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Theraize, en fa Préface fur les Questions de la Meffe, dit que « c'eft une honte aux Ecclefiaftiques de ne pouvoit rendre des raifons littérales des Cérémonies de l'Eglife, qui font les fources de tous les fens mystiques. Interrogez un Medecin, dit cet Auteur, un Peintre, un Architecte, ils vous developperont tous les fecrets de leur Art. Si un Prêtre étant interrogé fur les antiquitez des Cérémonies de la Meffe, eft obligé de "garder le filence, peut-il apporter aucune excufe qui puiffe mettre à couvert fon ignorance?» Et moy j'adjoute, Et ne doit-il pas toujours fe tenir prêt à fatisfaire quiconque luy demande raifon des prattiques de l'Eglife? M. Theraize dit encore que les matieres liturgiques paroiffent fades lorfqu'elles font toutes myftérieuses; & que les rai» fons myftiques des Cérémonies, n'ont » été inventées qu'aprés que la longueur » du temps, ayant fait perdre les tracés » de l'hiftoire, en a fait oublier les rai fons littérales & hiftoriques. En effet il paroît que la plupart des raisons mystiques ne viennent qu'au défaut des autres & manque de les favoir & d'avoir étudié les vues que l'Eglife peut avoir eu en inftituant fes ufages & fes Rits, & quel a

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C. 7. n. 3.

été alors fon objet. Quorum originem cùm Liturg. 1. 11. recentiores ignorent, dit le Cardinal Bona, varias conantur congruentias & myfticas rationes invenire.

Des Ecclefiaftiques, chargez de la conduite des ames, & quelqus- uns même de l'inftruction des Nouveaux- Convertis, ne m'ont point diffimulé que Jorfqu'on leur demandoit les vrayes raifons des Cérémonies & qu'ils n'en étoient pas inftruits; bonnes ou mauvaises ils en inventoient d'autres fur le champ. A peu près comme ces Philofophes, qui, vou. lant expliquer les effets de la nature dont la caufe leur eft inconnue, donnent leurs imaginations pour caufe de ces effets, & payent les gens de qualitez & de facultez. Ou plutôt femblables à ceux qui, au rapport du P. Garnier déja cité, cherchent du myftere dans le nombre feptenaire des Acolythes de Rome, faute de favoir que cette Vile,felon l'ufage Ecclefaftique, étoit divifée en fept Regions ou Quartiers, à chacun defquels il y avoit un Acolythe comme auffi un Diacre, un Soudiacre, un Defenfeur, &c. Ou bien, comme ces Moines dont parle Al bert le Grand, qui ne pouvant décou vrir ni pénétrer la raifon pour laquelle on répétoit quelquefois l'Antienne appellée

Communion (chofe pourtant qui n'eft pas bien difficile à deviner), étoient réduits, pour ne pas demeurer courts, à en imaginer d'autres. Cujus aliam non puto caufam, dit ce Theologien, quia aliud aliquid tra dere nefcierunt. Encore, pourvu qu'on en demeurât là. Car il arrive quelquefois que ces raisons, même imaginées après coup, ne laiffent pas de vous être propofées fe rieufement comme étant du premier def fein de l'Eglife, & comme ayant en effet donné l'origine à certaines prattiques. Ifti, ut fcitè Hieronymus de origine dixit,ingenii fui adinventiones faciunt Ecclefiæ facramenta, dit encore le Cardinal Bona, au même endroit.

fi

C'est donc en m'attachant à l'efprit & au goût de tous ces différens Auteurs, que j'ay cru devoir expliquer les Cérémonies de la Meffe, felon leur fens fimple, littéral & hiftorique ; avec cette diffé rence néanmoins, que je ne vais pas loin fur cela à beaucoup près, que quelques-uns d'entr'eux. Et Dieu me préferve de jamais condamner ni les mystiques ni les raisons mystérieuses. Surquoy je m'en tiens à ce que j'en ay déja déclaré dans ma Lettre à M. Jurieu, & à ce que à Paris en j'en diray encore dans cet Ouvrage, à la Rem. 5o. du Chap. 3. En un mot, tout

* Impriméc

1690.

*

Ce que je rapporte icy de raisons hiftoriques, c'eft toujours fans préjudice des raifons myftiques. Et de plus, c'eft que fi je femble donner la préférence à celles-là, c'eft bien moins encore en faisant des décifions, qu'en cherchant la vérité, que je feray toujours gloire d'apprendre, non feulement des Pafteurs & des Supérieurs, mais du plus petit difciple & du moindre des enfans l'Eglife. Quare non affirmo.

Aug. Confeff. 1.1 1. c.

17.

neux, &c.

Aprés cela, je ne diffimuleray point que je n'aye quelquefois rencontré en mon chemin de puiffans adverfaires; M. Nicole mais je puis dire auffi, à l'avantage du M. le Tourfyftême que je propofe, que ces redoutables contradicteurs ne tenoient jamais jufqu'au bout. Une heure ou deux au plus d'éclairciffement applaniffoient tout fcrupule & toute difficulté. Et ce fyftême faifit même fi fort l'un d'entre-eux, M. le T. que malgré les grands talens qu'il avoit d'ailleurs pour les fciences & les occupa tions les plus fublimes, il vouloit fe reduire, lorfque Dieu l'appella à luy, à parcourir les différentes Eglifes du Royaume, pour tâcher de faire de nouvelles découvertes, & s'inftruire plus à fond, difoit il, des faits d'où fe tirent les véritez littérales & les raifons historiques.

Le R. Pere

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Quelque prevenues que vous paroif fent dès l'abord ces perfonnes; pourvu qu'elles n'ayent pas le goût & l'efprit tout-à-fait fermez, il n'y qu'à effuyer leur premier feu: fur tout, felon le fage & judicieux avis de feu M. de Meaux, ne point offenfer le mystique; feulemenr feur gliffer tout doucement les faits, même fans trop infifter ni appuyer fur ce que vous leur dites,& infenfiblement vous les

ramenez.

Tout nouvellement,un des plus habiHardouin, les hommes de ce fiecle me foutenoit Jesuite. avec force & vivacité, que tout étoit mystérieux dans la Meffe,jufqu'à la moin. dre action & à la plus petite cérémonie, même dès l'inftitution & l'origine; enforte qu'il n'étoit pas poffible d'y rien entendre que par le fecours des raifons fymboliques (a). Je ne fis que lui en infinuer quelques unes de littérales & d'hif toriques: comme par exemple, qu'à cet

(a) Rien n'étoit plus naturel ni plus aifé que d'oppofer à ce Savant, l'autorité de Suarez, qui, loin de penfer comme fon Confrere, ne veut point au contraire qu'on croye que toutes les Cérémonies de la Meffe répréfentent des myfteres ; quelques-unes, dit ce Théolo In 3. part. gien, n'ayant éte inftituées que pour célébrer le S, Sa tom. 5. dif- crifice avec décence, avec dignitè & avec toute la révéput.48.fect. rence qui luy eft due. Voyez ce que nous dirons encore fur cela, Chapitre 3. au commencement de la premiere Section.

I.

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