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ouis & entendusa. Le Concile de Bâle condam- Synodic. Parif. p. 156. ne l'abus de certaines Eglifes, dans lesquelles on célébroit fi bas les Meffes privées, qu'elles ne pouvoient étre entendues des affiftans. Aux termes de cette difpofition, reçue dans l'Affemblée de Bourges, l'an 1488. & publiée au Parlement par ordre de Charles V III. la PragmatiqueSanction (à laquelle le Concordat de Leon X, & de François I. n'a point dérogé à cet égard, ) ordonna aux Prêtres d'élever leur voix en célébrant, enforte qu'elle pût être ouye de tout le monde. Le Concile de la Province de Reims, tenu en 1583.prefcrit au Prêtre de réciter les prieres de la Meffe, d'une maniere fi claire & fi diftincte, qu'il puiffe être entendu d'un chacun, ou du moins des Miniftres de l'Autel : Sacerdos fatrum faciens, clara distinctâque voce ita pronunciet, ut ab affiftentibus, faltemque à Miniftris Altaris, poffit intelligi. On voit que ce Concile fait icy tout uni & n'excepte ni la Secrete ni le Canon. GermainValens,Evêqué d'Orleans fait auffi ce ftatut en 1587. Sacra ipfa Canonis verba, apertè, distinctè (ouvertement, manifeftement, clairement, intelligiblement, évidemment) ac fincera devotio nis fervore proferat; ea verò maximè que à Theologis effentialia dicuntur ( les paroles de la Confécration), id eft, in quibus Sacramenti virtus confiftit. Il est vray néanmoins, que contre les autoritez précédentes, M. l'Evêque de Seès (Mathurin Savary) publia fur la fin du fiecle dernier (au mois de Mars 1698.) un Mandement pour affujettir les Prêtres fous peine de fufpenfe actuelle, ipfo facto, à prononcer les paroles du Canon fecretement &à voix baffe, enforte qu'il ne pût être entendu que du Célébrant, dans les Messes baffes & particulieres.

Mais d'ailleurs, lorfque dans ce même Mande ment il veut qu'aux Messes hautes, les mêmes Paro les du Canon puiffent être entendues du Diacre & du Soudiacre, c'eft, ce femble, favorifer dans ces Meffes, l'intelligibilité du Canon, puisqu'il doit être entendu du Diacre & du Soudiacre; & par conféquent de tous ceux qui fe trouveroient fur la même ligne & proche de ces Miniftres. Enfin le Miffel de Paris, marque précisément que le Canon doit ête récité fubmifsâ voce; ce que les favans Reviseurs ou Correcteurs de cet excellent Miffel, ont entendu apparemment d'une récitation à voix baffe & tout-enfemble intelligible. C'est au moins l'acception qu'ils donnent euxmêmes au fubmifsâ voce, lorfqu'ils prefcrivent, par exemple, de prononcer de ce ton, ou d'une voix plus élevée, la Bénédiction qui fe donne à la fin de la Meffe, vel altâ vel fubmifsâ voce, avec chant ou fans chant, haut ou bas, mais toujours de maniere qu'on l'entende. C'est au même sens qu'une infinité d'Eglifes, avant celle de Paris, avoient pareillement ordonné la récitation du Canon à voix baffe. Et certes le fubmifsâ voce, avant les dernieres Rubriques, ne s'eft jamais entendu que d'une voix baffle & toutefois intelligible. Le Miffel de Viviers de 1527. marque que le Canon doit être dit fubmifsâ voce. Et qu'est-ce Voce fubmif- que dire fubmifsâ voce, dans l'efprit de ce Miffelt Ja dicit Te C'eft dire d'une voix médiocrement élevée. Voce igitur).C'est auffi l'ex- fubmifsâ feu mediocriter elevatâ, porte le même preffion de Miffel, dans la Rubrique de la Bénédiction des main xiv. Cendres, benedicit dicens (Adjutorium noftrum venons de in nomine Domini). Ou bien, voce communi & plana, comme s'exprime encore ce Miffel, en parlant de l'Oraifon Omnipotens fempiterne Deus.

Ï'Ordre Ro

comme nous

voir plus

haut.

de la Bénédiction des Fonts.

Le

pour

Le Concile de Trente, parlant des diverfes manieres de prononcer à la Meffe, & diftinguant ce qui fe récite haut d'avec ce qui fe récite bas, dit qu'il y a des chofes qui fe proferent submissä voce, d'autres elata ou elatiori voce, fans marquer en quel fens précisément il entend cette expreffion qui paroît équivoque, & qui peut fignifier, comme nous avons vu, ou une voix bafse & toutenfemble intelligible, ou une voix basse & toutà-fait inintelligible. Car dez-le temps de ce Concile, cette variété de prononciation à basse voix avoit déja prévalu. Ce qui d'un côté roit porter à croire que le fubmifsâ voce doit étre icy pris en la premiere fignification, c'est que le Concile ufe du comparatif elatiori; ce qui fuppofe que ce qu'il appelle dire fubmifsâ voce, c'est dire d'une voix élevée, mais pas fi haut pourtant que ce qui fe chante. D'autre part, l'efprit du Concile étant icy de condamner ceux qui faifoient un reproche à l'Eglife Catholique, de ce que communément les Prêtres récitoient une partie de la Meffe à voix inintelligible, il est difficile de ne pas expliquer fubmifsâ voce au dernier fens; & c'eft celuy en effet dans lequel plufieurs Conciles Provinciaux tenus depuis paroiffent avoir entendu ces paroles.

13. Toutes ces parties de la Meffe ont été en effet récitées autrefois à voix intelligible. ] Témoin au regard du Canon, tout ce qu'il y a d'Auteurs qui ont écrit far la Meffe depuis le x. fiecle ; le Faux-Alcuin, Robert Paululus-, Jean Beleth, Honoré d'Autun, Durand, Gabriel Biel, &c, Tous ces Auteurs, fans en excepter un feul, re gardent comme une pure nouveauté, de réciter le Canon à baffe & inintelligible voix ; & ils Tome I.

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infinuent de refte que c'étoit une opinion com mune de leur temps, qu'autrefois on le difoit à voix haute & intelligible. Cum antiquitus, cùm olim, cùm primitus, publicè & altâ voce Canon dicevetur. C'eft leur expreffion unanime, jufque-là, que felon le témoignage de Jean Mofchus, & même du Pape Innocent III. les enfans, les pâtres & les bergers, en un mot, les plus fimples & les plus groffiers le favoient par cœur : on le prononçoit & on le chantoit par tout, dans les rues & dans les places publiques. Car, pour ce qui eft de ce que certains Auteurs rapportent que cette prolation ou récitation à voix intelligible du Canón, fut défendue à l'occafion du miracle arrivé en la perfonne de quelques bergers, dont nous parlerons plus bas, c'eft furquoy ces Auteurs n'alleguent ni Decrets de Conciles, ni Conftitutions de Papes, ni Statuts d'Evêques, Feu M.de Sees (Mathurin Savary), en fon Mandement que nous avons cité plus haut, regarde auffi comme une difcipline moderne, de réciter le Canon à voix secrete & inintelligible.

Mais une preuve démonftrative de la prononciation à voix intelligible des paroles du Canon, eft l'Amen que le peuple répondoit à celles de la Confécration & à d'autres prieres, où il est encore reftè, favoir au Communicantes, à Hanc igitur oblationem, à Supplices te rogamus & au Memento des Morts (a). Car on ne peut s'empêcher

(a) On trouve en quelques Missels, entre-autres, en celuy de S. Riquier de 1307, que l'amen fe répondoit encore après d'autres prières du Canon; favoir, aprés ces mots, hac fanéta facrificia illibata, après & Apof tolica fidei cultoribus, après aterno Deo vivo & vero, après Calicem falutaris perpetua, & enfin après im

d

1556.

b en ja Chre

de tirer cette induction avec Georges Caffan- mort en `der “,M. Meurier, M. l'Abbé Fleury, M. Theraize 4 &c. que de néceffité ces prieres étoient tienne & 'entendues du peuple, & par conféquent pronon- Expofition cées à voix intelligible (a). D'où vient que des faints &

cans,

Catholique

teres de la

mœurs des

Meffe, impri maculatam Hoftiam: enforte qu'il falloit que les affif- mie à Reims, du moins les Miniftres, füffent toujours attentifs fur la fin die aux paroles du Canon. Et ce qui faifoit que les fideles xvi. fiecle. repondoient ainfi Amen aux prieres du Canon," c'eft can fes dit S. Jean Chryfoftome, en fon Homelie 18. fur la 2. Chretiens. Ep. aux Corinthiens, que la priere par où l'on fait den fes Quef l'Action de graces, eft commune au Prêtre & au peuple: " tions fur la que ce n'eft pas feulement le Prêtre qui rend cette « Messe. Action de graces, mais auffi tout le peuple qui declare "< que Cela est juste & raisonnable.

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(a) Bien plus, Caffander & Lorichius déja citez, concluent de ces Amen, reftez dans le Canon, que toute cette priere doit étre encore à prefent lue & récitée à haute & intelligible voix.,, Au refte, difent ces Auteurs, le Canon ne doit point étre lu d'un ton trop bas, mais d'une voix intelligible, afin que les affiftans puifTent l'entendre & le concevoir ; & la preuve de cela eft, qu'à la fin de chaque Oraifon ils doivent tous << repondre Amén.,, Et encore fur ces mots du Canon, Communicantes & memoriam venerantes, voicy ce que ces Auteurs adjoutent: "Il faut icy obferver qu'on ne doit point lire le Canon d'une voix trop baffe, mais d'un ton clair & diftinct, en prononçant & ar- " ticulant fi bien les mots, qu'ils puiflent étre enten- " dus des affiftans. C'est ce que nous apprend la conclu- « fion de cette priere, qui fe termine par le mot Amen, « auffi bien que les fix autres fuivantes. Ce qui eft une " preuve manifefte que la Meffe eft un Sacrifice public, que ceux qui y affiftent offrent ce Sacrifice conjointe. " ment avec le Prêtre qui le célébre, & que le confen. « tement du peuple eft requis pour la célébration de la " Meffe. Il s'enfuit donc que le Canon doit étre lu à “ voix claire & intelligible, afin que le peuple donne " fon confentement & réponde Amen, à l'Action de " graces que fait le Prêtre. C'eft auffi ce que nous en- " feigne l'Apôtre au Chapitre 14. de la premiere Epitre

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