Imágenes de páginas
PDF
EPUB

,

préliminaire du nouveau Cérémonial de Paris ne contient pareillement que des raifons littérales & hiftoriques des prin cipales parties ou cérémonies de la Meffe, & même des habillemens des Mini£ tres de l'Autel. Dequoy l'on eft redevable en général à l'érudition Liturgique ́de ceux qui compofent l'affemblée des Rits de cette Eglife; & fur tout au soin & au zele particulier de l'une des premieres Dignitéz de la même Eglife, distinM.Ameline. gué par fon favoir, comme par fa piété. J'adjouterai encore qu'il m'a paffé par les mains un Ecrit de M. Varet, Docteur en Théologie de la Faculté de Paris fur les Cérémonies de la Meffe, où il paroît que ce Docteur, tres connu pour être vrai & naturel, ne prépare fur cette matiere, que des véritez littérales & des raifons réelles & hiftoriques.

C Mais l'Eglife Romaine elle-même, que dit elle dans les Rubriques de fon Miffel, fur ce que le Prêtre en fe mettant à genoux après le Flectamus genua Cappuye les mains fur l'Autel : elle dit que c'eft pour le foutenir:Manibus fuper Altare extenfis, ut feipfum ad Altare fubftineat. Tout de même de l'élevation de l'Hoftie & du Calice, auffi tôt qu'on a confacré, qui eft cependant regardée par quel

ques

ques Auteurs myftiques, comme le Symbole de Jefus-Christ élevé à la Croix, les Rubriques fe contentent de marquer que cette exaltation fe fait à deffein d'attirer aux facrez Symboles, les adorations & les hommages qui leur font dus. Et encore fi le Prêtre aux Meffes des Morts obmet de fe frapper'la poitrine à l'Agnus Dei; c'est, felon les mêmes Rubriques, parce qu'il fubftitue dona eis requiem, au miferere nobis, à quoy cette action a uni quement rapport, comme nous le dirons à la page 218. & 219. L'Eglife de Bayeux, voulant rendre raifon pourquoy l'Evêque ne met fon manipule qu'après la dalmatique & la tunique, dit dans fon ancien Pontifical, que c'eft qu'il fe pourroit faire que les manches de ces vêremens fe trouveroient trop étroites pour y faire paffer enfuite le manipule & le faire revenir fur le poignet.

L'Eglife ne nous apprend-elle pas encore dans la Bénédiction du Cierge-Pafcal, que l'ufage de ce Cierge eft d'éclai rer pendant la nuit: Cereus ifte, in honorem nominis tui confecratus, ad noctis hujus cali■ ginem destruendam ( la nuit du Samedy au Dimanche de Pâques), indeficiens perfeveTet. D'où vient qu'il bruloit jufqu'au jour;

Tome 1.

A

Sacrif. Miff.

c. 7.

flammas ejus lucifer matutinus inveniat (a). Mais n'avons-nous pas déja vu plus haut, qu'en faifant benir l'encens par le Prêtre à l'Autél, l'Eglife luy fait fouhaiter, selon quelques ufages, que cette creature puiffe exhaler de bonnes odeurs, & chaf fer celles qui feroient nuifibles & pernicieuses aux hommes ?

Enfin le Confile de Trente ne nous dit-il pas encore avec toute la tradition, que fi l'on mêle de l'eau au vin dans le Calice à la Meffe, c'eft à l'exemple de Notre Seigneur Jefus-Chrift qu'on croit l'avoir prattiqué de la forte; quòd Chriftum Dominum ita feciffe credatur? Et pourSeff. 22. de quoy Notre-Seigneur a-t'il ainfi trempé fon vin à la derniere Cene ? C'est, vous 3. part. qu. répond S. Thomas, & avec luy une foule de Theologiens & de Scholaftiques, dont nous rapporterons les noms & furnoms en temps & lieu, c'eft que c'étoit la la coutume d'en ufer de cette maniere: fecundum morem illius terra, dit ce faint Docteur. C'eft, vous dira auffi M. le Voirier, que la Palestine eft un payïs » fort chaud, où les vins font fumeux; joint que la coutume des hommes fobres

(*) Cereus ardoat ufque in aurorâ dici, dit le Miffel de Mets de 1597. juxta illud, flammas ejus lucifer ma

zutinus inveniat.

& reglez en leur vie, comme étoit a Notre-Seigneur eft de tremper fon vin, » C'eft, adjoute M. Grimaud, Docteur en Theologie de la Faculté de Paris & Cha noine Theologal de l'Eglife Metropolitaine de Bourdeaux, que comme le Sauveur avoit toujours été modéré en « fa façon de vivre, il n'eût pas voulu. boire de vin pur ou en donner à boire « à fes Apôtres. D'autres Docteurs, au re rapport de M. Meurier, alleguent auffi les mêmes raifons, favoir » la qualité du payïs qui eft chaud & où n'eft point la « coutume, fpecialcment aux gens fobres ( tels qu'on ne peut nier avoir été Notre-Seigneur & fes Apôtres), de boire le vin pur & fans le tremper a d'eau, pour la force des vins & la cha- « leur de la Province, au moyen dequoy

il

[ocr errors]
[ocr errors]

y a apparence que Notre Seigneur ne confacra qu'avec le même vin qu'il avoit coutume de boire; par quoy fia nous trempons le vin avant que le con- « facrer, c'est à l'exemple de Notre-Sei- « gneur. Adjoutons à toutes ces Autoritez, celle du grand Cardinal Bellarmin, qui dans le deffein de juftifier contre les Proteftans, la prattique dont nous parlons, infinue d'abord, qu'on mêle ainfi de l'eau au vin dans le Calice, pour trem

per cette derniere liqueur: De vino tem perando aquâ in facro Calice. C'est le titre du Chapitre où il traitte cette matiere. Voi la encore ce qui s'appelle rendre des raifons originales, précises & hiftoriques des Cérémonies de la Meffe.

Mais que de raifons hiftoriques reviennent encore de la maniere d'expliquer les Rits & les Cérémonies, par rapport aux mœurs & aux ufages des Juifs & des Payens; d'où, au fentiment d'une infinité de favans hommes, elles ont pour la plupart paffé dans l'Eglife. Tout récemment, l'Abbé Battelli, Bénéficier de la Bafilique de S. Pierre de Rome dans l'explication des Cérémonies qui s'obfervent le Jeudy-faint, en lavant le Grand-Autel de cette Eglife, dit que c'étoit la coutume des Payens & des Juifs, de purifier fouvent leurs Autels & leurs Temples en les lavant, ce que l'Eglise Chrétienne a adopté & fanctifié en y joignant des prieres. Et cet Auteur regarde comme probable en effet, que cette coutume n'ait été d'abord introduite dans l'Eglife, que pour nettoyer les Temples & les Autels, & en ôter les ordures, afin de célébrer la Fête de Pâques avec plus de décence; adjoutant que dans les commancemens on n'y

« AnteriorContinuar »