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Viaticum no

ftri itineris,

dit s. Gaudence Evê

que de Bref

fe, au Iv. fiecle.

tenues en ces Offices. Le S. Ciboire tire de même fa dénomination du mot ciborium (qui fignifie une couppe à boire ( a )) ; & non des Hofties. confacrées qu'on réserve pour la Communion des infirmes. Le facré Viatique eft ainfi appellé du voyage, que font fur le point de faire de ce monde en l'autre, ceux à qui on l'administre (b);

(a) L'habile M. Dacier prétend que ce mot eft Egyptien ; & que c'eft proprement la gouffe d'Egypte, d'où, parce que cette gouffe,quand la féve en eft fortie, eft fort ouverte par le haut & fort pointue par le bas, & qu'elle fervoit de couppe aux Egyptiens,toutes les couppes de la même forme, de quelque matiere qu'elle fuffent, ont été appellées ciboria. C'eft dans fa Note fur cet endroit d'Horace, Obliviofo levia Maffico ciboria exple. Serm. 1. 11. Od. 7.

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(b) Viatique (de via, voye, chemin), proprement la provifion d'argent ou d'autres néceffitez pour faire un voyage. Ainfi appelle-t'on encore communément,ce qu'on donne à quelqu'un pour faire les frais d'un. voyage. Et ainfi nommoit-on chez les Anciens, la piecę de monnoye qu'on mettoit en la bouche des morts, pour leur fervir de provifion & de viatique, qui étoit, à ce qu'ils difoient, comme le prix de leur paffage de cette vie à l'autre, c'eft-à-dire, ce qu'ils payoient à Caron pour le paffage de la Barque. Au lieu de quoy, quelques Eglifes, voulant peut être abolir cette vaine & fuperftitieufe coutume, fubftituerent la fainte Eucaristie, qui delà retint (apparemment ) le nom de Viatique ; même depuis qu'on fe fût réduit à l'adminiftrer feulement aux mourans, conformément à la déffense de continuer de la donner aux corps morts,portée par le Concile de Carthage III. de l'an 397. par le Synode d'Auxerre, de 578. & par le VI. Concile général, de 680. & 681. Non qu'avant toutes ces deffenfes, on ne donnât déja la Communion aux mourans même fous le nom de Viatique, pour fortifier les fideles dans le paffage de cette vie à l'autre, puifqu'il en eft parlé dans le Canon 13. du Concice de Nicée, tenu plus de foixante ans avant celuy de Carthage III. Bien plus, tout Sacrement adminiftré à l'article de la mort,étoit aufli pour la raifon marquée plus

& non de la fainte Eucaristie, que reçoivent les mourans. Les Proceffions, de ce qu'on y

cramentum

haut, appellé Viatique. Surquoy, on peut voir l'Homelie de faint Bafile, & le Difcours de S. Gregoire de Nazianze, fur le Baptême. Aufurplus, je ne prétens rien icy infinuer, & bien moins encore, que ce qui a paru plaufible & vrai-femblable à quelques Auteurs, & entreautres, à Bafile-Ponce de Leon, Docteur en Theolo· Variar. difp. gie, de l'ordre des Ermites de S. Auguftin, & à Ange- Scholaft. q. lus-de-Nuce Abbé de Moncaffin, qui, dans fes Notes 2. p. 1. Šafur la Chronique de fon Monaftere, dédiées au Pape cran Clement IX. s'exprime ainfi, d'aprés Ponce de Leon: progredienComme plufieurs cérémonies des Chretiens tirent" ideoviaticum leur origine de celles du Paganifme, il eft à croire que " appellatur, cet ufage de donner l'Eucariftie aux morts, en étoit « dit le Concile d'Ecefter, de encore venu. En effet, une fuperftition célebre par. 1287.c. I. my les Gentils, leur faifoit imaginer que les ames en fortant de ce monde, pour aller aux Champs Elifèes, " rencontroient aux Enfers le Fleuve du Cocyte, qu'il leur falloit paffer dans la Barqué de Caron. Or, afin “ que le mort eût dequoy payer le paffage ; immédiate- «< ment aprés fon decez, on luy mettoit dans la bou- " che, une obole, c'eft à-dire, la fixieme partie d'une " dragme,ou une autre piece de monnoye,de la valeur de " la troifieme partie d'un affe ou fou Romain. C'étoit le " Naulage ou droit qu'exigeoit Caron pour le loyer de fa " Barque.... L'Eglife dans ces premiers temps, vou. “ lant abolir, ou plutôt confacrer cette cérémonie Pa- “ yenne, ordonna, ou du moins permit prudemment, qu'au lieu d'une piece de monnoye,on mift l'Eucaristie " dans la bouche des morts: non pas pour payer au fabu- " leux Caron, le droit du paffage ; mais pour donner à "a leurs corps un gage de la vie éternelle. La figure d'une "< piece de monnoye que l'on donne au pain Eucarifti- " que, autorife cette conjecture. Cette piece de mon- " noye célefte, pour ainfi parler, étant mise dans la bou- «< che d'un defunt, fignifioit que fon corps, tout mort " qu'il étoit, obtiendroit par fon prix & fa vertu, une vie " célefte & immortelle. En effet,c'eft à ce Sacrement, que les Peres, en mille endroits, attribuent la résurrection" des corps,conformément à ces paroles de Jefus-Chrift: " Si quelqu'un mange de cé Pain, il vivra éternelle-" ment. Il femble même que c'eft pour faire allufion à la “

Procedere, marche, & non des raifons de leur inftitution, aller, mar- C'est ainfi encore, qu'au fentiment de quelques

cher.

Savans modernes, on appelle un Cardinal, non précisément de ce qu'il concélebre & confacre conjointement avec le Pontife, je parle d'un Cardinal-Prêtre; mais de ce que pendant la Meffe, il fe tient à la carne, c'est à-dire au coin ou côté de l'Autel, in cardine Altaris (a). C'est

», pratique dont on parle, que l'Eucaristie que l'on don,, ne aux mourans, eft appellée Viatique. De là, dit auffi le favant Dom Jean Mabillon, au 1. tome de fes Annales de l'Ordre de S. Benoifi, p. 90. la coutume de ne communier les malades, en forme de Viatique,qu'a l'extremité; in extremo vita halitu.

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(a) On doit cette étymologie au feu Pere ClaudeFrançois Meneftrier, Jefuite tres-diftingué, qui affuroit que cardo fe trouve fouvent employé par les anciens Auteurs, pour dire, un coin, un angle; & que chez les Romains, les extrémitez d'un héritage, & ce qu'on appelle les bouts & côtez, les tenans & aboutiffants étoient nommez cardines. Et effet, cardo eft un terme d'Arpenteur; en forte, que, fuivant cette idée, carne viendroit de l'ablatif cardine, par le retranchement du d & de l'i. Suppofé donc que cardo foit pris en ce fens : ce qui paroîtroit entierement favorifer cette origine du mot de Cardinal; c'est qu'en effet, les Prêtres concélebrans, foit à Rome avec le Pape, foit ailleurs avec l'Evêque, fe plaçoient & s'arrangoient à la carne de l'Autel, c'eft à-dire, au rebord, depuis le milieu où étoit le Pontife, jufqu'au de là du coin & du recoin en tournant de chaque côté de l'Autel, Et c'eft ainfi qu'ils font encore difpofez à Lyon à Vienne en Daufiné & en d'autres Eglifes; où auffi fans doute pour cette même raison, ils font appellez Cardinaux, comme à Sens, à Angers, à Troics, à Soiffons, à Toul, &c. Et c'eft apparemment pour fe diftinguer des Cardinaux de ces Eglifes particulieres, que les Titulaires ou Curez de celles de Rome, qui célébroient avec le Pape, se qualifient Cardinaux de l'Eglife Romaine. On peut ajoûter que ces Cardinaux de l'Eglife Romaine fe trouvent aufli nommez collaterales, en quelques Ordres ou

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ainfi que les Clercs d'une Eglife font nommez Chanoines (Canonici), précisément de ce qu'ils font infcrits dans le canon ou catalogue, fur le rôle ou tableau, la lifte ou matricule; en un mot,fur le regiftre de ceux qui doivent étre nour

Cérémoniaux, comme étant effectivement aux côtez du Pape,lorfqu'ils célébroient avec luy. Presbyteri ad dexteram lavam,difent les Conftitutions-Apoftoliques. Ad latera Domini Epifcopi, fex ad dexteram & fex ad finiftram, , porte l'Ordinaire de Toul. C'eft-à-dire, que le Pontife étoit le Prêtre du milieu, & les Cardinaux les Prêtres des côtez. Epifcopum Sabinenfem, unum ex feptem Epifcopis, qui nobis in Ecclefia Romana collaterales existunt, dit quelque part le Pape Innocent III. V. in geft. ejufd. Pontif. Leon IV. (in Synod. Roman. 853) & Jean VIII. ( Ep. 83.89.) les appellent auffi, les Prêtres de leur carne, de la carne de leur Eglife & de leur Autel, Presbyteros fui cardinis, ou cardinis Ecclefia fua; où l'on voit que ces Papes employent le mot de cardo, dans la fignification marquée plus haut.

D'un autre côté, comme les Grands-Officiers de la Cour des Empereurs, s'appelloient femblablement Cardinales (V. Notit. Imper.) , on pourroit penfer que cette dénomination auroit auffi tout naturellement paffé aux Prêtres Titulaires de Rome, Confeillers-nez du Pape; comme on voit que le Pape luy-même a pris des Empereurs Romains, bien qu'en un fens plus fublime, le titre de Grand ou Souverain Pontife, Sumus Pontifex ou Pontifex Maximus. D'autres veulent que le nom de cardinal en général, vienne de cardo, qui fignifie au propre le gond d'une porte, le pivot fur lequel elle tourne; & au figuré & par métaphore, le fondement de quelque chofe, ce qui en eft le principal, le premier & le plus excellent, & fur quoy roule tout ce qui eft de même nature. Delà, les Vertus cardinales, c'est à-dire, principales & qui fervent de fondement à toutes les autres; les Points-cardinaux du Ciel ou de l'Horifon, les Ventscardinaux, les Officiers-cardinaux des Empereurs, & enfin les Prêtres ou Curez ou autres Titulaires-cardi naux de Rome & des autres Eglifes.

ris & entretenus au dépens de cette Eglife (a).

(a) Auffi, le nom de Chanoine ou Canonique ou Clerc-canonique, fe donnoit-il du commencement à tous les Clercs, même aux Evêques; en forte que Clerc & Chanoine, font des mots originairement fynonymes, l'un & l'autre également oppofez à ceux de Moine & de Laïque. Depuis, on a pris ce nom particulierement pour ceux qui vivent en commun : & il eft encore refté aux Clercs des Eglifes Cathédrales & Collégiales, & autres. Communautez, Chapitres, Congrégations ou Convents; foit que ces Clercs ayent confervé la vie commune & Apoftolique, c'est-à-dire, défapropriée, à quoy même dans la fuite & vers le x1. & x11. fiecle, quelquesuns s'engagerent par des voeux folennels, à l'exemple des. Moines ou Reguliers, d'où ils furent appellez Cleres ou Chanoines-Reguliers ; ou qu'ils foient demeurez dans la jouiffance & poffeffion en propre & en particulier de leurs biens & de leurs revenus, d'où, à la différence des Reguliers qui renoncent à pareille proprieté, ils ont été

nommez Seculiers.

Ce nom de Chanoine étoit encore commun à tous les Officiers de l'Eglife, & jufqu'aux plus bas, comme Sonneurs, Foffoyeurs & autres, qui étoient employez dans. la matricule ou catalogue, in canone, & entretenus aux dépens de la Fabriques d'où vient qu'on a auffi quelquefóis donné ce nom à des domeftiques qui fervoient & étoient nourris dans les Monafteres. Il eft marqué dans le Concile de Laodicée, Canon 15. que perfonne ne doit chanter dans l'Eglife, prater canonicos Cantores, c'est-àdire, finon les Chantres ordonnez & infcrits pour cette fonction dans le tableau, in canone. D'autres, à la verité, tirent pareillement cette origine du mot canon; mais * La ration. ils veulent que ce mot fignifie la mesure ou quantité * de vin, de bled, & autres efpeces nécessaires à la vie, qu'on diftribuoit par jour, par femaine, par mois ou par an, à chaque Clerc pour fa fubfiftance. Proprement fa paye, * Sa pitance, sa folde, * fa prébende ou livrée, fa penfion, fa portion, exprimée autrement dans S. Cyprien (Ep. 33. & 66. ), par sportula, le panier où les Clercs (delà appellez Sportulantes mettoient leurs vivres & leurs provifions. Livrée (dulatin liberata) c'étoit ce qu'on livroit à un Clec pour vivre & pour s'habiller; d'où on appelle encore livrée, l'habit qu'un Maître livre à fes domestiques; delà auffi nommez Gens-de-livrée.

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