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telle eft la coutume de l'Eglife Romaine.

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15. Qui a enfin prévalu & eft seul refté pluscommunément dans le langage de l'Eglife, & toujours dans la bouche du peuple.] Et voicy de la maniere qu'on conçoit que cette dénomination a pu s'établir. Comme les Fideles, qui n'avoient pu fe trouver avec les Catécumenes, aux lectures & au Sermon, étoient appellez au Sacrifice, par le fon d'une cloche, ou de quelqu'autre Inftrument (a); & que ce fignal étoit vulgairement nommé Meffe, parce qu'il fe donnoit pendant la Messe, c'est-à-dire, pendant l'Office ou le renvoy des Catécumenes ( de même que tous les jours on nomme Te Deum, ce qui fe fonne pendant le Te Deum, quoique ce ne foit le pas le Te Deum qu'on fonne, mais Laudes ( b ) ) : il a été aifé que ce mot de Meffe, ainfi affecté, par la raifon que nous venons de dire, à la cloche qui annonçoit l'Office des Fideles, ait tout naturellement & comme infenfiblement paffé à cet Offce, c'est-à-dire, à l'Office même, dont cette cloche étoit le fignal. Signum fecutura Liturgia Euchariftica, dit Mathias-Martinius.

Ce fignal de la Meffe des Fideles eft encore refté en quelques Eglifes, où cette Meffe fe fon

(a) Tel, par exemple, que l'Inftrument de bois, encore en ufage pour appeller les Fideles à l'Eglife, fous le nom de Crecerelle ou Crecelle, le Jeudy, le Vendredy & le Samedy-faint. On le nomme auffi en quelques endroits, Tartarelle; & à Rouen Tartavelle, du verbe vello, vellere, felon quelques-uns : comme on dit manivelle, de manu vellere. Après cela, reste à savoir ce que fignifie tarte ou tarta.

de

(b) Ce qui eft fi vray, qu'en plufieurs Eglifes, aux jours où il n'y a point de Te Deum, on ne laiffe pas fonner les mêmes cloches pendant le dernier Répons.

ne pendant l'Evangile ( a ) & avec les mêmes cloches, que la Meffe des Catécumenes, comme à Paris. En d'autres Eglifes, comme à S. Martin de Tours, c'eft pendant l'Alleluia & l'Evangile; à Troies, pendant le Graduel; ailleurs, pendant la Profe (b), fur-tout celle des Morts, ainfi qu'il s'obferve en tous les lieux où cette Profe

eft reçue. Car, il ne faut pas croire que ce foit

la Prose elle-même qu'on fonne ; comme ce qu'on fonne à Sens, à la fin du premier & du second Nocturne, n'eft pas le Nocturne même, pendant lequel on fonne, mais le Nocturne fui- A Noyon on vant. Ce qu'on fonne à Noyon pendant le Ver- me à chaque fet Exurge, qui fuit le Capitule de Primes, n'eft Nocturne

(a) Comme à Paris, à Rouen & à Reims, Le Sonneur dans cette derniere Eglife, tinte quelques coups, ce qui s'appelle la Meffe de l'Evangile; c'eft-à-dire, la Meffe des Fideles, qui fe fonne pendant l'Evangile, felon la penfée de quelques uns: car l'on croit communément à Reims, que ce tintement de cloche n'a de rapport qu'à la Meffe baffe, qui fe dit tous les jours dans cette Eglife, aprés l'Evangile de la grand'Meffe ; & qui étant fonnée en effet pendant cet Evangile, eft de la nommée Meße de l'Evangile. On pourroit peut eftre concilier & ajuster ces differens fentimens, en difant qu'originairement cette cloche fe tintoit pendant l'Evangile de la grand'Meffe, pour annoncer la Meffe des Fideles ; & que la Meffe baffe dont il s'agit, ayant été fondée & inftituée dans la fuite, pour être célébrée après cet Evangile, on aura tout naturellement fait fervir les mêmes coups de cloche à annoncer auffi cette Meffe, & ce tintement aura auffi toujours retenu par conféquent fa dénomination de Meffe de l'Evangile.

(b) A Orleans, à Sens, à Châlons-fur-Saone, &c. Si fuerit Dominica, ad Miffam pulfatur cum fequentia decantatur,& fimiliter fit de fefto, fi fequentia fuerit decantanda, dit l'Ordinaire de Bayeux. A Clermont-enAuvergne, on fonne pendant la Profe, avec la même foLennité qu'on a coutume par :out de fonner pour la Meffe.

fonne de mè

des Morts.

ans, que pa

à N. D. de

s'appelloit

Jonner l'Exur ge.

Il n'y a gue- pas ce Verset, mais l'Office-Capitulaire. Ce re que ro. qu'on fonne par tout pendant le Te Deum, n'eft reille chofe point le Te Deum, ainfi que nous venons de l'oble pratiquoit ferver, c'eft Laudes ; & ce qu'on fonne le Jeudy Paris ce qui & le Samedy-faint, pendant le Gloria in excelfis, n'eft point le Gloria in excelfis, mais la Meffe, qui ne commençoit en effet autrefois qu'à la Collecte ou premiere Oraifon. Ce qu'on fonne pendant le chant des O ou du Magnificat, quelques jours avant Noel, n'eft ni l'O ni le Magnificat, mais apparemment Complies ( a ). Ce qu'on fonne pendant la Proceffion, les Dimanches & aux folennitez avant la Meffe, n'eft pas la Proceffion, mais la Meffe, je veux dire la Meffe des Catécumenes (b). Ce qu'on fonne en plufieurs Eglifes pendant l'Agnus Dei, n'eft point l'Agnus Dei, mais Sextes (c). Et la raifon de tout cecy, eft que, comme on ne fonne que pour appeller & pour avertir de fe rendre à l'Eglife, il ne ferviroit affurément de rien, de fonner, par exemple, pour le premier Nocturne, pendant le pre

(a) Ce qui eft de vray, c'eft que tous les jours on fonne de même en plufieurs Eglifes pendant le Magnificat, comme à Châlons-fur-Saone, à S. Hilaire de Poitiers (ce qu'ils appellent le Retour de Vépres ), à S. Pierre de Mafcon, à Sens, à Chartres, &c. Et preuve que c'est Complies, c'est que cette fonnerie ceffe en Carême, où Complies font éloignées & tout-à-fait féparées de Vêpres. Et pour ce qui fe fonne pendant l'o, l'ancien Ordinaire de S. Etienne-de-Troies, décide nettement que c'eft Complies: Quando dicitur Antiphona O, ad Completorium pulfatur cum majori figno.

(b) Et lorsqu'il n'y a pas de Proceffion, cette Meffe fe fonne régulièrement pendant Tierces; ou aux jours de petit jeûne, pendant Sextes; & en Carême, pendant

Nones.

(c) D'où vient que cette fonnerie eft appellée à Rouen le Boutte-hurs ou la fonnerie de Sextes.

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mier Nocturne, pour le Te Deum, pendant le Te Deum; pour le Gloria in excelfis, pendant le Glovia in excelfis; pour l'Agnus Dei, pendant l'Agnus Dei; pour Magnificat, pendant Magnificat ; pour la Proceffion, pendant la Proceffion : & ainfi du refte. Mais, marque que ce n'eft point pour la Profe qu'ou fonne à la Meffe, pendant la Profe; c'eft que lorfque la Profe s'omet, comme en Carême, on ne laiffe pas de fonner pen- Angers, dant le Graduel ou le Trait: tefte donc que cette Toul, &c. fonnerie foit le coup de la Meffe des Fideles. Il y a des Eglifes où on n'avertit pour cette Messe qu'à la Préface ou vers le Sanctus ; mais c'est vifiblement trop tard, puisque cette Messe commence dez l'Offrande.

Maintenant, que l'origine du mot de Messe foit telle que nous l'avons marquée, S. Ifidore de Seville, nous l'apprend dez le commencement du vii. fiecle, environ 200. ans après que la célébration de l'Eucaristie eût pris cette nouvelle dénomination. « La Messe commence au temps du Sacrifice, dit ce S. Evêque ( & nous avons «< déja rapporté une partie de fes paroles, citées «< par Amalaire), c'est-à-dire, à l'endroit où le Diacre renvoye les Catécumenes ( quando Ca- ∞ techumeni for as mittuntur), en leur disant : S'il y a encore icy quelque Catécumene, qu'il forte; & c'eft delà que vient le mot de Meffe. C'eft auffi « le fentiment de prefque tout ce qu'il y a d'Auteurs qui ont écrit fur cette origine depuis S. Ifidore. Il feroit infiny de les rapporter tous; mais toujours ne peut-on s'empêcher de nommer icy entre les autres, Raban-Maur, Amalaire, Flore, Remy - d'Auxerre, le Faux - Alcuin, Honoréd'Autun, Jean-Beleth, le Pape Innocent II I.

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Comme à

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Lindanus, Polydore-Virgile ou Vergile, Sande rus, Cujas, Scaliger, Beatus- Rhenanus, Bellarmin, Suarez, Vafquez, Cafaubon, Martinius, Sylvius, le Pere Sirmond, le Pere Morin, Voffius, Scortia, le Cardinal Bona, M. du Cange, M. Ménage, feu M.l'Evêque de Meaux, M. l'Ab bé Fleury, M. Ameline, Grand- Archidiacre en l'Eglife de Paris, M. l'Abbé Chastelain, Chanoi. *En un mot, ne de la même Eglife,* M. Bocquillot, Chanoine Savans d'Avalon, Dom Jean-Mabillon, &c. Ce n'eft du nouveau pas que, comme l'obferve fort judicieusement de Paris. S. M. Bocquillot (en fa Liturgie, l. 1. c. 1.) la for E. M. leCar- mule Ite, missa eft, qui fe dit tout à la fin de la dinal de No- Melle, n'ait pu auffi contribuer à faire donner ce nom de Messe au Sacrifice. Et peut-être mê me que toute l'action n'aura été ainfi dénommée

lės

Réformateurs

Cérémonial

ailles,

tète.

à la

qué
de ces derniers mots de la Meffe des Fideles.
Nous voyons, par exemple que l'Office de Lau-
des ou du matin,originairement appellé Matines,
ne tire pareillement ce nom de Landes, que du
mot Laudate, fouvent répété dans les derniers
Pleaumes de cet Office. Et de même du mot de
Tenebres, qui ne convenant d'abord qu'aux der-
nieres paroles de l'Office, depuis nommé Tene-
bres, parcequ'on éteignoit exprés à la fin de cet
Office, même lorfqu'il faifoit encore nuit, tout
le luminaire de l'Eglife, s'eft dans la suite répan-
du, pour ainsi dire, en devant fur l'Office entier,
je veux dire, fur Matines & fur Laudes, jointes
enfemble (a). Enfin, la Cinquantaine entiere

(a) vbi verò ventum eft ad Tenebras..... dum Kyrie eleïfon cum Verfibus cantaretur, dit l'Auteur de la Vie du Bienheureux Richard, Abbé de S. Vennes de Verdun, en parlant de la fin de Laudes du Jeudy faint. C'est-à-dire, lorfqu'on en étoit aux Prieres qui le réci

du

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