Imágenes de páginas
PDF
EPUB

ores, le Prêtre étend les bras en forme de croix, c'eft, difent une infinité d'Auteurs & de Miffels, pour figurer celle du Sauveur, principal inftrument de fa Paffion. Si tous les jours, à Lyon & à Vienne en Daufiné, à la Meffe folennelle, on éleve comme vers le Ciel le Calice avec l'Hoftie & qu'auffi tôt on les rabbaiffe comme vers la terre, à ces mots ficut in cælo & in terra du Pater ; c'eft précisément, au fentiment de M. de Sainctes Evêque d'Evreux, pour que l'action exprime auffi la parole. Nous pour rons rapporter de nouveau tous ces faits & toutes ces autoritez plus en détail dans le corps de l'Ouvrage.

Mais quelle raifon le même Gavantus déja cité, nous donne-t'il encore de. l'ufage de porter le manipule au bras gauche. C'eft, dit ce célebre Commen Tit. 1. num. tateur des Rubriques Romaines, que comme cet ornement étoit originairement un linge à fe moucher & à s'effuyer. (a), on s'en fervoit bien plus commo. dément en le prenant de la main droi te & par conféquent en le mettant au

3. litt. 1.

Monfei

gneur l'Archevêque de Reims,

[ocr errors]

(a) Un grand Archevêque, grand par les talens qu'il pour le gouvernement, domme par la dignité de fon Siege m'entendant un jour discourir à ma maniere fur ce Manipule, m'invita dans le moment à donner fur oçla mes idées au public,

bras gauche. Après cela, pour quelle raifon, lorfque le Prêtre étend les mains à la Meffe, les éleve-t'il à la hauteur des épaules? C'est, dit le même Auteur, ad decentiam motus, non ad myfterium. Et Tit.4. num de même, fi après l'Offertoire on met 3. litt. n. le Calice du côté de l'Epitre, ce n'est pas non plus qu'il y ait là de myftere; nullum myfterium dit encore Gavantus: mais c'eft que les burettes font pofées de ce côté-là, fed quia ibi funt ampulla vini Tit.7. num. & aqua.

2. litt. v.

On peut voir par tous ces endroits combien cet Auteur eft attentif à ne laiffer point penser du myftere où il n'y en a pas. Comment, par exemple, explique-t'il encore l'ufage des lumieres à la Meffe; finon en le rapportant à la cou. tume qu'avoient les premiers Chrétiens de s'affembler & de célébrer les SS. Myfteres dans des caves ou lieux fouterrains, ad litteram, quia in cryptis fiebat Miffas Part. 1. Tit. Après quoy ce Rubricaire en vient aux 20. litt. y explications fpirituelles & allégoriques, dont pas une n'eft de luy, mais de diffe

rens Auteurs.

1. Tout le monde fent la difficulté qu'il y a de rapporter aux facrez Symboles, ces paroles, Per quem hæc omnia, Domine, femper bona creas, fanctificas, vivificas, be

í iiij

l'Eglife.

nedicis & preftas nobis, qui fe prononcent fur l'Hoftie & fur le Calice; & on eft embarraffé d'entendre par ces biens que Dieu fanctifie, qu'il vivifie & qu'il benit, le Corps & le Sang de fon Fils, fource lui-même de toute fanctification, de toute vivification (qu'on me paffe ce mot) & de toute bénédiction. C'est même ce qui nous a été fouvent objecté par les Proteftans, entre-autres par Calvin, qui dit qu'il ne convient pas à l'opinion de la tranffubftantiation, de proférer ces padans fon roles après la Confécration. Et M. Baf Hiftoire de nage en dernier lieu, en parlant de cette formule, Per quem hæc omnia, prétend la tourner en preuve contre le dogme de la préfence réelle. » Il n'eft pas vray, dit »ce Miniftre, que Dieu fanctifie le Corps » de Jefus-Christ, car il eft naturelle" ment faint & déja glorifié ; ni que Dieu le vivifie,car il eft vivant éternellement. Donc, conclud M. Bafnage, quand on » croit la tranffubftantiation, tout cela eft faux. «Par où donc ce tirer de cet embarras, mais d'une maniere à ne laiffer aucune réplique & à fermer pour ja mais la bouche à nos adverfaires; finon en répondant avec le pieux & favant Cardinal - Bona; avec Dom Luc d'A c.14.nums. chery, qu'on peut regarder comme les

Lirurg.1-3.

دو

[ocr errors]

prémices de ceux qui fe font appliquez à l'étude des Manufcrits dans la célebre Congrégation de S. Maur;avec M. Grancolas Docteur en Théologie de la Faculté de Paris, fi connu par la rapidité avec laquelle il compofe des Ouvrages de Liturgie; avec M. Van-Efpen, Profeffeur des faints Canons dans l'Univerfité de Louvain, &c. finon en répondant, dis-je, que c'eft qu'autrefois on avoit coutume de benir à cet endroit du Canon, les fruits nouveaux qu'on apportoit fur l'Autel * ; à quoy on employoit ces paroles Per quem hac omnia, qui femblent aujour. continue,add'huy tomber fur l'Hoftie & fur le Cali- M.deMeaux ce & regarder uniquement les facrez encore l'hui Symboles.

ز

comme on

joutoit feu

d'y apporter

le des infirmes le Jeu

Voila ce qui s'appelle une folution dy-faint. précife, folide & decifive, fondée en effet fur des faits certains & incontestables (a). M. de Voirier, Chanoine de

de Blois.

(a) Auffi un Evêque tres diftingué, ma - t'il fait M. l'Evêque l'honneur de me dire qu'il n'en donnoit point d'autre aux Nouveaux Convertis de fon Diocêfe ; & qu'en général il ne connoiffoit guere que ces fortes de raisons capables de les perfuader. Ce Prélat m'en rappelle naturellement un autre, d'un tres profond favoir & d'une expérience confommée, que je trouvay il y a quelques M. l'Evêque années méditant un Rituel pour fon Diocêfe, dans de Rieux. lequel fon deffein étoit de faire entrer les raifons hiftoriques de toutes les cérémonies qui fe prattiquent dans l'adminiftration des Sacremens. C'est-à-dire, que ce devoit être proprement un Rituel ou Cérémonial rais

[ocr errors]

l'Eglife de Laon & Thréforier de la Chapelle de N. D. de Lieffe, en fon Expliplication des Cérémonies de la Meße, imprimée à Reims en 1648. & addreflée à feu M. de Brichanteau Evêque de Laon voulant rendre raifon pourquoy le Prê tre baise l'Autel avant que de fe retourner vers le peuple, dit que » c'eft pour » faluer, auparavant de luy tourner le »dos; & il adjoute que cette raison sem

le

fonné, 11 chofe du monde qui paroît la plus néceffaire & la plus fouhaitable dans l'Eglife. C'est ainsi que Pierre le Vénérable, Abbé de Clugny, un des hommes de fon fiecle des plus judicieux & des plus fenfez, n'inf tituoit jamais rien dans fon Ordre, qu'il n'en rendît en même temps la raifon. Par exemple, il veut qu'où il n'y a pas de portion de la Vraye-Croix, on fe ferve pour la cérémonie de l'Adoration de la Croix, le Vendredy: faint, d'une Croix de bois & non d'or & d'argent; parce qu'on ne dit pas, adjoute ce faint Abbé, Ecce aurum ou argentum Crucis, mais Ecce lignum Crucis. Tout de même, il défend de réciter Primes avant le foleil levé; à caufe, dit il aufi-tôt, de la contradiction de ces mots de l'Hymme, Jam lucis orto fidere. Toutes ehofes, comme l'on voit, du meilleur fens du monde & d'une littéralité tres exacte. Quelques autres Abbez de Clugny, fucceffeurs de Pierre le Vénérable, ne mant quent point non plus à joindre à leurs ordonnances & à leurs ftatuts, les motifs qui les portent à les faire. Un Thibaud, par exemple, en réglant qu'on ne fe ferviroit point de Chappes à la Proceffion du jour de la Chandeleur, en apporte dans l'inftant même cette rai, fon, que c'eft pour empêcher que les Chappes ne foient gâtées par la cire qui pourroit dégouter deffus. Un autre Abbé, Hugues V. prefcrivant l'unité de repas dans les jeûnes d'hyver, oonformément à la Regle de S. Benoift, dit que c'eft qu'en cette faifon les jours

« AnteriorContinuar »