Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

ble plus fimple & plus naïve que de dire avec plufieurs Auteurs, que c'eft pour prendre de Jefus-Chrift répréfénté par « l'Autel, la bénédiction qu'il veut donner au peuple; car lorfque le Prêtre « dit Dominus vobifcum fans fe tourner du « côté du peuple, comme au commence- «< ment de l'Evangile & de la Préface, ilne baise pas l'Autel : & quand il fe tour- « ne vers le peuple, encore qu'il ne dife pas Dominus vobifcum il ne laiffe pas de « baifer l'Autel, comme quand il dit Orate" fratres.

[ocr errors]

Demandez à Dom Jean Mabillon, celuy de tous les éleves de Dom Luc d'Achery, qui a pouffé le plus loin dans fa Congrégation, la recherche des Ma

font trop courts ( s'entend pour manger deux fois). Pierre Abaillard apporte la même raifon dans la Regle qu'il a dreffée pour les Religieufes du Paraclet. Si les Papes & les Evêques ou autres Supérieurs, qui ont fait des regles & des Rubriques pour la célébration des divins Offices, avoient eu l'attention dès l'origine, d'en marquer ainfi les motifs, on n'en feroit pas aujourdhuy à en chercher les vrayes raifons; & faute de les favoir, à en imaginer & à en fubftituer d'autres. Nous ne fommes pas en peine, par exemple, dans l'Ordre de S. Benoift, de favoir pourquoy en Hyver, les jours ouvriers, nous lifons trois Leçons à Matines, & en Efté feulement une. Le St. Legiflateur qui l'ordonne ainfi,

pris foin de nous dire en même temps, que c'est que les nuits d'Efté font trop courtes; propter brevitatem noctium.

nufcrits & des monumens antiques, & qui, pour tout dire en un mot, eft aujourdhuy regardé dans le monde comme l'ornement & comme l'infigne Apologifte de la litterature Monaftique; demandez, dis..je, à ce Religieux fi distingué, pourquoy les Ordinations étoient autrefois plus fréquentes à Rome au mois de Decembre, fuivant ces termes perpétuellement répétez dans la Vie des premiers Papes, fecit Ordinationes menfe Decembri ; & pourquoy elles étoient plus rares en Carême, à la Pentecôte & au mois de Septembre; il vous répondra dans fon Commentaire fur l'Ordre-RoNum. XVI. main, non en allégorifant ou moralisant fur ce point, comme fait Amalaire, mais plus droit & d'une maniere qui va plus au fait, que c'eft que pendant le Carême le Pape étoit trop occupé ; que » vers la Pentecôte il faifoit des chaleurs "exceffives; & que le mois de Septembre eft la faifon des vendanges: Moralem caufam affert Amalarius... planior afferri poteft caufa, quòd commodior efset tempeftas ad levandum Ordinantis & Ordinandorum laborem. Rien n'eft plus naturel ni plus phyfique que cette réponse ; non plus que ce que ce Religieux nous dit encore en un autre

رو

[ocr errors]
[ocr errors]

endroit du même Commentaire, que la N. x1. raifon pour laquelle le Vendredy - faint on prend le Corps de Notre Seigneur avec du vin non confacré, c'eft qu'il eft de la nature du repas, qu'on y boive & qu'on y mange: Quia Communio, facri convivii rationem habet,ex cibo & potu debet conftare. Nous verrons encore à la page 56. de notre Ouvrage, que le même Auteur rapporte à une raifon hiftorique, la prattique de ne donner la communion en forme de viatique, qu'aux malades qui font à l'extrémité.

Enfin il paroît que D. Mabillon employe bien plus dans tous fes Ouvrages (que ce favant Religieux multiplie tous les jours), les raifons hiftoriques des prattiques & des cérémonies de l'Eglife, que non pascelles qu'il regarde lui-même comme de foibles raifons, des raifons triviales & ufées, de petites raifons, vulgares & contritas ratiunculas. Feu M. de S. Siran (de Barcos), dans un petit, Traitté qu'il a compofé de l'Office divin & qui ne fe trouve prefque plus, dit que la raifon pourquoy on récite le Pater tout-bas à l'Office & tout-haut à la Meffé, c'eft que les Catécumenes à qui on te noit cette priere cachée jufqu'à leur baptême, pouvoient étre prefens à l'Office,

N. XXI.

mais jamais au Sacrifice (a). Raifon qui eft d'autant plus confidérable dans la bouche de M. de Barcos, que cet Au-, teur, profond Théologien d'ailleurs & tres verfé dans la science de l'Eglife, étoit, en même temps grand fpirituel & grand myftique, & merveilleusement fécond en raifons de cette nature: témoin ce qu'il dit dans le même Traitté, du rapport des Offices de Tierces, de Sextes & de Nones, avec le Myftere de la Tresfainte Trinité. Témoin encore les neuf raifons qu'il allegue de la prattique de fufpendre le S. Sacrement dans nos Eglifes & dont les fept premieres regardent la fufpenfion en elle-même, & les deux autres, la croffe qui tient le S. Sacrement & le pavillon qui le couvre.

Enfin le P. Raphael, furnommé de Heriffon, du lieu de fa naiffance dans le Bourbonnois, Capucin, dans fon Livre

(a) Feu M. de Meaux étoir charmé de cette érudition, & ne ceffoit de la répéter; & en général on ne pouvoit guere faire plus de plaifir à ce grand homme que de luy rapporter de femblables raifons fur les cérémonies de l'Eglife. Les peuples font ravis, auffi qu'on leur rende des raifons hiftoriques. J'ay vu toute une ville de Province, frappée d'avoir entendu dire au Prédicateur, que le Manipule étoit originairement un mouchoir dont le Prêtre fe fervoit à s'effuyer. Quelques uns de mes amis, tout émerveillez, vinrent auffi-tôt s'en féliciter avec, moy ; tant on aime à apprendre & à être folidement inftruit.

[ocr errors]
[ocr errors]

intitulé Manuductio Sacerdotis, imprimé à Lyon en 1690. s'attache toujours le plus qu'il luy eft poffible, à donner le fens littéral des cérémonies de la Meffe. Lorf que le Prêtre, par exemple, , par exemple, benissant quelque chofe de la main droite, porte en même temps la gauche fur l'Autel ce Rubricaire vous dit que c'est que l'action fe fait ainfi plus commodément. & même avec plus de grace. »Tout de « même, d'étendre les mains de côté & d'autre en baisant l'Autel de tenir la patene des deux mains en l'élevant : c'est, dit le P. Raphael, ut geftus fit aptior atque pro oblatione decentior. Après cela, fi vous luy demandez pourquoy le Prêtre offre & confacre l'Hoftie avant le Calice, il vous répond auffi tout naturellement que » c'est que le manger va avant le boire. Si le Prêtre leve les yeux en offrant l'Hoftie & en difant Sufcipe fancte Pater, c'est pour joindre l'action à la parole; ut geftus verbis fit conformis. Si le Ĉalice fe met derriere l'Hoftie, c'est pour qu'il ne courre pas tant de rifque d'être renverfé; & ainfi d'une infinité d'autres cérémonies que le même Auteur explique toujours d'une maniere fimple & naturelle.

N'oublions pas icy que le Chapitre

« AnteriorContinuar »