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liers de fortir, les Dimanches & les Fêtes, de l'Office du matin ou du foir, avant la fin de ces Offices ; & fans attendre ni la récitation de l'Oraison Dominicale, ni la Bénédiction de l'Evêque ou du Prêtre. Voilà l'inconvénient d'expliquer en tous ces endroits le Miffas tenere, non de l'Office en général, mais en particulier de la Meffe: au lieu qu'à traduire dans le premier fens, on ne rifque rien, & c'eft conftamment le party le plus fûr & le plus avifé; auffi est-ce celuy que fuit perpétuellement M. Dupin, en interprétant ces mêmes Canons, dans fa Bibliotheque des Aureurs Eccléfiaftiques.

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Pour le Miffas tenere de la Regle de S. Benoist, on ne conçoit pas comment de célébres Auteurs de ce temps-cy,s'aheurtent à l'entendre de l'affif tance à la Meffe : car évidemment tout ce que S. Benoift ordonne dans le Chapitre déja cité de fa Regle, » touchant les Prêtres qui font dans le Monaftere, à qui il permet de tenir la pre- « miere place après l'Abbé, de donner les bénédictions, & de faire encore d'autres fonctions, «<< exprimées par ces mots Miffas tenere ; « tout cela Concedatur ei poft Abbane peut étre que par le motif d'une confidération tem ftare,beparticuliere pour eux & à caufe de leur caractere nedicere,aut & de leur dignité. Ce font des prééminences & re, fi tamen des prérogatives d'honneur & d'employ, qu'on jufferit leur accorde fur les autres. Or, de bonne foy, eft-ce une distinction pour des Prêtres, que d'af fifter à la Meffe; & ont-ils befoin d'une conceffion finguliere, pour l'entendre & pour y étré préfens? Au lieu que, pour donner les bénédictions, préfider à l'Office & ce qu'on appelle tenir le Chœur : comme en l'abfence & au défaut

Miflas tene

Abbas.

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de l'Abbé, ces fonctions regardoient naturelle ment le Prieur ou les Doyens ; en un mot, les plus Anciens, à l'exclufion même de Prêtres, qui n'avoient d'autre rang, que celuy de leur entrée dans le Monaftere ; il falloit à ceux-cy un ordre exprès de l'Abbé, pour faire ces fonctions ; & c'eft ce que S. Benoift veut dire icy par ces paroles : concedatur ei.... benedicere, aut Miffas tenere, fi tamen jusserit ei Abbas. Mais feulement conçoiton ce que veut dire, affifter à la Meffe après l' Abbé; qui eft le fens qu'un très-habile homme de nos jours, donne à cet endroit de la Regle de S. Benoift: Eft-ce,n'affifter qu'à la feconde Meffe,& laiffer l'Abbé par honneur entendre la premiere; ou bien, le mettre derriere l'Abbé, lorsqu'il entend la Messe ? Mais ce n'eft pas icy le lieu de s'étendre d'avantage là-deffus. Il doit donc demeurer pour décidé, à mon avis,que S. Benoit à prétendu dire icy autre chose que d'Affister à la Mesfe; & que par ces termes Missas tenere, il entend certainement des fonctions fupérieures; comme de Tenir le Chœur, faire l'Office, & y présider, le commencer & le finir, dire les Oraifons, & auffi par conféquent célébrer la Meffe, les Dimanches & les Fêtes, en un mot, quand il en eft befoin. Onvoit donc encore icy l'importance de rendre ces mots Miffas tenere, par rapport à l'Office en général, & non à la Meffe en particulier. Bien plus, dans l'Abbayie de Notre-Dame de Soiffons, de l'Ordre de S. Benoift; cette expreffion, qui étoit fans doute venue aux Dames de ce Monaftere, de la tradition de la Regle, fe trouvoit encore ufitée au xv. fiecle, en un fens exclufif même du Sacrifice de la Meffe: car dans l'Or

dinaire manufcrit de S. Pierre de la même Ville (a), contenant quelques Coutumes, communes aux Chanoines de cette Eglife, & aux Religieufes de Notre-Dame, dont ces Chanoines font Chapelains, il eft fait mention d'une ceinture, due à la Dame qui tient la Meffe; ce qui manifeftement ne fe peut entendre de célébrer la Meffe, puifqu'une Religieufe eft de foy inhabile à exercer le Sacerdoce & le Miniftere; mais feulement de tenir le Choeur & faire l'Office de Chantre ou dé Semainiere (6). A Moncaffin, au rapport de PaulAuguftin de Ferrariis, Moine de ce Monaftere qui a écrit de nos jours fur la Regle de S. Benoist; ces termes, tenere hebdomadam Miffa, font encore demeurez dans l'ufage, pour dire, faite l'Office pendant la femaine ; ce qui s'entend également de tous les Offices, & de Matines & de Laudes comme de la Meffe. « Quand les Canons ont « dit tenere Miffas, dit M. de l'Aubépine, Evêque d'Orleans, ils ont entendu dire, gouverner les « Affemblées des Fideles y préfider: cette façon de parler ne peut s'appliquer au Sacrifice, il faut néceffairement l'entendre de l'Affemblée des « Fideles.

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CC

Enfin, de ce que les Fideles s'affembloient pour célébrer les Divins-Offices, les Dimanches & les Fêtes, on a dit Missa Sancti-Martini, Sancti

(a) Cet Ordinaire est écrit en 1449. & fe nomme Daghardt, c'est-à-dire, Journal; parcequ'il renferme ce qui fe doit faire chaque jour dans l'Eglife. Dag ou Dagh, mot Flamand, formé de Dies.

(b) C'eft ainfi que le Cérémonial de Reims de 1637. dit gue le Chantre tient la Meffe, pour dire, qu'il fait la fonction de Chantre à la Meffe ; ce que l'Ordinaire ma· nufcrit de l'Abbaye de Savigny, exprime auffi en Latin par Officium Miffa tenere,

Joannis, pour défigner la Fête de S. Martin, de S. Jean (a). Les Moines de Corbie appelloient la Fête de Sainte-Batilde, la Meffe de Dame- Batilde, Miffa Domna Batilda Bien davantage, parcequ'on s'affemble aux Foires, & que d'ailleurs ces Foires se tiennent d'ordinaire aux lieux où l'on célébre la Fête ou la Dédicace de l'Eglife; on trouve quelque part la Meffe de S. Jean, pour dire non-feulement la Fête, mais auffi la Foire de S. Jean car les Fêtes ont donné lieu aux Foires, ainfi dites du mot Feria, Fêtes. D'un côté, les Marchands prenoient occasion de ces affemblées & du concours des Fideles, qui venoient en pélérinage aux Tombeaux des Saints, pour étaler & debiter plus facilement leurs denrées & leurs marchandises; & d'autre part, les particuliers s'accommodoient tout à-fait de trouver dans ces lieux de dévotion, toutes les chofes néceffaires à la vie ; furtout, ceux qui venoient de loin, ne pouvoient-ils guere s'empêcher d'a cheter des vivres. On fait que les Hôtelleries étoient peu communes en ces temps-là. Nundi. nas & publicum Emporium, ex Martyrum tempore &loco, facientes, dit S. Bafile, en fes Afcetiques » Chapitre 40. On fait des Foires & des Marchez fur les Tombeaux des Martyrs, aux jours » mêmes de leurs Fêtes.

10. Parce que la fin de la meffe des Catécumenes faifoit en même temps le commencement de l'autre partie de la Liturgie, où les Fideles feuls avoient droit d'affifter, le nom de Meffe a aussi insensiblement & comme naturellement passe à cette feconde on derniere

(a) A Gand, on dit le Terme de la Bé-mis, ( Bavonis, Miffa, la Fête de S. Bavon), comme on dit en ces payscy, le Terme de la-S, Remy.

partie ]

partie Voicy les paroles de M. Ducange: Unde cum ab ea dimiffione inciperet Miffa Fidelium,nomen inde fumpfit ipfa, qua pro Fidelibus peragi incipit, Liturgia. Voyez le Gloffaire Latin de ce Savanthomme, fur le mot Miffa Catechumenorum.

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L. 1. de Sacr. c. I.

11. Les Fideles, ceux qui étoient baptifez)» On appelle Fideles à Rome, ceux qui ont reçu le Baptême, dit S. Ambroise; « à la différence des Ca- «< técumenes, qui n'étant point régénérez, pouvoient bien, après avoir reçu l'impreffion du Signe de la Croix & l'impofition des mains, étre appellez Chretiens, mais jamais Fideles: en forte que, Catécumene étoit oppofé à Fidele (a) & non Aug. 1. 11. à Chretien. On voit en effet dans le Concile d'El- c. 62. de vire, Canon 39. & 46. que le nom de Chretien fe Serm. 3. de donne à des Gentils, devenus Catécumenes S. Laur par l'impofition des mains; & le nom de Fidele, à celuy qui eft baptizé (b). On lit ce Titre dans un ancien Ordre ou Ordinaire Romain: Ordo ad faciendum Chriftianum, pour dire ad faciendum Catechumenum (c). Mais cette différence ne fe trouve

(a) Quis Catechumenus, quis Fidelis, incertum eft, dit Tertullien, en parlant des affemblées des Hérétiques, Pariter adeunt, pariter audiunt, pariter orant. L. de prafcript. c. 41. » On ne fait qui eft Catécumene ou qui eft Fidele ; ils entrent également, ils écoutent, ils " prient fans diftinction.

(b) Voyez M. l'Abbé Fleury, en fon Hiftoire Ecclefiaftique, L. 9. p. 611. C'eft qu'en effet le Baptême eft le Sacrement de la Foy: auffi eft ce la Foy qu'on demande en demandant le Baptême. Quid petis ab Ecclefia Dei?

R. Fidem.

(c) Il fuffifoit donc d'avoir reçu l'impofition des mains de l'Evêque, ou du Prêtre comme de fa part, & d'étre marqué au front, du Signe de la Croix,c'est-à-dire, du fceau de Jefus-Chrift, à qui le Catécumene commençoit déja d'appartenir, pour étre réputé & appellé Chretien: & ce n'étoit point par le Baptême que s'acqueroit Tome 1. C

Pecc. rem.&

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