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penfez pas dire en vous-mêmes, Nous avons Abraham pour Pere (XXVII); car je vous declare que Dieu peut faire naître de ces Pierres mêmes des Enfans d'Abraham.

Or, comme Jean baptifoit tout ce monde, Jéfus vint de Galilée pour être auffi baptifé par lui. Jean voulut d'abord s'en défendre. C'eft moi, lui dit-il, qui ai befoin de l'être par vous. Mais Jéfus lui répondit, Laissezmoi faire pour cette heure; car il le faut ain f(2).Il fut à peine forti de l'Eau(XXVIII), que les Cieux furent ouverts à fes yeux. Jean vit l'Esprit de Dieu defcendre fur lui en forme de colombe, comme il faifoit sa Priere; & on entendit une voix dans l'air, qui dit: C'eft mon Fils bien aimé, en qui j'ai mis toute mon affection. Il fut enfuite dans un Defert, où ayant jeûné quarante jours, le Diable lui vint dire pour le tenter, que

CITATION.

1) Sine modò, fic enim decer. Matth. III. 157

REMARQUES.

(XXVII.) C'eft que les Juifs fe croyoient tous élus & cheris de Dieu par leur feule qualité d'enfans d'Abraham, de qui ils defcendoient, & à qui Dieu avoit promis de bénir & de conferver fa poftérité; & cette préfomption les rendoit négligens à faire des œuvres dignes d'une origine fi fainte.

(XXVII.) C'eft qu'on ne baptifoit pas alors, comme à préfent, en verfant feulement de l'eau fur le Baptift, mais en le plongeant dedans

s'il étoit le Fils de Dieu, il commandât que les Pierres devinffent des Pains. Il est écrit, lui répondit Jéfus, que l'homme ne vit pas de Pain feulement, mais de tout ce qu'il plaît à Dieu (1). Alors le Diable le tranfporta fur le haut du Temple de Jérusalem, & lui dit, que s'il étoit le Fils de Dieu, il se jettât en bas; car, ajouta-t-il, il eft écrit, qu'il commandera à fes Anges de te foutenir avec les mains. Il eft auffi écrit, répondit Jélus, que nous ne tenterons point le Seigneur notre Dieu. Enfin, le Diable le tranf porta encore fur une Montagne fort haute, d'où l'on découvroit une étendue infinie de Pays (2). Tous ces Royaumes que tu vois lui dit-il, m'ont été donnés, & je dispose comme il me plaît de la Puiffance & de la Gloire qui les accompagne. Je t'en ferai le Maître fi tu veux m'adorer. Mais il n'eut pour réponse que ces Paroles qui le chassérent: Retire-toi, Satan. N'eft-il pas écrit, Tu n'adoreras que le Seigneur ton Dieu ? Et alors, les Anges fe préfentérent à Jéfus, pour le fervir.

Cependant, le Peuple s'étant mis dans l'efprit que Jean pouvoit bien être le Chrift

CITATION S.

(1) Sed in omni verbo Dei. Luc. IV. 4.
(2) Oftendit ei omnia regna mundi. Matth. IV. &

(XXIX), les Juifs lui envoyérent de Jérufalem des Sacrificateurs & des Lévites (XXX), Pharifiens, pour s'en éclaircir;

REMARQUES.

que c'étoit

(XXIX.) C'est que tout le monde savoit alors le tems marqué par les Prophéties pour la venue du Meffie; & c'est pourquoi il parut au fiécle de l'Evangile un fi grand nombre de gens qui voulurent s'attribuer cette qualité, & auffi pourquoi le Peuple étoit fi facile à les croire & à les fuivre. Il y avoit trois Prédictions principales fur ce tems. La premiere étoit celle de Jacob mou rant, Que le Meffie viendroit quand le Sceptre fortiroit de Juda; c'est-à-dire, quand un Etranger regneroit. Or cette prédiction étoit accomplie, quand Notre Seigneur nâquit, en la perfonne du Grand Hérode, Iduméen d'origine, & le premier Roi de Judée, qui ne fut pas originaire Juif. Les deux autres Prophéties étoient celle des Semaines de Daniel, dont le nombre, de quelque maniere qu'on les compte, tombe néceffairement dans tout le fiécle de Notre Seigneur ; & celle de la fin des Royaumes de Syrie & d'Egypte, qui devoit arriver felon le même Prophête, avant l'établiffement de la quatriéme Monarchie, qui eft celle des Romains, fous laquelle le Meffie devoit venir. Or ces deux Royaumes finirent effectivement dans le tems qui étoit prédit : celui d'Egypte, dans la perfonne de la fameufe Cléopatre, peu d'années avant la Naiffance de Jefus-Chrift; & celui de Syrie, quelque tems auparavant.

(XXX.) Des douze Tribus d'Ifraël, celle de Lévi étoit feule & toute destinée au service de la Religion, comme l'Ordre Eccléfiaftique parmi nous. Il y avoit diverfes fonЯtions dans cet Ordre. La plus noble étoit celle des Sacrificateurs, & elle avoit été réfervée à la feule Race d'Aaron, Frere de Moïfe, & arriere-petit-fils de Lévi, comme ila déja été dit. Or quoique ceux de cette Race d'Aaron, dont étoient tous les Sacrificateurs, defcendant de Lévi auffibien que le refte de fa Tribu, puffent dans ce fens être auffi appellés Lévites; néanmoins on n'entendoit d'ordimaire par ce nom que le refte de cette Tribu, qui n'étoit point de la Race Sacerdotale. La fonction, que Moïse affi

mais il leur répondit fans héfiter, qu'il n'étoit, ni Christ, ni Elie, qui felon l'Ecriture devoit revenir fur la Terre, ni même Prophête. Et, comme ils continuérent à lui demander ce qu'il étoit donc ? Je fuis, leur dit-il, la Voix qui crie dans le defert (1), Préparez les chemins du Seigneur, ainfi qu'Ifaïe l'a prophétifé. Pourquoi donc baptifez-vous, reprirent-ils, puifque vous n'ê tes, ni le Chrift, ni Elie, ni Prophéte (XXXI). Je ne baptife, leur dit-il, que dans l'Eau; mais il y a quelqu'un parmi vous que vous ne connoiffez pas, qui doit venir après moi, & qui m'a été préféré, parce qu'il eft plus grand que moi; car je ne fuis pas digne de dénouer le cordon de fes

CITATION.

(1) Vox clamantis, &c Luc. III. 3.

REMARQUES.

gna d'abord à ces Lévites, fut de prendre foin de tout ce qui regardoit le Service, la conduite, & les Campemens du Tabernacle, fous la direction des Sacrificateurs. Depuis, David les réduifit à vingt-quatre mille, de trente-huit mille qu'ils fe trouverent de fon tems; & ceux-là garderent feuls le nom de Lévites. Des autres quatorze mille, if en fit quatre mille Portiers, quatre autres mille Chantres, & les fix mille reftant Scribes, ou Docteurs de la Loi, dont il a déja été parlé plus haut.

(XXXI. ) Cela montre qu'une des raifons, qui faifoit foupçonner que S. Jean fût le Chrift, étoit qu'il baptifoit, & qu'il étoit prédit par les Prophêtes, que le Meffie érablitoit un Baptême nouveau, ainfi qu'il a été remarqué plus haut.

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Souliers (XXXII): c'eft lui, qui vous bap tifera dans le faint Efprit & dans le Feu (XXXIII). Depuis, voyant Jéfus qui revenoit à lui du Desert, Voici l'Agneau de Dieu (XXXIV), dit-il : voici celui qui efface les Péchés des hommes (1), de qui je difois, qu'il viendroit après moi un plus

CITATI O N.

(1) Qui tollit peccata mundi. Joan. I. 29.

REMARQUES.

( XXXII.) C'étoit une maniere de parler fort ordinaire parmi les Hébreux, pour fignifier le plus bas de tous les fervices qu'un Inférieur peut rendre à un Supérieur, & elle a paffé d'eux aux Poëtes Grecs & Latins, qui s'en font fervis quelquefois.

( XXXIII.) C'est pour marquer la différence du Baptê me de S. Jean, avec celui de Jéfus-Chrift, en ce que ce lui de S. Jean ne faifoit que purifier l'ame de fes fouillu res, comme l'eau nettoie le corps, & qu'il ne donnoit pas comme celui de Jéfus-Chrift la force de vivre purement à l'avenir, représentée par l'Efprit & par le Feu. S. Luc, au I. Chapitre des Actes, explique ce Baptême de feu de la defcente du Saint Efprit fur les Apôtres en langues de feu, laquelle il appelle du nom même de Baptême au II. Chapitre du même Livre. Origéne l'explique du feu de Purgatoire.

(XXXIV.) Jésus-Chrift eft appellé de cette forte en cet endroit par allufion à diverfes Prophéties d'Ifaïe & de Jérémie, qui le repréfentent, pour exprimer fa patience & fa douceur, comme un Agneau qui fe laiffe mener fans résistance à l'Autel, où il doit être égorgé, Agnus manfuerus qui portatur ad victimam; ou qui fouffre qu'on lui coupe fa laine fans jetter le moindre cri, quasi Agnus coram tondente fe obmutuit: mais fur-tout, par rapport à l'Agneau Pafchal, l'une de fes plus illuftres figures, & à beaucoup d'autres qu'on offroit dans l'ancienne Loi aux Sacrifices d'expiation pour plufieurs fortes de péchés, de même que Jésus-Chrift fe devoit offrir lui-même en victime d'expiation pour ceux de tout le monde.

puissant

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