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Apol. I.

1. quod omn.

les fujets les plus importantes. Ces inftructions ou exhortations fe trouvent exprimées dans la premiere Epître de S. Paul aux Corinthiens, Chapitre 14. Elles étoient faites par les Evêques, & les Prêtres; fouvent auffi par les Prophetes inspirez extraordinairement. Il eft marqué au Chapitre 4. de l'Evangile de S. Luc, que » Le Fils de Dieu prêcha un jour de Sabbat dans la » Synagogue de Nazareth après avoir lu un endroit du Prophete Ifaïe». Et au Chapitre 13. des. Actes des Apôtres, que pareillement » un jour de Sabbat, après la lecture de la Loy & des » Prophetes, S. Paul fe leva & commença à fai re un long difcours. Il eft auffi rapporté dans le Chapitre 17. des mêmes Actes, que le même » Apôtre étant entré à Theffalonique dans la Synagogue des Juifs, il tint des difcours tirez de

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l'Ecriture, pendant trois jours de Sabbat». Et enfin dans le Chapitre 20. " qu'un Dimanche les fideles étant allemblez pour la fraction du pain, S. Paul les entretint & pouffa fon dif » cours jufqu'à minuit».On voit par le témoigna ge de S. Juftin, que le Dimanche, la Lecture achevée, celuy qui préfidoit à l'affemblée, prenoit la parole & faifoit un discours ». Et par celuy de Philon, que» felon l'ufage des Effeens » ou Elléniens, il y en avoit un qui lisoit & un autre qui expliquoit. Origene dit auffi qu'on »prêchoit tous les Dimanches & les Vendredis, jours d'affemblée pour les Chrétiens. Et TerApologet.c.tullien, qu'aprés la lecture des Ecritures-Di» vines, on faifoit les exhortations & les corre tions. Les Conftitutions-Apoftoliques font it. VIII.5. pareillement mention de cette pratique. Enfin on ne peut douter que de tout temps la lecture

prob. lib.

In Exod.

Hom. 7.

39.

L. II. c. 54.

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ait été fuivie du Sermon dans l'Eglife; puifque C'étoit même une tradition venue de la Synagogue,où l'on fait que le fujet du difcours fe prenoit ordinairement du texte de l'Ecriture qu'on lifoit. Et encore aujourd'huy lorfqu'on prêche à la Meffe, c'est régulièrement après la lecture de l'Evangile. Bien plus, les Prédicateurs des Domi- s'il y a Sernicales, ainfi que du Carême, obfervent encore mon, que ce foit précife à préfent dechoifir un texte de l'Evangile du jour; ment aprés c'est-à-dire,un endroit ou paffage tiré du texte de l'Evangile, l'Evangile, pour eftre le fujet de leur Sermon.

13. L'Evêque on le Prêtre qui préfidoit, faluoit le peuple falut qui étant des regles les plus communes de l'honnêteté & de la civilité, ne peut manquer d'avoir été pratiqué dans tous les temps, par les Evêques & par les Prêtres. L'humilité Chretienne fuffifoit même pour leur donner cette forte de politeffe, auffi bien qu'au refte des fideles, qui obfervoient toujours de rendre à l'instant le falut au Prêtre (a), en luy répondant, Et cum fpiritu tuo (b), après que

(a) De le refaluer, comme parlent les anciens Cérémoniaux. Populus eum refalutat, dit le Cérémonial de l'Abbaye de Savigny, de l'Ordre de S. Benoist, au Diocéfe de Lyon.

dit la Rubri

que Romai

ne.

(b),,Que le Seigneur foit auffi avec votre efprit,, i c'est-à-dire, avec vous: comme qui diroit avec votre Sainteté, avec votre Paternité, avec votre Révérence, ou autre titre d'honneur femblable.,, C'eft ainfi qu'où le Gree & le Syriaque portent dans l'Epitre aux Philippiens, chapitre 4. Y. 23. Gratia D. N. J. C. fit omnibus vobis ; on lit dans la Vulgate, ftcum fpiritu veftro. Pendant la célébration des redoutables Myfteres, dit S. Jean Chryfoftome, le Prêtre prie pour le peuple, &" Homil. 18. le peuple prie pour le Prêtre ; & c'eft ce que nous mar- «< in 2. adCor. quent ces paroles, Et cum spiritu tuo, Que le Sci-«! gueur foit aufli avec votre esprit.

le Miffel de

Salutet, popu- le Prêtre avoit dit, comme nous allons voir, De lum, dicendo (Dominus vo- minus vobifcum ou Pax vobis. Les Chartreux rebifcum porte çoivent ce falut du Prêtre d'une maniere très honnête & tres polie, fe découvrant & s'incli nant au mot vobifcum. Les Moines de Bursfeld s'inclinoient pareillemeut icy.

Milan.

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14.Et difoit Pax vobis,on Dominus vobifcum. ] Manieres de faluer des plus anciennes, marquées dans le Vieux & dans le Nouveau-Teftament, & ufités par conféquent dez l'origine de l'Egli se (a). Auffi S. Cyrille de Jérufalem, parle-t'il du Pax vobis, comme d'une pratique venue par tradition dez le commencement. » Le Fils de Ioan. 20.19. Dieu dit à fes Difciples, La paix foit fur vous, De-là, dit ce Pere, l'origine de la pratique que nous obfervons dans nos Affemblées, de nous dire fouvent les uns aux autres ces mêmes paroles (b)». Le Pax vobis eft encore aujourd'huy en ufage chez plufieurs Nations de l'Orient. Et Ruth. 2.4. pour ce qui eft du Dominus vobifcum, Booz s'en fervit pour donner le bon jour à fes moiffon neurs, en les abordant dans fon champ (c); & les moiffonneurs lui répondirent, Le Seigneur vous beniffe.

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(a) Le Concile de Brague tenu l'an 563. ne veut point icy de diftinction entre les Evêques & les fimples Prêtres; mais nous verrons ailleurs que le Pax vobis a prévalu chez les Evêques, & nous effayerons de dire pourquoy.

(b) Le mot de paix fe prenoit chez les Juifs pour toute forte de profperité; en forte que, fouhaiter la paix à quelqu'un, c'étoit luy fouhaiter tout bien. di

(c) Selon la coutume, que tous ceux qui paffoient, foient aux moiffonneurs :,, Que la bénédiction du Sei,, gneur foit fur vous, nous vous beniffons au nom du ,, Seigneur. V. Pfalm. 128. v. 7. 8.

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Il n'y a pas long-temps qu'en France on ufoic encore de cette formule en fe rencontrant: Dien foit avec vous ( a ). S. Auguftin fur le Pfeaume 61. fait mention du Dominus vobifcum qui précède l'Offertoire.

15. L'Oraison, appellée auffi Collecte. ] On rapporte ordinairement le commencement & l'origine des Oraifons ou Collectes de l'Eglife, au Pape Gelafe & à S. Grégoire; quoy qu'il paroiffe par une infinité de tres-anciens monumens, que ces faints Papes n'ont fait autre chofe, que, d'en fixer les formules, qui jufque-là avoient été incertaines & variables.

16. L'Eglife Stationale, ] L'Eglife où la Station étoit indiquée ; c'est-à-dire, vers laquelle, aprés s'étre affemblé dans un autre Eglife, on marchoit en corps & en ordre, & où l'on s'arrêtoit (b) pour célébrer les faints Myfteres. Par

(a) Ou bien, Dieu foit ceans, Dieu vous garde; & quelquefois,parmy le petit peuple, fur tout à la campagne, Dieu vous donne bon jour, ou bon foir.

tion ou fai

(b) Stare, s'arrêter, demeurer, faire alte, fe tenir, fe repofer; & delà, ftatio, chez les Chrétiens comme chez les Juifs & chez les Païens, pour dire, l'endroit où Ainfi on di= l'on s'arrête & où on fe tient, tout lieu ou quartier d'af- foit que les femblée, toute collecte & affemblée publique, même Soldats épour offrir le facrifice & faire les prieres folennelles. De- toient en sta-‹ là donc dans l'Eglife,le Mercredy & le Vendredy fe trou- foient tarion vent appellez jours de Station,dez le fecond fiecle,parce lorfqu'ils équ'il y avoit fynaxe ou affemblée extraordinaire ces toient de jours-là, c'est-à-dire, outre l'assemblée du Dimanche. garde ou poBien plus,ce nom de Station avoit auffi paffé au jeûne qui fez enfaction s'obfervoit jufqu'à l'heure de None ces deux jours. De- nelle, en velà, les Stations du Jubilé, je veux dire, les Eglifes, Cha dette; en un pelles ou Autels défignez pour y gagner les Indulgences, mot, lorf en les allant vifiter & y reftant quelque temps à faire cer taines prieres. De-là encore les Stations des Proceffions,

Tome I.

G

& en fenti

qu'ils fe te

noient dans

exemple, à Rome on s'affembloit les Samedis des Quatre-temps, à Sainte-Marie-Transpontine,

te pofte où c'est-à-dire, certains lieux où on s'arrête, comme dans on les avoit la Nef de l'Eglife,pour y faire quelque prieres ou chanter placez, comune Antienne devant le Crucifix, ou en un autre endroit me dans le devant quelqu'Image; ou dans un côté de Cloître ( fuiCorps-degarde, foit vant l'ancienne pratique des Monafteres,& même des auCamp,foit Eglifes Cathédrales & Collégiales, où les Chanoines vidans la Vil- voient en commun), pour donner temps à l'Hebdoma

le.

dier un Officiant, d'aller benir par des prieres & afperfer d'Eau-benite, les Offices & les Lieux-Reguliers, l'Infir merie, le Dortoir, le Chapitre, le Cloître où on fefoit les lectures, le Réfectoire, la Cuifine, le Cellier, &c. pendant quoy le Choeur, en attendant le Célébrant, s'arrêtoit au pied ou tout proche de chaque Office ou Lieu. Regulier, & y fefoit Station, en chantant un Répons. C'eft ce qui s'obferve encore en partie à Lyon, à Vienneen-Daufiné, à Reims, à Clugny, à S. Pierre d'Abbeville, &c. Telle eft, pour ne toucher qu'en paffant une Cérémo nie qui demanderoit un Traité entier; telle eft, dis-je, l'origine & la raifon de la Proceffion des Dimanches; une marche qui fe fait avant la Meffe, pour benir & purifier avec de l'eau luftrale, le dedans & le dehors de l'Eglife, le Cémetier & les perfonnes mêmes des fideles ; & encore dans les Monafteres, les Lieux-Réguliers & les Offices, comme nous avons vu plus haut. A Lyon, on benit & op afperge encore le Puits & la Cuifine des Enfans-de-Choeur, qui étoit auffi autrefois celle des Chanoines ou Comtes-de-Lyon même, lorfqu'ils vivoient en commun. A Vienne, cette Proceffion s'appelle encore Afperfion. On dit, Aller à l'Afperfion, fonner l'Afperfion; pour dire, Aller à la Proceffion, fonner la Proceffion tant il eft vray que la Proceffion des Dimanches n'a de rapport qu'à l'Afperfion de l'Eau benite; en forte qu'où cette Afperfion n'a plus de lieu & ne fe pratique plus durant la marche & la Proceffion, il paroît comme inutile de parcourir les différens endroits, où le Choeur en Station attendoit autrefois le retour de l'Hebdomadier, tels qu'étoient dans les Monafteres les 4. côtez du Cloître.

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