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mois, chaque femaine, chaque jour, rappelloient le fouvenir de toutes ces choses.

Les Livres de Moïfe nous apprennent encore qu'une Tribu particuliere, qui étoit celle de Lévi, étoit particuliérement confacrée à Dieu & dévouée au miniftere de la Prêtrife: il n'appartenoit qu'à cette Tribu d'offrir les facrifices,& toute autre qui auroit approché de l'Autel devoit être punie de mort. Le Grand-Prêtre devoit porter une Mitre brillante, une robbe magnifique; avec l'U. rim & le Thummin fur la poitrine, d'où il rendoit les divines réponses. Le Roi & tout le Peuple étoit obligé d'entrer ou de fortir felon qu'il l'ordonnoit. Les Lévites étoient encore Juges Souverains & fans appel dans toutes les caufes civiles, & il falloit obéir à leurs arrêts, fous peine de mort.

Or comment peut-on fuppofer, que dans le fiécle où ces Livres attribués à Moïfe ont été fabriqués, ils ayent été reçus comme les véritables Livres de Moïfe? Il faudroit que les Auteurs de ces Livres Apocryphes euffent fait croire à la Nation Juive, qu'elle avoit reçu ces Livres de fes ancêtres, que dès leur enfance on les avoit inftruits de ce qu'ils contenoient, & qu'ils en avoient aussi instruit leurs enfans; qu'ils avoient tous été circoncis & avoient pareillement fait circoncire Jeurs fils; que conformément à ce qui est ra

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qu'il a été écrit par eux-mêmes, ou par des contemporains,témoins oculaires de ces faits; que ce même Livre a été reçu alors comme une Hiftoire vraie, & que depuis ce tems-là jufqu'aujourd'hui il a paffé pour tel & a été cité en différens fiécles par plufieurs Auteurs célébres. J'ajouterois que ce Livre a été connu en Angleterre, & que par un Acte du Parlement il a été ordonné à tous les Anglois d'apprendre aux enfans ce qu'il contient, & qu'il n'y a aucun Anglois qui n'en ait été inftruit dans fon enfance. Je demande à un Incrédule, s'il eft poffible qu'une pareille impofture s'accrédite en Angleterre & y trouve des perfonnes affez ftupides pour y ajouter foi. Si je formois un pareil projet, ne feroisje pas regardé comme un infenfé?

de

Comparons cet amas de pierres avec les douze grandes pierres pofées dans le pays Galgala, dont il eft parlé dans le quatriéme Chapitre de Jofué (a). On y lit que la raifon pour laquelle ces douze pierres furent pofées en cet endroit, fut afin que les defcendans de ceux qui vivoient alors demandaffent dans les fiècles fuivans pourquoi ces pierres étoient-là, & qu'on leur en apprît la cause. Or cette caufe étoit de nature à ne pouvoir occafionner aucune erreur, parce qu'il avoit été impoffible d'en impofer aux

(a) Jofué, c. 4. v. 6. Tome I.

tems ce Livre a été parmi nous, comme l'E vangile, universellement reçu & révéré de tous les Chrétiens, & qu'ils n'en ont point eu d'autre. Cette étrange fuppofition n'estelle pas d'une abfurdité extravagante? Cependant il en eft de même de la fuppofition des Livres de Moïfe fabriqués poftérieurement par d'autres mains; & il en fera toujours ainfi de toute pareille fuppofition. Les quatre régles de vérités que j'ai données cideffus en font fentir l'impoffibilité manifeste; comme, lorfqu'elles font obfervées, il eft impoffible que l'impofture puiffe jamais avoir lieu.

Qu'il me foit permis de propofer ici un exemple familier. Il y a, dit-on, dans la Plaine de Salisbury en Angleterre un amas de groffes pierres, que tout le monde connoît en ce pays-là: mais perfonne ne fait, ni pourquoi elles y ont été mifes, y ont été mifes, ni par qui, ni fi ç'a été pour conferver la mémoire de quelque événement. Il me vient dans l'efprit de publier un Ecrit au fujet de ces pierres, & d'y avancer qu'elles ont été portées en cet endroit par Hercule, par Polyphéme ou par Gargantua, comme un monument pour perpétuer le fouvenir de quelques-uns de leurs exploits; afin d'appuyer cela, je dirois dans la Préface du Livre, qu'il a été écrit dans le tems même qu'ils ont fait ces exploits, &

qu'il

qu'il a été écrit par eux-mêmes, ou par des contemporains,témoins oculaires de ces faits; que ce même Livre a été reçu alors comme une Hiftoire vraie, & que depuis ce tems-là jufqu'aujourd'hui il a paffé pour tel & a été cité en différens fiécles par plufieurs Auteurs célébres. J'ajouterois que ce Livre a été connu en Angleterre, & que par un Acte du Parlement il a été ordonné à tous les Anglois d'apprendre aux enfans ce qu'il contient, & qu'il n'y a aucun Anglois qui n'en ait été inftruit dans fon enfance. Je demande à un Incrédule, s'il eft poffible qu'une pareille imposture s'accrédite en Angleterre & y trouve des perfonnes affez ftupides pour y ajouter foi. Si je formois un pareil projet, ne feroisje pas regardé comme un infenfé?

Comparons cet amas de pierres avec les douze grandes pierres pofées dans le pays de Galgala, dont il eft parlé dans le quatrième Chapitre de Jofué (a). On y lit que la raifon pour laquelle ces douze pierres furent pofées en cet endroit, fut afin que les defcendans de ceux qui vivoient alors demandaffent dans les fiècles fuivans pourquoi ces pierres étoient-là, & qu'on leur en apprît la cause. Or cette caufe étoit de nature à ne pouvoir occafionner aucune erreur, parce qu'il avoit été impoffible d'en imposer aux

(a) Josué, c. 4. v. 6,

Tome I.

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