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S. Jerôme, par exemple, pouvoit regarder, ainfi que beaucoup dautres, dans les Religieufes d'Egypte & de Syrie, la prattique de fe faire couper les cheveux, comme une marque du retranchement & du dépouillement des chofes tempoporelles & fuperflues, auxquelles ces Vierges renonçoient, mais au lieu d'employer cette raifon morale il va préci fément à la raison phyfique, & attribue cette tonfure à netteté & à propreté (a). C'est ainfi que les favans de ce temps-cy, entr'autres, le P. Thomaffin de l'Oratoire & M. l'Abbé Fleury, rapportent la tonfure des Clercs & des Moines à la coutume qu'avoient les Romains de porter les cheveux courts. H en eft de même de l'habit long, que les mêmes Auteurs démontrent avoir efté long temps commun aux Clercs, aux Moines & aux Laïques. Bien davantage, felon ces favans hommes, appuyez en cela & autorifez du fuffrage de Hugue de S. Victor & de Walafride Strabon, Abbé de Richenau, les habits facrez n'étoient point non plus d'abord des vê

(a) Vel quia lava crum non adeunt, vel quia oleum nec capite nec ore norunt, ne à parvis animalibus, que inter cutem & crinem gigni folent, concretis fordibus •pprimantur. Epift ad Sabinian.

دو

mixtione

confecran

dus.

temens particuliers aux Miniftres de l'Autel. Voila ce qui s'appelle traiter solidement & hiftoriquement les matieres. Le Concile d'Orange I. Can. 17. ap portant la raifon du mêlange qui fe fait du Corps de Notre-Seigneur dans le Calice, dit fimplement que c'eft pour confacrer le Calice; c'est à-dire, pour Calix adbenir feulement & fanctifier le vin qu'on Euchariftiae verfoit au Calice ( le mot de confacrer ne fignifiant icy autre chose), à deffein de remplacer le fecond fymbole, qui quelquefois, à cause du trop grand nombre de communians, venoit à manquer; ce qui eft encore une raifon tres réelle & tres littérale. Saint Auguftin veut dans Lettre 149. fa Lettre à S. Paulin, que l'Hoftie fe partage à la Meffe, pour la diftribuer aux fideles, ad diftribuendum comminuitur. Voi la encore une raifon bien fimple & bien naturelle de la fraction de l'Hoftie; & bien différente, comme l'on voit, des raifons allégoriques, aufquelles les Pro teftans nous reprochent d'être réduits dans l'explication de cette prattique. Feu M. de Meaux & Geoffroy Bouffard Docteur en Théologie de la Faculté de Paris, employent pareillement la même raifon. Le même S. Augustin, dans fa Lettre r4. Lettre à Janvier, allegue auffi pour fon- 1a 118,

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dement de la coutume d'offrir le facri fice matin & foir le Jeudy-faint, que c'eft que comme les uns dînoient ce jour-là & par conféquent ne jeûnoient pas (car dîner, même fans fouper, c'eftoit alors ne point jeûner *) ils pouvoient par conféquent communier le matin ; au lieu que ceux qui jeûnoient, comme ils ne prenoient leur repas que vers le foir, ne leur étoit point libre non plus de recevoir plûtôt les Efpeces Eucaristiques: Car telle étoit alors la rigueur & l'ex. actitude du jeûne du Carême, qu'on fe feroit fait un fcrupule de rien mettre dans fa bouche, pour être bu ou mangé, avant l'heure de la rupture du jeûne. Et de-là vient encore l'ufage de ne célébrer la Meffe en ce temps-là, qu'après Nones, qui autrefois ne fe difoient que vers les trois heures après midy. Mais pourquoy objectera quelqu'un, y avoit-il des fideles, qui fe permettoient de dîner le Jeudy-faint C'eft, répond encore S. Auguftin, qu'ils prenoient les bains, & qu'ils ne pouvoient porter tout-à- la fois le jeune & les bains. Mais pour quelle rai

*Et encore aujourdhuy dans l'Eglife, le repas que l'on fait à l'heure du dîner, n'eft proprement que le fouper avancé ; auffi y dit-on, le Benedicite & les Graces du fouper.

fon encore se baigner le Jeudy-faint C'eft, continue toujours le même Docteur, qu'il y avoit quelque indécence que ceux qui devoient être baptizez le famedy fuivant, fe préfentâffent aux facrez Fonts, le corps couvert de la craffe qui s'étoit contractée par l'observation du Carême. Que de raifons phyfiques à la fois!

Saint Ifidore, qui vivoit dans le v11. fiecle, & la Regle du Maître écrite vers le même-temps, nous apprennent que le lavement des Autels, qui fe prattique encore aujourdhuy en une infinité d'Eglifes, le Jeudy ou le Vendredy-faint, c'eft-à-dire, à l'approche de la Fête de Pâque, fe fait à deffein d'ôter de ces tables, la pouffiere & les ordures qui pourroient s'y être amaffées pendant l'année. Bien plus, on lavoit auffi & on purifioit les murailles & les vafes facrez, enfin on balayoit & on nettoyoit toute l'Eglife depuis les voutes jufqu'au pavé; & l'on preparoit toutes chofes pour Solennité. Eodem die ( le Jeudy-faint) altaria templique parietes & pavimenta lavantur & vafa Domino facrata purificantur, dit S. Ifidore. Lotio rerum vel apparatus Pafchalis L. 1. c. 28. ipfo die (le Vendredy-faint) procuretur, porte la Regle du Maitre. Ámalaire,

la

C. 45.

fous lesdeux

167.

non content des diverses raisons mystiques qu'il rapporte de la coutume de ne réferver que le Corps du Seigneur le Jeudy-faint, fans réserver le Sang conclud, au rapport de M. l'Evêque de communion Meaux, qu'on peut dire encore plus efpeces, pag. fimplement que c'est parceque cette efpece s'altere plus facilement que le pain: où l'on voit que cet Auteur femble préférer cette raison aux autres qu'on appelle mystiques. Le même Auteur dit encore que file Prêtre lave les mains à la Meffe, c'eft précisément pour les nettoyer & les purifier des ordures qu'elles auroient pu contracter par l'attouchement & le maniement des pains reçus à l'Offrande; ut exterfa fint à tactu commu L. I. deEccl. nium rerum atque terreno pane. Témoignage d'autant moins fufpect dansAmalaire, que cet Auteur n'eft affurément point accufé de rechercher trop les raisons fimples & naturelles dans l'explication des cérémonies, fur lefquelles au contraire leCardinal Bona luy reproche d'avoir quelquefois trop fubtilifé & trop raffiné, quandoque nimiùm fubtiliter. L'Ordre Romain vi. S. Thomas d'Aquin. Durand Evêque de Mende, le P. Scortia Jefuite & autres, apportent auffi la même raison, comme nous verrons ailleurs. L'Auteur

Offic. c. 19.

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