, que ce que le Prêtre récite tout bas & inintelligiblement à la Meffe haute, par la raison du chant dont le Chœur eft alors occupé, & peut étre encore pour les autres raisons que nous avons marquées fur les nombres v. & VI I.; à la Meffe baffe, par la force de l'habitude & par imitation, il le dit auffi à voix baffe, quoique s'il parloit plus haut, rien alors n'empêchât qu'on ne le pût entendre. Dans les endroits où plufieurs Prêtres font venus à dire la Meffe tout à la fois, furtout à des Autels voifins les uns des autres, ç'a été une néceffité de baiffer absolument la voix, pour ne point s'entre-inter

compre, ni s'entre-incommoder. Le refte de ce qui fe dit à la Meffe haute, ou avec chant ou tandis que rien ne fe chante au Chœur, le Prêtre à la Meffe baffe le dit toujours d'un ton intelligible, quoique bas & fans chant.

II.

Enforte qu'il y a dans l'ufage présent, des chofes à la Meffe baffe, qui fe prononcent d'une voix baffe quoiqu'intelligible, fubmiffa voce ; fa→ voir, tout ce qui à la Meffe haute fe dit ou avec chant, comme l'Introït, le Kyrie, & lë refte, marqué fur le nombre 111.; ou tandis que rien ne fe chante au Chœur, comme la Collecte, l'Epitre, l'Evangile & la Poft-communion. Il y en a d'autres qui fe récitent à voix non feulement baffe, mais abfolument inintelligible; & ce font celles qui à la Meffe haute fe difent pendant le chant du Chœur, telles que la Secrette, le Ca non, le Libera nos quafumus, ces paroles Hac com mixtio & confecratio & les prieres marquées fur le nombre v. En un mot, il y a deux manieres de prononcer aujourdhuy à la Meffe basse; ou à voix baffe & pourtant intelligible, ou à voix tout-àfait bafle & inintelligible.

SECTION II.

Autre différence de la Meffe haute de la Meffe baffe précisément le caractere de la Meffe baffe.

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'Eft donc de la récitation à voix haute ou à voix baffè de certaines parties de la Meffe, que la Meffe haute & la Meffe baffe prennent leur dénomination, & ce qui fait l'un de leurs ca

racteres, comme nous venons de voir; mais une autre différence non moins effentielle, la voicy: C'eft qu'à la Meffe haute, régulièrement il y a un Diacre pour prononcer l'Evangile, un Soudiacre ou autre Lecteur pour lire l'Epitre & les Prophéties, des Chantres pour chanter l'Introït, le Kyrie, &c. & du peuple pour participer avec le Prêtre au Sacrifice par l'Offrande & par la Communion; enfin tout s'y fait avec bien plus de solennité & de majefté, avec encens, avec luminaire, &c. : d'où vient qu'elle eft appellée Messe folennelle; au lieu qu'à la Messe basse il ne se rencontre rien de tout cela, le Prêtre n'y étant d'ordinaire accompagné que d'un Clerc ou même d'un Laïque pour luy répondre. Et c'eft proprement ce défaut de Lecteurs,de Chantres & de Miniftres,qui fait le caractere & l'effence de la Meffe baffe, & qui en a introduit l'usage & la nécessité dans l'Eglife dez les premiers fiecles. Car, comme on fe trouvoit quelquefois engagé à célébrer extraordinairement l'Eucaristie, par exemple, dans les prisons,en temps de perfécution, ou pour adminiftrer le S. Viatique à quelque malade qui preffoit, ou en d'autres cas de néceffité, enfin par d'autres motifs, même de pure dévotion (a) ; &

(a) Il paroît par une Lettre de S. Cyprien à fon Clergé, , que des Ptêtres alloient tout à tour avec un Diacre offrir le Sacrifice dans les prifons des Confeffeurs.

S. Ambroise étant à Rome, fut invité par une Dame d'aller dans fa maison au delà du Tybre, & y offrir le Sacrifice. Paul. vit. Ambr. n. 10. S. Auguftin fait auffi mention dans le l. 22. de la Cité de Dien, c. 8. qu'un Prêtre alla dire la Meffe à la campagne en une maison où il revenoit des efprits. Enfin, dans l'Epitre du Pape Innocent I. à Decentius, on voit des Chapelles particulieres avec des Prêtres qui y célébroient la Meffe, quoiqu'ils n'euffent point de peuple qui s'affemblât avec eux.

que cependant il ne fe trouvoit pas toujours du monde à propos pour préfenter la matiere du Sacrifice & enfuite y participer, de Diacre pour lire l'Evangile & adminiftrer au moins l'une des Efpeces, de Soudiacre ou autre Lecteur pour lire l'Epitre, en un mot, perfonne pour lire ou chanter les Pleaumes ufitez & autres parties de la Meffe le Prêtre étoit alors néceffairement chargé d'éxécuter tout cela, de faire lui-même toutes ces fonctions & de fuppléer au défaut du peuple, du Diacre, du Soudiacre & des Lecteurs ou Chantres (a), pour dire ou faire feul tout ce qui auroit dû fe dire ou fe faire par tous ces différens Miniftres (b); enfin obligé d'abréger & de célébrer fans beaucoup de façon & de cérémonies, fans peuple, du moins qui offiît & qui communiât, fans folennité & fans encens, fans tant de luminaire, &c. d'où par oppofition à la Meffe folennelle, cette Meffe étoit appelée Meffe

On lit en quelques anciens Sacramentaires, des Meffes propres, intitulées In domo cujuflibet. V. fur tout celà, la Liturgie du Cardinal Bona, l. 1. c. 14. celle de M. Boc quillot, l. 1. c. 7. &c.

(a) Auffi, felon l'Ordinaire des Jacobins, même à la Meffe baffe, lorfque le Miniftre ou Clerc eft dans les Ordres facrez, c'est à luy & non au Prêtre à dire l'Epitre. L'inftrument de paix fe donne auffi à baifer au Miniftre dans cet Ordre; ou, comme l'on voit, plus qu'en nulle autre Eglife, on conferve aux Meffes particulieres, tous les caracteres poffibles de la Meffe folennelle.

(b) Seulement on a réglé qu'il fe feroit du moins affifter d'un Miniftre ou Clerc ; quoique fuivant la remarque du Cardinal Bona ( Liturg. l. 1. c. 15. n. 6. ), il me paroiffe pas plus d'inconvenient, par rapport aux paroles conçues au plurier, comme Dominus vobifcum. Oremus, à célébrer la Meffe fans affiftans, qu'à réciter, fon Breviaire en particulier.

D.

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