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voit abfolument fe paffer d'entendre le Prêtre, i ne s'agit plus de prendre ce mot d'ouyr, fervilement & à la rigueur : & l'Eglife même ne juge pas à propos de rappeller par un Decret pofitif & une Rubrique expreffe, l'ancienne maniere de réciter ces prieres à haute & intelligible voix:elle approuveroit encore moins qu'on condamnât l'ufage contraire qui a prévalu; parce que quant l'ellence du Sacrifice, il impotte peu que la Meffe

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en ont été faites, fur tout en France. On en comptoit déja plus de trente, fous feu M. de Harlay archevêque de Paris. Le Roy en a fait diftribuer à milliers aux Nouveaux-Convertis, & on ne fache plus d'Evêques qui ne les autorife dans fon Diocêfe. On a outre cela entre les maius,la traduction de la Meffe entiere,faite en 1587. par ordre de Meffieurs les Cardinaux de Lorraine & de Guife, fucceffivement Archevêques de Reims ; celle de M. Veron; celle du fieur d'Illaire en 1618., approuvée par deux Docteurs en Theologie de la Faculté de Paris ; celle de feu M. l'Archevêque de Rouen ( François de Harlay), imprimée en 1644, & r'imprimée en 1651. avec l'approbation de l'Affemblée du Clergé de 1650. celle de la Milletiere, en 1646. approuvée par trois Evêques & cinq Docteur de Sorbonne, dont deux étoient en même tems Curez de Paris; celle de M. Catalan,en 1651. aprouvée par quatre Docteurs de la même Faculté, dont deux étoient auffi Curez de Paris; celle du Miffel entier de M. de Voifin en 1660, approuvée par plufieurs Evêques & plu→ fieurs Docteurs en Theologie i celle de feu M. le Tourneux, pareillement approuvée par des Docteurs de Sorbonne, quoique ces deux-ey ayent fouffert depuis, leurs difficultez ; & enfin celle qui paroît depuis quelques années, fous l'authorité de S. E. Monseigneur le Cardinal de Noailles, Archevêque de Paris, Mais avant toutes ces verfions, le Concile de Trente (Seff. 22. de reform. cap. 8.) avoit enjoint aux Pafteurs, d'inftruire le peuple en Langue vulgaire, de ce qui fe dit à la Meffe. C'est-àdire, d'expofer & d'interpreter ce qui y eft contenu : fans doute pour que l'Eglife en foit édifiée, & que les fideles, priant & chantant par le mouvement de l'efprit, prient auf & chantent avec intelligence & avec connoiffance.

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foit célébrée à haute ou à basse voix (a) ; & qu'à l'égard de l'instruction & de l'édification des peuples, l'Eglife y a fuffifamment fuppléé d'ailleurs, les fideles ayant aujourdhuy une infinité de ref fources pour ne pas perdre l'intelligence & le fruit de ce qui fe dit & fe fait à laMeffe.Ainfi quand l'Eglife n'auroit d'autre raifon que celle de maintenir la paix, elle ne peut jamais permettre que des particuliers condamnent indifféremment les Interpretetur, ut Ecclefia adificationem accipiat.... orabo fpiritu, orabo & mente; pfallam fpirita, pfallam

mente. i. Cor. 14. 5. & 15. Aufli a-t-on de la peine à comprendre que depuis même cette déclaration formelle & expreffe du S. Concile, il fe foit encore trouvé des perTonnes, qui ayent foutenu qu'il n'étoit point permis de mettre le Canon de la Meffe en Langue vulgaire. Peutétre cès perfonnes avoient-elles alors leurs raifons. Quoiqu'il en foit, ces raifons heureufement n'ont plus de lieu, & en un mot les chofes ont tout-à-fait icy changé de face. J'ay ouy raconter à feu M. Pelliffon (dont le nom feul doit faire icy l'éloge ),qu'un Ecclefiaftique diftingué (jë n'ay garde de répéter fon nom ni fa qualité ) luy avoit dit d'un tres grand ferieux, qu'il ne comprenoit pas comment il fe donnoit la liberté de lire le Canon en françois (grand malheur ! ); que pour luy ( Prêtre toutefois & le lifant tous les jours en latin), il s'en feroit un fort grand fcrupule. En quel homme, bon Dieu ! ce fcrupule pour roit-il tomber aujourdhuy? & qui oferoit tenir un tel lan3 gage? Sur tout en France, où, fous un Roy zelé, com me fous un Clergé éclairé, on n'a pas cru pouvoir em ployer un moyen plus promt & plus utile pour l'inftruc tion & pour l'édification des Nouveaux Convertis, que de leur mettre entre les mains, les prieres de l'Eglife en françois, entr'autres l'Ordinaire de la Meffe.

(a), Il n'importe quant à l'effence du Sacrifice, die le P. Martinot Jefuite, dans fon Livre de l'Eucaristie, « Difp. 4. fect. 6. n. 66. qu'il foit célébré à basse ou à “ haute voix. C'eft pourquoi l'Eglife a pu choisir l'une " de ces deux manieres,qui font indifférences d'elles-mê- « mes, & ordonner qu'elle foit obfervée pour garder l'uniformité.

prattiques. Sans compter que la récitation à voix intelligible du Canon, n'eft pas encore univerfellement abrogée. Et nous avons déja observé qu'à la Melle de la Célébration des Evêques & des Prêtres, à celle du Jeudy-faint en plufieurs Eglifes, & généralement à toutes Meffes célébrées par plufieurs Prêtres ensemble & en commun, l'ancien ufage fe foutenoit toujours (a). Au fond & fur le pied que les chofes fe trouvent préfente ment établies à cet égard dans l'Eglife, & tandis que toutes ces difpofitions fubfifteront, je ne vois pas qu'on doive fi fort s'embarraffer pour la prononciation à voix intelligible du Canon. Déja aux Meffes hautes, nous avons vu qu'à cause du chant du Chœur, la chofe étoit absolument impraticable. Et pour les Meffes baffes, cette récitation à voix haute y eft prefque inutile, d'autant que les trois quarts de ceux qui y affiftent, n'ont

(a). Et la vérité eft que le nombre des fideles,& entr'eux fur tout les Nouveaux-Réunis, aiment à oùir les paroles du Prêtre, & s'édifient tout à fait d'entendre réciter le Canon. L'experience l'a fait connoître, & plufieurs Nouveaux-Convertis l'ont fouvent avoüé, que les idées que leurs Miniftres leur avoient données, fur tout de cette priere de la Meffe, comme d'un ouvrage de tenebres, dout nous n'ofions nous expliquer, leur en avoient donné un éloignement extrême, duquel ils ne font revenus qu'autant que par leur propre experience & par l'intelligence du Canon, ils en ont reconnu par eux-mêmes la fainteté.

On rapporte de M. le Maréchal de Vivonne, que s'étant trouvé à l'Ordination de feu M. l'Abbé de Lavau, faite aux Chartreux de Paris, par feu M. Faure, Evêque, d'Amiens; ce Marêchal dit en fortant de la Cérémonie, que c'étoit là la premiere Meffe qu'il eût bien entendu de fa vie. C'eft qu'en effet M. d'Amiens l'avoit dite toutentiere à voix intelligible, pour que le Nouveau Prêtra la dift auffi conjointement avec luy.

plus aujourdhuy & depuis long-temps, aucune connoiffance de la Langue en laquelle elles fe difent; comme par exemple, les femmes, les artifans, les payfans & la plupart des bourgeois enforte qu'il n'y a guere que quelques gens d'épée, quelques financiers & les perfonnes de robbe, Ecclefiaftiques ou Laïques, à qui cette forte de prononciation pourroit étre utile ; encore de ces derniers, faudroit-il en retrencher une infinité d'Ecclefiaftiques, qui pendant la Meffe s'occupent fouvent à réciter leur Breviaire. Refte donc les Magiftrats, les Avocats, Medecins & autres perfonnes de lettres, & quelques gens d'épées & de finances, quelques perfonnes de la Cour, qui feroient à la vérité en état d'écouter avec fruit & avec édification, les prieres de la Meffe & de répondre Amen avec connoiffance, comme dit l'Apôtre. Mais il feroit encore néceffaire pour cela, que ces perfonnes fe rangeâffent fort près de l'Autel, & tout à fait à la portée de la voix du Prêtre ; ce qui n'est pas toujours aifé, vu le grand concours du peuple aux Meffes baffes, qui fouvent eft tel, fur tout les Fêtes & les Dimanches, que le Prêtre auroit beau étendre & forcer la voix, c'est bien tout ce qu'il pourroit faire que d'étre entendu de la moitié des affiftans. Seulement voicy l'avantage qui reviendroit de la maniere de prononcer dont nous parlons: c'eft que ceux-même qui ne favent pas la Langue de l'Eglife, pourvu qu'ils euffent entre les mains les prieres de la Meffe en latin & en françois, cette récitation à voix haute pourroit les diriger & les aider à fuivre le Prêtre & à fe conformer à fes paroles & à fes actions; ce qui eft de l'aveu de tous les Théolo

giens, la meilleure maniere d'entendre la Meffe, comme étant en effet celle qui a le plus de rapport à l'efprit de l'Eglife & à l'institution du Sa crifice.

4. DEMAND E.

S'il eft vray que toutes les parties de la Meffe, ayent été autrefois dites à voix intelligible, même la Secrete & le Canon; pourquoy dès les premiers fieçles (comme on le voit, par exemple, dans le Sacramentaire du Pape Gelafe), a-t'on appellé Secrete, l'Oraifon qui précede la Préface, & qui plus communément en effet fe prononce à préfent à baffe & inintelligible voix 2

REPONSE.

La Secrete eft ainfi appellée, non qu'on la dît en fecret & à voix inintelligible (a); l'Eglife ayant au contraire toujours intéreffé les fideles qui aujour à cette priere, comme il paroît par l'Oremus * dhuy fe dit à la vérité a- & l'Orate fratres qui la précedent en forme d'invant l'Offer- vitations & d'avertiffemens: mais de ce qu'el

toire; mais

qui conftam

crete, com

ment appar- (a) Comme le prétendent quelques Auteurs, tant tient à la Se- anciens que modernes ; qui d'ailleurs, quand après cela me nous le vous leur demandez pourquoy cette priere fe dit fecretepourrons ment & à voix inintelligible, vous répondent froide montrer ailment, que c'eft parce qu'elle eft nommée Secrete: explideurs. quant ainfi l'un par l'autre & faifant ce cercle vicieux : La Secrete eft ainfi appellée de ce qu'elle fe récite fecretement; & elle fe récite fecretement parce qu'elle eft appellée Secrete. C'est-à-dire, que ces Autenrs fuppofent le principe qui eft précisément à prouver, favoir que la Secrete fe dit autrefois fecretement; & qu'ils prouvent enfuite ce principe par la chofe même qu'ils pensent avoir prouvée, qui eft que cette priere tire fon nom de ce qu'elle fe récite fecretement.

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