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qui avoient moins de deux ans ; jugeant par le tems auquel l'Etoile avoit paru aux Mages la premiere fois (1), que celui qu'elle marquoit ne pouvoit pas avoir plus que cet âge. Mais il mourut lui-même quelque tems après; & Jofeph, qui en fut encore averti par l'Ange,n'ofant revenir en Judée (XXI), à caufe qu'Archelaüs fils aîné d'Hérode y régnoit (XXII), s'en retourna demeurer à

CITATION.

(1) Secundum tempus quod exquifierat à Magis. Matthe

II. 16.

REMARQUES.

que fon Fils. C'est au II. Livre des Saturnales, Chapitre IV. Cùm audiffer inter pueros, quos in Syria Herodes Rex Judæorum intra bimatum juffit interfici, filium quoque ejus occifum, ait: Melius eft Herodis porcum effe quàm Filium. 11 falloit que ce malheureux enfant fût élevé quelque part auprès de Bethleem, & qu'il fût envelopé dans la Profcription générale, ou par mégarde, ou pour fervir d'exemples ce qui ne feroit pas vraisemblable de toute autre Pere qu'Hérode.

(XXI.) Il eft naturel de conclure de ces paroles de S. Matthieu, que Jofeph étoit encore en Judée, quand l'Ange lui ordonna de s'enfuir en Egypte, & qu'il n'étoit point retourné en Galilée depuis la naiffance de Notre Seigneur jufqu'alors: foit qu'étant de la Tribu de Juda, le peu de bien qu'il avoit fûr en Judée, & l'eût obligé de s'y arrêter quelque tems: ou même, qu'ils s'y fuffent tout-à-fait établis, ainfi qu'il eft facile de le préfumer de gens de mêtier, comme eux, fort pauvres, & qui trouvoient partout également à gagner leur vie.

(XXII.) Il fut relégué peu d'années après à Vienne en France, par Augufte, fur les plaintes des Juifs; & la Judée réduite en Province fous des Gouverneurs particuliers, au lieu qu'auparavant c'étoit celui de Syrie qui prenoir connoiffance de ce qui regardoit l'autorité de l'Empire en ce Pays, pendant qu'il y eut des Souverains

Nazareth, felon la Parole des Prophètes; Que le Chrift devoit être appellé Nazaréen.

Ils alloient pourtant toujours à Jérusalem Marie & lui, au tems de la Pâque. Une fois entre autres, Jéfus qu'ils y menérent, & qui avoit alors douze ans, les ayant quittés fur la fin de la Fête, ils crurent qu'il étoit avec quelques-uns de leurs Parens, avec qui ils y étoient venus, & qu'ils devoient rejoindre en chemin le premier jour du Voyage,pour s'en retourner auffi enfemble. Mais ils furent bien furpris, quand ils les eurent joints, de voir qu'il n'y étoit point. Ils revinrent aussitôt fur leurs pas pour le chercher à Jérufalem (1), & ils le trouvérent le troifiéme jour dans le Temple, affis au milieu des Docteurs, qui les écoutoit, les interrogeoit, & raviffoit tout le monde en admiration de la fageffe de fes Discours. Marie & Jofeph n'en furent moins étonnés que les autres (2), & Marie lui reprochant avec tendreffe la peine où il les avoit mis (3), Pourquoi me cherchiez

CITATION S.

pas

(1) Cùm factus effet annorum duodecim, afcendentibus illis Ferofolymam fecundum confuetudinem diei fefti, confummarifque diebus, cùm redirent, remanfit puer Jefus in Jerufalem, &non cognoverunt. Exiftimantes autem illum effe in comitatu, venerunt iter diei, & requirebant eum inter cognatos & motos, & non invenientes, regressi funt in Jerusalem requirentes, &c. Luc. II. 42, 43, 44, 45.

(2) Stupebant fuper prudentia & refponfis ejus, ibid. 47• (3) Fili, quid fecifti nobis ? ecce pater tuus & ego dolentes quarebamus re, ibid. 48.

vous?

vous ? leur dit-il, Ne fçavez-vous pas qu'il faut que je travaille à ce qui regarde mon Pere? Mais ils ne comprirent rien à ces paroles (1); & l'ayant ramené à Nazareth, il leur fut depuis parfaitement foumis, pendant la vie cachée qu'il y mena près d'eux jufques à la trentiéme année de fon âge, & la quinziéme de l'Empire de Tibére.

Ce fut alors que Dieu fit entendre fa Pa role à Jean Fils de Zacharie dans le Desert de Judée, où il s'étoit retiré dès fon Enfance. Il étoit vêtu de Chameau, il avoit une ceinture de cuir autour des reins, & ne vivoit que de fauterelles (XXIII), & de miel sauvage. Il parut tout d'un coup fur les bords du Jourdain. On y accourut auffi-tôt en foule des environs de la Judée & de Jérusalem; & tous, confeffant leurs Péchés (XXIV),

CITATION.

(1) Quid eft quod me quærebatis? nefciebatis quia in his qua Parris mei funt, oportet me effe? Et ipfi non audierums verbum, &c. Luc. II. 49, 50.

REMARQUES.

(XXIII.) C'étoit une fort mauvaise viande : mais elle étoit pourtant ordinaire en ce Pays-là parmi les pauvres gens de la Campagne : car elles font mifes au Chapitre XI du Lévitique entre les animaux purs, dont la Loi permettoit de manger.

(XXIV.) Ce n'étoit pas une nouveauté, que cette Confeffion. On peut voir dans le Lévitique, & dans les Nombres, que la Loi obligeoit de tout tems à les confeffer, non feulement à Dieu, mais encore aux perfonnes intéreffées.

Tome I.

K

étoient baptizés par lui dans l'eau du Fleuve (XXV). Il leur prêchoit la Pénitence, dans

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REMARQUE.

(XXV. ) Cette Cérémonie étoit prédite dans le Prophete Ezechiel, au Chapitre XXXIX, en ces termes : 'Je répandrai fur vous des eaux pures, & vous ferez nettoyés de toutes vos fouillures. "Effundam fuper vos Aquas mundas, & mundabimini ab omnibus inquinamentis veftris. De même, au Chapitre XIII. du Prophête Zacharie: "Il paroîtra en ce jour une Fontaine en faveur de la Maifon de David & de Jérufalem, pour la Purification des Péchés. "In die illa aperietur domui Davidis & Jerufalem, Fons in ablutionem Peccatorum. Nous apprenons auffi des Hébreux, que quand quelque étranger vouloit anciennement s'établir parmi eux, il lui étoit permis d'y demeurer fans fe faire circoncire, pourvu feulement qu'il fe fit baptifer en figne qu'il renonçoit au culte des Idoles. Plufieurs milliers d'hommes y renoncérent de cette forte du tems de David & de Salomon. Et encore à préfent, quand quelque Perfan ou Turc, enfin quelque Circoncis, qui n'eft pas Juif, veut le devenir, il faut qu'il foit bap tifé. On en ufoit de même pout les femmes étrangères qui fe marioient à des Hébreux. Or ces Etrangers ainfi habitués parmi eux n'étoient pas tenus à l'obfervation des Loix de Moïse en vertu de ce baptême, mais feulement à l'obfervation de celles que Dieu avoit données avant Moïfe en diverfes occafions. Et c'eft ce qui fait préfumer que cette Cérémonie fe pratiquoit déja auparavant, & qu'elle avoit peut-être été inftituée en mémoire du Déluge peu de tems après 11 paroît du moins par l'Epitre de S. Pierre, que ce Déluge en étoit une figure. Il femble donc que S. Jean voulut faire entendre aux Juifs, en les foumettant au Baptême, qu'ils étoient comme des Idolâtres, & des Etrangers, à l'égard de la nouvelle Loi, dont il étoit le Précurfeur, & qu'il les vouloit difpofer à recevoir. On verra dans la fuite comment les Ablutions, ou Purifications par l'eau, étoient communes de tout tems parmi les Juifs, fur-tout parmi les Pharifiens. Il y a même toujours eu quelque chofe de mystérieux dans toutes les faufles Religions à fe laver, & cette Action a toujours été regar dée comme un figne de Purification intérieure & de chapgement de vie de mal en bien, Les Poëtes Païens en font pleins.

toute la rigueur qu'il la pratiquoit : il leur prédifoit, fous diverfes figures terribles, les peines qui les menaçoient, s'ils ne la faifoient pas; & leur donnoit, felon leurs différentes conditions, les inftructions nécessaires pour y vivre faintement. Plufieurs des Pharifiens & des Saducéens (XXVI), les plus orgueilleufes Sectes qui fuffent parmi les Juifs étant auffi venus à lui pour être baptifés, Engeance maudite, leur dit-il, qui vous a montré à éviter la colère qui devoit tomber fur vous (1) Faites donc pénitence, & ne

CITATION.

(1) Progenies viperarum, quis demonftravit vobis fugere à Ventura ira? Matth. III. 7.

REMARQUE.

(XXVI. ) Les fentimens & les mœurs des Pharifiens 'font fi bien repréfentés par le Fils de Dieu même dans toute la fuite de cette Hiftoire, qu'il fuffit de remarquer ici qu'ils étoient fort auftéres & fort fuperftitieux; & c'étoit d'où venoit leur orgueil. Il y en avoit de toute forte de conditions & de profeffions, mais pourtant beaucoup plus parmi les Sacrificateurs, & autres Miniftres de la Religion, que dans les autres Profeffions; bien plus de pauvres que de riches. Cette Secte avoit commencé environ deux ou trois cens ans avant Notre Seigneur, ainfi que celle des Saducéens, dont il fera parlé ailleurs plus à propos, Elles étoient ennemies irréconciliables, & ne s'unirent jamais que pour s'opposer à Jesus-Chrift; du refte, fi puiflantes, qu'elles contraignoient prefque toujours les Rois à prendre parti, & fe déclarer entre elles; ce qui avoit donné occafion à plufieurs Guerres Civiles, & avoit été la principale caufe que le Royaume paffa de la race des Afmonéens ou Machabées à celle d'Hérode. D'ordinaire, les Rois favorifoient davantage les Saducéens.

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